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sur 5676 notes
S'agissant de la littérature provençale, je serais plutôt plus proche aujourd'hui de celle de Jean Giono que de celle de Marcel Pagnol. Les deux hommes, de la même génération, se sont d'ailleurs connus et n'étaient pas franchement des amis, même s'ils ont parfois collaboré sur certaines productions. Je ne sais pas trop ce qui les opposait. Selon René Frégni avec lequel j'avais abordé ce sujet, il expliquait que cela tenait aux territoires respectifs qui rattachaient chacun des écrivains, Marcel Pagnol plus au sud du côté d'Aubagne et de Marseille et Jean Giono plus au nord du côté de Manosque, des terres peut-être plus hostiles que celles inondées par le soleil marseillais.
Et puis Jean Giono écrit des histoires sombres dignes parfois de tragédies antiques, Marcel Pagnol nous raconte ici des récits d'enfance heureuse, même si L'Eau des collines est aussi un conte tragique et très poignant, même si son écriture théâtrale qui l'a révélé va chercher aussi des personnages complexes, ambigus.
J'ai découvert La Gloire de mon père sur les bancs de l'école. Je l'ai relu tout récemment. J'y ai retrouvé la même saveur, avec peut-être quelque chose en plus, avec l'âge. Quand je l'ai lu pour la première fois, j'avais l'âge de Marcel dans le récit, ou pas loin. Maintenant, je suis même plus âgé que le père de Marcel. Terrible ? Mais non, j'ai l'impression encore d'être un gamin qui court dans les bois lorsque je lis ce genre de récit empli de respirations et d'odeurs.
La Gloire de mon père, pour moi c'est le sud éloigné, aux azimuts de chez moi, là-bas ce sud est une terre inconnue, différente de ma Bretagne, avec des odeurs et parfums différents, l'odeur du thym et de la sarriette, le bruit des cigales, des oliviers qui poussent partout, sans oublier le mistral et l'accent. Cela n'enlève rien à la beauté des parfums d'ici, la mer, les embruns, le large...
La Gloire de mon père, c'est l'enfance d'un petit garçon fier des aventures, - pour ne pas dire des épopées, cynégétiques de son père à la recherche éperdues des bartavelles. C'est une terre, Garlaban, une terre faite de collines, d'oiseaux, de ruisseaux perdus et de nostalgies.
La Gloire de mon père, ce sont les dictées à l'école primaire. C'est la craie blanche sur le tableau, qui laissait des traces sur nos doigts, c'est l'encre que l'instituteur versait dans ces petits encriers en porcelaine à gauche de nos bureaux en bois, on avait aussi des traces d'encre sur les doigts à la fin de la journée, c'est le jeudi qui se transforma en mercredi, je m'en souviens encore...
Et puis, La Gloire de mon père, ce sont des personnages attachants tels que Joseph le père fier et maladroit, Augustine la mère timide et touchante, l'oncle Jules qui en fait des tonnes. On a tout cela en général dans nos propres familles, n'est-ce pas... ?
La Gloire de mon père me rappelle le meilleur de mon enfance, les joies de courir dans la nature avec un père comme seul complice. Je me souviens comme cela d'anecdotes, mon père ne travaillait pas le lundi, pendant que j'étais à l'école il profitait de ce temps pour courir dans les bois, curieux de tout. Et le dimanche suivant il m'entraînait sur des lieux inédits découverts par ses pas, ses yeux, son regard, un château, une maison abandonnée au fond d'une vallée, un coin à châtaignes. À l'époque, déjà les associations de chasse libéraient quinze jours avant l'ouverture de la chasse des faisans qui ne savaient pas voler pour les offrir plus facilement aux fusils. Un oiseau qui a toujours été en captivité vole moins vite qu'un oiseau qui a toujours été libre. Les chasseurs préfèrent la première catégorie, ils ont ainsi l'impression d'être plus plus forts. Je préfère la pratique du père de Marcel qui chassait en dehors de ces règles stupides et pouvait ainsi exprimer avec maladresse tous ces talents de chasseur.
