AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 1436 notes
Hekla, une jeune islandaise, quitte sa campagne natale pour s'installer dans la capitale afin d'y trouver un emploi qui lui permettrait de gagner suffisamment d'argent pour partir à l'étranger. Non pas parce qu'elle n'aime plus son pays mais pour pouvoir simplement exister en tant qu'écrivain de sexe féminin.
A Reykjavik elle retrouve ses amis d'enfance Isey et Jón John et fait la connaissance de Starkadur , un jeune homme nourrissant quelques ambitions littéraires.
Hekla aussi est douée pour l'écriture. Deux de ses nouvelles et quelques poèmes ont été publiés sous un pseudo masculin, un de ses manuscrits attend chez un éditeur et elle travaille sur un roman. Mais elle cache soigneusement son talent, seuls ses amis sont au courant.
Ysey, mère au foyer angoissée à l'idée d'enchaîner les grossesses, écrit aussi en cachette. Elle ne peut s'en empêcher car tout l'inspire, surtout les petites choses insignifiantes où se niche la poésie. Jón John, lui, aime les travaux d'aiguille, sa machine à coudre est sa machine à écrire. Il se rêve costumier de théâtre mais est forcé de gagner sa vie en mer, même s'il est toujours traité avec brutalité par l'équipage à cause de son orientation sexuelle. Tous trois sont animés par une énergie créatrice qu'ils ne peuvent exprimer librement en raison des préjugés. Le seul en mesure de le faire serait Starkadur s'il ne passait pas plus de temps à "être un poète" qu'à l'écriture.

Alors que l'Islande est synonyme de grands espaces, les personnages d'Auður Ava Ólafsdóttir en semblent prisonniers. Tout d'abord de l'île elle même, dont il ne parait pas facile de partir quand on n'a pas d'argent, puis de la ville et leurs lieux de vie confinés (mansarde, sous-sol, bateau, café ) et enfin plus largement d'une société très conservatrice où chacun est enfermé dans les schémas traditionnels où la question du genre est primordiale. Hekla et Jón John sont des exemples de l'injustice enracinée dans les notions pernicieuses de relations entre les sexes.
De tous les romans d'Ólafsdóttir c'est celui-ci que j'ai préféré pour sa mélancolie qui se marie si bien à un humour discret, rendant les personnages très attachants et leur l'histoire particulièrement agréable à découvrir.
Commenter  J’apprécie          260

J'ai été touchée par ce roman tout en délicatesse. Portée par une écriture sobre l'auteure nous plonge dans un univers rude mais plein de poésie, de sensibilité et de sensations. Ses trois personnages principaux pleins de ténacité sont attachants, sincères, attentifs les uns aux autres.

Hekla est, dans tous les sens du terme, une belle personne. Son père, présent, attentif, lui a choisi ce prénom de volcan qui lui va si bien. Avec bienveillance et discrétion, sans juger aucun de ses choix, il l'accompagne sur la voie qu'elle s'est choisie: écrire.
Peu importe les conditions difficiles, le sexisme du monde littéraire, les petits boulots alimentaires, les chambres de bonnes sombres et glaciales. Elle ne participera pas au concours de Miss Islande. Elle ne change pas de cap. Dès qu'elle le peut elle sort sa machine à écrire. Les mots s'enchaînent, les phrases s'organisent, un roman se structure. Elle fera tout pour que ses romans soient publiés.

Elle est soutenue par Jon John, son ami homosexuel dont la vie est difficile et douloureuse dans cette Islande des années 60. Il souffre du rejet, de la violence mais lui non plus ne renonce pas à ses rêves. Un jour il créera des costumes de théâtre. En attendant il coud pour Hekla une robe couleur d'aurore boréale qui lui va si bien. Il coud aussi de jolis rideaux pour I'amie d'Hekla Isey, jeune femme qui regarde avec distance et sincerité sa vie de femme au foyer et s'imagine avec frayeur un avenir plein d'enfants. Mais elle aussi assume ses choix et cultive son jardin secret en écrivant dès qu'elle le peut.

Tous ces thèmes difficiles, homophobie, sexisme du monde de l'édition, condition des femmes sont abordés avec sensibilité. L'auteure dénonce en creux, juste en décrivant la vie de ces jeunes plein de rêves, d'espoirs. Bien sûr tout cela les écrase mais ils tiennent bon. Rien ne saurait tuer leur passion de créer, leur amour de la littérature. Ils sont et veulent rester libres.

