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Deuxième roman de @Leonardo Padura auquel je m'attaque après le passionnant @l'homme qui aimait les chiens, on constate à nouveau un gros travail de recherches historiques pour nous délivrer une histoire sur trois époques différentes.
Le roman se distingue en trois livres différents : Daniel, Elias et Judith et se termine par une genèse, toute référence à la bible n'est pas fortuite !
Le premier livre nous raconte la peu glorieuse histoire du Saint-Louis, un paquebot allemand sur lequel s'étaient réfugiés de nombreux juifs allemands au printemps 1939 dans l'espoir de débarquer à Cuba, le gouvernement cubain refusera finalement le débarquement de ses passagers comme ce fut le cas aux Etats-Unis puis au Canada et le paquebot finalement repartira vers le port de Anvers. Pas besoin de vous faire un dessin pour imaginer le sort qui sera réservé aux nombreux passagers dans les années suivantes. Daniel qui était parti quelques mois auparavant à Cuba ne verra plus jamais sa famille. C'est dans cette partie que nous ferons connaissance avec Condé, vieux flic à la retraire reconverti en découvreurs de livres rares. Il est contacté par Elias Kaminski le fils de Daniel qui lui demande d'enquêter sur un tableau présent sur le Saint-Louis, probablement de Rembrandt, propriété de la famille depuis des générations soudain réapparu dans une vente aux enchères à Londres. La vie de Daniel nous est racontée sur plusieurs années jusqu'à son départ pour Miami.
Dans le livre deux, le plus passionnant à mon avis, nous nous retrouvons à Amsterdam que l'on appelait alors la nouvelle Jérusalem au XVIIème siècle, ville exceptionnelle de modernité et de richesses dans laquelle de nombreux juifs s'étaient réfugiés fuyant les persécutions subies notamment en Espagne. Et moi qui était à ce moment-là en Italie, je me suis retrouvé immergé dans l'univers de Rembrandt, digne héritier du Caravage dont j'admirai les peintures la journée avant de découvrir la vie du maître hollandais le soir après mes journées marathoniennes romaines. Ce fut une surprise totale car, à vrai dire, le roman m'avait été pioché par @dedanso et je pensais me retrouver dans un polar cubain. J'ai adoré cette partie du roman.
Dans le livre trois, Condé enquête sur la disparition de la jeune emo Judith, @Padura nous dresse un portrait de cette jeunesse désabusée de la Havanne. J'ai moins aimé cette partie qui tout en ayant sa place dans la résolution de l'énigme sur le fameux tableau a tendance à alourdir un peu plus un pavé déjà bien conséquent.
Au final un excellent roman, très bien écrit et documenté, peut-être un peu long, dans lequel, au-delà de l'histoire du tableau, Padura nous raconte avec habileté et talent des bribes de l'histoire des juifs, d'Amsterdam et de Cuba, et surtout l'histoire de ces protagonistes qui par, désillusion, passion ou rébellion deviennent des hérétiques. Mais comme le dit si bien Michel Serres « On est toujours l'hérétique de quelqu'un ».
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Face à un roman aussi copieux (et pas uniquement à cause de ses 600 pages), par où commencer?

Par Cuba, peut être, et au plaisir de retrouver Mario Conde, traînant toujours sa carcasse désabusée dans les rues déglinguées et poisseuses de la Havane? le pays part à vau lau (et ça ne date pas d'aujourd'hui), la corruption règne, les jeunes sont déboussolés (j'ai appris ce qu'est un émo, oui je débarque un peu)(et l'autre sens de bifteck). A la suite de la disparition d'une toute jeune fille, Conde plonge dans ce monde.

Oups, je réalise que je commence par la troisième partie. Poignante.

Bon, alors, le vrai début? Disons, l'histoire des juifs de la Havane... En 1939, le jeune Daniel Kamisky attend impatiemment le S.S. Saint Louis, en provenance de Hambourg, avec à son bord près de mille juifs ayant réussi à fuir l'Allemagne, dont ses parents et sa soeur, et possédant dans leurs bagages un tableau signé Rembrandt, appartenant à leur famille depuis le milieu du 17ème siècle.
Mais les passagers ne purent débarquer (Padura examine finement les raisons) , fut refusé par les Etats Unis et le Canada, et repartit jusqu'à Anvers (lire l'histoire ici)


Padura mêle habilement son histoire à la grande Histoire (il m'a fait découvrir cet épisode épouvantable) : le tableau, lui, rentre à Cuba, et réapparaît de nos jours à Londres. Elias, le fils de Daniel, veut connaître la vérité (et d'autres vérités familiales aussi) et fait appel à Conde.

