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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742705948
75 pages
Actes Sud (01/01/1999)
3.35/5   68 notes
Résumé :
Pour rendre service à son cousin qui cherche une chambre, l'héroïne l'a introduit dans le foyer d'étudiants où elle-même séjourna jadis. Mais sitôt le jeune homme installé, un malaise inexplicable s'empare d'elle.

Dans les semaines qui suivent, à chaque visite qu'elle tente, son cousin demeure introuvable. Et le directeur du foyer se montre toujours plus évasif, plus inquiétant, plus équivoque. Yôko Ogawa, par petites touches aussi subtiles qu'obséda... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Les uns après les autres, comme évaporés, les rares étudiants d'une résidence universitaire disparaissent. C'est le cas du jeune cousin d'une ancienne résidente qui inquiète se rend sur place pour comprendre. Bien que courtois et disert le directeur, un homme très affaibli par la maladie, ne la rassure pas. Au contraire ses paroles en apparence anodines font naitre un crescendo d'angoisse chez la jeune femme...

...Et chez le lecteur. Yôko Ogawa, en faisant se répondre avec beaucoup de subtilité la perversité tranquille à la naïveté troublée, crée une atmosphère étouffante et anxiogène. Alors que les apparences sont sauves, on craint le pire car comme nul ne l’ignore l'angoisse vient de ce qu'on imagine à défaut de savoir. Du grand art.


Challenge MULTI-DÉFIS 2018
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Comment vous faire deviner ma frustration à la lecture des Abeilles ?
Imaginez que je me propose de vous raconter une blague. Je la présente ainsi : " C'est l'histoire d'un gars dans le désert, Nasreddine, si cela peut vous faire plaisir, qui chemine avec son âne. Il rencontre un dromadaire et lui demande ce qu'il fait par cette chaleur. le dromadaire lui répond : je bosse ! Nasreddine, surpris par cette réponse, continue son chemin puis, derrière une dune, rencontre un lézard en plein cagnard. Là encore il lui demande : Que fais-tu ? Et le lézard, de lui répondre mollement : je lézarde. Nasreddine étonné par cette réponse s'en retourne en direction de l'oasis afin de faire boire son âne et rencontre un. "
Voyez, c'est frustrant n'est-ce pas ? Et bien c'est ce que nous a concocté Yoko Ogawa. Quel dommage ! Telle est mon impression en refermant ce livre.
Une nouvelle, ma foi, bien plaisante du début à la fin, où l'auteure fait parfaitement monter quelque chose en nous, pour finalement nous abandonner comme une vieille chaussette puante en fin de récit, nous laissant interdit, sur notre faim, avec cette absence de fin.
Une femme au foyer, pourtant diplômée, qui s'ennuie ferme à faire du patchwork reçoit un jour un appel d'un jeune cousin ignoré depuis quinze ans. Celui-ci cherche à se loger pour pas cher afin de suivre ses cours d'université, or l'héroïne, a fréquenté une résidence à prix imbattable plusieurs années auparavant.
Elle va donc chercher à mettre en contact son cousin avec l'étrange directeur de la résidence étudiante. de fil en aiguille, des interrogations montent, des doutes se font jour, créant une ambiance de malaise et de suspense très réussis.
Le seul hic, vous l'aurez compris, c'est qu'on nous laisse en plan sans rien dénouer à la fin, ce qui a créé, en ce qui me concerne, une immense déception. Vraiment dommage, parce qu'avec une vraie fin, j'aurais adoré cette nouvelle.
Je vous ai donné mon avis, c'est-à-dire pas grand-chose, maintenant, à vous de voir avec votre propre ressenti.
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La narratrice, dont la vie lui apparaît morne alors qu'elle devrait bientôt rejoindre son mari émigré en Suède pour son travail, reprend contact avec son jeune cousin qui cherche un logement étudiant à Tôkyô. Elle se remémore qu'elle fut logée six ans auparavant dans une résidence étudiante, et en contacte le directeur, qui est handicapé. Rendez-vous est pris pour la rencontre, bien que le directeur lui tienne un étrange discours sur le délabrement en cours du bâtiment, qui ferait l'objet d'une « déstructuration particulière ».