Mon père avait repéré cette pratique idiote qui perdure encore, m'avait invité alors à un sport que je n'oublierais jamais, courir après ces faisans qui ne couraient guère plus vite que nous, capturer des femelles qui nous composeraient un futur poulailler et nous fourniraient des oeufs pour le petit déjeuner. Merci les chasseurs que nous n'aimions pas mais si généreux par leur bêtise ! C'était si jubilatoire de leur faire un gros bras d'honneur de cette manière ! Mon père avait aussi réussi à capturer un mâle. Nous avions déjà dans le jardin une petite poule domestiquée qui se chargea de couver les oeufs fécondés car les faisanes en captivité ne s'occupent plus de la couvée. C'est beau l'adoption. Je n'avais pas compris, l'enfant naïf que j'étais, que derrière cette intention merveilleuse, il y avait aussi l'idée que les belles progénitures finissent dans nos assiettes. Aïe ! J'en ai pleuré, je me souviens de mon chagrin mêlé de colère, car je m'étais attaché à ces animaux, je les nourrissais le matin avant de partir à l'école. La gloire que j'éprouvais jusque-là pour mon père prit alors un sacré coup dans l'aile. La Gloire de mon père, c'est cela aussi. Je suis peut-être devenu végétarien en me souvenant de cette histoire d'enfance fondatrice pour moi.
Dans la Gloire de mon père, j'ai retrouvé cette part d'enfance que Marcel Pagnol a su restituer avec mélancolie et poésie. La délicatesse de la narration peut nous ramener à des souvenirs beaux et peut-être touchants, voire déchirants.
Il y a dans ce texte la force d'un été dont la lumière peut éblouir à jamais la mémoire de l'enfant que je fus, cet enfant devenu adulte parfois malgré lui.
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Un chef-d'oeuvre. Ce livre ce n'est que bonheur et poésie. C'est sublime. Un très grand classique qui doit absolument être lu.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Le récit débute avec la naissance de l'auteur en février 1895 à Aubagne, puis raconte son enfance marseillaise, ses premières années d'école primaire, les vacances familiales au village de la Treille à l'été 1904, et il prend fin sur l'exploit de son père au cours d'une partie de chasse dans les collines du massif du Garlaban. Avant le récit il y a un remarquable prologue sur le statut et la position de l'auteur selon qu'il s'agit de poésie, de théâtre ou de prose, ainsi que sur le statut du narrateur dans une autobiographie. Puis le récit commence, d'une écriture simple, avec un ton très nature, cela fleure bon la Provence (on entend les cigales, on sent la garrigue), mais sans outrance. Quand à l'époque, elle se sent surtout par le personnage du père, instituteur à l'ancienne, auquel Pagnol rend un très bel hommage. Ce père, le lecteur se le représente très bien, avec ses qualités et aussi ses défauts, vites pardonnés. L'auteur nous tient en haleine avec l'aventure de Marcel qui se perd dans le massif du Garlaban sans eau et avec toute l'inconscience de son âge. Il y a la nostalgie de l'enfance, mais surtout la nostalgie d'une époque où, si près de Marseille on pouvait trouver une bâtisse en pleine nature, où l'été on pouvait parcourir les massifs si souvent fermés maintenant en raison des risques d'incendie, d'une époque où les enfants inventaient des jeux avec un rien. Cette nostalgie-là n'a pas besoin de remonter à si loin et elle est sensible pour beaucoup de lecteurs. Un des plus beaux récits autobiographiques sur l'enfance et les relations entre un fils et son père !
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Depuis le temps! depuis le temps que je voulais découvrir les souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol et commencer bien sur par La Gloire de mon père ... Mais voilà il y avait eu LE FILM d'Yves Robert.. 30 ans après et oui déjà 30 ans! j'ai enfin ouvert le livre et il m'a fallu quelques pages pour que les images du film laissent la place à des ressentis personnels et là la magie de Pagnol a opéré, toute en douceur, toute en nostalgie et ...
Pas besoin de résumer , bien d'autres avis le font fort bien , non juste l'envie de vous attirer et de vous convier à passer quelques heures à La Bastide-neuve en la compagnie des Pagnol...
Un livre que je referme avec un brin de nostalgie, un livre à lire ou relire, un livre qui fait chaud au coeur .
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Tranche de vie autobiographique, Marcel Pagnol nous raconte avec des yeux d'enfant sa découverte de la campagne aux alentours De Marseille alors qu'il avait huit ans. C'était l'époque du tramway et des voitures à bras, et il fallait marcher longtemps pour atteindre la bastide. Pagnol nous offre une vision bucolique idéalisée aux côtés de son petit frère Paul, son père Joseph instituteur qui suit rigoureusement les préceptes de l'école républicaine laïque, sa mère Augustine qu'il chérit plus que tout, sa tante Rose et son oncle Jules.