Toujours attentifs? Une deuxième partie se base sur la réalité historique : Rembrand avait réellement pris comme modèle du Christ pour ses tableaux de jeunes juifs de la communauté d'Amsterdam, où la liberté dont ils y jouissaient (après l'Espagne et l'Inquisition, c'était forcément meilleur) leur faisait nommer Amsterdam La nouvelle Jérusalem. Padura imagine qu'un jeune de la communauté brave les interdits religieux pour devenir peintre.


Voilà le genre de roman que j'aime! Padura propose des personnages attachants dans des situations où il doivent prendre des décisions et faire appel à leur libre arbitre. J'ai vraiment marché dans les rues (glacées et malodorantes) d'Amsterdam, suivi l'apprentissage de la peinture auprès du maître Rembrandt, hésité à suivre mon destin avec le jeune Elias Montalbo. J'ai découvert le Cuba actuel, et celui des années 30-50, et la débrouille des habitants.

Si vous ne connaissez pas encore Conde, il faut vraiment s'intéresser à un type qui se réjouit finalement d'avoir "de bons livres à lire; un chien fou et voyou à soigner; des amis à emmerder, à embrasser, avec lesquels il pouvait se saouler et se lâcher en évoquant les souvenirs d'autres temps qui, sous l'effet bénéfique de la distance, semblaient meilleurs; et une femme à aimer qui, s'il ne se trompait pas trop, l'aimait également."

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Un livre qui m'a passionné, un livre en 3 parties sur 3 périodes…apparemment indépendantes, mais....
1939 : un paquebot arrive à Cuba, chargé de 900 juifs fuyant l'Allemagne; Ils sont payé le régime nazi pour fuir; le régime cubain leur demande également de payer un demi-million de dollars pour entrer sur l'île en tant que réfugiés. Bien peu le peuvent. Daniel Kaminsky né dans le quartier juif de Cracovie, espère retrouver ses parents qui l'ont envoyé depuis plusieurs mois déjà chez son oncle Joseph habitant La Havane. Son père, sur le bateau, possède un tableau de Rembrandt, dans la famille depuis 1648 , qu'il propose comme monnaie d'échange…Après quelques jours à quai, le paquebot repart avec la quasi totalité des réfugies et la famille de David vers l'Allemagne après les autres refus d'accueillir ces juifs du Canada et des États-Unis. Ils seront exterminés
En 2007, son fils, Elias Kaminsky, peintre né à Miami, sollicite l'aide de Conde un ancien flic (Personnage apparemment récurrent chez Padura...) vivotant de la recherche et la vente de livres d'occasion anciens, afin qu'il l'aide à savoir par quelles étapes est passé le tableau mis en vente. le tableau est entré à Cuba, mas pas ses propriétaire. Il a été acheté en 1940 à la Havane devant notaire. Condé apprendra que le jeune juif David a rejeté la religion juive pour épouser une jeune fille catholique, avant de reprendre sa religion plus tard.

1643 Amsterdam : Un jeune juif Elias Ambrosius âgé de 17 ans, aimant la peinture souhaite rencontrer Rembrandt afin qu'il lui apprenne à peindre. Il fera tout pour le rencontrer, se faire recruter dans son atelier pour faire le ménage et progressivement deviendra peintre. Il posera pour des tableaux, peindra des hommes des corps et même un christ, bravant ainsi tous les interdits religieux du judaïsme qui interdit toute représentation du corps humain, il devra affronter les religieux intégriste et radicaux et s'expatrier
Années 2000 : Conde est sollicité par la nièce d' Elias Kaminsky, son ami afin qu'il retrouve une jeune "emo" disparue. Les emo sont des jeunes cubains, rejetant la société et le socialisme cubain, " À la base de ces comportements, on trouve toujours une grande insatisfaction, bien souvent avec la famille. Mais de ce cercle elle se projette sur la société, également oppressante, avec laquelle ces jeunes essaient de rompre". Ils se replient vers Nietzsche, Cioran et idolâtrent le film "Blade Runner" et écoutent Kurt Cobain en boucle dont ils apprécient "mieux vaut brûler que s'éteindre lentement".
Ils vivent très mal dans ce Cuba qui les oppresse, " Si un pays où système ne te permet pas de choisir où tu veux être et vivre, c'est parce qu'il a échoué. La fidélité par obligation est un échec"
Ils sont doublement hérétiques, rejetant à la fois Dieu et le socialisme : "Ces jeunes ne croient plus à rien, parce qu'ils ne trouvent plus rien à quoi ils puissent croire"
J'ai beaucoup aimé ces voyages dans les époques, des pays différents… Quel bonheur de lire les pages décrivant le travail de Rembrandt enseignant comment peindre le regard, la tristesse;

