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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sur place, ils avaient une coquille sur le dos. Ailleurs, ils connaîtront la douleur du déracinement et la nostalgie des temps difficiles mais saturés d'amitié, de discussions enflammées et aussi de rhum. Avec Poussière dans le vent, Leonardo Padura a écrit la plus romanesque, et rocambolesque, des fictions sur l'exil de ses compatriotes cubains, diaspora agitée et sentimentale. Dans cette frque chorale et peu à peu éclaté dans divers endroits du globe (États-Unis, Porto Rico, France, Espagne), l'auteur décrit et enchevêtre les destins d'une bonne dizaine de personnages, liés pour les plus vieux d'entre eux à leur appartenance à un groupe d'amis (Le Clan) et marqués par deux événements saillants qui se sont déroulés à quelques jours d'intervalle en l'an 1990 : le suicide de l'un et la disparition d'une autre. Et ce, alors que Cuba, après la chute de l'empire soviétique, connait une "période spéciale", autrement dit une époque de pénurie terrible et de fuite en masse vers l'étranger. Rien n'est plus admirable que la manière dont Padura maîtrise son récit arachnéen, donnant vie à chacun de ses protagonistes sans jamais oublier le contexte historique, économique et social sur près de 3 décennies. Comment peut-on être Cubain ? L'écrivain répond à la question avec toute son âme et son talent de conteur, ménageant un suspense insoutenable en nous attachant aux pas de personnages traqués dans leur moi le plus profond et leurs actes les plus insensés. Il y a parfois des hasards et des coïncidences incroyables dans Poussière dans le vent mais la conviction du romancier est telle et le maelström d'émotion si grand que tout submerge dans ce pavé ébouriffant de bout en bout. Poussière dans le vent décoiffe la rentrée littéraire et son exubérance tropicale et sensuelle est un cyclone dont il est difficile de se remettre.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Métailié.
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Ce que j'ai ressenti:

« Combien de temps dure un instant? Que contient un instant? »

J'imagine que si j'ouvrais un instant, et que je te montrais ce qu'il contient, tu y verrais de la tendresse, un reste d'amour et d'amitié, une coquille remplie de souvenirs…L'instant pourrait être aussi minuscule qu'un grain de sable chauffé de soleil cubain, qu'un temps aussi long et éclaté, d'une moitié de siècle…Il y aurait le manque, la privation, l'exil mais tout cela ne serait pas grand chose, face à la victoire finale…J'imagine que si j'ouvrais un instant aussi intense de lecture comme l'a été Poussière dans le vent, la vie me paraîtrait presque belle, mais que la nostalgie de quitter ces personnages va me faire mal…Parce qu'on ne se remet jamais tout à fait, de cette attirance pour ceux qui nous ont émus. On les garde toujours dans un coin de nos coeurs, comme de toutes petites étincelles, ils brillent…Et l'absence fera son oeuvre…

« Et le bonheur: combien dure le bonheur? »

J'imagine que si je méditais un instant, sur la vérité, la souffrance, l'anxiété, j'aurai un coeur ouvert, saignant de toute part, pour le Clan. Comment la politique peut éclater autant de vies? Comment le chaos et le désir rentrent dans une histoire d'amitié? Ou s'en vont les espérances et les élans de joies, une fois, qu'elles se vident de leurs essences? C'était la jeunesse incarnée, joyeuse et prometteuse, ce Clan, c'était…Et puis, les drames et les secrets sont venus exploser leurs liens fraternels, vidant peu à peu la villa Fontanar…Mais que restera-t-il vraiment de ces trop-pleins formidables d'émotions pures? J'imagine que ma réponse après cela, ce serait un inoubliable état satisfaisant de bonheur. Plus de 600 pages de bonheur. Puisque, inévitablement, All we are is dust in the wind, les fragments d'amours, de mystères, de peines et de joies dispersés qu'ils auront laissé sur ces pages, je les mets dans ma coquille pour essayer de vous les transmettre dans ce ressenti de lecture, mais je vais en garder aussi pour les moments où le manque sera trop grand de les retrouver…

« Mais qu'est-ce qui nous est arrivé? »

Ce qu'il risque de vous arriver, si vous plongez dans ce livre, c'est tout simplement un moment fort et bouleversant partagé avec Leonardo Padura. Un moment de grâce. Parce qu'il nous raconte l'amour, la peur, l'évasion, le miracle avec une grande sensibilité, et quelque chose qui rend le tout intemporel, puisque la vie sera toujours la vie, avec cette énergie étourdissante qui la caractérise… Mais aussi, il fait grossir le temps, pour nous raconter un bout d'Histoire douloureux et les chemins sinueux de Cuba, en pleine « Période spéciale ». Parce que Clara, Irving, Horacio, Bernardo, Elisa, et les autres, sont aujourd'hui des amis, avec lesquels je partage un petit bout d'histoire passionnée, après un chassé-croisé de leurs sentiments et des miens. Parce que j'ai mélangé des larmes et des sourires avec eux, je me sens chanceuse de les avoir rencontré ces personnages de papiers…Et avant que quelqu'un vienne tout foutre en l'air, j'aimerai juste vous dire que ce livre est un coup de coeur que je préfère disperser en Poussière dans le vent, pour qu'elles volent jusqu'à La Havane…


