Quatre générations se retrouvent pour une fête de famille, une fête au thème un peu glauque : c'est pour le départ de pépé à la maison de retraite, il est impotent, ne parle plus, c'est devenu une charge trop lourde pour la mémé, plus toute jeune non plus. Elle a organisé avec sa fille un weekend avec repas et spectacle réalisé par une association qui reconstitue des scènes historiques… Tout le monde est là, les deux petits fils, Stéph et Georges, qui ne s'entendent plus du tout, le frère avec qui Louis était fâché depuis longtemps, les arrières-petits enfants les yeux collés sur leur smartphones, le garçon un peu simplet qui habite en face… L'ambiance ne sera pas celle espérée par ses organisatrices.
Les dialogues sont simples, des mots ordinaires comme on se les échange en famille, on parle du Tour de France et de la tarte de mémé, les quelques tentatives pour se comprendre enfin tournent vite au vinaigre, on tente de ratrapper quelques ratages de la vie, on trébuche, on moque, on s'insulte et parfois, mais si on fait un pas en avant, c'est toujours ça de pris.
Le dessin est sec et anguleux, assez brut, montrant les personnages dans leur laideur, avec des couleurs vives et agressives, à l'image des propos acide du récit.
Ça m'a fait penser par moment aux pièces de théâtre écrites par
Agnès Jaoui et
Jean-Pierre Bacri, c'est “Un air de famille” en plus rural et plus flamand. Après avoir découvert cette famille très moyenne, ces vies pas à la hauteur des espoirs qu'on y avait placés, on finit par être touché par quelques petits éclats de beauté et de douceur qui parviennent à tirer leur épingle du jeu dans la cacophonie amère de cette fête imparfaite.