Un roman foisonnant de 600 pages que j'ai dévoré, passant du polar au livre d'aventure en passant par l'essai philosophique, de Cuba à Amsterdam, De La Renaissance à l'époque contemporaine, de l'intégrisme religieux au castrisme… Un livre qui au delà du roman pose des questions sur la liberté individuelle, le libre choix de chacun, la religion et ses interdits

"Il lui a beaucoup parlé de la liberté. du droit de chaque homme de faire ses choix en toute indépendance ; de croire ou non en Dieu ; d'être un honnête homme ou un salaud....je crois qu'il lui parlait de ce que l'on est et qu'on ne peut cesser d'être, parce qu'on ne peut jamais s'en libérer"

J'ai découvert Padura avec "Hérétiques", et je pense poursuivre la découverte de cet auteur.
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Très beau livre de l'écrivain cubain Leonardo Padura, déjà connu comme journaliste et auteur de romans, policiers (mais pas que... les livres de L. Padura sont bien plus que ça !), mettant en scène, en particulier, les enquêtes de Mario Conde, un flic désabusé aux intuitions fulgurantes, un homme qui fréquente le "Bar des désespérés", un ami et un amant très fidèle.
Ici, Mario Conde qui a démissionné depuis un certain temps de la police et exerce le métier plus qu'aléatoire de revendeur de livres anciens, traîne une terrible galère (la misère à Cuba, c'est quelque chose !) quand un homme vient lui proposer de faire des recherches pour lui ; cet homme s'appelle Elias Kaminsky, il est juif, peintre, et cherche à comprendre l'histoire d'un tableau dont lui avait parlé son père, Daniel Kaminsky, tableau qui était dans la famille depuis longtemps, avait disparu quelques dizaines d'années et vient de réapparaître lors d'une vente aux enchères à Londres. Cette toile signée Rembrandt, qui vaut une fortune, représente un jeune juif ou le Christ, sans doute une étude effectuée par le grand peintre pour sa toile "Les pélerins d'Emmaüs".

La famille Kaminsky était originaire de Cracovie, et un oncle de Daniel s'étant installé à Cuba dans les années 1930, le père du petit garçon l'a envoyé en avant garde ; les parents et la petite soeur de Daniel devaient le rejoindre rapidement mais en 1939 leur bateau - cet épisode de l'Histoire est incroyable et extrêmement bien raconté ! - chargé de plus de neuf cent juifs fuyant le nazisme fut refusé à Cuba, puis aux USA et au Canada... Daniel ne revit jamais sa famille, sauf l'oncle Joseph qui l'éleva du mieux qu'il put. le tableau lui, resta à Cuba, il avait sans doute été donné - mais à qui ? - pour monnayer le débarquement des Kaminsky...

Il y a trois grandes parties dans ce livre dense, humainement et historiquement passionnant : le "Livre de Daniel", les juifs à Cuba avant la révolution castriste donc avant 1959, le "Livre d'Elias", l'histoire d'un jeune juif séfarade initié à la peinture par Rembrandt dans les années 1640-1650, et enfin le "Livre de Judith" la recherche par Mario Conde d'une jeune fille "emo" à La Havane de nos jours ; avec comme fil rouge, le tableau de Rembrandt représentant sans doute le Christ.

Leonardo Padura a voulu, dans ces trois parties, mettre en valeur les "hérétiques", ceux "qui pourraient avoir la témérité de penser d'une façon différente de celle qu'avaient décrétée les puissants chefs de la communauté, détenteurs selon la tradition, des uniques interprétations admises de la Loi" (p 278) et d'une façon générale ceux qui s'éloignent des opinions communément admises ; comme Rembrandt : "Quand je me suis cru libre et que j'ai voulu peindre comme un artiste libre, j'ai rompu avec tout ce qui est considéré comme élégant et harmonieux, j'ai tué Rubens et j'ai lâché mes démons pour peindre "La compagnie du capitaine Cocq" ("La ronde de nuit") pour les murs du Kloveniers. Et j'ai reçu le juste châtiment pour mon hérésie : plus de commande de portraits collectifs, car le mien était un cri, une éructation, un crachat..." (p 310)

Beaucoup de très beaux passages dans ce récit, de ceux qui transportent et émeuvent pour longtemps le lecteur ; l'un des plus réussi : quand le jeune séfarade Elias Ambrosius veut devenir peintre, qu'il guette les portes et fenêtres du Maître (Rembrandt) et fait intervenir un de ses anciens professeurs pour l'approcher ; le jeune juif de dix-sept ans réussit à émouvoir le Maître qui l'engage comme serviteur pour qu'il puisse observer et se faire sa propre idée. Or les juifs n'avaient pas le droit de représenter des humains et des animaux mais le jeune Elias est prêt à encourir les foudres des rabins : "Je crois que je veux peindre uniquement parce que j'aime ça. Je ne sais pas si j'ai un don, mais si Dieu me l'a donné, c'est sûrement pour quelque chose. le reste dépend de ma volonté, qui est aussi un don de Dieu..." (p 271)

Leonardo Padura est un écrivain très doué pour reconstituer les atmosphères, que ce soit l'atelier de Rembrandt en 1640, un café cubain dans les années 80, ou la rue G de la Havanne de nos jours où traînent les jeunes gothiques, emo et rockeurs...

