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4,03

sur 440 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Aïe ! Aïe ! voilà un roman qui m'a pas mal divisé. Et ennuyé par moments.

La guerre est une ruse est un roman qui retrace à travers différents personnages la guerre civile qui a sévi en Algérie dans les années 90 et plus spécifiquement les années 1992,1993 , 1994 et 1996. A travers Tej Benlazar, agent de la DGSE, en poste à Alger, franco-algérien on suit la manipulation mise en place par les militaires algériens janviéristes qui mirent fin au processus de démocratisation et d'ouverture de la vie politique à la fin des 80's suite à la victoire électorale du FIS.

Car F. Paulin nous démontre que quelques hauts gradés; s'appuyant sur l'armée, ont manipulé le pays, la France, le FIS, le GIA et les instances algériennes pour notamment impliquer la France, et pourquoi pas au-delà, garder le pouvoir et continuer à se servir dans les richesses algériennes durant cette guerre civile qui ne dit pas son nom.

F. Paulin est bien renseigné, a bien étudié la situation algérienne et a retranscrit intelligemment cette manipulation.
Sauf que...personnellement j'ai trouvé cela lourd presque ch... par moments. Ainsi le 1er chapitre, l'année 1992 m'a ennuyé et le dernier chapitre 1995 je l'ai trouvé très délayé et souvent répétitif. Au milieu cela va mieux. Mais les positions avancées par F. Paulin, si je ne les remets pas en cause, je leur reproche d'être manichéennes et spectaculaires à peu de frais. En effet, les janviéristes ont appliqué la stratégie de la tension et la guerre antisubversive, déjà appliquées durant le XXème siècle dans différents pays et pas uniquement des dictatures (cf. l'Italie des années de plomb ou l'Allemagne et la RAF). Sauf que là l'auteur semble vouloir faire passer l'idée que les militaires algériens auraient mis au point un truc extraordinaire, nouveau. Par ailleurs, à focaliser sur les militaires qui ont remisé les islamistes comme des simples manipulés de tous les côtés, ces islamistes deviennent des êtres, des groupes lointains et relativisés. Or, dans cette guerre, tout le monde a manipulé tout le monde et a pratiqué ou retourné les mêmes concepts les uns envers les autres. Et ont pu aussi trouvé des terrains d'entente. Donc pas aussi simple que cela.

Enfin, cela manque d'analyse de base. Ce qui s'est passé dans les 90's n'est pas sorti comme cela. Cela prend racine pendant la guerre d'indépendance et l'installation de l'indépendance en Algérie. Alors s'en refaire l'histoire de A à Z plus d'éléments factuels, d'analyses historiques auraient été bienvenus.

Même si je n'ai pas trop à adhérer je mets 3 étoiles car il y a un vrai travail de réalisme, fondé sur des faits. Et un point fort du roman : les ressorts du roman d'espionnages et les principes du roman policiers sont bien maîtrisés et s'entrecroisent de façon réussie.

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4 chapitres pour un thriller historico-politique qui correspondent à 4 années sombres de l'histoire de l'Algérie (1992 à 1995) et de la politique étrangère de la France de Mitterrand sous la cohabitation avec Pasqua et Chirac.
1992 : c'est l'année où les généraux janviéristes décident l'interruption du processus électoral alors que le FIS (Front Islamique du Salut) va emporter les élections législatives. En voulant ainsi éliminer les terroristes, ils déclenchent une décennie de guerre civile qui débordera jusqu'en France.
1995 : c'est l'année où la terreur touche la France avec la vague d'attentats attribués au GIA (Groupe Islamique Armé), d'abord à la station Saint-Michel du RER.
Fin du roman.

