Anne-Emmanuelle Fournier
Assis ensemble sur le perron au bord du soir. Les pointes de cigarettes allumées comme autant de minuscules phares. Au-dessus, la lueur douce d'une lanterne, halo qui surnage dans la nuit montante. Les voix et les rires s'éteignent peu à peu. Juste l'intermittence du souffle et de la braise. A droite, l'éclat erratique de la télévision perle des hautes fenêtres du salon. Comme un cœur qui bat de l'intérieur de la maison, une preuve de l'affairement des vivants. Léger vent dans les platanes. Au loin, le chant ténu des crapauds, clapotis dans l'obscur. Un vol de chauves-souris, silencieux et oblique, froisse doucement le ciel.
Ce qui commence avec la pluie
Le temps d'une peau dedans
Tiédeur
A mi-terre
Respirer ce qui remonte
Myriam Eck (France)
*
Le même dilemme se précipite à chaque fois qu'il pleut des cordes : laquelle saisir pour se pendre ? De quelle autre s'emparer pour s'arrimer au fil du temps ou se hisser vers le ciel ? Laquelle enfin lâcher pour se laisser pousser des ailes ? Et surtout, que faire de toutes ces questions sans réponses qui jonchent le sol après l'averse ?
Gilles Cheval (France)
Haïkus
sur la plage
la trace de nos pas
et la pluie d'hier
Hélène Leclerc (Québec)
*
silence du soir -
une mésange secoue
le parfum des roses
Vincent Hoarau (France)
Fenêtre du dedans : relief
hâte-toi l'ami
d'apporter ta mesure
ici est né un chant
pour ceux qui se souviennent
ici est né l'oubli de ceux
qui abordent
de ceux qui reviennent
par des portes inconnues
des sentiers non conquis
presse-toi étranger
la vague est atteinte
ici est la mesure
on y entre par la mer.
Samira Negrouche (Algérie)
Dans le cadre du projet "Hair in the Wind", en soutien aux femmes d'Iran, proposé par l'artiste Antje Stehn, Lydia Padellec lit son poème "Cri incandescent des femmes debout".