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sur 324 notes
Les habitué-és de la piscine en sous-sol suivent leur "ligne de nage", leurs rituels, sans déroger aux règles. Dans cet univers ordonné, chloroformé, sans enfants, ils oublient tout des terriens du haut. Parmi eux, Alice une vieille dame qui commence à perdre la tête.
Un jour, à ligne 4, apparaît une fissure, puis plus tard d'autres fissures, jusqu'à la fermeture définitive de la piscine.
On comprend que cette première partie du roman est une allégorie de la faille inéluctable survenue dans le cerveau d'Alice. Elle est placée dans un centre spécialisé au nom ironique de Belavista. Là tout concourt au bénéfice des actionnaires, et le règlement de cette prison/mouroir fait froid dans le dos !
Enfin la dernière partie fait place à un peu d'émotion : la narratrice et écrivaine rend visite à sa mère et partage avec elle quelques moments de tendresse.
La première partie m'avait semblé ennuyeuse mais à travers l'indifférence feinte dans ce monde proche de Kafka, on sent toute la difficulté de notre société à accepter le vieillissement.
A lire si tout va bien !
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« La piscine est profondément enfoncée sous terre, dans un vaste espace caverneux à plusieurs mètres sous les rues de notre ville »

C'est ici que se retrouve une communauté de nageurs qui vient chercher, dans l'effort, une pause dans le fracas du dessus. Ils sont autres « là en bas, à la piscine, nous n'appartenons plus qu'à l'une de ces trois catégories : les rapide, les moyens et les lents. »

« Au début, on la voit à peine, petite ligne sombre juste au sud de la bonde dans le grand bain, ligne quatre. » LA fissure, celle qui inquiète, qui fait peur, qui modifie, par sa présence, le quotidien des nageurs. Une autre apparaît, les nageurs fuient un à un. Alice, lorsqu'elle sort de l'eau oublie « Une fissure ? Mais il n'y a pas de fissure ». Les experts discutent, ergotent jusqu'à la décision finale : fermeture de la piscine. D'ici là, les nageurs, enfin ce qui en reste, sont devenus un petit cercle, la tolérance, la gentillesse, la fin de l'anonymat arrivent. Ils lui donnent même un nom « la nouvelle gentillesse » « Parce qu'à présent, nous sommes tous égaux devant l'issue commune.

Second acte et changement de décor. Plus de piscine, mais Alice dont la mémoire se fendille comme la piscine. « Elle a oublié comment elle s'est fait ces bleus sur les bras, et puis qu'elle est allée se promener avec toi un peu pus tôt dans la matinée »

Alice tombe doucement dans une maladie neurodégénérative, peut-être Alzheimer. Tant qu'elle le peut, la famille la maintient à domicile.

Troisième acte, Belavista.

« Vous êtes là aujourd'hui parce que vous avez échoué aux tests »

Le temps est, hélas, venu de la placer (j'ai horreur de ce mot dans ce contexte, mais c'est celui qui est usité). La voici à Belavista qui se dépeint comme « une résidence privée, spécialisée dans les troubles de la mémoire ». Derrière le papier glacé de la brochure ce cache un lieu où « hélas, la fête est finie », elle doit rester dans sa ligne de nage.

« Si vous ne voulez pas vous montrer docile, nous seront obligés de vous administrer un sédatif. Si vous résistez au programme de soins prévus, nous serons obligés de vous administrer un sédatif. Si vous refusez de prendre votre sédatif, nous serons obligés de vous administrer un sédatif encore plus puissant, voire, en fonction de votre degré d'obstination, de vous faire une injection ». Quel joyeux programme !!!

La famille, ici la fille et le père vont avec et les souvenirs refont surface. Tous ces signes qu'ils n'ont pas voulu voir tel le pot de crème pour le visage dans le congélateur. le père retire tous les post-il collés dans toute la maison : « elle ne rentrera plus à la maison »

Julie Otsuka parle avec beaucoup de délicatesse des fissures dans la mémoire d'Alice à mettre en regard avec la première fissure de la piscine suivie des nouvelles et de la fermeture de l'établissement. Maintenant les fissures d'Alice font qu'elle n'habite plus sa maison avec son mari et que l'établissement dans lequel elle vit désormais ressemble à un internat très strict pour ne pas employer le mot prison.

