AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,79

sur 1429 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
°°° Rentrée littéraire 2019 #7 °°°

Ce que j'aime chez cette auteure islandaise, c'est son don à camper des personnages décalés avec tendresse et sincérité, on les adopte immédiatement. Impossible de ne pas aimer son héroïne, Hekla et son prénom de volcan. Elle est jeune, libre, moderne, sûre d'elle pour déterminer son destin qui sera d'être écrivaine et poétesse. Elle quitte la ferme de ses parents pour la capitale afin de mener à bien ses projets.

Mais voilà, en 1963, dans une société islandaise minuscule et étriquée, conservatrice et sexiste, il est fort difficile pour une femme, quel que que soit le talent qu'elle possède, de prétendre à être publiée et reconnue. D'autant plus lorsqu'on est aussi belle que Hekla et qu'on ne vous propose comme unique voie de réussite et de réalisation personnelle l'élection de Miss Islande, un voyage aux Etats-Unis et des fourrures.

Les ellipses sont toujours très justement semées pour susciter étonnement ou émotion chez le lecteur. L'écriture d'Audur Ava Olafsdottir peut sembler très simple voire naïve avec ses phrases courtes. Elle est en fait dénuée de toutes afféteries, droite, directe, évidente pour dire avec beaucoup de finesse et de subtilité toute la difficulté d'être différent et de vouloir s'accomplir malgré les obstacles.

Car il n'y a pas que Hekla dans ce roman. Il y a deux personnages secondaires qui gravite autour d'elles, eux aussi voient leurs aspirations être en décalage avec ce que la société leur propose. Plus que Hekla, personnage éminemment romanesque mais assez linéaire, c'est celui de sa meilleure amie, Isey, qui m'a profondément touchée.

«  Je me sentais tellement à l'étroit chez mes parents. La montagne touchait la clôture de la ferme, j'avais envie de partir. Je suis tombée amoureuse. Je suis tombée enceinte. L'été prochain, je serais seule avec deux enfants dans un appartement en sous-sol de Nordurmyri. Et je n'ai que vingt-deux ans. »

Isey, qui n'a pas eu le temps de tisser son destin individuel, Isey embourbée dans la solitude des tâches ménagères et maternelles mais qui essaie de s'échapper, elle aussi par l'écriture secrète de son quotidien. Elle est bouleversante lorsqu'elle se raconte à Hekla.

L'autre ami de Hekla, Jon John, est lui aussi différent, homosexuel tourmenté par ce que la société islandaise lui impose, la solitude, l'hypocrisie et la violente injonction à entrer dans le rang. Mais il m'a un peu agacé avec ses jérémiades constantes même si justifiées. Il permet en tout cas à l'auteur de traiter de thèmes lourds, toujours en profondeur et sans cynisme.

Avec ce beau roman, plus profond qu'il n'en a l'air, l'auteure rend hommage au travail des écrivains et poètes, à la force de la pulsion d'écriture. Sans doute pour cela que j'ai été assez stupéfaite des dernières pages. Je n'ai pas compris l'acte de Hekla, si étonnant étant donné le caractère linéaire du personnage, qu'après quelques jours. Il m'a désolée mais est porteur de sens dans cet hymne à l'écriture et rend le personnage de Hekla complexe et encore plus puissant. Libre avant tout.
Commenter  J’apprécie          13214
Hekla a vingt ans, du talent, et ne rêve que d'écrire. Née en 1945 dans une Islande patriarcale et conservatrice, la jeune femme aura besoin de tout le tempérament suggéré par son prénom, choisi d'après un volcan de son pays, pour s'extraire de la gangue dans laquelle sa vie menace de s'enliser. L'impulsion nécessaire viendra de son ami d'enfance, un homosexuel qui ne trouve pas non plus sa place dans la société de l‘époque.


