Adrien, jeune homme quelconque, sérieux, davantage "spectateur qu'acteur de sa vie", devient un feu d'artifice au contact de Louise la jeune femme fantasque qu'il rencontre dans le cadre de sa profession, et dont il partage rapidement la vie et la fantaisie débridée.
Bonheur.
Sauf que la vie en semble jalouse et le saccage.
Simultanément, Adrien perd son travail et se trouve remisé dans une "cage" de l'entreprise qui l'emploie et un cancer des poumons est diagnostiqué chez Louise. Louise, la merveilleuse, la tant aimée.
Dès la première page on sait qu'elle n'est plus, elle est "là haut". "En filant, Louise a emporté les pigments clairs de l'oxygène, elle s'est barrée avec le blanc."
Comment va-t-il survivre maintenant qu'il perd ce "sentiment d'abondance amarré en lui, anatomiquement, qui ne lui venait qu'au contact de sa femme" ?
Le roman est bien construit : alternance de l'évolution de la maladie qui renforce encore leur parfaite fusion amoureuse, et les séances actuelles au tribunal pour salaire indûment perçu.
L'écriture est belle, fluide, aisée, agrémentée de nombreuses comparaisons, d'images bien trouvées qui retiennent l'attention.
Les tumeurs sont des talibans et la chimio "de grands soldats blancs". Et c'est bien d'une guerre qu'il s'agit.
Le mari, en fin d'espoir, "était sous perfusion de sa femme". Quant au coeur d'Ulman, l'assistante de la DRH, il "bat comme un syndicalisme sur le pavé"
Un livre, donc, d'une grande valeur dont j'ai aussi aimé la délicatesse du final.
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C'est l'histoire de la rencontre d'Adrien et de Louise, lui retranché en lui même, calé dans une vie conforme et rassurante et elle inventant chaque journée comme un poème , une peinture, bousculant les normes et injectant des couleurs dans les moments les plus banal de l'existence.
Ce couple improbable est lié tel le yin et le yang ,chacun apportant à l'autre ce qui lui fait défaut et leur amour n'en est que renforcé.
Mais des Honey Pops vont venir ébranler la vie de ce merveilleux couple.
Je me suis attachée à ces personnages de papier hauts en couleur. Leur force vive, la pleine possession de leur vie m'a touchée .
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Quel agréable moment de lecture. La fantaisie que l'auteure dans cette histoire d'amour qui finit par la mort de l'un des conjoints apporte une légèreté. Elle atténue la lourdeur de ce combat sans toutefois ignorait la peine et le chagrin.
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Adrien rencontre Louise loirs d'une prospection commerciale pour sa société Aquaplus, jeune loufoque qui vit dans son monde très original et imaginaire. Un coup de foudre va se produire entre elle et Adrien, jeune homme carré, droit, à l'opposé de cette personne fantasque..Leur vie, un peu décalée va s'écouler pendant quelque années tranquillement et loufoquement jusqu'au jour où 2 evenements vont se produire: 1 mise au placard par sa société pour Adrien et l'annonce d'un cancer pour Louise. Louise est certaine que la chimio va éradiquer ses tumeurs, affectueusement nommées " honey pops"..
Très vite, Adrien s'aperçoit que du fond de son placard, il est comme transparent pour ses patrons de décide, sans prévenir quiconque, ne plus aller travailler afin de se consacrer à Louise... Jusqu'au jour où la vérité va être dévoilée et la maladie va s'amplifier
Ce roman alterne les récits de vie de nos 2 compagnons et le procès pour remboursement d'1 an de salaires indument perçus par Adrien. Ce roman est surprenant, loufoque, déraisonnable et tels les tableaux peints par Louise, coloré d'une palette d'émotions et de sentiments (amour, gravité, légèreté, humour, détresse, douleur...)
Il nous montre une façon d'appréhender le cancer ou la maladie en général sous un coté hyper optimiste,fantaisiste (certains diraient un refus de voir la réalité en face, mais changer de point de vue est si salvateur parfois!). Mais, l'auteur veut aussi nous faire voir que nos conceptions du monde du travail peuvent être antinomiques avec la vie réelle, étriquées: pourquoi ne pourrait on pas mettre 1 peu de souplesse dans notre code du travail pour permettre à un proche de s'absenter de son emploi pour soutenir 1 proche très malade et pas seulement sur le dernier mois avant son décès??
L'écriture est juste, bien dosée: on ne tombe jamais dans le pathos, l'horrible à voir. Ce roman offre une conception de la maladie, de la vie un peu plus optimiste que d'habitude et cela fait du bien.
Une belle découverte.