Un livre délicat
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
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J'ai retrouvé dans ce livre l'écriture que j'avais tant aimé -passé le moment de surprise déconcertant - dans « Certaines n'avaient jamais vu la mer ».
Passé les deux premiers chapitres le thème du livre traite avec beaucoup d'humanité la question de la perte de mémoire, le plus souvent due à la maladie d'Alzheimer, les relations mère fille, la difficulté à vivre seul, les souvenirs d'une vie…
En réalité les deux premiers chapitres parlent du même sujet mais il faut avoir lu la suite pour le comprendre.
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Dans la première partie de ce récit, nous découvrons une communauté hétéroclite , mais soudée, celle de nageurs qui fréquentent une piscine en sous-sol. Tous ceux qui respectent les règles implicites y ont leur place. Y compris Alice dont la mémoire est de plus en plus défaillante. La routine y est de mise et chacun trouve dans ce sas de quoi supporter la "vie d'en haut".
Las, une fissure dans le fond du bassin vient troubler cette belle harmonie. On peut y voir la métaphore de tout élément perturbateur qui vient déranger nos existences et en l'occurrence ici celle de la vie d'Alice.
La troisième partie recense tous les oublis de cette femme et à l'inverse tous les souvenirs de celle qui fut internée dans un camp pour Nippo-Américainss durant la Seconde guerre mondiale. Un portrait impressionniste et plein d'humanité.
Changement de tonalité avec "Belavista" où sont égrainées implacablement  les différentes étapes que connaîtra Alice dans cet établissement spécialisé où son mari et sa fille ont dû la faire entrer, au vu de la dégradation de son état mental.
Dans la dernière partie, la narratrice et fille d'Alice évoque enfin sa relation à sa mère .
Sur un thème délicat et douloureux, Julie Otsuka réussit un texte sensible , prenant (même si la partie consacrée à la fissure est un peu longuette) et même moi qui déteste les piscines j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte  profondément émouvant mais tout en retenue.
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Très surprenant ce nouveau roman de Julie Otsuka. Rien à voir avec « Certaines n'avaient jamais vu la mer ». L'ouvrage paraît divisé en deux parties, et on pourrait penser à deux longues nouvelles. La première, qui s'étale sur presque la moitié du livre, m'a vraiment décontenancée. Je l'ai trouvée longue, très répétitive, ce qui en démotive la lecture, car on ne comprend pas où l'auteure veut en venir avec cette piscine souterraine, ses lignes de nage et les fissures qui s'agrandissent au fond du bassin. Quand la seconde partie débute, on a l'impression de passer totalement à autre chose. de tous les protagonistes de la première moitié du livre, on ne retrouve qu'Alice, une des nageuses, atteinte de pertes de mémoire de plus en plus récurrentes. C'est là que l'on est amené à comprendre les évènements de la première moitié du livre. Les fissures apparues au fond de la piscine préfiguraient les failles dans le cerveau d'Alice.
Sa famille est amenée à la placer en EPHAD, et à partir de là, c'est sa fille qui prend le relais du récit.
L'écriture de Julie Otsuka ressemble à un compte rendu chirurgical. C'est un récit dont tout sentiment est absent. Elle raconte les faits, comme s'ils étaient simplement vus de l'extérieur par une caméra. Des images mais pas de ressenti. La froideur de ce roman m'a vraiment mise mal à l'aise.
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Il faut avoir le moral pour lire ce livre sur la vieillesse et la dégénérescence du cerveau. Alice est une vielle dame adepte de la nage en ligne en piscine, mais celle ci ferme suite à une fissure ( ici un chapitre entier est consacré aux nageurs en ligne, un régal pour ceux qui pratiquent ce sport) et la routine quotidienne d'Alice s'écroule.
Sa fille raconte ensuite sa mère, ce qu'elle était et ce qu'elle est devenue et devient enfermée dans cet EHPAD pour personnes atteintes de démence fronto temporal.
Un très beau livre, un bel hommage à sa génitrice.
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Quel bon roman ! Même s'il s'agit évoquer intimement la perte de sa mère, victime de la perte progressive de la mémoire. Pour y arriver l'auteure nous présente une activité du quotidien d'Alice : aller nager à la piscine. Là, entre les différentes lignes de nage, se présentent différents types de nageurs, comme une exploration d'une micro société, unie par la ligne d'eau tracée au fond.

Un jour cette ligne se fissure. On comprend alors l'allégorie.

Après les angoisses collectives, puis finalement individuelles, on se retrouve en tête à tête avec Alice et sa fille. On passe peu à peu du nous au tu. La perte est irréversible. La fissure symbolique ne sera plus jamais comblée.

Du point de vue de l'écriture, il est certain que l'on s'écarte des sentiers rebattus (c'était déjà le cas des deux premiers romans de l'auteure, notamment de "Certaines n'avaient jamais vu la mer") et les deux premiers chapitres sont d'une qualité exceptionnelle ! Ensuite, dans les deux suivants le rythme du départ baisse un peu. le texte devient plus intime et alors c'est plus compliqué pour accrocher le lecteur.

