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FOLIE QUE DE CE...

Oui ! Folie que ce texte complètement échevelé, pour ainsi dire inclassable, que l'on peine à ranger dans les essais historiques, philosophique, sociologique et autres si nombreux -iques ( hic !) dont ce XXème siècle enterré mais par forcément définitivement mort nous a abreuvé jusqu'à plus soif, jusqu'à la nausée, parfois. Ces -iques et ces -ismes (isthmes/impasses des pensées totalitaires et totalisantes) dont ce siècle fut si gourmand, comme il fut gourmand de morts et de massacres ? Folie d'un texte dont le style, la mise en page, la présence régulière de didascalies, - qui pointent d'ailleurs plus souvent des lieux communs, des absurdités, des détails sans grande importance qu'elles ne résument véritablement le texte en parallèle -, l'apparence de parfait salmigondis textuel et référentiel, les coq-à-l'âne incessants, des rapports volontairement équivoques entre propositions naturellement sans aucun rapports les unes avec les autres, des phrases plus ou moins longues mais d'où est ôtée toute ponctuation autre que celle du point -donnant l'étrange sensation de découvrir la récitation monotone, monocorde d'un élève à la mémoire phénoménale mais incapable de distinguer quelque hiérarchie, lien, sens ou chronologie que ce soit dans ce qu'il réciterait sans jamais pouvoir s'arrêter.

Folie d'un ouvrage qui s'apparente tout autant à un essai de pure littérature qu'à tout autre chose connue dans le domaine de la pensée.

Alors, on se laisse happer, bousculer, étonner, déranger, envoûter par ces espèces de "Je me souviens" extravagants, déments et pourtant vrais de bout en bout. Mais on aurait bien de la peine à retrouver de cette intemporelle tendresse qui donne vie et mesure au texte de Georges Pérec, dont on ressent pourtant un peu le côté rengaine hypnotique et sans logique apparente ainsi qu'il est emprunt d'une grande distanciation. Et de passer de la longueur totale des soldats engagés durant les Ières et IInde Guerre Mondiale, si l'on avait eu le loisir de les coucher, tête à pieds, les uns après les autres, à l'émergence de la psychanalyse ; de l'invention de la bombe atomique à la dramatique histoire de cette jeune violoniste juive ayant survécu à l'horreur parce qu'elle dû jouer des airs de - cynisme absolu - "La veuve joyeuse" à l'arrivée des déportés juifs du camp alsacien de Struthof ; de l'invention de la poupée Barbie à la mise en place des premiers véritables camps de concentration dans les premiers moments de l'encore jeune Russie soviétique... Et de revenir sans cesse - afin de mieux marquer les esprits - sur les horreurs guerrières et politiques de ce XXème siècle macabrement fou à lier, d'insister, salutairement, sur les horreurs morbides des nazis tout autant que sur les aberrations volontaires et mortifères des communistes soviétiques, d'y revenir sans cesse et d'y laisser sourdre des parallèles, des rapprochements sans doute osés puisque décontextualisés mais tellement opérants et sidérants dans leurs horreurs respectives.

Folie ! Folie partout et dans tous les domaines de la pensée, de l'intelligence, de la recherche que Patrik Ourednik suggère - sans jamais apporter le moindre jugement moral, éthique, métaphysique ou philosophique explicite, ce qui ouvre la porte à des réflexions sans fin, possiblement sans réponse unique, mais indispensables - impossible à rassasier, explorant ainsi des mondes méconnus de la science, de l'épistémologie, des sciences prétendument "humaines", ou encore des avancées techniques parfois parfaitement innocentes, dans un premier temps, et que l'humanité s'est pourtant acharnée à détourner pour subvertir le bien en mal. Alors, on dévore, on dévore encore et encore cette espèce d'inventaire monstrueux et joyeusement dépressif - parce qu'il submerge un état de bouffonnerie monstrueusement désespérée et grinçante au sein même des évocations et des souvenirs du pire que ce siècle tout juste achevé, mais toujours ancré, a délivré à la postérité.