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Il y a bien un leitmotiv galopant au long de ce roman dense, un motif décliné de différentes manières par les membres du Clan comme une formule de ralliement désagrégée, empreinte d'appartenance nostalgique et de temps révolu de jeunesse à Cuba, révélatrice d'impuissance désabusée : « Putain, mais qu'est-ce qui nous est arrivé ? ».
Ce qui leur est arrivé, on le saura vite même si les circonstances seront distillées dans un suspense addictif jusqu'au final. « Deux traumatismes » avec « leurs mystères lancinants qui, malgré toutes les hypothèses [...], n'avaient pas de solutions convaincantes ». Et puis il leur est arrivé aussi un événement comme un tournant, l'ultime fois où ils se sont tous réunis pour les trente ans de Clara le 21 janvier 1990, en début de « Période Spéciale » à Cuba, où « Le présent les asphyxiait avec ses pénuries et ses dilemmes douloureux, et l'avenir s'estompait dans un brouillard impénétrable » . Etaient présents entre autres ce 21 janvier 1990 Elisa qui « était forte, belle, combative, très séductrice, et en même temps prête à flanquer une trempe au premier volontaire », Bernardo l'alcoolique, Dario pour qui « les dieux avaient placé dans ses poches les clés du destin », ou Irving avec « cette peur qui s'était emparée de son âme ». Une galerie foisonnante, bouillonnante, à la fois hétéroclite et homogène dans leur diversité, dont on croisera les protagonistes sur une période allant de 1990 à nos jours, qui tour à tour s'interrogeront sur ce qui leur est arrivé, apporteront leur pierre à la construction de la vérité, révèleront leur histoire personnelle et celles de leurs relations, leur intimité et leur vie sexuelle comme si « la disproportion nationale de la baise » à Cuba les poursuivait malgré tout.
Ils étaient présents en ce jour-là du 21 janvier 1990 à La Havane mais beaucoup d'entre eux se sont exilés depuis. Qu'ils soient désormais aux États-Unis, à Barcelone, à Madrid ou à Toulouse, ils diffuseront aussi en filigrane la part d'eux-mêmes restée sur leurs terres d'origine à l'époque du Clan, en évoquant par exemple leurs nouveaux amis qui ne seront à jamais que des nouveaux, incapables de prendre la place des autres, les vrais, ceux des origines.
Tous ces personnages superbement incarnés, le lecteur les découvrira peu à peu, après une première partie introductive où seulement deux jeunes américains font pour l'essentiel la part belle du roman, deux jeunes dont le hasard les a faits se rencontrer, deux jeunes désormais amoureux et passionnés qui s'installent à Hialeah. Adela dont « le sentiment persistant d'attirance pour tout ce qui était cubain avait pris une place exagérée [...] », et Marcos «cette tête brûlée de Marquitos le Lynx— ou Mandrake le magicien » . Marcos, le fils de Clara et de Dario. Un jour, il montre à Adela la dernière photo du Clan postée sur Facebook, prise à l'occasion du fameux anniversaire de Clara, restée à La Havane. Voilà pour l'évènement déclencheur. Une photo sur un fil de Facebook qui déploiera un roman fleuve charpenté autour de deux mystères et une résolution addictive, au déroulé tentaculaire et hypnotique, avec en toile de fond l'amitié émouvante sous condition d'exil, et l'histoire contemporaine de Cuba, ce pays « d'où les gens se barrent même par les fenêtres ».

« Il sentait que sa condition d'exilé, d'émigré ou d'expatrié —[...]— l'avait empêché de penser même à un bref retour et l'avait condamné à vivre une existence amputée, qui lui permettait d'imaginer un avenir mais où il ne pouvait pas se défaire du passé qui l'avait mené jusque-là et à être qui il était, ce qu'il était et comme il était. »

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J'ai découvert Leonardo Padura en juin grâce à l'excellent « L'homme qui aimait les chiens » racontant les vies parallèles d'un écrivain cubain, de Trotski en exil et de son assassin, Ramon Mercader. En août paraîtra « Poussière dans le vent » qui m'a à nouveau conquis, le roman des exilés cubains, des déracinés, des destins fracturés. La très belle fresque d'une bande d'amis des années 70 à nos jours, qui éclate après un grave événement. C'est dense et ça tient en haleine jusqu'au bout !
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