A travers Hekla et son ami Jon John, l'auteur pose la question du droit à être soi-même, de l'ouverture à la différence, et de la liberté de faire ses propres choix. Racisme – dans les années soixante, l'Islande s'est opposée à la présence de noirs sur la base américaine installée sur place –, sexisme, homophobie, sont trois thèmes que le livre évoque avec pudeur, loin du cynisme parfois cru des Fureurs invisibles du coeur de John Boyne, auquel on pense d'autant plus facilement qu'Islande et Irlande opèrent déjà un phonétique et insulaire rapprochement entre les deux romans. En Irlande, l'histoire de John Boyne est marquée par la forte imprégnation catholique du pays, en Islande, celle d'Olafsdottir fait une large place à l'âpreté du climat, aux rudes splendeurs de la nature, et à des références culturelles dépaysantes pour les non-autochtones.


Les aspirations littéraires d'Hekla et de son amie Ivey sont aussi émouvantes les unes que les autres : tandis que la seconde s'escrime tant bien que mal à voler des moments d'écriture à une existence par ailleurs conforme à celle dévolue aux femmes d'alors, rythmée par d'incessantes maternités, la première ose le non-conformisme et la rupture totale avec son monde, sacrifiant tout pour que son oeuvre puisse être publiée, fut-ce en ayant recours à des pseudos masculins ou à des prête-noms.


Hommage à l'écriture, protestation contre les préjugés sexistes et immersion dans la société islandaise, ce roman exprime en douceur, et avec beaucoup de tendresse pour ses personnages, un engagement féministe résultant, on s'en doute, des propres et injustes difficultés de l'auteur à trouver sa place dans le monde littéraire masculin islandais.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          883
Que de livres à lire, que d'auteurs à découvrir... mais aussi à relire. Après la découverte de cette auteur islandaise il y a deux ans, je m'étais noté son nom pour une relecture, de préférence Rosa Candida, le livre qui l'avait fait connaitre. Les années ont passé, des circonstances plurielles me font repenser à elle, les rayons de ma bibliothèque ne me proposent que cette Miss Islande à la place du roman recherché... Allons-y, c'est que ma découverte doit se poursuivre par ce biais !

Je gardais le souvenir d'une plume simple mais riche, de celles que j'apprécie le plus. Il est difficile d'être profond dans la simplicité, j'admire vraiment ceux qui y parviennent. On est bercés par les descriptions de moments du quotidien mais parmi lesquelles viennent se poser en petites touches le portrait d'un pays si original, si ilien (pas évident à dire ça), à une époque à la fois proche et lointaine, volontairement choisie car charnière pour les sujets que souhaite aborder l'auteure.

En effet, on voit se dessiner deux grandes thématiques : la place des femmes qui cherchent à s'affirmer loin des codes traditionnels et la place des homosexuels dans cette même société des années 60. Femmes et homosexuels vivent finalement en parallèle le même combat. Dans un monde où il semble que rêver à plus de reconnaissance, à plus de liberté est possible, comment faire tomber les barrières d'un monde vieillissant qui refuse de céder face à la modernité. L'auteure déploie tout son talent pour nous dessiner cette atmosphère qui tente de rattraper l'héroïne, de la réduire à son physique avantageux, à un avenir plus tranquille de femme au foyer.

Heureusement, bienveillante qu'elle est, l'auteure place sur son chemin des personnages secondant plus que secondaires, car leur importance est essentielle. le fil rouge de l'écriture (autre sujet essentiel du roman bien sûr) les relie tous, du père fier de ses cahiers météorologiques à l'amie chroniqueuse poétique du quotidien en passant par l'amoureux poète, encore englué dans ses représentations familiales traditionnelles, mais dont la rencontre sera aussi essentielle à la construction d'Hekla. Je n'omets évidemment pas DJ Johnsson, ami faux jumeau dont l'écriture passe comme il le dit si bien par la couture et les vêtements.

Au delà de la galerie de personnages, cette chère Audur nous invite également à visiter son pays si particulier. J'avais le souvenir d'avoir particulièrement senti l'importance de l'alternance semestrielle du jour et de la nuit dans ma première lecture. ici c'est l'influence des volcans (qui donnent le prénom à plusieurs personnages) qui est particulièrement souligné, ce symbole jaillissant de la force créatrice islandaise, un si petit pays avec une littérature foisonnante à laquelle l'auteure rend hommage tout au long du livre, citant son prix Nobel Laxness, mais aussi ses nombreux poètes et les sagas fondatrices.