De ce texte démesurément fou - et pourtant si gravement exact - on ressort lessivé mais, paradoxalement, plein d'une énergie étrange, presque écoeurante et sombre. Car on ne peut s'extraire de Europeana, une brève histoire du XXe siècle comme on y est d'abord entré. de ces textes aussi rapides qu'ils sont indispensables. Et même si l'idée de "devoir de mémoire" nous semble toujours sujette à toutes les cautions possibles, même si l'histoire immédiate ou encore trop fraîche draine souvent plus de problèmes que d'éventuelles solutions, on ne peut s'empêcher de songer que ce XXème siècle fut celui de toutes les Folies Majeures, de la mort industrielle, des idéologies pestilentielles, de la Démocratie malmenée, du Capitalisme odieusement triomphant, des Grands Crimes Planifiés, et de nous rappeler, en une sorte de dernier rictus de clown dément que, même si "en 1989 un politologue américain inventa une théorie de la fin de l'histoire selon laquelle l'histoire avait pris fin [...]", il se trouvait malgré tout encore "beaucoup de gens [qui] ne connaissaient pas cette théorie et continuaient à faire de l'histoire comme si de rien n'était."

Mais sans doute Patrik Ourednik, dont il nous tarde désormais de mieux connaitre l'oeuvre, et tout particulièrement son dernier titre paru aux -toujours incomparables et magistrales - éditions Allia, intitulé, comme un nouveau pied de nez, "La fin du monde n'aurait pas eu lieu", au titre si savamment intrigant, sans doute cet auteur tchèque résidant en France depuis une vingtaine d'années, romancier, essayiste, praticien de l'imposture littéraire, écrivain non-conventionnel s'il en est, et traducteur, entre autres, de Samuel Beckett s'est-il inspiré de ce texte poétique déroutant du grand dramaturge d'origine irlandaise, traitant à sa manière de cette folie des temps, intitulé "Comment dire ?" :

Folie -
Folie que de -
que de -
Comment dire ? -
Folie que de ce -

[etc]

Oui ! Folie que ces cents années récemment passées... Mais que dire déjà de celles en cours...?
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« Les Américains qui ont débarqué en 1944 en Normandie étaient de vrais gaillards et mesuraient en moyenne 1m73 et si on avait pu les ranger bout à bout plante des pieds contre crâne ils auraient mesuré 38 kilomètres. » Ainsi débute cet OLNI à la jolie couverture rouge du sang de nos guerres inutiles.

Je le feuillette et vois des petites phrases en marge du texte, tiens, étonnant. En lisant, je découvre qu'elles servent de repères et, pour une relecture, très pratique. Quant au texte lui-même, j'ai froncé les sourcils ; drôles de longues phrases, souvent sans virgule, avec beaucoup de « et »… comme lorsque les enfants s'amusent et disent et puis on ferait ça et on serait ci….. D'abord étonnée par cette construction, je me suis laissée prendre à cette litanie. Patrik Ourednik mélange tout, passe d'une guerre à l'autre, d'un fait à l'autre sans d'autres liens apparents que sa mémoire, par association d'idées, comme dans une conversation. le sujet qu'il a effleuré dans un chapitre, revient beaucoup plus détaillé 3 chapitres suivants et tout ceci fonctionne, car, sous ses airs de Candide, de fausse ingénuité Patrik Ourednik sait très bien de quoi il parle et comment il en parle. Peu de dates, c'est plutôt le livre de sa mémoire. de temps à autre, l'on sent la colère de Patrik Ourednick, à d'autres moments il persifle, raille, ironise…. Bref ce n'est pas de tout repos. Ce XXème siècle non plus ne fut pas de tout repos. On y trouve le pire et le moins pire, je n'ose dire le meilleur !!!


Un OLNI à garder sous le coude pour des piqûres de rappel. Une brève histoire du XXe siècle longue des maux de notre société.