Tedj Benlazar, franco-algérien est agent de la DGSE en Algérie (service de renseignement extérieur de la France). Il enquête sur des camps d'internement où les islamistes seraient parqués dans des conditions inhumaines. Il passe pour un fonctionnaire incompétent auprès des agents du DRS (services secrets algériens). Il dévoile l'infiltration massive de ces agents du renseignement militaire dans les maquis terroristes. Les militaires au pouvoir ont des méthodes qui ne relèvent pas de la démocratie. Ils auraient en fait depuis plusieurs années pris le contrôle du GIA, d'abord pour éliminer les vrais islamistes, puis pour discréditer le mouvement auprès de la population en assassinant des civils.
Son chef et ami, le commandant Rémy de Bellevue, dans la tradition post coloniale de la diplomatie élyséenne, doit consolider la présence française en Algérie ; sa ligne sur l'islamisme : les problèmes algéro-algériens ne doivent pas devenir des problèmes franco-algériens.
Tedj a une cible : prouver qu'un colonel du DRS, Ghazi Bourbia, manoeuvre le GIA pour entrainer des désordres terroristes en France.
Une taupe des services secrets au sein du GIA, Raouf Bougachiche, sera exécutée par son frère Slimane. Tous deux sont manipulés de main de maître par le colonel Bourbia. La fiancée de Raouf, Gh'zala, nationaliste, en sait trop. Tedj, amoureux d'elle va l'exfiltrer, contre son gré.
Son ami Rémy se meurt d'un cancer ; Tedj doit démêler l'écheveau des liens tissés entre le pouvoir algérien et les islamiques et réunir assez de preuves pour convaincre sa hiérarchie avant que l'horreur ne s'invite à Paris.

Dans ce roman noir, l'auteur mêle subtilement personnages réels et fictifs ainsi qu'attentats et enlèvements qui ont eu lieu en Algérie et en France (meurtres des ressortissants français, prise d'otages du Vol Air France à Marignane et attentat du RER B).

Cela en fait un récit engagé très documenté mais pour moi très compliqué à suivre (activités du DGSE, FIS, GIA, DRS s'entremêlent). Ce roman d'espionnage raconte l'histoire du terrorisme et djihadisme en France dont les prémices ont été les troubles en Algérie, et dénonce les agissements des différents acteurs de cette guerre civile. L'histoire de l'Algérie et sa politique est passionnante mais si complexe ! Sans doute avons-nous du mal à sortir d'une grille de lecture imposée par notre histoire coloniale.

Ce roman est le premier d'une trilogie. Frédéric Paulin a écrit les deuxième et troisième volets : les Prémices de la chute, (situé en Afghanistan et en Bosnie) et La Fabrique de la terreur (situé en Tunisie et Syrie).
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Après réflexion, je crois que j'ai aimé. Pour moi il y a deux parties dans ce livre. Une première très documentée et donc un peu ennuyeuse, où les personnages se bousculent. Il m'a manqué une description plus précise des protagonistes, plus d'incarnation qui m'aurait permis de rentrer d'avantage dans le livre. Et puis je n'ai pas été très fan de la forme, que j'ai trouvé un peu lourd avec des répétitions de phrases à visée stylistique mais qui plombent l'ensemble. "l'homme aux lunettes cerclées d'or" doit être répétée au moins une centaine de fois (j'exagère?). Et puis bon gré mal gré les descriptions se précisent dans la deuxième partie et le vrai roman s'en mêle. Et là j'ai aimé. Bref, ça vaut le coup de patienter un peu en continuant la lecture. Sur le fond, c'est une plongée intéressante dans l'Algérie des années 90, à fort répercussion contemporaine. Parait que c'est une trilogie. Je lirai la suite.
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Paulin Frédéric – "La guerre est une ruse" – Gallimard/Folio, 2018 (ISBN 978-2-07-285355-5)

Après la lecture du roman d'Adlène Meddi intitulé "1994" (Payot & Rivages, 2020 - cf recension), j'ai tenu à lire ce roman de Frédéric Paulin, traitant du même sujet : les années noires de l'Algérie, 1988-1995, lorsque "les barbus" du FIS puis du GIA et du MIA devenu AIS, tentèrent de s'emparer du pouvoir en organisant des guérillas et des attentats terroristes.

