Une nuit d'été

Au début ils sont cinq : cinq amis dont on devine l'espièglerie, le désoeuvrement et la complicité à travers les gestes alanguis et chahuteurs, les fronts baissés et les mains dans les poches. Ils sont partis à vélo à travers les montagnes pour s'installer au coeur d'un bois sous le ciel étoilé, sortent les bières des sacs à dos, allument leurs premières cigarettes dans la tombée du soir. Soudain l'un d'eux disparaît : on s'inquiète, son nom résonne à travers le sous-bois, les faisceaux des lampes torches n'en finissent pas de se croiser dans l'obscurité. On appelle à l'aide, la police prend des mesures : une enquête est ouverte.

C'est l'histoire d'une mystérieuse disparition dans un petit village de montagnes, près d'un lac, mais surtout d'une absence douloureuse qui subsiste tandis que le temps s'étire, inexorablement. Comment les quatre amis vont-ils se débrouiller avec ce manque ?

Margaux Othats signe une oeuvre magistrale, tout en images. Pas de bulles, pas de textes : tout est dans les couleurs, les nuances et les détails merveilleusement réalistes, qui incitent le lecteur à redoubler d'attention et à restituer lui-même les émotions et les dialogues à partir des silences, des postures et des visages fantômes.
Entre ombres indigo et lumières dorées, routes enneigées et montagnes radieuses, la nature forme un enchaînement de tableaux vivants et sublimes, et joue son rôle propre dans le drame : tantôt hostile, évocatrice de la tension et du chagrin, tantôt désolée, témoin muet et impuissant, tantôt apaisante et finalement porteuse d'espoir : les saisons se succèdent et la vie continue, envers et contre tout.

Ce livre est un chef-d'oeuvre qui fascine et interroge, qu'on a envie de relire à l'infini soit pour déceler l'indice qui nous aurait échappé, soit pour admirer la puissance esthétique du trait et des couleurs. C'est un livre inclassable, d'une beauté saisissante, presque cinématographique, qui se savoure comme un film muet.

Très surprenant ce roman graphique, très joliment dessiné (j'aime la couleur des dessins, et leur rondeur) qui raconte l'histoire d'une nuit d'été d'une bande de copains dans la forêt. le surprise vient du fait que l'histoire est sans parole. Aucune bulle, aucun écrit, et pourtant l'histoire est tout à fait compréhensible. Les dessins parlent d'eux mêmes.
C'est un parti pris intéressant, mais j'avoue que je préfère avoir du texte permettant aussi "d'entendre" la voix des personnages, et leur pensée, leur ressenti, leur analyse.

Quoiqu'il en soit c'est un bon (et court) moment de lecture.

Un coup de coeur pour cet album tout en peinture sans texte sans expression dans les visage, mais où les sentiments sont omniprésents. Bravo !