Chuck Palahniuk aime la déviation - et non la déviance -, le chemin de traverse, l'idée de frontière mouvante, sous toutes ses formes.
Ici, dans ce Festival de la couille, titre français racoleur qui démontre à quel point on n'a pas su quoi faire avec ce bouquin, Chuck, en 23 histoires vraies plus étranges que la fiction (le titre original, Stranger than fiction), nous parle de cette normalité recluse dans les états de l'Amérique profonde, qui paraîtra à nous, la masse informe de la bienpensance, complètement frappée au coin du mur.
Une espèce de partouze à ciel ouvert, des batailles de moissonneuses-batteuses, des constructeurs de châteaux, des entretiens avec Juliette Lewis et
Marilyn Manson, un retour sur les coulisses de l'écriture de
Fight Club et sa récupération cinématographique. Toutes ces nouvelles, plutôt des articles de journaliste, très inégales, créent une passerelle entre fiction et réalité, entre le vrai et la création artistique.
Alors oui, parfois, même si l'on comprend le motif, certaines histoires sont vraiment chiantes à lire. Mais l'humour et la tendresse de l'auteur, discrètement, viennent teinter le récit, et rendre attachants d'une certaine manière, pas très loin de l'univers de
Tim Burton, ces freaks qui nous sont bien plus proches que ce que l'on croit.
Malade de l'écriture,
Palahniuk ne livre certainement pas un ouvrage majeur avec ce Stranger than Fiction, mais propose une réflexion intéressante sur son travail, et sur le reflet d'une Amérique toujours étonnante.