Un grand et chaleureux merci aux Editions Métailié et à Babelio pour ce roman passionnant reçu dans le cadre de Masse critique.
Au printemps 2016 "Quelque chose était en train d'arriver, quelque chose qui désirait arriver, et La Havane petit à petit arrêtait de ressembler à La Havane. " (p.18). Une visite de
Barack Obama, un concert des Stones, un défilé Chanel semblent brusquement donner de l'oxygène à tous les espoirs que les Cubains ont appris à garder secrets depuis des décennies. Pessimiste invétéré Mario Conde, l'ex-flic devenu bouquiniste, ne croit pas vraiment que des changements décisifs et durables suivront ces évènements.
Sollicité pour mener l'enquête sur le meurtre d'un ancien responsable de la censure, coupable d'avoir brisé la vie des artistes dissidents, Conde revisite les périodes noires durant lesquelles peintres, poètes, auteurs dramatiques, ont subi, parfois jusqu'au suicide, le joug de la dictature. le meurtrier fait-il partie de ces femmes, de ces hommes contraints au silence ? Lui-même tente d'écrire un roman sur la guerre entre proxénètes en 1910, au moment où la comète de Halley fait planer une menace de fin du monde sur Cuba. Au centre de cette histoire la figure d'Alberto Yarini, grand bourgeois, proxénète notoire et meneur politique, et celle d'Arturo Saborit, flic nouvellement promu à La Havane, dont Conde utilise les Mémoires pour construire son récit. Les destins se croisent, se font écho et
L Histoire forme une caisse de résonance aux existences des uns et des autres. Hasards, rencontres, coïncidences, détermination, destinée, trame historique... qu'est-ce qui est à l'oeuvre derrière les choix des individus ? Quelle est finalement la place du libre-arbitre ?
Ces questions circulent continuellement dans le roman de Léonardo Padura, tant dans le récit que dans la forme choisie par l'auteur, et cela lui donne une densité étourdissante. le tableau que Padura dresse de la Havane est marqué d'un amour mélancolique et d'une colère impuissante face aux conditions de vie accablantes des habitants.
Roman noir aux couleurs chatoyantes de Cuba, roman ancré dans
L Histoire, oeuvre littéraire tissant d'innombrables liens entre passé et présent, tonalité teintée d'une distance ironique qui ne parvient pas à cacher une profonde compassion pour les êtres... "
Ouragans tropicaux" coche toutes les cases de l'ouvrage magistralement accompli, que les lecteurs ne peuvent qu'apprécier. D'où vient alors que j'ai eu tant de mal à m'attacher à sa lecture ? Je crois que c'est l'écriture, en tout cas sa traduction, qui m'a posé problème et, en particulier, l'abondance de phrases complexes, aux propositions souvent enchâssées comme des poupées gigognes. Si bien que je m'interroge : devrais-je désormais me cantonner à des romans "faciles" ? Mes lectures ne sont-elles plus suffisamment exigeantes pour que j'aie perdu l'habitude de goûter ce qui constitue la matière même de la littérature ? Angoisse...
Quoi qu'il en soit, n'hésitez pas à vous laisser emporter par ces "
Ouragans tropicaux" sans forcément prendre en compte mon infime réserve !