Le rendez-vous sur place est conclusif pour la signature du contrat, l'engagement de l'étudiant étant simplement de « promettre de mener une vie d'étudiant heureux au sein de cette résidence ». le lecteur découvre un directeur en piteux état : il est amputé des deux bras et d'une jambe, sa jambe gauche manquante étant remplacée par une prothèse. Mais lorsque la narratrice cherche quelques jours après à rendre visite à son cousin, il n'est pas là. Et cela se reproduit les fois suivantes, avec toujours une explication du directeur. Celui-ci effectue sous ses yeux les gestes du quotidien, en autonomie, ce qui l'oblige depuis des années à des contorsions quasi-permanentes pour caler les objets entre le menton et la clavicule, qui ont provoqué au fil des années une grave déviation de sa colonne vertébrale (on imagine un Stephen Hawking…). Cela ne l'empêche pas de cultiver comme il peut le jardin, où quelques abeilles viennent butiner les tulipes. Il tient par ailleurs un discours louangeur sur les beaux corps parfaits, à l'opposé du sien, notamment celui du cousin, insistance qui en deviendrait suspecte et met mal à l'aise tant la narratrice que le lecteur. D'autant que la résidence, vide de locataires à part le cousin, a vu le précédent se volatiliser sans que sa trace n'ait jamais été retrouvée. On commence à se demander ce qu'il a pu advenir du cousin…Au fil de ses visites, la narratrice semble de plus en plus indifférente aux lettres pragmatiques de son mari qui lui demande de préparer son départ (à peine parcourues, elles sont remisées au tiroir), tandis que l'état du directeur se dégrade : il se décharne, et perd en autonomie. La narratrice lui rend visite régulièrement et satisfait son dernier plaisir, lui mettre en bouche des cuillères de bons gâteaux. Mais il y a toujours quelques abeilles autour, qui vont s'arrimer sur une tache sombre au coin du plafond de la pièce, tache qui s'agrandit…un jour des gouttes sombres et poisseuses en tombent…Et le cousin qui n'est décidément jamais là…De quoi commencer pour la narratrice à perdre son sang-froid, alors que le directeur plonge dans un profond sommeil qui est peut-être définitif…

Un fois de plus, Ogawa Yôkô sait installer les ingrédients pour créer une atmosphère d'étrangeté. Les sens de la narratrice, et du lecteur, sont concentrés sur des petits détails de l'environnement, qui, grossis comme à travers une loupe, prennent une importance particulière, créant là une sorte de malaise, de vague inquiétude, comme aurait dit Akutagawa. L'esprit s'emballe, ne peut s'empêcher d'échafauder des scénarii horrifiques, en cherchant une cohérence, une logique, peut-être bien bâties sur du sable. Il va au plus complexe et improbable, alors que, peut-être, tout est rationnel. Pourtant, le doute n'est pas totalement levé non plus…
L'atmosphère est oppressante, l'évolution psychologique des personnages est traitée magistralement. le directeur dégage quelque chose de malsain, d'inquiétant, physiquement et dans son comportement. A-t-il des choses à cacher ? La narratrice n'est pas elle-même dès le départ très bien dans sa peau, et sans doute perméable à une certaine rêverie et fragilité psychologique qui peuvent la rendre manipulable...Et puis il y a ces abeilles qui tournent autour de ce mystère, dont elles sont finalement l'élément central.

En conclusion, encore une remarquable novella de cette grande dame de la littérature nippone contemporaine.
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C'est le deuxième ouvrage de Yôko Ogawa que j'ai en main, le premier "La petite pièce hexagonale", ne m'avait pas laissé un souvenir immémorial.

Là par contre dans les abeilles je découvre un petit diamant.

Une écriture poétique, et un mystère oppressant qui s'insinue chez le lecteur page après page, distillé au compte goutte par la jeune narratrice : son ennui d'abord, un bruit obsédant, une mélancolie. Puis l'appel d'un cousin qu'elle n'a pas vu depuis près de quinze ans, une vieille pension déserté et un directeur infirme qui subissent une décrépitude inéluctable, une disparition non élucidée. Des questions sans réponses...