Quelqu'un qui traduit, en Tchèque, Rabelais, Jarry ou Queneau ne peut que me tenter et je vais essayer de trouver son autre livre : « le silence aussi »

Allia nous offre de petits bijoux d'une belle qualité d'imprimerie et d'une grande qualité littéraire.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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J'ai lu ce livre en quelques heures, d'une seule traite. Déconcertant au début, l'auteur nous relate l'histoire du vingtième siècle de manière distanciée et caricaturale avec beaucoup d'humour et de cynisme. Les deux guerres mondiales sont traitées en juxtaposition avec l'anecdotique et le social. En nivelant de cette manière tous l'évènementiel, l'auteur nous amène au côté dérisoire de l'évolution de l'humanité qui confine à l'absurde. Tout se vaut, tout se répète. L'Homme ne retient pas les leçons du passé.
Le style, quasiment sans ponctuation, avec des phrases très longues accentue cette absurdité.
Ce livre d'histoire est un petit bijoux qui nous oblige à nous repenser dans une perspective sociale et collective.
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Imaginez-vous vos arrières-petits-enfants (ou plus loin encore !) qui seraient curieux de connaître les grandes lignes de l'histoire du XXe siècle. Avec Patrik Ourednik et son Europeana, une brève histoire du XXe siècle, ils auront matière à nourrir leur curiosité et à découvrir différentes facettes de 100 ans qui ont vu naître les pires atrocités.

Et en effet, Patrik Ourednik revient sur les évènements tragiques de l'Histoire, avec un ton assez neutre, presque détaché, didactique. Peu de thèmes abordés, mais en profondeur, avec notamment la Première Guerre Mondiale, la Seconde Guerre Mondiale (il parle d'ailleurs de « Deuxième » : imagine-t-il une troisième à venir ?), l'avènement des sectes comme la Scientologie, mais aussi l'ère de la consommation de masse et la société de l'information.
Sans aucun chapitre, l'auteur exprime ses idées en vrac, séparées seulement par des changements de paragraphes. Ce qui pourrait paraître indigeste est au contraire très léger, puisque chaque paragraphe reste relativement court. Bien que j'ai apprécié la mise en forme, je n'ai pas saisi l'utilité d'écrire un texte sur la Première Guerre Mondiale, pour ensuite aborder le sujet des Amishes et revenir sur la Première Guerre Mondiale, puis le génocide des arméniens, etc. Ce qui est sûr c'est qu'un paragraphe peut débuter avec un thème pour finir sur un sujet complètement différent, en procédant par association d'idées. Ce concept est intéressant mais pas forcément compréhensible par tous les lecteurs.

Quoiqu'il en soit, vous en apprendrez beaucoup en lisant ce petit manifeste d'Histoire sur le XXe siècle, qui fut un moment de grands changements sociétaux :
- Les femmes prennent une place de plus en plus importante dans la société dès la fin de la Première Guerre Mondiale où leur participation à l'effort de guerre ne peut être niée. Et, conjointement, la liberté sexuelle fait son apparition et modifie les rapports hommes-femmes et parents-enfants.
- La façon de faire la guerre se modifie avec l'apparition de nouvelles armes de destruction. de plus, les moyens de locomotions se perfectionnant et rapprochant les Etats, les conflits peuvent désormais se dérouler à l'échelle mondiale.
- La science évolue de manière significative, avec des découvertes toujours importantes, des innovations toujours plus folles et futuristes.
- le monde se trouve connecté avec Internet et les nouvelles technologies de l'information.

Bref, tout un florilège de nouveautés qui fait du XXe siècle une période charnière dans l'histoire de l'humanité. Et c'est peut-être précisément ce qu'à chercher à montrer Patrik Ourednik à travers cet ouvrage.
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Voilà un livre d'histoire totalement hors norme ! Déstabilisant par son contenu comme par sa forme, cette brève histoire est parfois noire, parfois révélatrice, toujours incisive, toujours écrite avec une plume déroutante. Est-ce un essai ? Un pamphlet ? On ne peut concevoir le rayon sur lequel devrait être déposé cet ouvrage. Depuis la première phrase jusqu'aux toutes dernières, les anecdotes et les faits s'entrecroisent avec les concepts, les généralisations et les théories. Les inventions s'interposent avec les moments de guerre, les clichés et les raccourcis. C'est, en quelque sorte, une apposition d'éléments divers tirés du XXe siècle, livrés dans un style qui, dans un premier temps, déconcerte, mais qui, par la force des choses, en vient à donner au texte un rythme hallucinant. On est littéralement plongé dans un amas de faits, d'incidents, de circonstances dont l'organisation nous échappe alors que, saisis de façon globale, on a là un portrait d'une certaine réalité du siècle même si elle peut paraître éclatée. Voilà donc l'histoire racontée d'une telle façon qu'elle impose en mémoire des images fortes et un regard social troublant.
Lien : https://rivesderives.blogspo..
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"Les Américains qui ont débarqué en 1944 en Normandie
étaient de vrais gaillards et mesuraient en moyenne 1m73
et si on avait pu les ranger bout à bout plante des pieds contre crâne
ils auraient mesuré 38 kilomètres"

