Quelle bonne idée de publier cette nouvelle extraite du recueil Gens de Dublin sous format plutôt destiné à la jeunesse.
Voici en effet une superbe nouvelle, très courte, et dont le mode narratif peut être étudié de façon vivante et dynamique au collège/lycée.
On lève peu à peu le voile sur les pensées qui traversent l'esprit d'une jeune Irlandaise de 19 ans à sa fenêtre. Pas à pas, par bribes, on apprend des choses de son passé, de ce qu'elle aime et de ce qui lui déplaît de sa vie.
La balance penche plus d'un côté que de l'autre et l'on s'aperçoit qu'elle est en fait au moment crucial du choix. Doit-elle ou ne doit-elle pas partir ? Tout quitter pour tenter de reconstruire une autre vie en Argentine.
L'heure du choix, le moment le plus cruel qui soit, car, quoi qu'il arrive, choisir, c'est renoncer.
James Joyce traduit admirablement ce sentiment d'arrachement qu'on éprouve au moment de quitter son foyer, ses proches et tout ce qui a constitué nos repères jusqu'à ce jour, quand bien même, notre vie nous aurait été suffisamment déplaisante pour chercher à tout prix à la fuir. Pour l'avoir déjà éprouvé, je ne puis que saluer cette performance de l'auteur, qui plus est avec une économie de mots admirable. Chapeau l'artiste, tu m'as fait oublier l'horrible
Ulysse !
J'ai vraiment adoré cette nouvelle ainsi que sa construction et je pense qu'elle pourrait avantageusement faire écho en un lecteur jeune, peu ou prou de l'âge de l'héroïne (quitter ses parents, ne pas les quitter, etc.), mais bien évidemment, ce n'est là qu'une considération toute personnelle, c'est-à-dire, bien peu de chose en ce bas monde.