Vanité quand tu nous tiens.
Erik ORSENNA s'offre un conte. Pas un conte de fées malgré la présence d'un ogre. Un conte moral ? Un conte philosophique ? Trop déroutant pour savoir…
Pour parler vulgairement, il semble vouloir mettre une raclée à Vincent BOLLORE, le jamais nommé (des avocats y ont veillé), le jamais repus, le jamais net et le toujours dangereux, notamment pour la démocratie, depuis qu'il a voulu inscrire à son menu de prédateur vorace médias et moyens de communication. Non mais,
Cyril Hanouna, « le plus grand des animateurs », Président de la République ? Qui peut y croire ? Même pas VB puisqu'il a finalement décidé de soutenir
Eric Zemmour.
Le monde du pouvoir y est évoqué, ses liens avec les réseaux les plus corrompus et les plus corrupteurs, ainsi que le capitalisme et l'ultra libéralisme, assassins de notre fonctionnement démocratique. Mais rien d'incisif ni de réprobateur.
En bref ça bavarde beaucoup de principes politiques, réalités économiques, inspirations financières, géants du passé, nabots du présent, ça se balade entre avant-hier et aujourd'hui, grandeur et décadence, du jardin des plantes à la Villa Montmorency. Vanité oblige, ça s'offre quelques digressions au sujet de sa grande intelligence, de son CV aux diplômes prestigieux et de ses pratiques sexuelles (et oui, il faut aussi subir le frétillement de son andouille à col roulé).
Erik ORSENNA a la parfaite maîtrise de la belle langue française : le style est allusif, le ton badin, sarcastique, mondain, très parisien, le vocabulaire recherché, parfois désuet et étonnant. Il jongle habilement avec les métaphores, périphrases, hyperboles, litotes et autres euphémismes. L'ironie est sa botte secrète. Mais au final, me semble-t-il, le pamphlet reste aussi léger que le ton.
Son texte pourrait faire merveille, le soir à la veillée, en lecture orale, avec intonations précieuses sur le ton de la fausse confidence… Alors, peut- être, cette « fantaisie » se ferait moins vaine.