Microfugues, échappées belles, brèches ouvertes dans l'espace temps, portes dérobées... c'est ce que
Rémy Oudghiri nous propose dans ce court essai : une invitation à savourer l'art de s'évader de nos vies trépidantes, tout en restant au coeur de notre ville.
Pour cela, il va falloir accepter que survienne un imprévu, un contretemps, une annulation et profiter de cette faille dans le temps pour flâner, rêver, contempler. Plus facile à dire qu'à faire ; pas sûrs d'arriver à "lâcher prise" et à faire de ces incidents une "respiration", une parenthèse poétique ! Nous sommes si impatients, parfois.
L'invitation du narrateur est tentante pourtant : faire de l'imprévu, une forme de révolte, de résistance dans un quotidien fait d'injonctions, de "bruit et de fureur".
L'auteur, lui, est rompu à l'art de la microfugue : en parcourant les allées d'un cimetière, il retrouve son rythme, "celui auquel la ville voudrait le faire renoncer, en l'assujettissant à ses deux idoles : le vacarme et la précipitation" ; en rentrant par effraction dans un hall d'immeuble pour s'assoir sur une marche et s'extraire un moment du monde ; dans la salle vide d'un restaurant, comme
Baudelaire "qui n'avait ni heures, ni règles" et dînait à trois heures de l'après-midi ou encore à l'aéroport, sur un banc, ou dans une église.
D'autres personnages fictifs ou réels, ont pratiqué cet art : le commissaire Maigret,
Patrick Modiano ou encore
Jean-Paul Sartre.
Allez, venez, écoutez
Borges : la poésie est au coin de la rue.