L'auteur expose ici une thèse qui lui est propre : ce sont les militaires – corrompus, cupides, manoeuvriers – au pouvoir en Algérie depuis l'indépendance qui auraient délibérément manipulé des islamistes pour susciter des attentats, aggraver si ce n'est provoquer le chaos, et justifier ainsi leur maintien au pouvoir au prix d'une répression sanglante faisant des milliers de morts sauvagement assassinés après avoir été torturés. L'auteur va encore plus loin : selon lui, certains de ces militaires auraient délibérément infiltré si ce n'est créé les réseaux islamistes parallèles qui allaient organiser en France la vague de sinistres attentats allant de juillet à octobre 1995. Pour rendre sa thèse aussi crédible que faire se peut, l'auteur – un journaliste – n'hésite pas à insérer dans son récit des personnages réels, membres des gouvernements français ou algérien : c'est de la "docu-fiction" sans preuve réelle...

Autre travers : bien évidemment, le héros principal est ballotté par des évènements qu'il ne peut maîtriser, mais il a de plus – c'est devenu un incontournable lassant et rasoir dans ce genre de récit – subi un Grand Traumatisme Très Traumatisant dans sa vie personnelle ; l'auteur en rajoute régulièrement de bonnes et pleines louches – ce procédé est lourd, lourd, lourd... tout en rendant le récit encore plus in-vraisemblable.
Je préfère et de loin le roman d'Adlène Meddi intitulé "1994".
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Premier tome d'une trilogie annoncée, La guerre est une ruse débute en Algérie en août 1992 avec l'attentat de l'aéroport d'Alger pour se terminer à Vaugneray, en septembre 1995 avec la mort de Khaled Kelkal.

On y suit Tedj Benlazar, officier de la DGSE chargé de confirmer aux algériens le parfait soutien de la France dans leur nouvelle vie de nation libre, et de s'assurer au passage que les intérêts de cette dernière sont bien préservés.

Tedj se fait passer pour un imbécile, ça l'arrange bien, personne ne se méfie.

Pourtant, alors qu'il passe comme chaque jour au centre de détention récupérer les rapports sans intérêt que veulent bien lui transmettre les services secrets algériens (DRS), il est invité à assister à l'interrogatoire disons... musclé, d'un jeune islamiste (ou supposé).

Au fond de la salle se tient un officier algérien aux lunettes cerclées d'or et un jeune homme en barbe et djellaba.

Tedj sent pointer le malaise en devinant des liens contre nature entre l'armée des janviéristes et les mouvements islamistes... évidemment, Tedj vient de mettre le doigt dans un engrenage assez dégueulasse qui va plonger l'Algérie dans des décennies d'une violence inouïe avant de se répandre de manière tentaculaire aux quatre coins du globe.

Extrêmement documenté La guerre est une ruse évoque donc l'après guerre d'indépendance, dont on a beaucoup parlé lors de la précédente rentrée littéraire, notamment avec le formidable L'art de perdre de Alice Zeniter.

Avec force détails, Frédéric Paulin nous plonge dans ces premières années de terreur et l'avènement des partis islamiques, en l'occurrence du FIS, puis les GIA (Groupes Islamiques Armés) sous l'impulsion des conservateurs pas trop pressés de voir les forces démocratiques succéder au FLN.

Une fois les islamistes en place, y'avait plus qu'à les discréditer en forçant un peu leur radicalisation afin d'asseoir définitivement le pouvoir des militaires.

Sauf que... Sauf que la bête a débordé les militaires, et le territoire.

Le récit est absolument passionnant et érudit.

Un peu didactique à mon sens dans sa première partie, il reprend un souffle romanesque, de manière parfois maladroite, dans la seconde moitié permettant ainsi une empathie bien utile dans ces méandres de noirceur.

Plus document que roman donc, le tout manque un peu de littérature en ce qui me concerne: style journalistique minimaliste, beaucoup de répétitions, personnages insuffisamment construits...

Pour autant, on sort de cette lecture à la fois fasciné et dégoûté de ce que peut faire l'humain pour un peu de pouvoir.

Je me plongerai donc volontiers dans le deuxième tome: Les prémices de la chute, qui devrait nous mener de Sarajevo à New-York en passant par Roubaix...

A suivre...

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Sentiment mitigé pour ce roman sur la guerre civile Algérienne des années quatre vingt dix. La description du contexte et des événements est parfaite, presque journalistique mais les personnages et certaines situations ne sont pas réussis, à mon goût.

Un homme de la DGSE en poste à Alger sert d'agent de liaison avec les services secrets algériens, en se retrouvant au coeur de l'affrontement entre islamistes et militaires il va vite comprendre que les deux camps sont poreux et que les militaires jouent un double jeu cynique.