C'est un roman plein de grâce que j'ai lu, de court chapitre en court chapitre, un sourire aux lèvres. Heureuse de rencontrer de jeunes personnes si solidaires et si déterminées.
Commenter  J’apprécie          251
Je ne connaissais de l'Islande que l'excellente littérature policière d'Arnaldur Indridason comme: la
femme en vert.
Je découvre à présent une oeuvre littéraire de l'islandaise Audur Ava Olafsdottir avec Miss Islande.
Le point t commun de ces auteurs se retrouvent certainement dans la description fantastique et fantomatique qu'est l'Islande.
La preuve en est faite, si j'ose dire avec les personnages de Miss Islande qui portent des noms de volcans comme Hekla et ceux de la fille de sa meilleure amie.
Le temps météo est très important en Islande, doublé dans ce roman de l'écriture chevillée au corps des personnages.
Helkla nous dit: L'écriture est mon ancrage dans la vie.
Son père, homme simple et émouvant consigne chaque jour par écrit la météo, ce n'est pas anodin, car la météo conditionne la vie des pêcheurs. Au détour d un de ses bulletins météo, le père annonce de façon tout à fait émouvante l'ablation du sein de sa femme, puis son décès.
L'amie de la narratrice: Isey, elle aussi écrit, elle cache ses écrits dans le seau du ménage et se résigne peu à peu à une vie domestique sans éclat '
Le poète, petit ami d' Hekla échoue dans sa tentative d'écriture, très touchant quand il dit à Hekla:
Tes pages sont traversées par les torrents impétueux et dévastateurs de la vie et la mort, moi je suis un ruisseau qui murmure, mes mots n'atteignent jamais le rivage.
Enfin, le dernier personnage, son ami homosexuel dira:
Ma machine à coudre est une machine à écrire.

Un beau roman sur ce thème lancinant de l'écriture qui nous permet de vivre ou de mourir à petit feu.
À lire assurément.
Commenter  J’apprécie          250
Dans les années 60 en Islande, Hekla (qui porte le nom d'un volcan) quitte son père et la ferme de son enfance pour Reykjavik, avec quatre manuscrits dans sa valise, et sa machine à écrire. Elle compte bien trouver un travail à la ville pour continuer à faire ce dont elle rêve le plus au monde, écrire. Mais en ce temps-là, les femmes doivent se marier et faire des enfants, c'est tout ce que la société (et les hommes) leur demande. Alors se faire publier, il ne faut même pas y penser, ce qu'elle a déjà réussi à faire cependant, en prenant un pseudo...masculin. Les femmes écrivains sont rares à cette époque en Islande et considérées comme "sans talent".
Là-bas, elle retrouve avec bonheur son fidèle ami d'enfance, Jon John qui est marin à ses heures mais ne trouve sa place nulle part, étant homosexuel et meurtri par son enfance passée à être traité de bâtard. Lui rêve de pouvoir enfin aimer un homme en toute liberté sans qu'on l'accuse d'être pédophile, ce qui n'a rien à voir. Il voudrait vivre de son art, car ce qu'il aime avant tout c'est créer des vêtements. Il voudrait devenir styliste de mode, ou costumier de théâtre. Il ne supporte plus de ne plus "être comme tout le monde" et de se faire violemment agresser.
Tous deux se protègent mutuellement, et lui seul est capable de comprendre le désir d'écrire de la jeune femme.
Elle retrouve aussi son amie d'enfance Isey, aujourd'hui mariée et mère de famille, qui comme elle, aime les mots, mais n'a plus le temps de les fixer par écrit autrement que dans son journal intime qu'elle remplit en cachette de son mari, ce cahier semblant être le seul capable de la maintenir à flot et de lui permettre de trouver un sens à sa vie d'épouse.
Harcelée par un homme qui désire la voir participer au concours de Miss Islande, et par les clients de l'hôtel où elle travaille comme serveuse qui ne cherchent qu'à la tripoter ou à la mettre dans leur lit, Hekla a du mal à continuer à écrire, d'autant plus qu'elle tombe amoureuse d'un poète qui travaille à la bibliothèque qu'elle fréquente. Tous deux s'installent ensemble.
Mais rien ne se passera comme prévu. Hekla tient trop à sa liberté. Elle ne veut pas avoir à choisir ! Féministe dans l'âme, elle va devoir se battre pour que son rêve se réalise.