Je crois me souvenir que la construction en courts chapitres était aussi celle de l'autre roman, une narration en pointillés, en instantanés, qui a pu dérouter certains lecteurs et explique sans doute certains avis moins enthousiastes. J'ai été de mon côté charmé par cette Miss Islande, sans écharpe en bandoulière mais sa machine à écrire chevillée au corps, digne représentante de son pays, de sa terre, de ses ancêtres, de tous les siens à qui elle offre l'hommage constant de son écriture, investie de la mission de leur prêter sa voix.
Commenter  J’apprécie          6411
Tout a été dit déjà, je reviens vers cette auteure dont j'ai lu plusieurs livres avec un plaisir toujours renouvelé :

Et voici notre héroïne, Hekla , qui porte un nom de volcan, animal un peu sauvage , attachante et déterminée, éprouvant le besoin d'être à la fois seule et accompagnée.
Elle quitte la maison familiale, en 1963, pour gagner Reykjavik, en autocar,son pantalon à carreaux , sa Remington, et son exemplaire d'Ulysse de James Joyce à la main....

Hekla, qui écrit chaque jour, a terminé déjà deux manuscrits....
Son entourage, galerie de portraits originaux et inoubliables :
Son amie d'enfance , Isey déjà mère d'un enfant rongée par les doutes, Jón John, marin homosexuel , garçon blessé qu'elle connaît depuis l'enfance, l'héberge et lui rapporte d'une escale « La cloche » de Sylvia Plath et le «Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir.
Ou encore le bibliothécaire « poète »qui prétend qu'elle est une Lumière et que les Goélands se taisent quand ils la voient...

L'auteure , page après page dresse un portrait doux , lumineux, poétique simple et envoûtant de ces personnages décalés , celui d'un jeune femme éprise de liberté et d'absolu .
Elle souligne avec grâce les différences et les fragilités entre Jôn John  et Hekla, explore avec tendresse , délicatesse, mélancolie et force la difficile conquête de la liberté face au conformisme rigide des années 60, la place de la femme quand on est une artiste, l'acceptation de l'homosexualité ...
Écriture de glace et de feu, texte grave , insolent, pertinent drôle mêlant l'inconstance humaine à la poursuite sans relâche de la liberté ...
L'auteure nous ouvre grand les portes de l'Islande avec ces personnages attachants ouverts à la création, à l'accomplissement et au monde qui les entourent .

«  Je suis réveillée.
Le poète dort.
En dehors des étoiles qui scintillent au firmament, le monde est noir.
C'est du travail d'être poète ».

«  Tu es un glacier qui scintille, je ne suis qu'un pauvre talus au pied d'une femme.
«  Mains glaciales comme l'enfer, sables profonds ... au lever du jour... »
«  J'ai le pouvoir d'allumer une étoile sur le noir de la voûte céleste .. »
Commenter  J’apprécie          5913
Hekla quitte la ferme familiale et sa région du Dalir pour Reykjavík , où elle compte assouvir sa passion pour la littérature et devenir écrivain. On est 1963. Sur le trajet , sa beauté interpelle un "rabatteur " pour le concours de Miss Islande.

C'est simple, c'est direct et c'est efficace . Et même si tous les poètes islandais ayant existé doivent être cités dans ce roman , on ne s'ennuie jamais , à regarder Hekla mener sa barque dans un monde où la femme est toujours plus proche de l'objet que de l'égal de l'homme .
Ce livre dénonce de façon très pudique le sort des femmes mais aussi des homosexuels dans un pays qui est aujourd'hui l'un des plus ouverts de la planète sur ces questions , qui ne devraient pas être.

Alors, pendant 260 pages , on est sous la charme de cette beauté nordique , de son courage , de son abnégation, n'hésitant pas à se mettre en danger pour aller au bout de ses idées et de ses convictions.
les personnages secondaires sont également bien plantés par l'auteure , le poète, le pote d'enfance homosexuel , mais aussi le père ou l'amie de jeunesse qui choisit un parcours à l'opposée de celui d'Hekla.
Et puis, on a vraiment le sentiment d'être en Islande , la brume , la neige , la pluie horizontale mais aussi la clarté de la; lumière, la gastronomie , ce sentiment d'une capitale qui est un gros village .