Au fil de son enquête Tedj Benlazar comprend qu'une machination est en route pour faire exploser un conflit politique en guerre civile qui s'exportera jusqu' en France. Sans moyens, en désaccord avec sa hiérarchie qui ne le croit pas ou qui le manipule il ne peut que compter sur son intuition pour être là où il faut pour montrer la collusion entre les militaires du DRS et le GIA. Au passage il essaie d'aider une femme à s'échapper du piège algérien où chacun peut être la cible d'attentats aveugles.

C'est ce second volet du livre qui ne marche pas, l'auteur qui veut donner une personnalité complexe à son héros lui invente un passé douloureux et le charge de névroses qui lui rendent difficiles les relations familiales et amoureuses, mais cela dessert le roman avec des personnages qui font chuter la dynamique de l'enquête au profit d'un « psychologisme » inutile.

Frédéric Paulin devrait lire John le Carré pour comprendre que dans la littérature géopolitique les personnages sont des instruments au service d'une histoire qui ne supporte pas les fioritures pour garder sa tension du début à la fin. Les personnages secondaires contribuent à la complexité de la narration et ne sont pas plaqués artificiellement sur le récit.

La guerre est un leurre est le premier volet d'une trilogie, peut-être la suite est-elle convaincante mais ce sera sans moi.
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Je sors mitigée de cette lecture. Je ne suis pas déçue, mais loin d'être transcendée également.
Le but de ce roman, ce qu'il veut déclencher chez son lecteur est clair, net, précis. Malheureusement ses personnages, et son héros principal en particulier, rendent la lecture parfois fastidieuse par l'ennui qu'ils peuvent créer.
Il est compliqué pour moi de critiquer véritablement cette oeuvre, car elle se situe entre deux paliers. Je ne l'ai pas appréciée, sans la détester pour autant.

C'est une lecture somme toute simple, peut être trop face à la violence du sujet ? Mais c'est également un roman qui veut trop en dire, trop en dévoiler, sans obtenir de fil conducteur qui permette de s'accrocher. Tout est trop léger, ou rapide, pour un thème qui mérite de l'approfondissement, du temps. Pour véritablement plonger dans l'horreur, comprendre la portée des évènements, visualiser le jeu qui se met en place il faut prendre le temps. Et l'auteur ne l'avait pas visiblement.
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Un sujet difficile, une histoire très sombre : la terreur moderne.
Le fond de ce roman est passionnant, angoissant, je l'ai suivi à l'époque dans la presse, j'ai vécu ces attentats comme tous ceux de ma génération, et redécouvrir cette partie de l'Histoire est toute une expérience, je connais en fait très mal l'histoire de l'Algérie et j'ai beaucoup appris.
La forme de ce roman, je n'ai pas du tout accroché. On se perd en personnages, et la chronologie y est très étrange. La période est déjà horrible, l'auteur rajoute du drame personnel à la louche. Soit on a trop de détails sur certains éventements, soit on manque d'informations sur d'autres...
La trame étant assez dure, j'hésite à poursuivre.
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L'action du roman se situe au début des années 1990 en Algérie. Suite à des manifestations populaires et étudiantes contre le pouvoir issu du FLN. Des élections sont organisées, Les islamistes du FIS arrivent en tête. Les militaires prennent le pouvoir pour empêcher la constitution d'une république islamiste.
Tedj Benlazar est agent de la DGSE en poste à Alger, le pays bascule dans la guerre civile. Pour contrer le FIS et le décrédibiliser aux yeux de la population, les services secrets militaires créent et noyaute le GIA. Il s'agit de faire monter la terreur, d'obliger la France à soutenir le régime militaire. La manipulation vise entre autre à exporter la guerre à Paris.
le roman est bien écrit, il montre parfaitement les collusions et les manipulations politiques. le contexte est très bien analysé, les personnages sont complexes. Malgré tout, je me suis ennuyé à la lecture, c'est difficile à suivre car les personnages sont nombreux, le rythme est lent et finalement les motivations de chacun ne sont pas toujours limpides.
Roman ambitieux mais qui m'a laissé sur la touche.
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