Par petites touches, il nous parle de la chaleur, humide, étouffante, difficile à supporter de l'îe de Cuba, et de la situation politique et sociale plus que catastrophique ; mais aussi de la judéité et de la liberté bien sûr !

Un gros bouquin passionnant, une érudition remarquable, de la très belle littérature !

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Mais quel livre etrange!
Après seulement un gros tiers du livre, je sens un truc bizarre. L'intrigue se calme, s'essouffle comme si cette histoire passionnante de tableau de Rembrandt, d'émigrés juifs et de cubains allait se terminer alors qu'il me reste plus de 400 pages à lire. Et effectivement, elle s'achève...
Puis arrive, une nouvelle partie qui s'appelle le Livre d'Elias. Je reviens aux premières pages et effectivement la première partie s'appelle Livre de Daniel, tout ça sonne très biblique pour un livre qui s'appelle Hérétiques.
Bref, la seconde partie n'a plus grand chose à voir avec la première et on se trouve plongé dans la Nouvelle Jérusalem (Amsterdam) au XVIIème siècle avec Rembrandt lui même et son apprenti. J'avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dans cette partie qui se révélera au final fascinante, très intéressante et qui répondra à pas mal de questions en suspens de la première partie.
Le dernier tiers est le Livre de Judith, c'est une enquête plus classique où l'on retrouve la plupart des personnages de la première partie qui cherchent à élucider la disparition d'une jeune fille. À la fin, les dernières zones d'ombre seront éclairées (on les voit quand même arriver à des kilomètres).

La Genèse qui sert de conclusion est l'occasion pour Leonardo Padura de mettre en avant une scène qu'il n'a pas du réussir à caser ailleurs. C'est le seul passage que j'ai trouvé vraiment artificiel. Dommage d'achever ainsi un si beau roman.
Le reste de ce livre malgré son découpage en 3 petits romans qui pourraient presque être lus indépendamment est d'une remarquable homogénéité. Il fait s'entrecroiser entre diverses époques une grande quantité d'hérétiques, chacun à leur façon, et qui entrent souvent en résonance, de par leur prénom, avec l'ancien Testament.

Leonardo Padura a mis plus de 3 ans à écrire ce livre et ça se comprend. Il a réalisé un remarquable travail d'historien et justifie dans une petite préface les petits écarts qu'il s'est permis dans une perspective romanesque.
En ce qui concerne l'écriture, je l'ai trouvé très fluide dans les parties contemporaines et plus dense dans les parties historiques tout en restant remarquable et très précise.
Pour faire bref, j'ai beaucoup aimé ce roman et ça m'a donné envie de m'intéresser à la bibliographie de Leonardo Padura et aux enquêtes précédentes de Mario Conde.
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J'ai été relativement déçue par ce livre. D'abord, j'avais bien aimé mes précédentes incursions dans l'univers de cet auteur. Ensuite, j'avais lu plusieurs coups de coeur de libraires qui m'avaient donné l'envie de me plonger dans cette brique. Et l'on sent bien tout au long de l'ouvrage que Padura Fuentes a mis tout son coeur pour faire une grande oeuvre.

Mais voilà, c'est long, trop long, sans le rythme qui habite ses autres livres. Et je me suis ennuyée souvent, me demandant quand cela allait démarrer, alors que, sur tout le livre, l'auteur a choisi un rythme de croisière là où j'aurais souhaité davantage de dynamisme.

Un bon livre, mais si vous passez à côté, je ne pense pas que vous ratiez une oeuvre incommensurable.
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Un tableau de Rembrant disparu. Et, voilà Mario Conde entraîné dans une histoire extraordinaire. Il va ainsi découvrir le milieu des juifs cubains exilés de l'Allemagne nazie, l'Amsterdam du 17ème siècle et avec la pathétique Judith, les jeunes cubains en dérive. Ce pourrait être trois histoires séparées. Mais, leur lien, ce sont des hérétiques, des personnes qui refusent de se plier à un monde qu'elles refusent, des personnes qui revendiquent leur liberté.
le roman de Padura, comme les précédents, baigne dans une atmosphère de gaieté, de chaleureuse amitié, de repas pantagruéliques chez El Flaco. Mais, sous ces apparences de légéreté, ce roman est un hymne à la liberté, un immense cri dans les rues de la Havane.
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Hérétique dans le dictionnaire français :
"Qui professe ou soutient une hérésie religieuse, par opposition à orthodoxe. Qui professe ou soutient des opinions contraires à celles qui sont généralement considérées comme vraies ou justes dans un groupe déterminé."
À Cuba, quand on dit qu'on peut être dans une situation : "hérétique", c'est alors une situation "très difficile, spécialement sur le plan politique ou économique".

