Vous êtes faite de peines étranges

Question à choix multiples :
Si je te dis : Bernie Bonvoisin...tu penses :
a_ Un mec avec un gros tarin.
b_ Les démons de Jésus.
c_ Trust.
Si tu as répondu : a, b ou c... bravo ! Tu as gagné.
Mais si tu as répondu c, tu triples la mise.
Comment ? Pas juste ?
Mais si le monde était juste, ça se saurait, non?

Donc. Tu as grandi au doux son de Trust. Tu as avalé les saintes paroles de Bernie. Trop jeune, sans doute, tu ne les comprenais pas à leur juste valeur. Heureusement, le chant sacré était là... gravé dans les sillons de tes vieux vinyles. Plus tard, en comprenant un peu mieux la société qui t'encerclait, tout est devenu plus clair, plus sale aussi.
Alors, dans tes poches, tu as serré les poings, relevé la tête, tu n'as plus marché dans la combine.
Tu t'es ensauvagé ; tu as sorti tes griffes ; tu n'es pas devenu préfabriqué.
Béni soit Bernie !

Observateur et témoin du tangage du bateau France, de 1977 à aujourd'hui, ainsi que des dérives de la scène internationale, Bernie, en acteur engagé, crache à nos oreilles ouvertes (et à la gueule du système), ses textes solides, lucides, franc, direct et rageux.
Provocateur ? Oh!...Un tantinet.

Fidèle allié des punks, Bernie a mitraillé ses cibles de décibels et de mots tranchants.
Les cibles étaient nombreuses :
_politique / pot de vin et autres magouilles.
_exclusion / précarité
_racisme / nazisme / dictature
_religion / secte
_patronat / salaire
_guerres
_violences policières
_prison / réinsertion
_bourgeoisie / m'as tu vu
Et plus si affinités...
Force est de constater que depuis 1980, les cibles, toujours les mêmes, n'ont pas bougé d'un pouce, et vu la pauvreté du rock engagé (existe t-il encore ?), de la platitude des textes, tristement lisses, dansons ensemble sur la chorégraphie du bonheur...
"Mais comment être heureux devant tant de laideur" chantait Trust.
Il reste bien quelques snipers du côté du rap, du punk, mais pas de porte-voix pour se faire entendre, pas d'ondes direct, pas assez propre, "trop méchants", ça reste dans la sphère intime, c'est prêcher pour des convaincus.
Résultat : les munitions s'amenuisent.

Fermons la parenthèse...VLAN!!!

Dans ce petit livre (63pages), c'est d'Amour qu'il s'agit...et là, la cible a bien été touché...Bernie...en plein coeur.
Torturé, flingué, saignant le coeur.
Une histoire d'amour salement humaine.
Un coup de foudre...un adultère...des amants... une femme soumise... une femme de...un renoncement... puis la douleur.

Autobiographique ???
Bernie ne livre rien, tout en nous ouvrant son coeur, sa blessure et sa peine, sous la forme d'une lettre (poème) destinée à elle..."l'ange".
Il écrit bien Mr Bonvoisin quand il est déchiré, écoeuré, étouffé du silence.
Il nous avait déjà touché sur "ton dernier acte", pour son ami Bon Scott en 81.
Mais ici, j'ai l'impression d'avoir trop ressenti son travail d'écriture...moins spontané, mais ça, c'est peut-être aussi l'habitude d'avoir côtoyer Bernie sur un autre registre qui me donne cette impression, qui m'a rendu un peu sévère sur ma note.
difficile de voir le loup en agneau.
Bon, quoique j'en dise... Bernie en poète... ça pète !!!