Pagnol nous emmène dans sa Provence, celles des années 1900. le livre sent bon le thym, la garrigue et le romarin dans une atmosphère insouciante de jeux et de découvertes.

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Les langues régionales ont une saveur particulière. Une poésie populaire où chaque phrase exprimée est un feu d'artifices de sons et d'images qui en dit long sur la région dans laquelle cette langue est parlée. Ainsi, en wallon, quand vous dites “C'èst todi lès p'tits qu'on språtche !” vous ne dites pas exactement la même chose que “C'est toujours les petits qu'on écrase” car vous vous trouvez dans une certaine région, à une certaine époque, dans un contexte particulier. Ces menus détails tendent à s'effacer lorsqu' ils sont transposés dans ce que l'on appelle le bon français.

En commençant la lecture de la gloire de mon père (1) j'espérais retrouver une certaine oralité du provençal, me rappelant les quelques-mois passés au pied du Lubéron accompagné de cet accent chantant et de ces expressions toutes plus savoureuses les unes que les autres. Ai-je trouvé ce que je cherchais à travers ce livre ? Analyse.

Avant d'être l'écrivain que l'on connaît, Marcel Pagnol fut tout autant un dramaturge et un producteur de renom. On ne compte plus ses succès dont la trilogie des pièces de théâtre sobrement appelée Trilogie marseillaise (avec les personnages de Marius, Fanny et César). En 1957, l'auteur délaisse le cinéma et le théâtre pour se consacrer à l'écriture d'une tétralogie de romans autobiographiques sur ses souvenirs d'enfance dans les collines autour d'Aubagne. La gloire de mon père est le premier tome de cette série.

Tout s'articule autour des aventures de Marcel, enfant qui découvre petit à petit le monde qui l'entoure, c'est à dire tout d'abord celui du cercle familial représenté, entre autre, par son père, Joseph, un instituteur anti-clérical et Augustine la mère discrète mais on ne peut plus aimante :

“ Je n'ai jamais su comment ils s'étaient connus, car on ne parlait pas de ces choses-là à la maison. D'autre part, je ne leur ai jamais rien demandé à ce sujet, car je n'imaginais ni leur jeunesse ni leur enfance. Ils étaient mon père et ma mère, de toute éternité, et pour toujours. L'âge de mon père, c'était vingt-cinq ans de plus que moi, et ça n'a jamais changé. L'âge d'Augustine, c'était le mien, parce que ma mère, c'était moi, et je pensais, dans mon enfance, que nous étions nés le même jour. “

L'écriture de Marcel Pagnol est simple et va droit au coeur. Elle nous fait sentir qu'il s'agit bien d'un enfant qui se fait le narrateur de sa vie. Mais c'est aussi un langage qui est celui d'une petite tête blonde qui s'intéresse très tôt à la langue française au point de s'asseoir à la table des “grands” pour y noter les mots compliqués et demander, ensuite, des explications. On sent au fil des pages que la relation père-fils, et surtout la transmission du savoir aura été au coeur de l'enfance de Pagnol.

Et puis, au sujet de la relation parent-enfant, le livre n'élude pas les premières déceptions de l'enfant lorsqu'il découvre que les adultes mentent et que son père n'est pas le surhomme qu'il avait tant imaginé. Comme cette scène où l'oncle Jules explique, au père de Marcel, comment chasser :

“ L'oncle Jules avait parlé toute la soirée en savant et en professeur, tandis que mon père, lui qui était examinateur au certificat d'études, l'avait écouté d'un air attentif, d'un air ignare, comme un élève.
J'en étais honteux et humilié.
[...]

