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3,31

sur 184 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ombres pénombre clair obscur sont les lumières du Londres de l'immédiate après guerre. Sans gêne apparente, Nathaniel et Rachel, privés de leurs parents partis à Singapour, y évoluent dans la coterie hétéroclite de leur chaperon, le Papillon de nuit. Si entre petits boulots, courses de lévriers, trafics en tous genres les deux adolescents, immergés dans un monde aussi mystérieux qu'attirant, sont finalement inquiets par ce qui s'avère une disparition de leurs parents, ce n'est que bien plus tard que Nathaniel finira par découvrir la vérité.

Comme les deux jeunes héros du livre, on entre dans une brume épaisse et trompeuse, tantôt intrigué tantôt amusé par leurs aventures. Mais comme eux on aurait tort de se fier aux apparences. L'auteur tisse une trame labyrinthique qui perd le lecteur dans les méandres de la Tamise, des bas fonds londoniens et de la mémoire d'un homme pour mieux révéler une vérité historique et romanesque prégnante.

« Est-ce ainsi que nous découvrons la vérité, que nous évoluons ? En mettant bout à bout des fragments épars, incertains ? »
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C'est un roman à nombreuses facettes : roman d'atmosphère tout d'abord, brumeux dont Londres est l'héroïne ; roman historique ensuite avec ses nombreuses références à la seconde guerre mondiale ; roman d'espionnage avec tous ces personnages très étranges qui vont graviter autour de Rachel et Nathaniel après le départ de leurs parents ; roman d'apprentissage enfin puisque ces quelques années en compagnie du Dard et de ses acolytes vont façonner nos deux adolescents. Un roman étonnant que j’ai terminé d'humeur mélancolique.
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« Un soir où Rachel n'avait pas réussi à trouver le sommeil, il choisit un livre intitulé La Coupe d'or dans la bibliothèque de notre mère et nous fit la lecture à haute voix. À nos oreilles, le style des paragraphes, le sentier labyrinthique que suivaient les phrases avant de s'évaporer, n'était pas sans rappeler celui du Papillon de nuit quand il prononçait ses harangues d'ivrogne. C'était comme si le langage s'était poliment dissocié de son corps. »

Qui est donc ce Papillon de nuit ? Une des présences qui ont marqué à vie le jeune Nathaniel, 14 ans, et sa soeur Rachel, qui en a 16. Comme son titre l'indique ces mois décisifs se passent à Londres, souvent à proximité de la Tamise, à la fin de la seconde guerre mondiale.

Leurs parents ont prétendu devoir partir à Singapour pour des motifs professionnels, laissant leur maison de Ruvigny Gardens, à Putney, aux mains de quasi inconnus censés surveiller les enfants placés en pension. L'un d'entre eux est donc surnommé le Papillon de nuit, un autre le Dard. Ils ont pour point commun des activités floues et probablement pas très légales. de nombreuses autres personnes gravitent alors autour de cette maison, que Nathaniel et Rachel ont rejoint bien vite, quittant leurs internats pour mener une vie beaucoup plus libre.

Nathaniel cherchera longtemps à retrouver des traces de cette époque car si sa mère, Rose, réapparait quelques mois plus tard dans des circonstances dramatiques, son père ne reviendra pas. Tout ce petit monde avait travaillé ou travaillait encore pour le Foreign Service.

Il y a un côté éminemment modianesque dans le ton de ce très beau roman. L'autre versant se rapproche davantage d'un John le Carré, en plus nostalgique et tendre. La narration, souvent très lente il faut le reconnaître, avance de manière non linéaire : des évènements restés énigmatiques rejoignent leur explication longtemps après.

Tout se joue sur les caprices de la mémoire, sur le ressenti de mêmes évènements par différentes personnes. Pourtant, seul Nathaniel est le narrateur de cette histoire, allant jusqu'à quasiment se mettre dans la peau des autres quand les faits manquent…

