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Un magnifique huis clos intimiste qui ravira autant les amoureux d'émotions fortes que les documentalistes et les bibliothécaires. Une belle histoire, parfait support à la discussion dès le lycée pour découvrir à la fois les métiers du livre et du patrimoine, mais encore des questions philosophique que ce soit l'éthique, le souvenir, la notion de passé ou encore la transmission.
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Un jeune muséographe est recruté par une très vieille dame pour créer un musée des plus curieux : un musée du silence où seront exposés les objets caractérisant chaque personne morte dans ce village, et cela depuis que la vieille dame a recueilli le sécateur d'un jardinier tombé mort à côté d'elle quand elle était jeune. Donc, en plus d'organiser et de répertorier tous les objets déjà recueillis, notre muséographe doit lui-même aller chercher un objet caractérisant chaque nouveau mort dans le village, il doit donc essayer de comprendre qui était cette personne puis réussir à subtiliser discrètement l'objet choisi. le musée se construit peu à peu, aussi bien le bâtiment que les collections, et ce qui paraissait étrange au début au jeune homme (et au lecteur) devient peu à peu tout à fait quotidien. D'ailleurs la mort paraît moins menaçante quand on peut y associer un objet, et les morts moins lointains quand on peut se les remémorer en regardant ces souvenirs.

Très orientale sans doute la philosophie de cette histoire, pourtant le roman est plus intemporel et universel que japonais, et on imaginerait bien qu'il se passe en Europe (aucun nom de personnage ni de lieu n'apparaît). Quant à la fin, si elle est attendue, c'est qu'elle clôt logiquement ce récit qui bascule doucement dans une atmosphère un peu fantastique tout en gardant les repères du quotidien
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Pour combler mes lacunes, le musée du silence a été lu dans le cadre du challenge in the mood for Japan

Challenge_japon.jpgJe me demande si la lecture de six romans suffira à me faire une image dénuée de fantasmes d'une culture si complexe... J'en doute. Peut-être qu'il serait bon pour moi de passer à la catégorie supérieure du challenge?

Avec le musée du silence, je m'attendais, à cause de ce titre et du résumé lu - une fois n'est pas coutume - à quelque chose d'assez lent, fort, peut-être mélancolique.

Première surprise et mon dieu quel bonheur, (pourquoi n'est-ce pas toujours ainsi?) c'est un roman sans nom propre. Je m'en suis aperçue à la moitié du livre. Aucun personnage n'a de nom!

Le narrateur est engagé dans une région lointaine par une vieille femme revêche qui désire bâtir un musée qui, comme dirait un gars aux chevilles enflées « n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur ». Cette dame récupère depuis toujours – en se passant d'autorisation - un objet appartenant à chaque personne décédée dans la ville. Cet assemblage hétéroclite s'accumule dans sa demeure et le narrateur va être chargé de nettoyer, inventorier, répertorier chaque souvenir. Ainsi que d'en recueillir l'histoire, des lèvres même de la vieille dame.

Un jour, c'est à son tour, secondé par la fille de la maison, de procéder à la délicate récupération des souvenirs.

Bien étrange livre, que je recommande très très chaudement. Impossible à cerner, ou à définir. Mélange d'une tendre réflexion sur le temps qui passe et le devoir de mémoire et d'une poétique vision du monde avec ces « prédicateurs du silence », enveloppés dans leur mutisme, auxquels les habitants viennent confier leurs secrets.

Là dessus, une bombe. Au sens propre. Un attentat. Un frère qui ne donne plus de nouvelle. Puis des meurtres avec mutilation des tétons. Et des matchs de baseball. C'est inattendu, dissonant, cela tombe comme un cheveu dans la soupe. Mais un cheveu qui serait l'ingrédient ultime.

De cet assemblage aussi disparate que l'est la collection de la vieille dame, naît un très beau récit.

Je le conseille, encore! Si quelqu'un devait le lire grâce à mon article, je crois que je serais on ne peut plus heureuse!

+ sur Tale me More
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Rencontre d'un jeune muséographe et d'une vieille femme aux oreilles mutilées, au dentier toujours sur le point de fuser dans un nuage de postillons, à l'élocution souvent entravée par des amas de glaires qu'elle crachouille dans son mouchoir, au front décoré d'un magistral furoncle qui suinte de pus en permanence... (euh, vous êtes peut-être sur le point de passer à table ? désolée !)
Donc cette charmante créature, qui bien sûr est en général d'une humeur de chien, a la drôle d'idée de transformer son manoir, lugubre et délabré évidemment, en musée. Très jeune, elle a chopé une chouette marotte, à savoir dérober sur les morts un objet leur appartenant. Vu son grand âge, vous imaginez bien le nombre de trépassés qu'elle a croisé et le bric à brac qu'elle a ainsi amoncelé.