Une belle réussite.
Commenter  J’apprécie          5210
Hekla n'a qu'une idée en tête : écrire, peu de personnes sont au courant. Même à son petit ami, elle ne l'avoue pas toute de suite. Écrire, c'est une chose, être publié dans le milieu très masculin de l'édition islandaise des années 1960 en est une autre. Ne pourrait-elle pas plutôt se présenter au concours de Miss Islande ?

Miss Islande raconte l'histoire de gens qui ne rentrent pas dans les cases. Bien que ce soit Hekla la narratrice, j'ai regretté de ne pas avoir accès à ses pensées, notamment celles qui concernent son petit ami. J'ai été obligée de deviner grâce à ce qui se passait, mais la fin n'en est pas moins énigmatique. Elle est rapide, condensée dans une lettre. À vous de l'interpréter.

L'histoire se déroule en 1963 à Reykjavik. L'époque ne tolère pas les homosexuels qu'elle confond avec des pédophiles. Quant aux femmes, elles sont priées de rester à leur place.

À cette époque, une nouvelle île volcanique, Surtsey, est apparue. Vous adorerez vivre cet évènement exceptionnel avec les Islandais.

Lien : https://dequoilire.com/miss-..
Commenter  J’apprécie          460
Auður Ava Ólafsdóttir divise son roman en deux parties : La terre de nos mères et le poète du jour. Il y a cependant un prologue. Nous sommes en 1942, la narratrice accouche d'une fille alors qu'elle pensait attendre un garçon. le vétérinaire l'aidera à mettre au monde l'enfant que le père, passionné de volcans, baptisera Hekla. Alors que la petite fille a quatre ans et demi, il l'emmène voir le volcan éponyme en éruption. Elle en revient changée selon la mère : « Tu parlais la langue des éruptions, tu employais des mots comme sublime, prodigieux, titanesque. Tu avais découvert le monde, tu regardais le ciel. » La première partie commence alors. Nous sommes en 1963. Hekla, la nouvelle narratrice, a vingt et un ans. Elle a quitté son village. Dans l'autocar de Reykjavík, à l'aide d'un dictionnaire, elle déchiffre patiemment l'Ulysse de Joyce qui la transporte à Dublin... Dans le restaurant où elle trouve du travail, plusieurs hommes lui conseillent de concourir pour le titre de Miss Islande : jolie comme elle est, elle a toutes ses chances ! Mais Hekla s'y refuse obstinément. Elle n'a qu'un rêve : écrire, devenir écrivaine. Elle sait qu'elle aura du mal à se faire publier, à être prise au sérieux, parce qu'elle est une femme, évidemment, et que peu d'éditeurs oseront prendre ce risque.
***
Hekla se débat dans la société conformiste islandaise des années soixante. Elle choisit courageusement de ne pas obéir à un destin tout tracé pour les femmes de l'époque et décide de vivre son rêve. le touchant personnage d'Ísey, sa meilleure amie, qui apparaît d'abord comme une sorte de double, incarnera, petit à petit, tout ce qu'elle refuse de devenir. Son meilleur ami, Jón John, subit un ostracisme constant et des brimades répétées à cause de son homosexualité. Ses récits douloureux nous plongent dans une société où les gays se marient pour donner le change. Ils espèrent ainsi se soustraire aux persécutions. Auður Ava Ólafsdóttir réussit à entrainer le lecteur au coeur des magnifiques paysages islandais, à lui faire comprendre à quel point la littérature, des sagas anciennes à la poésie contemporaine, imprègnent la plupart des habitants de cette île magnifique au climat hostile et aux coutumes parfois déroutantes pour les étrangers. Les très courts chapitres titrés, parfois bizarrement, les descriptions comme autant de petits tableaux pris sur le vif, les nombreuses ellipses, la délicatesse des images, les détails de la vie quotidienne, et paradoxalement les non-dits, l'humour et l'autodérision qui affleurent si discrètement (le poète, dit-elle en parlant de son amant !) servent magnifiquement ce roman sur l'amitié, sur les pouvoirs de la littérature et sur la réalisation de soi.
Commenter  J’apprécie          446
Bienvenue dans la contrée des volcans, des geysers, des nuits éternelles et des aurores boréales ! Entre feu et glace, les islandais, lorsqu'ils ne sont pas sortis en mer pour pêcher, vivent de légendes, emmitouflés au chaud, puis de longues soirées agrémentées en lectures également. J'ai beaucoup aimé l'atmosphère de ce pays intriguant, lequel sait nous imprégner avec son climat des plus particuliers, sa langue unique, aux mots interminables...imprononçables. L'Islande insaisissable. Terre de mystères, de contrastes - verte, noire, bleue, grise, rouge ou blanche, selon ses humeurs - il fait toujours un immense plaisir de partir à ta découverte !