Un essai de plus de six cents pages pour traiter de ce que certains nomment hérésie.
Trois époques, trois livres qui font appel à nos connaissances sur ce que furent ces périodes.

En 1939, 937 juifs ont été autorisés à émigrer par le gouvernement national socialiste allemand ... ils sont arrivés dans le port de la Havane (1) ... des histoires de Séfarades et d'Ashkénazes (2) ... des détails sur les rites de passage importants du judaïsme (3) ... une histoire d'amour filial qui défie la foi.

En 1643, nous débarquons à Amsterdam ... une cité hospitalière pour les juifs pourchassés du reste du monde ... nous fréquentons Rembrandt Harmenszoon van Rijn (4), Salom Italia (5) Ménasseh ben Israël (6) ... nous vivons la vie de ces gens ... le besoin de se réaliser au travers d'une oeuvre d'art qui défie la foi.
Des portraits d'hommes et de femmes qui ont traversés le temps et l'histoire ... jusqu'à ces années 1648 et 1649, où les cosaques déclenchèrent des pogromes atroces dans ce qu'on appelait la petite Russie .... Au cours de six mois, plus de cent mille Juifs avaient été tués ... (7)

En 2008, La Havane d'aujourd'hui avec ses bruits, ses odeurs, son peuple et ses essais ... alors la solution ? ... se rebeller au travers de détails vestimentaires, musicaux ou autres, une histoire de survie et de choix, ce qu'on choisit d'être ou de laisser voir aux autres.

Des rencontres avec Mario Conde qui nous délivre le message final destinés à tout ceux qui se sentent hérétiques sans trop comprendre pourquoi ... "il est possible que même Dieu soit mort, en supposant qu'Il ait existé, et si on a aussi la certitude que tant de messies sont finalement devenus des manipulateurs, tout ce qui te reste, la seule chose qui en réalité t'appartient, c'est ta liberté de choix."
À chacun de nous de choisir ce qu'on décide de faire de sa vie.

Un livre difficile, érudit nous demandant de plonger au fin fond de nos pensées et de notre morale bien loin d'une simple excursion dans le Cuba d'hier ou d'aujourd'hui.


(1)
La première implantation d'une communauté juive à Cuba date du XVIe siècle avec des Séfarades fuyant l'Inquisition. En 1902, une trentaine de familles juives sont installées à La Havane. Cette communauté fonde en 1904 la première association israélite de l'île, puis achète un cimetière pour le transformer en cimetière juif
Dans les années 1920, le Parti communiste de Cuba est créé par des juifs ashkénazes.
En 1939, le paquebot allemand, Saint Louis quitte le port de Hambourg pour rejoindre La Havane avec 937 passagers essentiellement juifs. La majorité fuient le régime nazi, d'autres viennent d'Europe de l'Est. Ils envisagent de rester à Cuba le temps d'obtenir un visa pour les États-Unis.

(2)
Séfarade, désigne les juifs originaires de la péninsule ibérique, les pauvres.
Ashkénaze, désigne les juifs d'Europe centrale et orientale, les riches.

(3)
La brit milah est un rite de passage du judaïsme réalisé par un péritomiste qui excise définitivement le prépuce du pénis, et découvre donc perpétuellement le gland. Il peut parfois aussi enlever tout ou partie du frein du pénis.
La Bar Mitzvah est le statut de majorité religieuse acquis par les jeunes garçons juifs à 13 ans. Pour les garçons, la Bar Mitzvah représente le moment où il compte comme une personne à part entière dans la constitution d'un groupe d'hommes permettant un office collectif, où il porte les accessoires de prière.

(4)
Rembrandt Harmenszoon van Rijn, habituellement désigné sous son seul prénom de Rembrandt, est généralement considéré comme l'un des plus grands peintres de l'histoire de la peinture baroque et l'un des plus importants peintres de l'école hollandaise du xvii siècle.

(5)
Salom ou Salomon Italia, ou D'Italia était un dessinateur, graveur et graveur italien également actif aux Pays-Bas. Il s'est spécialisé dans la représentation de sujets religieux, les portraits, les ornements et la calligraphie. En particulier, il a créé pour la communauté juive les décorations des rouleaux du Livre d'Esther.