Je tombe toujours sous le charme des personnages quand je lis un roman de Auður Ava Ólafsdóttir. Elle n'a pas son pareil pour nous faire entrer dans l'ambiance de ses romans qui se passent tous en Islande (au moins en partie) et nous décrire à merveille la vie quotidienne des habitants de ce pays, le plus souvent méconnu du grand public qui n'a de lui que ses paysages de carte postale.
Dans les années 60, le pays vivait quasi exclusivement de la pêche d'où les difficultés pour les hommes de trouver un travail ailleurs que sur les bateaux.
Là-bas bien entendu, les années 60 ressemblent beaucoup aux années 60 de chez nous avec leur côté conservateur. Les idées féministes ont du mal à faire leur chemin, même dans les milieux intellectuels, où pourtant tout le monde en discute quotidiennement. Mais en parler ce n'est pas les accepter vraiment, ni les appliquer dans leurs propres vies : les hommes n'en sont pas encore capables. D'ailleurs, les femmes sont exclues de leurs cercles de discussion, c'est dire...

Le roman aborde aussi sans détour la cause homosexuelle à travers le personnage de Jon John, obligé de fuir son propre pays, pour trouver à peine un peu plus de liberté ailleurs.
Ainsi l'auteur met-elle en avant les contradictions de la nature humaine, mais elle le fait avec humour, légèreté, délicatesse, sans animosité ni agressivité, et à travers des personnages attachants, sincères et authentiques, emplis de tendresse et d'humanité. Son sens du détail nous captive dès les premières lignes et nous donne envie de tourner les pages très vite tout en savourant au passage de magnifiques moments de poésie, des dialogues réalistes, des situations quotidiennes certes, mais puissamment évocatrices. le roman est parsemé de petites phrases et de poèmes ce qui ajoute à son charme.

Un roman que j'ai eu un grand plaisir à découvrir. Il a obtenu en 2019 le Prix Médicis étranger.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          240
Audur Ava Ólafsdóttir nous plonge dans l'Islande des années 1960 à travers le personnage d'Hekla. Née en 1942, la jeune femme doit son prénom à la passion obsessionnelle de son père pour les volcans : l'Hekla étant un volcan situé dans le sud du pays, dans les Hautes terres.

Je me suis d'emblée attachée aux personnages d'Hekla et de ses amis Jón John et Isey. Ce qui m'a particulièrement touchée, c'est l'existence d'un rêve profond en chacun, d'une volonté d'échapper à la voie qui s'impose à eux, mais de la difficulté à y parvenir entièrement.

Dans l'autocar qui l'emmène à Reykjavik où elle rejoint ses amis, c'est plongée dans l'Ulysse de Joyce qu'Hekla quitte la ferme familiale. Férue de littérature, elle aspire à devenir écrivain, mais en tant que femme et plutôt jolie de surcroît, on la verrait plutôt sur les planches du concours de Miss Islande. (J'avais une petite appréhension : que l'histoire tourne autour de l'élection de Miss Islande, en réalité pas du tout. Cet élément en fond est une manière d'illustrer la vision de la femme dans la société de cette époque.)

John quant à lui, aimerait devenir couturier et pouvoir vivre librement son homosexualité. Ísey est mère de famille, elle n'est pas vraiment satisfaite de sa position. Elle l'accepte mais à travers son journal, elle aspire à une autre vie que celle qui s'est imposée à elle lorsqu'elle est tombée enceinte. La jeune femme redoute de se retrouver avec une ribambelle d'enfants, crainte qui se matérialise dans ses rêves. J'ai ressenti beaucoup de compassion pour son personnage.

Dès les premières lignes, le ton est donné. Lorsque la mère d'Hekla accouche, elle n'est pas consultée pour le prénom de sa fille et on ne lui laisse rien redire au choix arrêté par le père. Ce roman interroge la place des femmes, le pouvoir des hommes sur les femmes mais aussi sur les hommes qui ne répondent pas aux attentes d'une société virile et patriarcale.

L'écriture est délicate, poétique, sans ambages. le personnage d'Hekla permet de s'interroger soi-même, comment rester libre ? Un très beau roman que j'ai pris plaisir à lire de la première ligne à la dernière.
Commenter  J’apprécie          222
Une belle déception pour ce nouveau roman islandais d' Olafsdottir, je pense que cette auteure a du mal a structurer son écriture et ce n'est pas la 1ère fois que je m'en aperçois.
Je trouve cela dommage car le fond et le thème de son intrigue sont intéressants mais je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire, j'étais pourtant en vacances donc toute la tête pour m'intégrer à cette lecture.
Eh bien non, l'auteure n'aura pas su capter mon attention meme si je sais que son écriture est pleine de finesse.
Pas grave, je passe à autre chose...
Commenter  J’apprécie          223
J'ai emprunté ce roman à la médiathèque en pensant que c'était un polar écrit par un homme !!!

Autant dire que j'ai rarement été aussi à côté de la plaque...