C'est dans cet état d'esprit que nous abîme "Miss Islande" dès les premières pages. le cadre naturel est souvent mis de l'avant puisque ce pays est justement cela: une force de la nature à l'état brut.
Comment ne pas aborder sa facette la plus représentative ?
D'ailleurs, notre personnage principal, Hekla, tire son prénom d'un volcan, l'un des plus actifs de l'île.

À vingt-et-un ans, Hekla sort du lot pour son époque ! Dans les années soixante, en Islande aussi la place d'une jeune fille est cantonnée à la maison, mariée et mère d'un ou plusieurs enfants. Cuisiner, nettoyer, vivre dans l'ombre de son mari...non merci ! Sans le sou, elle voyage avec sa machine à écrire et quitte son village pour la capitale, dormant ici et là dans de toutes petites mansardes. Sans demander quoi que ce soit, elle fonce au gré de ce qui la passionne le plus: l'écriture. Son rêve: devenir écrivain. Rien de plus. Ou rien de moins.
Hekla est déjà sur la bonne voie, pourtant, puisqu'à l'insu de tous, elle commence à être publiée...sous des patronymes masculins !
Si les éditeurs savaient, ils la jugeraient mal simplement parce qu'elle est femme. Malgré son talent, c'est donc presqu'en cachette qu'elle écrit, tout le temps.

La jeune fille écoute plus qu'elle ne parle, plongée dans ses inspirations; les scènes que nous imaginons se font à travers ses yeux, son coeur, ses pensées, surtout. Nullement vantarde, son personnage est discret, se fond dans le décor mais elle sait ce qu'elle veut - et surtout ce qu'elle ne veut pas ! - faisant d'elle un électron libre et autonome. Pour qui l'amitié compte au-delà des relations sentimentales. Parmi eux Isey et Jon John, ses deux meilleurs amis. Isey, qui adore écrire elle aussi mais bien que contente de son choix de maternité, aurait peut-être aspiré à plus grande destinée. On ressent une forme de regret à travers ses mots... Jon John, quant à lui, aime le même sexe que lui et souffre de sa différence, du rejet imposé par la société. Hekla sort du cadre mais est celle qui s'adapte le mieux aux bâtons dans les roues. Elle écoute ses pairs sans jamais beaucoup consoler mais sans jamais juger, aussi. Je me suis attachée à son personnage introverti, indépendant et avant-gardiste. Elle ressent tout sans s'exposer et j'ai aimé cela.

Lorsqu'un homme lui suggère à quelques reprises de concourir pour le titre de Miss Islande, avec son physique et sa stature impressionnants, Hekla tourne le dos sans hésiter. L'univers des mots est son refuge, son seul amour, son seul objectif. le sujet du concours est très furtif, ici, on le contourne sans peine...

Quelque chose m'a pourtant dérangée dans cette lecture et je suis incapable de mettre le doigt dessus, ou plutôt de l'expliquer...

Tout ce qui se rapporte à l'Islande - c'est-à-dire beaucoup - j'ai adoré.
J'ai aimé le lieu, le cadre, l'époque, les personnages. Ensuite, si j'ai grandement apprécié les thèmes abordés, tels que la place de la femme dans la société et l'homosexualité, traités avec justesse, délicatesse et sans jugement, je me suis sentie moins emportée par le corps de texte. Pas que ce ne soit pas bien écrit, au contraire, mais je me suis occasionnellement sentie perdue dans les mailles du filet, à tenter de suivre certains soliloques très coq-à-l'âne, notamment dans les pensées qu'Isey exprime à son amie Hekla. Je me suis même ennuyée, par moments.

