Un homme, habitué d'un café, se lie d'amitié avec un autre client, Anselme Théodat.
Avec tact et à petites touches, ils vont faire plus ample connaissance.
Anselme est un fonctionnaire de peu d'ambition qui renonce à s'élever par abnégation, pour s'occuper de sa soeur, et mène une vie simple et banale.
C'est un roman qu'il faut lire en essayant de se replonger dans les années 1920 où le rythme de vie et les mentalités étaient différents.
Une belle et lente histoire d'amitié et de renoncement. Une belle manière de donner vie et de rendre hommage à des gens simples.
Un roman de 1923 réédité par les éditions L'évéilleur.
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Un très beau roman d'Edouard Estaunié "L'Infirme aux mains d'or" publié une première fois en 1923 chez Grasset, puis en 1925 aux éditions Ferenczi dont L'Eveilleur reprend d'ailleurs les belles illustrations.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Qualifié de "poète du silence" (André Bellesort), Edouard Estaunié avait compris que ce qui scelle le silence, c'est la vie, et que l'incommunicabilité des expériences, des sensations et des sentiments est le propre de l'homme "à l'affût d'une béatitude toujours indocile à [son] appel". De fait, Estaunié est un romancier de la solitude. Comme le jeune Emmanuel Bove de -Mes Amis-, il confie cette douleur sourde au monde, mais, contre la mélancolie bovienne, énonce que l'oubli de soi offre apaisement, sinon remède. Orphelin de père, puis fils écrasé par la disparition de sa mère, Edouard Estaunié était lui-même un homme seul, marié tardivement à la veuve d'un ami disparu, un homme touchant qui s'est dit à demi-mot dans ses romans, comme il transpose avec -L'Infirme aux mains de lumières- l'existence de sa tante aveugle dans la maison familiale de Saint-Julia-de-Gras-Capou, dans le Lauragais, entre Castres et Toulouse. (préface - Eric Dussert, p. 11)
Et voilà...oui voilà quelle fut exactement l'origine qui devait nous unir durant un quart de siècle. Admirons ici l'illogisme de l'existence. Pendant des années, on erre au milieu de gens recrutés avec prudence dans la famille, au collège , enfin là où il paraît qu'on ait chance de choisir des compagnons en connaissance de cause: et brusquement l'oiseau cherché se trouve être quelconque qui, chaque jour, s'asseyait à côté de vous; on ne prenait pas la peine de le regarder; sans une circonstance futile, on ne lui aurait jamais fait signe. Mais que sert de chicaner le hasard sur sa méthode ? Acceptons plutôt les occasions qu'il offre et tentons de les croire créées pour notre usage, comme si étions seuls à habiter l'univers. (p. 19)
Les gens casés, munis de famille, locataires d'appartements confortables, et chaussant chaque soir leurs pantoufles au coin du feu, ont coutume de considérer avec mépris ceux de leurs semblables qui, établis sur un trottoir, devant un guéridon sale ou une boisson médiocre, et le regard vide, semblent à l'affût d'une béatitude toujours indocile à leur appel. Ils ont tort.
Le café donne à qui en est normalement privé le luxe de la chaleur, de la lumière et d'un chez soi momentané. (p. 15)
Quand on n'a plus de rêve à soi, quand on a pour passé une existence gâchée, pour avenir la seule perspective d'une fin solitaire, trouver ailleurs un rêve intact paraît miraculeux. On en approche comme d'une merveille, infiniment fragile. On se mire à sa lumière. On tremble de le briser. Il n'est pas à vous, c'est possible...mais il est tout de même de la beauté, c'est-à-dire quelque chose à sauver pour la beauté du monde. (p. 78)
Le lendemain , je me rendis au café, le coeur en fête. Pour la première fois, j'avais la certitude charmante d'y être attendu, et hâte de jouir d'une amitié nouvelle. Je me rappelle certains printemps africains au cours desquels, après un orage, la terre se couvre de fleurs en une nuit. Comme elle, je devais être, en ce temps-là, un sol altéré d'affection, mon âme devait fleurir, sans que j'eusse loisir de me reconnaître. (p. 25)
Edouard Estaunie : L'ascension de Monsieur Baslevre
- C'est depuis le salon de thé "Angelina" (Paris, 1er arrondissement), que
Olivier BARROT présente le livre de
Edouard ESTAUNIE "L'ascension de Monsieur BASLEVRE".