Toutefois, c'est un coup de coeur qui mérite largement d'être lu, y compris par ceux qui ne pratiquent jamais d'activité aquatique en piscine. Un beau roman sur la perte progressive d'un proche.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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 J'ai lu des critiques plutôt négatives sur ce livre... mais pour ma part, je l'ai beaucoup aimé, peut-être parce qu'il m'a beaucoup rappelé les personnes que j'accompagne au quotidien dans mon travail.

Ce livre commence avec une piscine. Une piscine municipale, qui a ses habitués, ses propres règles, sa propre organisation. Pour les gens qui s'y baignent, ce n'est pas une simple piscine, c'est bien plus que cela, elle fait partie de leur vie. Et puis, un jour apparaît au fond de cette piscine une fissure. Puis une autre. Et encore une autre... Parmi les nageuses, il y a Alice. Alice qui va devoir faire face à ses propres fissures, celles de sa mémoire, cette mémoire qu'elle perd de jour en jour.

L'autrice a un style particulier. Très particulier que l'on pourrait qualifier de froid et qui pourtant immerge complètement le lecteur dans le texte avec l'emploi de la première personne du pluriel, puis de la deuxième. C'est étrange un livre dont la première partie est écrite avec le "nous" puis passe au "vous" dans la partie suivante. Cela peut paraitre déstabilisant mais cela va tout à fait avec l'histoire. Quoi de plus déstabilisant en effet de voir sa mémoire s'étioler, d'oublier un peu, beaucoup, puis tout ce qui a constitué son existence ? Et quoi de plus déstabilisant pour les proches qui assistent à cette dégringolade sans pouvoir rien y faire ?

Que ce soit la première partie consacrée à la piscine ou la deuxième consacrée à la vie au sein d'un EHPAD, d'abord du point de vue de l'institution, ensuite du point de vue de la famille, je les ai trouvées toutes deux très réussies. On nage dans la première, on coule dans la deuxième, on pourrait presque se croire dans deux livres différents tant le changement de ton et d'ambiance est brutal et c'est sans doute ce qui apporte à ce livre un véritable "plus". 

Oui, on pourrait qualifier ce livre de froid et pourtant, j'y ai vu la sensibilité, la douleur, la fragilité, l'émotion. Ce n'est pas rien de perdre la mémoire, que ce soit pour la personne directement concernée ou pour ceux qui l'aiment. Non, ce n'est pas rien, et l'autrice a très bien su le retranscrire. Oui, il m' a plu, ce livre, il m'a beaucoup touchée, à la fois pour ses qualités d'écriture et pour son sujet. Un livre qui vaut la peine d'être lu.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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C'est une histoire de délitement. de temps qui passe et du mystère qui l'entoure. de désagrégation. À la piscine, les nageurs suivent chacun leurs petites manies, celles qui leur assurent que tout ira bien. Que tout est maitrisé. Et puis, un jour, une fissure apparaît dans le fond de la piscine et les certitudes coulent, chacun perd pied. Ces lignes de nage ne sont plus qu'angoisse et incertitude. Et c'est la césure. La fermeture. Parmi les nageurs, il y a Alice. Et à mesure que la fissure prend forme, elle perd ses repères.

À l'image de cette craquelure, le roman se scinde en deux parties bien distinctes. La première, dans le monde d'en-bas, où l'on vogue au gré des nages de chacun, bercé par leurs contemplations intérieures. Et, la suivante, au cours de laquelle on suit la lente coulée d'Alice alors que son esprit se délite et disparaît.

Alors que la première partie revêt certains aspects presque mystiques par moment, teintée de quelques traits d'humour. La deuxième, quant à elle, est à la fois terrifiante et empathique; tout en mettant à nu la triste réalité de ces personnes démentes et leur quotidien en institution. Au fil des pages, la fracture se fait béante, prend toute la place. Alice s'y noie et s'y perd, pour finalement basculer de l'autre côté, dans un monde à peine palpable pour ceux restés sur l'autre rive. le repli se fait. Et la ligne de nage se referme, inlassablement. Emprisonnant Alice dans un monde nébuleux et mystérieux, inconnu de tous.

Avec "La ligne de nage", Julie Otsuka signe un roman mélancolique et magnifique qui retrace la dernière ligne droite, la dernière longueur, d'une vie qui finit par sombrer.
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très beau livre. D'abord la piscine, lieu anonyme, lieu ludique puis la faille qui entraine l'angoisse et l'inquiétude. Et on bascule dans la maladie, la maladie dégénérative vue du coté des patients, du coté de la famille et du coté des institutions. L'autrice a fait un formidable travaille de mémoire, celle qu'on oublie, celle qui reste pour les autres. La faille qui apparait dans la piscine est sans doute une métaphore de la scissure de notre cerveau. J'ai rarement lu un livre qui est le miroir de la réalité des personnes que ce soit la/le malade et de l'entourage.
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