Petit rappel historique avant de commencer :
Nous sommes en Espagne. Un gouvernement républicain est au pouvoir légalement quand les troupes fascistes tentent un coup d'Etat pour établir une dictature. En un premier temps, elles sont vaincues et font appel à leurs Alliés, Hitler et Mussolini qui leur envoient un soutien logistique. Les Républicains, font également appel aux gouvernements démocratiques qui les ignorent. Pourtant, dans ces pays, des hommes vont se lever pour rejoindre les forces républicaines et combattre le fascisme. Orwell est de ceux-là…
George Orwell s'est engagé spontanément dans ce combat, dans cette guerre d'Espagne aux côtés et des Républicains et du POUM (parti ouvrier d'unification marxiste) jusqu'à ce que celui-ci soit déclaré illégal et ses militants pourchassés. Il risque sa vie par pur idéalisme.
Dans ce roman, il relate avec une grande sincérité toute la vérité possible qu'il a pu voir. Il n'hésite pas à parler de l'inorganisation de son propre clan, ni même des blessés fort mal soignés. Il mentionne aussi la guerre interne aux Républicains entre les Communistes et les Anarchistes, des épisodes peu connus et peu reluisants. Il précise même à la fin que malgré tout, un récit n'est jamais totalement objectif. Quelle honnêteté intellectuelle !
Lorsqu'il écrit ce témoignage, après un combat de sept mois d'où il est revenu grièvement blessé, Orwell croit encore que « tout n'est pas perdu ».
Arrivé rempli de convictions, prêt à donner sa vie pour un idéal de liberté, il doit s'enfuir, grièvement blessé, poursuivi par ses propres compagnons communistes qui se sont mis à exterminer les Anarchistes pour s'assurer plus fermement un pouvoir qu'ils ne garderont pas. L'auteur perd peu à peu toutes ses illusions à Barcelone. Il découvre tout simplement que la liberté individuelle et l'honnêteté de la presse ne sont pas compatibles avec le rendement et l'efficacité des militaires…
Le récit d'Orwell est très détaillé. Il confronte ses idéaux communistes à la réalité. Il nous décrit une guerre vue de l'intérieur, une guerre faite d'attentes, de douleur, de froid et de faim où l'ennemi n'est pas la priorité quotidienne et est même relégué au dernier plan.
Orwell nous livre ici une critique du pouvoir franquiste et des agissements des Staliniens du parti communiste d'Espagne. On commence à trouver ici les thèmes de l'étau totalitaire de «
1984 ». Ce reportage, écrit à la 1ère personne, est un hymne à la liberté et augure d'ailleurs la naissance de «
1984 ».