Ajoutez à cela un monastère où vivent des prédicateurs de silence qui, lorsqu'ils enfreignent la règle, se collent la langue sur un bloc de glace jusqu'à s'en arracher les papilles, des bisons des roches blanches, un attentat et un meutrier qui découpe en rondelles les seins de ses victimes.
Heureusement, la plume de l'auteur sauve le lecteur de cette atmosphère glauque. Comme par magie, émergent çà et là des petites soupapes de poésie, des sas qui permettent de respirer un peu d'air pur et de se débarasser des miasmes putrides qui suintent tout au long des pages. Comme la fête des Pleurs, par exemple (bon d'accord, c'est pas gai-gai...).

L'auteur est fidèle à elle-même, elle patauge avec allégresse dans le morbide, le malsain et l'étrange tout au long de cette allégorie de la mémoire et de la transmission. Elle a su me contraindre à lire jusqu'à la dernière page ce curieux récit.
Lien : http://moustafette.canalblog..
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Le narrateur travaille pour une vieille dame en fin de vie et a pour objectif de monter un musée réunissant des objets, tous volés, appartenant à des personnes décédées et symbolisant leur vie. Six personnages dont on ne connaîtra jamais les noms : le narrateur, la vieille dame, le jeune fille, le jardinier, la femme de ménage, le jeune homme. Sur cette trame simple et atypique l'auteur développe -à peine – une enquête criminelle, dans un style fluide, élégant, sans effets, et souvent minimaliste. Mais le véritable sujet du roman est le temps qui passe, la mort.
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Sans doute l'ouvrage le plus glauque qu'il m'a été possible de découvrir dans l'oeuvre de Yôko Ogawa.

Le musée du silence nous fait découvrir des personnages singuliers, attachants comme l'auteur sait le faire mais aussi franchement répugnants et c'est assez remarquable, on mime des mines de dégout face à notre livre. J'ai beaucoup aimé cette histoire qui met en scène un homme simplement chargé de créer un musée. Il va cependant être le témoin d'événements inattendus. Ce roman mêle donc habilement une histoire originale et une enquête policière sordide que l'on suit malgré tout avec intérêt.

Je suis assez enthousiaste du travail de cet auteur. Elle nous propose des écrits à la fois simples et originaux. le rythme est lent, l'action est presque inexistante mais on s'intéresse malgré tout à l'intrigue sans pouvoir vraiment s'en défaire, il doit y avoir du talent dans ces pages …

Aussi, j'ai apprécié le rapport aux objets que l'écrivain nous impose, tout le début du roman est en fait un inventaire d'objets qui ont un rapport parfois inattendu avec leur propriétaire, c'est vraiment surprenant.

Encore une belle découverte ! Décidément, je commence vraiment à apprécier cet auteur !
Lien : http://www.adeuxlignes.fr/?p..
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J'ai adoré ce bouquin !
Créer un musée à partir d'objets entassés depuis des dizaines d'années par une très étrange et très vieille femme, quoi de plus ordinaire ! Mais que penser si tous ces objets ont été dérobées à des personnes défuntes juste après leur mort et censées résumer la personnalité du mort ? Comme ce bistouri dérobé à un chirurgien qui "rapetissait" des oreilles clandestinement et qui avait réduit celles de la vieille dame à deux horribles moignons ?
Petit à petit, aidé de la petite-fille de cette femme, non moins étrange, le jeune muséographe engagé pour ce travail commence le recensement des objets. Seulement voilà. Les exigences de la vieille femme ne s'arrêtent pas là : désormais, il devra à son tour voler les objets qui vont venir enrichir la collection. Même lorsque les morts sont les victimes d'un serial killer.
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Livre majeur. Un des charmes, au sens fort du terme, de ce roman tient à ce qu'il fait partie de ces livres chez qui le narrateur est un personnage sinon effacé, du moins humble, du moins discret.

