Les feuilles mortes sont éternelles
Il ne me reste plus qu'à ramasser mon égo tombé en poussière par terre et en faire un saucisson en macramé.
- Bonjour, ma chérie, ça va ?
- Ça va, mamie, et toi ?
- Ça va , ça va...
Kant, Descartes et Hegel n'ont qu'à bien se tenir. Niveau conversation, avec ma grand-mère, ils pourraient prendre cher.
Je reste plantée comme une carotte dans son potager.
Il faut une oreille pour faire des confidences. Sans écoute, on se tait.
La consigne officielle est "cinq fruits et légumes par jour". On devrait donner la même pour les amis. Nourrissez-vous uniquement de poireaux, et c'est la carence assurée. Côtoyez toujours les mêmes gens et vous finirez le moral en charpie.
Le monde est flou. Soudain, je suis certaine que c'est la raison pour laquelle on pleure : s'extraire du monde qui nous fait souffrir. Les larmes brouillent les visages, les gens, elles protègent des méchants et de la réalité.
-Bon. Est-ce qu'elle a des bottes-grenouilles ?
-...non.
-AH ! AH ! ELLE N'A AUCUNE CHANCE !
Peu à peu, le plafond devient gris.
Je pose mon livre.
Je vais dans le salon.
J'écoute Barbara.
J'ai le mal d'amour.
J'écoute la nuit.
Je suis chez moi, avec ma mère, vivante, ma meilleure amie apaisée, mon chien de la honte que j'aime.
Le monde est beau.