AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 277 notes
5
17 avis
4
17 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avais commencé par regarder, il y a déjà quelques temps, les conférences en ligne de Michel Pastoureau sur les couleurs à l'auditorium du Louvre. Et c'est parce qu'elles m'ont captivées que j'ai entrepris de lire les ouvrages de celui-ci sur le même thème, à commencer par « Bleu ».

Je noterai tout d'abord deux choses. D'une part, le livre en question est lui-même très intéressant et accessible, mais cependant moins grand public que les conférences ; bien qu'assez court, il réclame une attention assez soutenue. D'autre part, il est beaucoup moins axé sur l'histoire de l'art. Ce qui est bien normal, étant donné qu'il s'agit avant tout d'un travail d'historien.

Michel Pastoureau nous livre donc un état de ses travaux sur l'histoire de la couleur bleue dans les sociétés occidentales. Il nous expose comment elle est perçue depuis l'Antiquité, comment elle a envahi le devant de la scène, comment on a plus ou moins maîtrisé son emploi en teinturerie ou en peinture, mais aussi comment son histoire est liée à la religion, à l'économie, à la politique. Mais au-delà du bleu proprement dit, c'est toute l'histoire du rapport de nos sociétés aux différentes couleurs qui est abordée, puisqu'on ne peut, comme le rappelle l'auteur, étudier l'une sans se pencher sur les autres (et même si les autres couleurs font ou feront l'objet d'études spécifiques).

C'est aussi en partie une histoire de la France en creux : l'histoire du drapeau national et donc de la Révolution française y sont largement abordées ; notamment l'hypothèse qui avance que, si le drapeau du Royaume-Uni n'avait pas été bleu, blanc, rouge, le nôtre ne le serait pas non plus (je vous laisse découvrir comment Michel Pastoureau en arrive à cette conclusion). Mais le livre traite de bien d'autres sujets. Il est question de religion et de chromophobie, d'héraldique, d'optique et d'économie. On y parle de blues et de blue jean... Et, d'ailleurs, une bonne part du livre est consacrée à la teinturerie et à l'histoire du vêtement, ce qui est d'autant plus intéressant que le sujet est encore peu étudié, et peu présenté au grand public.

Quelques bémols cependant. Il m'a semblé que les raisons pour lesquelles le bleu était devenu la couleur de la Vierge et du roi au Moyen-âge étaient un peu trop survolées, et, sur ces sujets, je reste sur ma faim. Je regrette ensuite les quelques répétitions, qui sont pratiquement des copier-coller d'un chapitre à l'autre (voire dans le même chapitre), notamment sur la guède et l'indigo. Je ne risque pas d'oublier que les Romains croyaient que l'indigo était d'origine minérale parce que celui-ci arrivait d'Orient sous forme de blocs compacts (c'est dit au moins quatre ou cinq fois) !

J'ajoute pour terminer qu'il existe deux éditions de cet ouvrage, l'un avec illustrations, l'autre en format poche et sans illustrations. La seconde version se lit très bien. Chacun pourra ensuite aller à la pêche aux images si le besoin d'aller plus loin se fait ressentir.

Lien : http://musardises-en-depit-d..
Commenter  J’apprécie          536
Après avoir lu ce livre, vous ne verrez plus la couleur "bleu" de la même façon. L'histoire du "bleu" nous est contée, depuis sa mauvaise renommée pendant l'Antiquité et le haut Moyen-âge en occident, jusqu'à sa promotion au rang de la couleur préférée du monde occidental de nos jours.

Promotion théologique avec la vierge Marie, héraldique avec l'art des blasons, royale et aristocratique.
Le bleu va aussi évoluer avec les progrès des teintures, de la culture de la guède à celle de l'indigo asiatique ou d'Amérique.
De couleur sombre et barbare, le bleu passe à une couleur neutre, pacifique, calme, qui ne fait pas de vagues.
Il évoque le rêve, le romantisme, la poésie, la sagesse. Il sécurise, il rassemble.

Ce livre est étonnant, car on ne croirait pas qu'une couleur pourrait nous dire tant de choses sur notre histoire, sur l'évolution de notre perception au fil du temps, notre imagination, nos sentiments.

" Froid comme nos sociétés occidentales contemporaines dont le bleu est à la fois l'emblème, le symbole et la couleur préférée."
Le bleu à une belle histoire à vous raconter...Laissez-vous glisser sur la vague du bleu...
Commenter  J’apprécie          390
Un essai intéressant de Michel Pastoureau qui propose de raconter l'histoire d'une couleur, ici le bleu. Il est passionnant de voir son vécu, les modes qui l'ont propulsé en avant et qui en ont fait une couleur vestimentaire répandue, une couleur très appréciée chez les gens mais aussi les symboles et représentations qui s'y attachent. Puisque le bleu fait sérieux, neutre, au contraire de couleurs ou mélange de couleurs rayées plus voyantes qui à une autre époque « sont jugés indignes d'un bon chrétien ».