Avouez que le quart de couverture est particulièrement attractif.
Ce petit livre rouge (J'étais alors dans une frénésie de bouquins à couverture rouge. Il m'arrive de subir des frénésies acquisitives inexpliquées, parfois se focalisant sur un pays, d'autres fois se centrant sur une esthétique ou une couleur de couverture) est successivement intrigant, amusant, insolite, eclectique, déconcertant.
Une première prise de contact amène votre regard à errer dans les marges, qui contiennent comme autant de petits repères elliptiques hors contexte sous forme de mots et bribes de phrases comme autant de petites intrigues et provocations

(...)
http://lelabo.blogspot.com/2007/10/patrik-ourednik-europeana.html
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Tout savoir sur le XXéme siècle en 150 pages ! En plus des faits connus, vous apprendrez tout un tas d'anecdotes surprenantes. Il est bien sûr impossible de résumer le siècle en si peu de page. L'auteur nous raconte donc une multitude d'anecdotes, toutes plus étonnantes les unes que les autres, qui mises bout à bout finissent par dresser un tableau étonnant du XXéme siècle. Il prend l'histoire par le petit bout de la lorgnette et avec son esprit d'escalier il nous entraine dans les méandres de sa pensée. Car ce livre est très documenté, et même si l'auteur fait beaucoup de raccourcis ou de synthèses improbables, tout est vrai dans ce livre. Patrik Ourednik a dû digérer une quantité impressionnante de documentation pour faire ce livre. Il nous restitue cela de façon très personnelle avec un style particulier : il y a très peu de ponctuation et cela donne au texte une impression de logorrhée sans fin. Et portant c'est un grand plaisir à lire.
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C'est un livre assez étonnant: comme le titre l'indique, un résumé d'histoire du XXe siècle, mais raconté sur un ton faussement naïf, comme si l'auteur assumait que le lecteur ne connaissait rien de cette histoire.

On pourrait aussi dire que c'est l'histoire du XXe siècle racontée par un simple d'esprit. Pas de cause ni d'effet logique, tout est dit d'un même souffle, sans la moindre virgule!

Autre impression: celle d'être dans un rêve fou où les événements s'enchaînent de façon plus ou moins cohérente, et où certains passages se répètent.

J'ai lu ce livre très rapidement, captivé.
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J'ai détesté sa manière de passer du coq à l'âne. Finalement, cette lecture (ou plutôt ce survol) m'aide à mieux cerner ce que j'aime lire et ce que je dois éviter.
Extraits :
"Tout est fiction."
"Le cerveau est un hologramme". P142

Si vous souhaitez découvrir son style, voici un de ses articles en ligne (attention, ce n'est pas un extrait de ce livre).
http://www.nllg.eu/spip.php?article73
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Ce petit livre est terriblement intéressant. Tout d'abord, son approche le démarque d'autres livres d'histoires car au sein d'un flux littéraire l'auteur trace une histoire de l'Occident du 20ème siècle (surtout depuis l'entre guerres jusqu'au année 60/70) sans pour autant se laisser guider par une trame chronologique mais par les thématiques qui ont fait l'Europe d'aujourd'hui.
C'est aussi terrible car elle reprends notamment les conditions qui ont menées aux nazisme et à la deuxième guerre mondiale. Conditions qui ne trouvent pas seulement leurs origines dans l'Allemagne de l'entre deux guerres mais aussi dans l'idéologie de la normalité partout présente en Occident durant cette période. L'idéal de Liberté des alliés en prend un coup et rends bien compte de la fragilité de nos démocraties.
Ce livre prends encore plus de sens depuis l'après 11/09/2001.
A lire vraiment.
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