(6)
Le 18 juillet 1290, le roi Édouard Ier promulgua un édit bannissant les Juifs de l'ensemble de l'Angleterre. Des petits groupes de Juifs demeurèrent secrètement dans le pays, échappant ainsi à la mort et à la torture sous l'Inquisition qui agissait en Espagne et au Portugal.
Ménasseh ben Israël fut un génie qui publia un ouvrage de défense de la Torah, fonda la première presse juive en Hollande, et se lia d'amitié et entretint une correspondance avec les plus grandes figures de l'époque, comme Rembrandt, la reine Christine de Suède et le philosophe politique Hugo Grotius.
Soucieux de fournir aux Juifs un refuge de l'antisémitisme qui faisait rage en Europe, Ménasseh ben Israël écrivit au Lord-protecteur d'Angleterre Oliver Cromwell en 1650, lui demandant de réadmettre les Juifs dans son pays.

(7)
Les événements de 1648 et 1649
par Nissan Mindel
L'histoire que nous allons vous raconter constitue l'un des chapitres les plus tragiques du deuxième Exil. C'est l'histoire des pogromes atroces que les Cosaques déclenchèrent sous le commandement de Chmielnicki (que son nom soit effacé) dans les années 5408 et 5409 (1648 et 1649).
Dans les steppes de l'Ukraine, les Cosaques féroces menaient leur vie nomade en selle sur leurs chevaux rapides et armés de leurs longues épées recourbées. Pendant de longues générations, ils avaient vécu de rapines, semant la terreur parmi leurs voisins, les Russes et les Turcs. Mais, au 17eme siècle, ils s'étaient retrouvés sous la suzeraineté de la Pologne qui contrôlait alors toute la partie méridionale de la Russie.
Sous le règne de l'empereur polonais Sigismond III, les Jésuites catholiques disposaient d'une puissante influence dans les affaires de l'État. Ils ne pouvaient supporter que les Cosaques ne fussent point catholiques, mais de foi orthodoxe (christianisme grec), et cherchaient par tous les moyens à les soumettre à l'Église catholique (romaine). Les féodaux polonais traitaient les Cosaques avec brutalité et leur imposaient des taxes très lourdes. Les Cosaques étaient considérés comme des serfs.
D'autre part, les seigneurs polonais se servaient surtout d'intendants et d'administrateurs juifs. Quoique les Juifs, aussi, aient eu beaucoup à souffrir de la part de ces roitelets, ils étaient nombreux à occuper des postes importants au titre de fermiers d'impôts et d'administrateurs. Pour comble, la situation politique était très tendue entre la Russie et la Pologne, de sorte que les Russes ne cessaient d'exciter les Cosaques contre leurs tyrans polonais.
Le duc (« hetman ») des Cosaques était Bogdan Chmielnicki, un Cosaque riche, cruel et hargneux, toujours ambitieux de puissance et de domination. Il possédait une belle expérience de la guerre et du pillage, pour avoir dirigé les Cosaques dans leur guerre d'escarmouches contre les Turcs.
Pendant un certain temps, il avait servi dans la garde personnelle de l'empereur Sigismond ; il avait pris part à la guerre contre les Turcs et avait été fait prisonnier en 1620. Après être resté deux ans à Constantinople, il s'était installé dans son propre fief à Subotowa, qui se trouvait sous la souveraineté du seigneur polonais Koniecpolski.
Celui-ci, jugeant que Chmielnicki était un cosaque capable et influent, lui confia la fonction de « scribe » dans l'armée cosaque qui se trouvait à son service.
Cependant, Chmielnicki n'arrêtait pas de tirer des plans et de fomenter des complots contre son souverain. le Juif Zacharias Sobilanski, un intendant du prince, s'en aperçut et informa son maître du danger. le prince ne fit pas long procès et attaqua le fief de Chmielnicki en l'absence du maître des lieux. Au cours de la bataille qui en résulta entre les Polonais et les Cosaques, le fils de Chmielnicki fut grièvement blessé et sa femme emmenée en captivité. Chmielnicki fut lui-même assez rapidement appréhendé, mais réussit à s'évader et à se réfugier à Zaporosze, chez les Cosaques, où il fut élevé à la dignité de « hetman » (duc). Chmielnicki fit serment de tirer vengeance du seigneur Koniecpolski ainsi que de tous les féodaux polonais, mais aussi, du Juif Sobilanski ainsi que de tous les Juifs, sans égard pour le fait que Sobilanski lui avait un jour sauvé la vie au cours d'un péril mortel et lui avait rendu de nombreux services par le passé.