J'ai été convaincu par cette première incursion dans l'oeuvre de Michael Ondaatje. Et je vais regarder de près sa bibliographie.
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Fin 1945 : les Londoniens se relèvent des bombardements allemands, la vie continue, mais pour Nathaniel et sa soeur Rachel, qui voient partir leurs parents pour l'étranger sans plus d'explications, le quotidien s'avère déstabilisant. Sous la surveillance bienveillante de leur locataire, Walter, les deux adolescents se soutiennent au début mais ne tardent pas à s'éloigner l'un de l'autre. Nathaniel, le narrateur, se remémore le cours de cette adolescence interrompue subitement par l'abandon soudain de ses parents, et celui de sa mère Rose en particulier : questionnements, doutes et envie pressante de comprendre le geste brutal. Faisaient-ils partie de ces gens silencieux qui « étaient nombreux à se satisfaire modestement du souvenir de leurs réalisations pendant la guerre. » ?
Michael Ondaatje a étudié méticuleusement son sujet, comme en fait foi une bibliographie abondante, et le regard qu'il pose sur le déroulement de la Seconde guerre mondiale en Grande-Bretagne et sur l'après-guerre est très intéressant. Ombres sur la Tamise : une lecture douce-amère sur l'apprentissage de la vie.
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"Ombres sur le Tamise": un titre qui convient bien à ce récit, tout en clair obscur et sfumato, qui réussit à évoquer ce que peuvent être des espions, au regard de ceux qui les côtoient, lorsqu'ils sont renvoyés à l'anonymat du quotidien et quand la grande histoire les a oubliés.
Il ne faut pas chercher du le Carré dans ce livre qui choisit plutôt la trame romanesque et qui y réussit assez bien. Dans la construction d'abord, qui accentue l'impression de mystère en choisissant de démarrer le propos à travers le regard de deux adolescents voyant partir leurs parents et découvrant très vite, sans pouvoir y donner d'explication, que le bouleversement de leurs vies a des racines secrètes.
le lecteur suit l'éveil progressif de Nathaniel à sa nouvelle vie d'abord, puis plus tard à ses souvenirs de ce qu'elle a été, alors qu'il multiplie les efforts de recherche pour en retrouver des traces et tenter de comprendre.
Cela donne de jolis portraits en creux, figures esquissées qui gardent leur part de mystère: celui de Rose Williams, la mère des enfants, aussi fragile qu'aventureuse, celui de Marsh Felon, l'enfant tombé du toit, par lequel tout arrive, celui d'Agnès, l'amoureuse fantaisiste perdue de vue, et celui du Dard, figure du père adoptif, par lequel la boucle se ferme, renvoyant Nathaniel à ces paysages brumeux des rives de la Tamise, aussi flous et incertains que ces destins d'hommes et de femmes brisés dans les tempêtes de leur temps.
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L'histoire de deux adolescents laissés par leurs parents aux bons soins de personnages aussi étranges que pittoresques, après guerre, dans une ville de Londres encore très marquée par le conflit.
Deux parties dans ce récit et si j'ai vraiment beaucoup aimé la première qui raconte les deux années qui suivent le départ des parents, la seconde m'a semblé un peu longue.
Je reconnais à l'auteur un talent fou pour décrire les lieux, on est tour à tour dans la buanderie d'un grand hôtel, sur un bateau la nuit, dans une maison abandonnée ... je me suis fait souvent la réflexion dans la journée en me baladant que telle scène pourrait avoir eu lieu à tel endroit. Bref un livre parfait pour l'occasion.
Sinon il y ait question de perte, d'espionnage, de lien filial, de souvenirs, de l'après guerre, c'est une belle surprise et il peut se lire et s'apprécier partout !
Traduction Lori Saint-Martin et Paul Cagné
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De cette très belle lecture, il me reste l'impression d'une péniche naviguant sur la Tamise, dans le brouillard. de maisons dévastées de Londres au lendemain de la guerre. de deux enfants qui ne comprennent pas très bien ce qui leur arrive mais qui doivent pourtant se débrouiller. de deux très jeunes amoureux.

C'est à Michel Ondaatje, auteur du célèbre L'homme flambé (qui a donné au cinéma le patient anglais) que l'on doit ces Ombres sur la Tamise et leur mystère.

1945: Rachel et Nathanaël, deux enfants, sont laissés à la garde de deux hommes étranges. Leurs parents partent en Asie pour un an et ce sont les nommés "Le papillon de nuit" et "Le dard" qui s'occuperont désormais d'eux. Très vite les enfants se rendent compte que ces deux hommes ont des activités louches. Plus grave, ils découvrent la malle que leur mère était supposée emporter en Asie à la cave. Mais où est-elle si elle n'est pas partie?
Ce n'est qu'à l'âge adulte que Nathanaël remettra en place toutes les pièces du puzzle.

Il y a un peu de John le Carré et de Modiano dans ce livre magnifique et romanesque à souhait. Ce que je vous conseille? de trouver une librairie, sur le lieu de vos vacances et de le lire toutes affaires cessantes.

Ombres sur la Tamise, Michel Ondaatje, Editions de l'Olivier
Lien : https://www.instagram.com/bc..
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De la campagne profonde du Suffolk aux ramifications brumeuses et secrètes de la Tamise où tous les trafics prolifèrent, des chambres d'immeubles abandonnés car à moitié détruits par le blitz, chambres où le très jeune narrateur et sa non moins jeune compagne de fortune vont, jour après jour, abriter leurs amours, aux théatres extérieurs d'opérations où les parents (agents secrets?) vont s'activer après avoir "abandonné" leurs enfants aux mains d'individus pour le moins louches, mais à l'usage, vraies "nounous", Ondatjee nous promène, nous déroute souvent, mais l'on a hâte de revenir dans ses traces pour tenter de comprendre ce qui est arrivé dans la vie de gens très ordinaires, loin des James Bond, qui se sont trouvés, dans l'ombre et le brouillard, à écrire l'histoire.
On ne peut s'empêcher de penser à John le Carré en lisant ce très beau roman.
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Une très jolie écriture, de l'émotion, un récit d'une grande originalité, mais une narration un peu lente, qui lasse par moment.
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