« Je sus, même à travers les rideaux, que le soleil commençait à décliner. le vent avait dû se lever, car on entendait les arbres bruisser dans le lointain. L'air froid qui montait à mes pieds donnait encore plus d'épaisseur au silence.
- Parlez-moi des règles de muséologie que vous avez assimilées.
Son dentier avait failli se détacher, dans un nuage encore plus gros de postillons.
- Oui
J'avais compris qu'il était inutile de déployer de l'énergie à essayer de me montrer sous mon meilleur jour. » Page 18

Alors, quelle est sa légitimité, car le paradoxe est patent, lui qui est devenu le maître de cérémonie auprès du monde extérieur, sa force ? Elle réside dans une sorte de patience, d'engagement neutre et endurant. Ceci vaut pour l'écriture elle-même, bien entendu, son rythme précis et posé de braises, rendant en sa respiration et crépitements comptés les pulsations intimes des lieux, de leurs habitants, des peines, des heures, du mat et du brillant. Tout participe à ce tissage calme, y compris la scène de l'attentat ou du piétinement, l'aiguille plonge et réapparaît sans heurts de la première à la dernière page.

"La couleur des montagnes, le débit des ruisseaux, l'ombre de l'horloge de la mairie, le son des cloches du monastère, tout était sous la domination de l'hiver » page 247
« le profil de la jeune fille s'apprêtait à plonger dans l'obscurité. » Page 241

Ce personnage, qui nous révèle la dimension transcendantale de tout musée digne du nom, ressemble à d'autres narrateurs qui dans d'autres récits sont parfois à peine sur le bord de l'histoire, hors considération, ce qui ne lui ferme une aucune porte. Yôko Ogawa connaît à fond cette vérité ultra littéraire : celui qui compte le moins est celui à qui on tolère qu'il rende compte pour tous. Et comme si cela ne suffisait pas, sa conscience du monde est aussi rare qu'impressionnante et précieuse. Sans oublier ce que le lecteur apprend de l'art du coutelier, de ces moines voués au silence, de la muséographie.
Et il faudrait encore parler du fil du roman, cette collection fanatique et légitime.
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Quand une vieille dame excentrique décide de collectionner de curieux objets ; ceux ayant appartenu aux défunts des environs et décide de faire appel à un muséographe pour les mettre en scène dans un musée au sein de son manoir... Lentement étrange, ce roman atmosphérique emporte son lecteur dans un univers romantique avec ce que cela peut comporter de suranné, de fantastique et de crépusculaire...
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Chinmoku Hakubutsikan
Traduction : Rose-Marie Makino-Fayolle

C'est probablement le roman le plus long de Yoko Ogawa - et c'est aussi pour cela que je l'ai lu. ;o) le style en est simple, concis et je suis tentée d'écrire intemporel. Contrairement à ce qu'il se passe d'habitude en effet chez les écrivains japonais, l'intrigue pourrait, à première vue, se situer à peu près n'importe où dans le monde. Seuls, de temps à autre, quelques menus - très menus - details rappellent que nous nous trouvons au Japon. La communauté monastique des Moines du Silence elle-même ne paraît pas précisément japonaise : aucune référence au taoisme, au bouddhisme ou au zen.

L'histoire, elle aussi, est très simple : une vieille dame obsédée par l'idée de créer un Musée du Silence, contenant des objets dont chacun aura la charge d'évoquer une seule vie, fait venir un muséologue afin qu'il donne corps à son rêve. La Mort la presse, elle le sent à défaut de le dire expressément. L'entourent une jeune fille qu'elle a adoptée et qui la considère comme sa mère, le jardinier et sa femme qui s'occupent du domaine. Au loin, le village d'où est originaire la vieille dame et où elle a dérobé - il n'y a pas d'autre mot - à chaque mort en partance pour le cimetière un objet particulier destiné à l'immortaliser dans le fameux musée.

L'ambiance est recueillie, lourde, glauque, parfois malsaine (tout ce qui a trait aux meurtres de jeunes femmes et à leur assassin sans visage), étouffante, avec des touches de cauchemar ou de fantastique. Avec les personnages et en particulier le muséologue qui, finalement, restera de son plein gré pour diriger le musée à la mort de la vieille dame, le lecteur descend en lui-même, se pose des questions sur le sens de la vie - de sa vie - et, bien sûr, sur notre place de ciron dans ce phénomène inexplicable qui commence (??) à notre naissance et se finit par notre mort (??).

Un auteur intéressant, très subtil mais à déconseiller à toutes celles et tous ceux qui souffrent de dépression ou qui, par nature, voient la vie en noir. Un auteur qu'on peut lire de temps à autre, au compte-goutte. ;o)
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