Chmielnicki fit cause commune avec le Khan (roi tartare) de Crimée, s'engageant à lui livrer tous les prisonniers. À la tête d'une armée importante de Cosaques et de Tartares (ennemis mortels auparavant, et désormais unis par cette alliance dans une oeuvre commune de pillage et de massacre), Chmielnicki partit en guerre au printemps de l'an 5408 (1648).
La victoire lui sourit dès le début de la campagne et la révolte des Cosaques contre les magnats polonais fit tache d'huile. Les premières victimes tombèrent dans les villes et les bourgs entre Kiev et Poltava. Des multitudes tombèrent sur les champs de bataille, et d'autres partirent en captivité chez les Tartares qui les vendirent en esclavage. le roi polonais, Wladislaw, régent intègre qui avait fait beaucoup de bien aux Juifs, réunit une armée pour combattre Chmielnicki ; mais ce bon roi ne tarda pas de mourir, et sa mort affaiblit la résistance contre les Cosaques. Alors ceux-ci s'abattirent sur l'Ukraine ; des massacres atroces furent perpétrés en Volhynie et en Podolie. Il y avait, dans ces provinces, une forte minorité russe qui reçut les Cosaques à bras ouverts. Partout où ceux-ci réussirent à s'introduire, ils massacrèrent les Juifs avec une cruauté innommable et inhumaine.
Quelques jours avant Chavouot, de terribles massacres furent déclenchés en Ukraine, et de nombreux Juifs prirent la fuite en direction de Nemirov, une grande ville fortifiée où ils espéraient être en mesure d'opposer aux Cosaques une résistance efficace.
Mais la fête de Chavouot fut assombrie par la nouvelle de la mort de Wladislaw. le roi de Pologne avait cessé de vivre quelque part près de Vilna en Lituanie, à bien grande distance du théâtre de l'insurrection cosaque.
Les Juifs des villes Périyaslav, Piriatine, Lachwits, Lubni et d'autres, furent massacrés. Près d'un millier fut assassiné dans la cité de Polonia.
Entre temps, la population juive de Nemirow s'était accrue jusqu'à une dizaine de milliers. Il y avait, parmi eux, de nombreux fugitifs qui avaient vu de leurs propres yeux les massacres atroces que perpétraient les Cosaques. Bientôt, ceux-ci investirent la ville et tentèrent de la prendre d'assaut. Ils échouèrent en face de l'héroïque résistance juive. Se voyant incapables de prendre la ville de force, les Cosaques se retirèrent. Puis, ils revêtirent d'uniformes polonais une troupe de Cosaques, la munirent de la bannière polonaise et la dépêchèrent vers la ville avec mission de se faire passer pour une armée polonaise venue au secours de la cité dans son combat contre les Cosaques.
La ruse de guerre réussit. On laissa entrer les Cosaques dans la ville et, sur le champ, se déchaîna l'effroyable massacre de Nemirov où des milliers de Juifs tombèrent victimes de ces Cosaques sauvages et ivres de carnage. Ceci se produisit le 20 Sivan qui fut désigné par la suite en anniversaire de deuil pour tous les Juifs de Pologne et de Lituanie. le Gaon Rabbi Shabtaï Cohen, neveu du Gaon Rabbi Yekhiel Mikhel tué à Nemirov, rédigea les complaintes relatives à ce jour de jeûne. Rabbénou Yom-Tov Lipmann Heller en a aussi composé quelques-unes.
Le Gaon Rabbi Yekhiel Mikhel était le rabbin de la ville et le directeur de la yechiva. On disait qu'il était versé dans toute la Torah et dans toutes les sciences profanes. Quand il constata qu'il n'y avait plus d'espoir d'échapper aux Cosaques, il rassembla les Juifs de sa communauté et les exhorta à ne point racheter leur vie au prix de la conversion, selon l'alternative que les Cosaques leur avaient offerte. Dans la journée du Chabbat, ils se réunirent au cimetière où ils tombèrent martyrs pour sanctifier D.ieu.
À Ostropoli, le rabbin, Rabbi Samson, réunit trois cents Juifs de sa communauté et les exhorta à accepter le martyre. Ils revêtirent le costume mortuaire et attendirent courageusement leurs bourreaux au cimetière où ils trouvèrent la mort.
Dans la ville de Toultchine, les Polonais envoyèrent des émissaires aux Cosaques avec l'offre de leur livrer la cité avec ses habitants juifs à condition d'obtenir la vie sauve pour eux-mêmes. Les Cosaques firent semblant d'accepter cet accord, mais dès qu'ils eurent achevé le massacre des Juifs, ils se jetèrent aussi sur les Polonais qu'ils massacrèrent à leur tour. Cela apprit aux Polonais de ne plus jamais essayer de se sauver en livrant les Juifs à leur place. le massacre de Toultchine se produisit un vendredi, le 6 Tammouz.
Pendant que Chmielnicki et son armée s'occupaient du front ouest, d'autres troupes de Cosaques s'attaquaient au nord et détruisaient l'une après l'autre, les communautés juives de Wladimir, Kowel, Brest, Pinsk et Homel.