Dans ce roman écrit à la première personne, on s'attache à Hekla du moment où elle quitte sa maison natale pour la capitale et devenir écrivain et celui où elle est prête à voir publier son premier roman...

Sauf que les années 60, c'était déjà facile nulle part ni pour les femmes, ni pour les homos, alors dans ce microcosme qu'est l'Islande, où tout le monde connaît tout le monde, autant dire que c'est franchement dur pour Hekla et son meilleur ami, marin et homo, Jon John...

Est-ce que ça finit bien ? Je n'en sais rien. Cela aurait pu finir plus mal, mais j'imagine qu'il faut bien vivre dans son époque, et faire les compromis qui s'imposent pour avancer...

C'est sombre en tous cas, qu'on s'attache aux pas de Hekla, de son amie, jeune mère au foyer qui étouffe, ou à ceux de Jon, c'est glauque, mais glauque !

On ne connaît rien du tout des sentiments de Hekla, elle se "contente" de raconter les événements et de rapporter les conversations, tels quels. Un peu comme l'Etranger, de Camus, on n'a aucun accès à ses ressentis, ses espoirs, ses émotions.

Je vais voir l'Islande d'un autre oeil maintenant !
Commenter  J’apprécie          212
Hekla, très jolie jeune femme, quitte sa ferme pour aller rejoindre son destin a Reykjavik, devenir écrivain. Elle y retrouve ses deux amis, Jòn John, un homosexuel qui tente de s'assumer dans une société qui ne lui permet pas, et ìsey, une jeune femme qui s'est retrouvée trop vite enfermée dans son métier de femme au foyer et de mère. Hekla porte un très beau prénom, en hommage à volcan le plus actif de l'Islande. Outre la sonorité magnifique du prénom, c'est tout le symbole de ce personnage : non pas un volcan explosif, non. Mais un volcan digne de la volonté d'Hekla, émettant de longues coulées de lave, qui, quoi qu'il arrive, avancent, progressent, s'imposent. La volonté et le besoin d'écrire d'Hekla sont indomptables. Et elle est douée, son monde intérieur n'est qu'écriture et mots. Seuls ses proches le savent et le comprennent : Jòn John et ìsey, si malheureux de leur conditions inéluctables au regard de cette société encore enfermée. Ils sont beaux, ces personnages secondaires, ils m'ont touchée, peut-être encore plus ìsey dans sa peur panique de rester qu'une mère et de se noyer.
L'écriture d'Auđur est toujours aussi belle, inqualifiable, poétique et facile à lire, lyrique et précise sur l'état mental de ses personnages. Tout au long de ce roman, j'ai eu l'impression qu'Hekla, était un peu insaisissable, dans son monde d'écriture, que c'était beau. Lors de cette lecture j'avais l'impression que je contemplais un beau portrait photo, pris en contre-jour, où le mystère demeurerait total, avec ses deux amis, en second plan, flous. Flous d'une vie qu'ils subissent.
Commenter  J’apprécie          200
Quel plaisir j'ai eu à retrouver la prose si poétique d'Audur Ana Olafsdottir. J'ai été immédiatement plongée dans l'Islande des années 60, avec des descriptions et un récit tout en douceur même s'il y est question de la place de la femme, du regard des autres dans une société somme toute conservatrice et où la place de la femme est au fourneau dans son foyer.
Comment vivre et s'accepter quand on se sent différent, qu'on a d'autres envies que celles dictées par la société et les hommes bien pensants. Comment trouver le courage de ses rêves, voilà aussi le sujet qui nous est ici conté.
Commenter  J’apprécie          200
Reykjavík, 1963. Helka quitte sa région natale pour s'installer à la capitale, décidée à devenir écrivain. Sa meilleur amie se lance dans la maternité avec joie et ennui, alors que son ami d'enfance vit son homosexualité comme un poids. Un roman de sensations lent, sans véritable intrigue, qui dévoile une Islande largement aux prises avec les préjugés et qui peine à satisfaire la jeune génération, n'offrant que l'exil à ceux qui n'y trouvent pas leur place. Un roman désenchanté sur la liberté et l'accomplissement.
Commenter  J’apprécie          200




Lecteurs (2755) Voir plus



Quiz Voir plus

Quizz Rosa Candida

Comment s'appelle le personnage principal?

Arnol Tharniljuifs
Arnljotur Thorir
Arnoldiu Tharak
Arnold Thyrolior

15 questions
252 lecteurs ont répondu
Thème : Rosa Candida de Auður Ava ÓlafsdóttirCréer un quiz sur ce livre

{* *}