Le bleu fait une entrée tapageuse là où le code des couleurs était clairement établi entre noir blanc et rouge, il devient « de plus en plus fréquemment associé par les textes littéraires à l'idée de joie, d'amour, de loyauté, de paix et de réconfort, le bleu devient à la fin du Moyen Âge, pour certains auteurs, la plus belle et la plus noble des couleurs ».

L'auteur nous explique même la fabrication de cette couleur à partir de la guède où les régions la produisant font fortune (Toulouse ou Erfurt) grâce à elle jusqu'à l'autorisation de l'utilisation du bleu indigo.

Revisiter l'histoire d'une couleur permet d'en apprendre sur l'histoire de régions, de pays ou villes plus en détails et de s'attarder sur certaines anecdotes, des routines ou coutumes d'époque. J'ai beaucoup apprécié cette lecture.
Commenter  J’apprécie          302
Je me suis mise à lire cet ouvrage suite à ma découverte du roman Pastel d'olivier Bleys et je ne le regrette pas du tout. D'où provient cette couleur longtemps méconnue et incomprise ? Quelle était son utilité ? Comment était-elle perçue au sein des différentes sociétés et civilisations ? ce petit livre se lit rapidement et permet de mieux comprendre les enjeux de cette couleur et ses nuances ainsi que son impact et son évolution au sein du microcosme de la société.
Commenter  J’apprécie          160


Le bleu est aujourd'hui la couleur préférée des Européens. Mais il n'en a pas toujours été ainsi.
Dans l'Antiquité, si le bleu existe bien sûr, il n'est pas valorisé. On ne sait pas le produire et le lexique le désignant est peu abondant : certaines fleurs bleues sont décrites avec des termes correspondant à d'autres couleurs. Ce qui est valorisé alors c'est le blanc, le rouge et le noir. Je conçois parfaitement que le bleu était difficile à obtenir, et que son usage par les “Barbares" en ait dégoûté les Grecs et Romains mais ne pas percevoir le ciel ou la mer comme bleus est surprenant.
Les couleurs ne semblent pas dans l'Antiquité être perçues en tant que telles mais comme des valeurs claires ou foncées. Et l'on peut donc représenter le ciel jaune ou rouge. Parce que la couleur est d'abord une affaire de société.
L'auteur parle aussi des liens entre l'Eglise y compris celle de la Réforme avec le bleu. Il présente le romantisme et l'influence de Werther. le bleu et de l'armée jusqu'à l'aventure du blue jean.

Si le livre est centré sur l'Europe, il évoque aussi d'autres civilisations, au Japon c'est le blanc qui est en tête, le vocabulaire pour en parler est infiniment plus riche que dans les langues européennes mais surtout l'important est de savoir si une couleur est mate ou brillante. Tandis qu' en Afrique les couleurs peuvent êtres sèches ou humides, tendre ou dure, lisse ou rugueuse, sourde ou sonore, gaie ou triste.

Commenter  J’apprécie          160
Le titre annonce une histoire, celle d'une couleur dévalorisée qui devient neutre, que cette neutralité rend opportuniste, et qui triomphe pour s'installer finalement dans la banalité. C'est que l'auteur sait raconter et qu'il aborde le bleu de toutes les perspectives possibles à l'exception de la physique (une longueur d'onde donnée dans le spectre visible).

On apprend beaucoup de faits historiques. Les lacunes du lexique antique où les mots du bleu sont pauvres, ambigus, absents de la description de l'arc en ciel, au point qu'on a pensé que les anciens ne voyaient pas le bleu. le désintérêt pour le bleu dans le haut Moyen Age, couleur neutre, absente de la liturgie mais aussi des marques infamantes. Puis l'investissement du bleu, couleur disponible, comme attribut marial, ce qui amène les capétiens au bleu en hommage à la Vierge. Quand le bleu devient royal, puis populaire, l'échec de la protection des producteurs de guède et de pastel contre les importateurs d'indigo. Et finalement la domination du bleu dans le drapeau, l'uniforme, le vêtement civil, et dans les symboles littéraires et musicaux.