C'était une chance que de tomber entre les mains des Tartares. On était vendu en esclavage chez les Turcs, mais bientôt racheté par les frères juifs de Turquie.
Au cours de cette lutte contre les Cosaques, un seigneur polonais, Wyszniewicki, se distingua en livrant bataille à la tête de ses propres troupes. Il reprit Nemirov avec d'autres villes et régla leur compte aux assassins cosaques. Mais, ne recevant aucune aide de l'état-major polonais, il dut faire sonner la retraite. Son initiative sauva la vie à un grand nombre de Juifs.
Entre temps, Chmielnicki avait atteint Lemberg et investi la ville. Il promit d'épargner la cité si on lui livrait les Juifs. Mais, cette fois-ci, la ruse échoua. le Conseil Municipal lui répondit que les Juifs étaient propriété du roi et qu'ils prenaient part à la défense de la ville au même titre que les Polonais. Finalement, Chmielnicki se contenta de réclamer une rançon, qui lui fut versée surtout grâce à l'effort des Juifs, et il leva le siège.
Puis il marcha sur Varsovie. Mais, entre temps, le roi Jean Casimir (frère de Wladimir) était monté sur le trône de Pologne. Il conclut avec Chmielnicki une trêve qui fut observée pendant un an et quelques mois.
En l'an 5411 (1651), Chmielnicki rompit la trêve et envahit de nouveau la Pologne, tuant et pillant. Mais il avait perdu de sa force. Par surcroît, l'armée polonaise jouissait désormais d'une meilleure organisation. Dans son sein, il s'était constitué un bataillon juif qui sut se battre avec un courage extrême. Les Tartares, enfin, avaient quitté l'alliance cosaque. Ainsi, les armées polonaises remportèrent une victoire définitive. Chmielnicki fut fait prisonnier, mais on le libéra rapidement. Il fit encore, par la suite, des tentatives pour conclure une alliance avec les Russes, et ne cessa jamais de causer des ennuis aux Juifs, jusqu'à ce que la mort vint mettre fin à sa carrière.
Les malheurs de 5408 et de 5409 ont laissé un souvenir de terreur parmi les Juifs. Au cours de six mois, plus de cent mille Juifs avaient été tués. Un petit nombre de Juifs s'était sauvé la vie en faisant semblant de se convertir au christianisme orthodoxe (grec) ; mais le roi Jean Casimir les autorisa par la suite à revenir à la foi juive, et tous s'empressèrent de le faire.
Les Juifs avaient fait preuve d'un grand héroïsme en se livrant à la mort pour la Torah et pour le Judaïsme. C'est avec les mots du « Chema Israël » sur les lèvres qu'ils avaient marché avec courage vers la mort.
Mais il fallut ensuite de très nombreuses années avant que les Juifs de ces pays ne retrouvent leur équilibre.
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Magistral ! Quel voyage à travers le temps et l'espace ! D'Amsterdam en 1643 à Cuba en 2008, une enquête de Conde qui nous amène à réfléchir sur le libre arbitre et la Création,nous parle des persécutions dont ont été victimes les Juifs au nom de la foi, nous parle de la situation cubaine en 2008 et de la corruption... Un récit prodigieux !
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C'était la 1ère fois que je lisais un livre écrit par un auteur cubain et cela m'a intéressée d'en savoir un peu plus sur ce pays que je ne connais pas. Et ce d'autant plus que les relations avec son voisin US sont en pleine évolution.

Il m'a fallu du temps pour en parcourir les 600 pages construites en 3 parties :
* la Havane de nos jours et durant la seconde guerre mondiale,
* Amsterdam dans les années 1640,
* à nouveau la Havane de nos jours par le biais de sa jeunesse désabusée.

Au départ, j'avais l'impression que l'auteur nous invitait à découvrir une partie de l'histoire et de la religion juive. Rapidement, il nous entraîne dans une véritable réflexion sur notre liberté de choisir notre vie, la manière dont on la vit, le goût ou le dégoût de la vie, nos valeurs...
J'en ai recopié de nombreux passages car ils font largement échos chez moi. J'ai l'impression que c'est un livre qui me marquera longtemps. de nombreuses citations seront source d'inspiration et m'apporteront du réconfort. Je suis certaine d'y avoir recours à un moment ou à un autre de ma vie.

A certains moments, notamment tout ce qui avait trait au St Louis, j'ai consulté internet pour aller plus loin. Je vais faire de même pour Rembrandt.

Très bon moment de lecture très instructif mais pas seulement.
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