– S'il ne tue rien, eh bien moi, ça me dégoutera. Oui ça me dégoutera. Et moi je ne l'aimerai plus.
J'avais une envie de pleurer, que j'étouffais d'une tartine. Ma mère le vit bien, et elle vint m'embrasser.
– Tu as un peu raison, me dit-elle. C'est bien vrai qu'au commencement, papa sera moins fort que l'oncle Jules. Mais au bout d'une semaine, il sera aussi adroit que lui, et dans quinze jours, tu verras que c'est lui qui donnera des conseils !

Elle ne mentait pas pour me rassurer. Elle avait confiance. Elle était sûre de son Joseph. Mais moi, j'étais dévoré d'inquiétude, comme le seraient les enfants de notre vénéré président de la République, s'il leur confiait son intention de s'engager dans le tour de France cycliste.“

Ce roman autobiographique est aussi l'occasion de surligner le plaisir de la découverte dans les collines provençales. Marcel et son petit frère découvre la faune et la flore à travers leurs sens. Ils jouent, hument, expérimentent, écoutent, voient, découvrent et apprennent à même la terre. Il y a évidemment la fameuse chasse à la bartavelle qui donne au récit son côté aventureux mais aussi une série d'anecdotes qui sentent bon le Sud de la France du début du XXème siècle. le tout au rythme des mots provençaux qui s'enchainent les uns après les autres, comme une galéjade (plaisanterie), un pitchounet (petit enfant) ou encore parpeléger (battre des paupières) !
Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Pagnol, c'est toute mon adolescence. Je me revois enchaîner cette série de 4 livres au point de ne pas lever les yeux de mon livre pour profiter du magnifique paysage du Vercors.

Encore une fois, je me replonge dans ce 1er tome des souvenirs et encore une fois, je reste plongée dans la plume de Pagnol.

Ce qui me touche dans cette relecture, à présent que je suis maman, c'est cette fierté que Marcel ressent pour son père au point de l'excuser de certains travers : se laisser avoir par un brocanteur, faire preuve de vanité en paradant dans le village avec ses trophées. Mais aussi, l'amour pour sa mère, son regard protecteur malgré ses 12 ans.

J'ai été enchantée de retrouver cette plume chantante, comme l'accent marseillais, de magnifiques descriptions de la garrigue et cet amour indéfectible pour ses parents.
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Splendide premier opus de Souvenirs d'enfance de Pagnol. Par ces mots, nous voyons le ciel bleu de Provence, le soleil qui tape, le bruits des cigales, l'odeur de thym et autres herbes aromatiques. Pagnon est un grand conteur : de ses mémoires d'enfant, il nous livre une grande oeuvre. Il nous replonge dans notre enfance, habitée par les Indiens, l'admiration pour notre père et les histoires que nous nous inventons. Pagnol se lit bien, et très rapidement. Les pages se tournent, sans même s'en même s'en rendre compte. Il m'avait fait une forte impression avec Jean de Florette et Manon des Sources... et cette fois encore, Pagnol m'a enrobé tendrement. Je garderai un très bon souvenir de ce livre.
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« La gloire de mon père », « le château de ma mère », « le temps des secrets » : la trilogie de l'enfance de Marcel Pagnol… « le temps des amours », inachevé viendra plus tard (1977)… Nombreux sont ceux, comme moi qui ont découvert les deux premiers par leur adaptation remarquable au cinéma par Yves Robert en 1990 ; mais quel régal de reprendre le texte originel de 1957. Ça chante comme les cigales, ça sent le romarin, et j'en passe…

C'est toujours un grand plaisir pour moi – et j'en suis sûr pour beaucoup d'autres – de me replonger dans tout ce qui touche de près ou de loin à Marcel Pagnol.

Paru en 1957, ce premier tome de souvenirs d'enfance constitue une vraie mine d'or pour les amateurs de l'auteur de « Marius/Fanny/César » en même temps qu'un éloge de la Provence.
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Grande néophyte de Pagnol, je n'ai vu que Manon des Sources et n'avais jamais rien lu.

J'ai donc découvert ce court roman dans lequel Marcel Pagnol nous raconte son premier été à Bastide-Neuve et ses grandes vacances exceptionnelles.

Une histoire qu'on a déjà l'impression de connaître, et pourtant: à lire! C'est frais, ça sent bon la Provence et nos propres souvenirs d'enfance!
Ca fait du bien!
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