Le livre soulève des questions passionnantes. La relation causale (mais dans quel sens ?) entre l'accès aux pigments bleus et la demande pour cette couleur. le ressenti mystérieux des couleurs, perçues en occident comme chaudes ou froides, ailleurs comme sèche ou humides, ou bien comme sourdes ou sonores. La longue détestation des chromophobes (Saint Bernard, la réforme, les jansénistes) pour la couleur, trace de pigment, donc de matière, quand la lumière « seule partie du monde sensible qui soit à la fois visible et immatérielle », « visibilité de l'ineffable » (p 39), est la manifestation de Dieu, concept qui s'évanouit avec la décomposition de la lumière blanche par le prisme. Une autre thèse absurde, cette fois dans l'ère scientifique, l'affirmation par Goethe qu'une couleur que personne ne regarde est une couleur qui n'existe pas (p 120). Un mot sur une comptine chromophobe et « clivante » : « Les yeux bleus vont aux cieux. Les yeux gris vont au paradis. Les yeux verts vont en enfer. Les yeux noirs vont au purgatoire ». Je l'ai entendue de mon institutrice à Pondichéry, où mon frère était bien le seul à avoir les yeux bleus. Est-elle encore chantée ?

Un livre robuste et captivant sur la puissance que les hommes ont prêtée aux couleurs.

Commenter  J’apprécie          160
Il n'est pas seulement question d'art dans cet ouvrage. Je dirais même que l'art se contente d'être l'illustration particulière de la signification qu'une couleur peut endosser dans une société en général. Cet excellent travail d'historien et de sociologue nous permet de comprendre que le bleu n'a pas toujours connu des heures de gloire, relégué au second plan dans les tableaux jusqu'au XIIIe siècle. Ce que voit l'oeil, au delà de la couleur, c'est un réseau de multiples croisements sémantiques, influencés par la religion, la position sociale, les goûts personnels et tant d'autres facteurs difficiles à cerner... Nous voyageons donc à travers le temps pour constater quelle place, quel sens implicite a pu avoir la couleur aujourd'hui préférées des français. C'est très intéressant, une façon d'approcher de façon transversale le monde de l'art.
Commenter  J’apprécie          120
Le bleu est aujourd'hui la couleur préférée de la majorité de la population alors que dans l'antiquité, cette couleur n'existait presque pas. Ce petit livre qui brasse teinturerie, héraldique, science, peinture, religion ou encore politique montre l'apparition progressive de la couleur bleue, d'abord en fond de scène, puis de plus en plus à l'avant quand elle devient la couleur de la Révolution française, puis celle des Républicains, puis enfin celle des Conservateurs, se déteignant petit à petit, perdant petit à petit son caractère fort. le bleu aujourd'hui plaît parce qu'il calme et parce qu'il ne fait pas de vague. S'il a notre préférence, c'est parce qu'il ne porte pas le poids de symboles des couleurs saturées d'histoire, que sont le rouge, le noir ou encore le blanc.
Commenter  J’apprécie          100
Dans bon nombre de civilisations, seuls les blancs, rouges et noirs étaient utilisés, vus, valorisés (dans les contes, vêtements etc). le bleu a longtemps été une couleur exclue ; symboliquement et socialement elle n'était rien. On ne la retrouvait ni dans la liturgie, ni dans un nom de lieu et aucun nom en latin ou en langue vernaculaire ne se construit autour d'une racine évoquant le bleu.
Jusqu'au haut moyen âge, le bleu n'était ni valorisé, ni valorisant. Même les artistes ne voyaient qu'un ciel blanc, rouge, doré mais en aucun cas bleu.
Quant aux savants ou aux artistes, ils se sont opposés sur ce qu'était la couleur ; en effet Pythagore, Newton, Goethe avaient une "définition" de la couleur : pour certains elle était matière et pour d'autres elle était lumière. Les religions ont mené la même réflexion sur cette dualité.

Ce n'est qu'au XII ème siècle que les liturgistes évoquent les couleurs mais sans faire encore appel au bleu. A la fin du 12ème siècle, une armoirie sur vingt a du bleu et il faudra attendre le XV ème siècle pour voir une armoirie sur trois en arborer. A partir du XII ième siècle, le bleu va toutefois connaître une promotion théologique et une valorisation artistique.

Michel Pastoureau nous livre ici une recherche sur l'évolution des couleurs et notamment du bleu. Livre très intéressant pour qui aime le bleu, comme moi. Cependant, même si vous aimez le rouge, vous apprécierez ce beau livre. Je l'ai lu en grand format avec de jolies illustrations : toile de peinture, enluminures...
Commenter  J’apprécie          90
Un essai très intéressant sur l'histoire du bleu, de l'Antiquité à nos jours, par le spécialiste français de l'héraldique. L'écriture est fluide et agréable, malgré quelques passages redondants, les sources variées et bien expliquées, ce qui rend ce petit livre accessible à n'importe quelle personne s'intéressant aux couleurs! On apprend beaucoup !
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (793) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3206 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}