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Les deux thèmes abordés dans ce roman n'incitent pas vraiment à la franche rigolade , il y est question de la placardisation d'un employé , Adrien , et de la perte inéluctable de sa compagne , Louise , rongée par un cancer .
Et pourtant , que de poésie , que d'inventivité , que de déraison , que de tendresse , que d'humour dans ce texte et que d'amour entre ces deux êtres , qui ne pouvaient que se rencontrer , ils étaient faits l'un pour l'autre .
Louise est une artiste peintre , fantasque au possible , elle appelle son chien le Chat , elle n'est pas dans le conformisme béat , "ça lui prenait comme ça , sans explication , elle attribuait une voyelle à une journée , A , E , I , O ou U avec laquelle toutes les fins de phrases devaient impérativement rimer".
Quant à Adrien , l'entreprise où il travaille décide un jour de sa mise au placard , sans connexion internet , sans téléphone , et sans relation aucune avec les autres employés , une ombre .
L'employé mis au placard va laisser tomber son entreprise -personne ne se rend compte de son absence- pour se consacrer à l'amour de sa vie , dans l'espoir de sauver Louise de la maladie . Hélas , en dépit de ses efforts , la maladie finit par prendre le dessus .
Cette histoire , en dépit des thèmes abordés , est un trésor d'inventivité , de folie douce et d'excentricité . Et puis quelle poésie !
Pour un premier roman , c'est une franche réussite , j'ai vraiment adoré !
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Un fonctionnaire de la compagnie des eaux de la ville passe chez les usagers pour leur annoncer la nouvelle : pas d'eau pendant trois jours ! Adrien a l'habitude des réactions des clients, agacement manifeste, ton indigné, outragé, insultes parfois.
Mais cette fois, la femme qui lui ouvre l'écoute placidement et ne trouve rien d'autre à lui dire que de soigner son français : deux fois « malheureusement » en deux phrases, c'est d'un négligé... !
Et la magie opère : ces deux-là se tombent dans les bras et partagent une vie pour le moins folklorique. Car Louise est une excentrique, foutraque, créative qui met du colorant dans son dentifrice et arbore un sourire vert, jaune, rouge, selon le jour ; elle opte chaque jour pour journée « en A », ou en « O », chacune de leurs phrases devant se terminer par la voyelle choisie. Elle peint les plats qu'elle ne sait pas cuisiner mais qu'elle aime bien. Un peu dingue, je vous dis !
Et quand elle fait la connaissance de la mère d'Adrien, Marielle-l'instit à la retraite- qui adore son grand fils et voudrait bien le pouponner encore - c'est le drame, la perturbation, l'ébranlement sur des bases pédagogiques bien ancrées dans le bon sens. Car, comme disait Devos, ça n'a pas de sens !
Mais ça, on va le voir avec le temps. Car pour le moment, au tout début de l'histoire, nous sommes au tribunal : Adrien, fonctionnaire terne et sans histoires, comparaît devant le juge pour avoir « escroqué » 28400 euros à la société AquapPlus qui l'emploie. C'est-à-dire le montant de onze mois de traitement (on est mal payé, dans la fonction publique, c'est connu). Car depuis tout ce temps ; il n'a pas mis un orteil dans son nouveau bureau, en fait un cagibi sans fenêtre, ni téléphone, ni rien à faire : une mise au placard absolue ! Et comme personne n'a remarqué ses premiers mois d'absence, il a continué à rester chez lui. Immoral peut-être, un peu lâche peut-être. D'aucuns seraient allés râler chez le DRH, auraient saisi le syndicat, lui non.
Il faut dire qu'il a une bonne raison : Louise est malade, elle tente de mater un cancer du poumon qui voudrait lui pourrir la vie. Quand la chimio arrive, Louise « déplace le centre de gravité des événements, leur [ôte] leur foutu côté obscur. » Elle enchante la vie d'Adrien, elle qui a tellement souffert de sa relation à sa mère, restée en état de choc des mois après la mort de son père. Elle n'avait que sept ans.
Devant le juge, Adrien se défend : « Il valait mieux, pensait-il, être utile à une personne qu'on aime plutôt qu'inutile à des centaines qu'on ne connaît pas. »
Ce livre est un vrai plaisir de lecture. D'un ton léger en apparence, il aborde avec subtilité des thèmes graves : le cancer, ces « méduses turpides de Louise », la perte du père et cette mort qu'on cache à l'enfant, une mère dévastée par la mort de son mari ; les relations dans le monde de l'entreprise avec leur absurdité, leur dureté.
Et Louise illumine, solaire, l'ensemble de ces thématiques difficiles.
Un premier roman réussi. Lu dans le cadre des 68 1ères fois.
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