Ce tome contient les épisodes 169 à 174, parus en 2012 ; tous les épisodes sont écrits par
Jeff Parker. Il fait suite à The great escape (épisodes 163.1, et 163 à 168).
Épisodes 169 & 170 (dessins de Kev Walker, encrage de Terry Pallot) - Les Thunderbolts continuent de dériver dans le temps et dans l'espace. L'équipe se compose de Moonstone (Karla Sofen), Fixer (Paul Norbert Ebersol), Centurius (Noah Black), Boomerang (Fred Myers), Satana (elle-même), Mister Hyde (Calcin Zabo), Troll (Gunna Siqurvald) et Ghost. Ils atterrissent cette fois-ci dans les bois entourant Camelot. Ils se frottent au Black Knight (Sir Percy of Scandia) et à Merlin. Épisode 171 (dessins de Kev Walker, encrage de Terry Pallot) - Melissa Gold (Songbird) bénéficie d'une semaine de vacances en Polynésie française, et elle s'offre même un petit voyage en bateau jusqu'à Tetiaroa.
Épisodes 172 à 174 (dessins et encrage de
Declan Shalvey) - À nouveau en goguette dans le temps et l'espace, l'équipe des Thunderbolts arrive à New York juste après la disparition des superhéros à l'occasion de Onslaught. Heureusement une toute nouvelle équipe est là pour intervenir et protéger la population innocente : l'équipe originelle des Thunderbolts (Citizen V, Atlas, Techno, Mach-1, Meteorite, et Songbird).
Le principe des superhéros qui voyagent dans le temps est souvent utilisé par un scénariste en mal d'inspiration pour alimenter facilement son intrigue par des rencontres insipides et superficielles avec des personnages sur lesquels il n'a fait aucune recherche.
Jeff Parker a trouvé le bon dosage pour rendre la première étape intéressante, dynamique et distrayante. D'un coté les Thunderbolts ont un objectif bien établi : rentrer au vingt-et-unième siècle. de l'autre, il s'agit essentiellement d'individus qui ne s'embarrassent pas sur la nature des moyens à utiliser : Troll part à la chasse dans les bois, Boomerang s'approprie l'épée d'ébène de Sir Percy. En face, Arthur Pendragon fait une courte apparition, Black Knight offre une bouffée discrète de nostalgie aux lecteurs les plus mordus de l'univers partagé Marvel (quelques épisodes écrits en 1955 par
Stan Lee, et quelques apparitions auprès de Dane
Whitman). Il faut compter sur un autre personnage de la mythologie arthurienne pour percevoir les vrais dangers causés par la présence des Thunderbolts à cette époque, et agir en conséquence (pas forcément de manière chevaleresque). Avec l'épisode 171, Parker change de ton pour des vacances paradisiaques qui prennent un goût de film d'horreur aux scènes choc affadies pour s'accommoder à la sauce superhéros, mais délicieusement dérivatif.
Ces 3 épisodes bénéficient d'une mise en images imprégnée elle aussi d'un second degré aussi discret qu'irrésistible. Dès la deuxième page, le casque de Troll provoque un sourire. Il s'agit d'un énorme masque revêtu de fourrure avec des oreilles qui font penser à celles d'un lapin. D'un coté, cet accoutrement est entièrement justifié (il donne une apparence plus massive à Gunna), de l'autre son décalage apporte une touche d'humour visuel. Sur chaque page, le lecteur pourra admirer une idée visuelle sympathique qui va au-delà de la simple illustration des actions ou des dialogues : une moue expressive de Satana, les costumes d'époque des Thunderbolts projetés par la magie de Satana, les créatures peuplant la prison, Mister Hyde s'élançant dans la cours du château, la chevelure de Songbird, Melissa en James Bond Girl sur la plage de Tetiaroa (Ursula Andress dans James Bond contre Dr. No), les taches de sang sur la blouse de Lemuel Lorcas, etc.. Ses images sont rehaussées par la mise en couleurs de Frank Martin junior qui souligne les effets d'éclairage, qui utilise des couleurs riches pour aller dans le sens dérivatifs, tout en composant des ambiances harmonieuses spécifiques à chaque scène.
Le style de
Declan Shalvey est beaucoup moins riche et plaisant, plus descriptif au premier degré, avec un aspect de dessin rapide qui contraste trop fortement avec le style de Walker & Pallot. Ce changement correspond aussi à la fausse bonne idée du tome : mettre face à face les 2 équipes de Thunderbolts (l'actuelle et l'originale). En soi le principe n'est pas plus mauvais que celui du voyage dans le temps, et
Jeff Parker va jusqu'au bout de cette rencontre en se faisant s'affronter les 2 équipes. Malheureusement ce combat est basique et mal orchestré : chaque combattant en choisit un autre dans le camp adverse et ils se tapent dessus. Et puis Parker se reprend et emmène son intrigue sur le thème de "un même individu ne peut pas exister sous 2 formes différentes à une même époque", par exemple Karla Sofen actuelle et Karla Sofen du futur qui se rencontrent et se parlent. Parker fonce dans le temps, prend le taureau (et les paradoxes temporels) par les cornes et s'amuse comme un petit fou. Les dessins font leur office et permettent de suivre visuellement les situations.
Avec ces 2 sauts dans le temps (et dans l'espace),
Jeff Parker s'offre une liberté de manoeuvre dans son scénario dont il tire le meilleur parti pour les 2 tiers du récit, mariant inventivité, utilisation intelligente de ressorts narratifs conduisant d'habitude à des histoires illogiques, et petite touche de second degré discrète. Il bénéficie pour les 3 premiers épisodes d'illustrations en totale cohérence avec son récit, elles deviennent plus fonctionnelles dans la deuxième partie.