L'écrit était beau au sens poétique mais manquait de structure selon moi. Souvent embrouillé, j'en perdais le fil et du même coup, l'intérêt. Peut-être est-ce mon interprétation; d'après la construction du récit, on aurait dit plus un recueil d'idées qu'un roman, en fait. Il m'a de plus semblé que les en-têtes des chapitres n'avaient souvent aucun rapport avec ce qui suivait. Tout cela m'a donné une légère impression de désorganisation...peut-être intentionnelle cela dit, tout dépend de l'objectif de l'autrice. Remarquez, cela est un ressenti très personnel, je comprends que ce petit roman plaise à plusieurs. Si j'ai aimé celui-ci moitié-moitié, je suis cependant curieuse de m'aventurer plus loin et impatiente de relire Audur Ava Olafsdottir pour comparer avec ses autres oeuvres !

CHALLENGE PLUMES FÉMININES 2023
Commenter  J’apprécie          437
Auður Ava Ólafsdóttir nous emmène en Islande, en 1942. Un père passionné de volcans baptise sa fille Hekla sans vraiment demander l'avis maternel. Vingt-et-un ans plus tard, Hekla est bouillonnante.
La voilà qui quitte sa campagne natale pour la ville, la grande. Elle y retrouve ses meilleurs amis : Ísey, devenue mère au foyer sans trop comprendre ce qui lui arrivait, et Jón John, homosexuel rêvant de pouvoir vivre ses amours au grand jour.
Ses premiers pas dans ce nouvel environnement la ramènent à une réalité qu'il lui faudra affronter puisqu'on lui propose, à elle si jolie, de concourir pour Miss Islande, et à plusieurs reprises. Mais tout ce qui intéresse Hekla, c'est de trouver l'inspiration pour écrire. Elle entame un roman après avoir publié quelques nouvelles et poèmes sous un pseudonyme masculin, évidemment.
Dans cette petite Islande des années 60, les règles sont établies : « poète est un nom masculin ». Ísey écrit des lignes et des lignes en cachette de son mari, Jón John rêve de partir à l'étranger, terre promise de liberté et Hekla, elle, oscille entre tenter d'entrer dans le moule et s'en affranchir pour espérer pouvoir vivre de ses textes.
Auður Ava Ólafsdóttir nous livre un texte profondément attachant (dans un décor âpre et volcanique), humaniste, et moderne dans sa façon d'aborder les sujets qu'elle a choisi. Intense et légère, drôle et sans pitié, son écriture est toujours aussi élégante et c'est un vrai petit plaisir de lecture !

Commenter  J’apprécie          411
Je n'arrive pas à me décider au sujet de ce roman... M'a-t-il plu ? M'a-t-il touchée, émue ? M'a-t-il appris quelque chose ? Oui et non.

J'ai eu du mal à entrer en correspondance avec la narratrice, qui est également le personnage principal, mais ne livre jamais rien de ses sentiments, de ses ressentis. Elle s'en tient aux faits, rapporte les paroles des personnes qui partagent sa vie, sans jamais rapporter les siennes... C'est troublant comme procédé. Elle écrit, elle vit, fait des choix, mais on ne l'entend jamais directement... Elle est restée pour moi du coup cloîtrée dans ses pages de papier.

Malgré tout, j'ai beaucoup aimé les personnages secondaires, et surtout Isey, le double négatif de la narratrice, son amie qui écrit également, mais s'est mariée, est devenue mère, et suit cette voie toute tracée entre bonheurs et désillusions...
Commenter  J’apprécie          3910




Lecteurs (2732) Voir plus



Quiz Voir plus

Quizz Rosa Candida

Comment s'appelle le personnage principal?

Arnol Tharniljuifs
Arnljotur Thorir
Arnoldiu Tharak
Arnold Thyrolior

15 questions
251 lecteurs ont répondu
Thème : Rosa Candida de Auður Ava ÓlafsdóttirCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..