Un sentiment de malaise indicible nous poursuit jusqu'à la fin de ce roman. Au final une nouvelle sublime, une écriture subtile écrite avec des mots simples qui intensifie la force de cette nouvelle.
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Les abeilles est le premier roman de Yoko Ogawa. Une femme qui vit seule et mène une vie monotone voit ses habitudes modifiées par l'arrivée d'un neveu qui vient étudier. Voulant l'aider, elle lui conseille de prendre une chambre dans la résidence universitaire qu'elle même a fréquenté durant ses études car elle se souvient des loyers particulièrement modiques demandés par le directeur. La résidence s'avère être à demi vide et le directeur est une personne fuyante et insondable. Laissant son neveu dans la résidence, la femme se promet de venir le visiter. Néanmoins toute ses visites et appels téléphoniques se heurtent à l'absence de l'étudiant et seul le directeur lui répond, justifiant l'absence de l'étudiant de manière allusive et ambiguë...
Ce court récit (moins de cent pages ) est bien construit car d'une situation parfaitement normale, Yoko Ogawa parvient à insinuer à la tournure des événements une ambiance particulièrement malsaine et angoissante. Au fur et à mesure, on se demande ce qu'il a bien pu advenir du neveu, avec d'autant plus d'insistance que les propos du directeur de la résidence se font de plus en plus menaçants, combinant réflexions morbides et ironie. Si bien qu'on ne peut pas empêcher un funeste pressentiment de nous envahir.
Le personnage du directeur est particulièrement réussi : à nos yeux il reste énigmatique, et c'est ce mystère autour de sa personne qui crée l'enjeu du récit à savoir ce qu'il est advenu de l'étudiant et si le directeur a une responsabilité dans cette disparition.
J'ai particulièrement apprécié la fin indécise du roman qui nous laisse dans l'incertitude, ce qui permet au lecteur d'inventer sa propre vision du sort de l'étudiant. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de voir dans le bruit des abeilles et le miel qui coule à travers le plancher la subtile et poétique métaphore d'un cadavre dont coulerait un sang à la viscosité semblable à celle du miel et dont le bourdonnement des abeilles n'est pas sans rappeler celui des mouches assaillant un corps en décomposition...bien sûr il s'agit là d'une interprétation personnelle !
L'autre point fort de ce récit est que Yoko Ogawa parvient à implanter fortement dés son premier roman son univers si particulier : le thème de l'hôtel, la place laissé au non dits et à la suggestion, la présence des personnages féminins aux sentiments complexes caractérisent l'oeuvre de l'auteur dans sa globalité et se retrouvent dans toute l'oeuvre de la célèbre romancière japonaise.
Au final un roman subtil et intriguant construit d'une main de maître !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait un essaim.
Quand je le découvris, je ne compris pas tout de suite ce que c’était. Parce qu’il était couché sur une surface plane, qu’il avait atteint une taille phénoménale, et que je n’avais jamais eu l’occasion d’en voir de près auparavant. On aurait dit le fruit monstrueux d’une production désordonnée.
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Un carré, un rectangle, un triangle isocèle, un triangle rectangle. Le patchwork pouvait s'étendre à l'infini. La soirée était calme, j'étais seule à assembler des morceaux de tissu, et il me semblait percevoir un vrombissement d'ailes. Je n'arrivais pas à savoir s'il s'agissait d'un reliquat de ce que j'avais entendu dans la pièce du directeur ou d'un simple bourdonnement d'oreilles. Mais il avait beau être faible, presque imperceptible, il venait directement heurter mon tympan, sans dévier d'un pouce.
Le bruit d'ailes me menait aux abeilles, puis aux tulipes, aux vitres sur lesquelles dégoulinaient des gouttes de pluie, à la tache du plafond et aux médicaments en poudre, pour arriver enfin aux côtes du directeur. J'étais si loin de la Suède !
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Il n'y a pas si longtemps que je me suis aperçue de l'existence de ce bruit. Pour autant je ne puis dire avec certitude que tout cela s'est produit récemment. Je n’en connais pas la cause, mais je le sens là, immobile sur la bande de perception du son qui me relie directement au passé. Un jour, j'ai brusquement réalisé que je le percevait.Je ne sais ni d'où il vient, ni depuis quand il est là. Il est arrivé un beau matin sans crier gare, comme les taches qui se développent soudain en motifs délicats à la surface des boites transparentes de cultures microbienne dans les laboratoires.
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La première fois que je rencontre quelqu'un, je ne fais jamais attention à sa tenue ni à sa personnalité. La seule chose qui m'intéresse, c'est son corps en tant qu'organisme. Uniquement l'organisme. [...] Comme je ne sais pas ce que c'est que d'avoir deux mains et une jambe gauche, je n'ai aucune idée de la sensation que l'on peut éprouver en les bougeant. C'est pour cette raison que je suis intéressé par le corps des autres.
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Si je restais immobile, le bruit des ailes s'infiltrait comme un liquide jusque dans les minuscules conduits de mon oreille interne
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