La dame en noir ne hiérarchise pas les hommes, elle passe aveugle, frappe et fauche, sans discrimination.
J’ai quitté l’Indochine et Maï, mais l’Indochine et Maï ne m’ont jamais quitté.
Certains choix, de vie ou de mort, nous engagent bien au delà de nous mêmes.
"L'honneur Alexandre, l'honneur". Certes nous n'en manquions pas, d'honneur mais ce n'était pas le même, nous ne combattions pas pour la liberté, mais pour annexer une terre, un pays, un imaginaire, un peuple.
Retour à Diên Biên Phù.
À la recherche d’un amour jeune et vieux, fou.
Retour ici, avec l’espoir mitraillé de retrouver celle qui m’accoucha.
Retour ici, pour mourir où je suis né, dans un corps-à-corps fiévreux.
Retour ici, après vingt ans d’exil intérieur, l’âme en feu. Je suis revenu ici, où je suis tombé amoureux, pour ne plus jamais me relever. Je suis revenu ici, pour finir mon voyage. Dans une bulle d’opium ou de tendresse.
Je suis revenu ici, pour écrire la dernière page. De mon livre de vie.
Je suis de retour à Diên Biên Phù.
Pour mettre un point final à ma peine ou mourir en paix, dans les bras ou le doux souvenir de mon amour siamois au visage lune, Maï Lan, unique soleil dans la nuit.
Diên Biên Phù, depuis vingt ans mon esprit erre en ce lieu, qui me hante. J’y reviens enfin, pour retrouver des souvenirs perdus, en exil de moi-même. Je suis de retour ici pour une femme, flamme rencontrée pendant la guerre. Nous nous étions aimés, sans bruit ni fureur, avant de nous séparer, contraints.
Dans la stridence du silence.
J’étais jeune et mal marié, rêveur, avide de voyages et d’aventures, de douces drogues dures et d’écriture. Passions voraces et dévastatrices pour les âmes comme la mienne, en quête d’absolu, inatteignable.
À la recherche de moi-même, j’avais trouvé Maï Lan. Frêle et mystérieuse jeune femme, qui allait s’éprendre d’un soldat en guerre contre son pays.
Et contre lui-même.
Il y a des êtres qu’on rencontre trop tard pour ne pas les aimer.
Maï Lan.
Retour à Diên Biên Phù.
À la recherche d’un amour jeune et vieux, fou.
De vingt ans.
Retour ici, en pèlerinage.
Cette fille est ma faille, mon alcool, ma parabole.
Et son pays, mon gouffre néant: j’y suis mort et m’y suis enterré, avec mes dernières illusions sur l’humanité, sur moi-même et sur ma propre patrie, "terre des
droits de l’homme". C’est ainsi, ainsi qu’elle aime, qu’elle aime qu’on la nomme.
Je suis mort ici, en Indochine.
Avant de renaître, puis mourir encore.
Dans le regard de Maï.
Il y a vingt ans.
C’était la guerre.
Diop m'avait offert un numéro de la revue publiée à Paris et Dakar par son cousin et ses amis poètes. (...)
La poésie nègre qui frappe et marque l'âme.
La négritude : des hommes de lettres, africains et caribéens, qui sublimaient la langue française et affirmaient leur différence de couleur et de culture comme une richesse. Nègre.
je lisais. (p. 105)
Je la regardais dormir et pensais à mon père (...) qui m'avait dit : "Tu sais, gamin, la vie tout comme la solitude et la liberté ne servent à rien, si on n'a personne pour les partager." (p. 141)
Rire merveilleusement avec une femme ou un homme que l'on aime, profondément, viscéralement, vous donne un pouvoir sur la mort. (p. 155)
P?-S. Je savais que Char te parlerait, résistance n'est qu'espérance. (p. 183)