“Tu crois que j’ai la tête à ça ?
– Y a pas de bon moment pour tomber amoureuse.
– Non, mais il y en a des mauvais et on est en plein dedans.
Elle va faire une école de commerce, terminer sa métamorphose de pétasse larve en pétasse adulte, dégainer l’imparable panoplie tailleur-escarpins-brushing-gros-diams, écrabouiller les autres pour enquiller du flouze, épouser un pédant méprisant qui se prendra pour la huitième merveille du monde parce qu’il est riche, avoir des enfants peignés au gel, et mourir en étant passé à côté de sa vie. Bon vent. Je la pleins.
Les gens que tu aimes, finalement, c’est tout ce que tu leur dois : la sincérité…
Je veux rester à rebours du monde. Le plus longtemps possible. Dans cet endroit préservé où il n’y a rien dans la marge.
Un troupeau de pigeons perchés sur un banc s’envole et je prie pour que l’un d’eux ne s’oublie pas sur un mon épaule. Ce genre d’incident est inscrit en lettres de feu dans mon karma. Si on réunit trois cents personnes choisies au hasard, qu’on les parque dans un enclos et qu’on balance un pigeon dessus, c’est sur moi qu’il se soulagera. J’appelle ça le théorème de la scoumoune. Il fonctionne à tous les coups.
Thèse, anti-thèse, synthèse.
Thèse: ma mère a une aventure avec l'associé ou l'employé d-une galerie reconnue. Anti-thèse: ma mère s'emmerde royalement et meurt de solitude pendant que mon père batifole avec une bombe, elle rêve d'acheter d'artiste hors de prix.Synthèse: elle est mal barrée.
-Moi aussi, je pense à toi.
-C'est vrai?
-Oui, parce que je t'aime.
-Moi aussi, Déborah, je t'aime.
(en italique:)
Bonjour,
Nous informons notre aimable lectorat que les quatre dernières lignes de dialogue sont un pur fantasme de Déborah Dantès. Cette conversation n'a pas eu lieu dans la vraie vie.
Nous reprenons donc la vérité là où nous l'avions laissée, et prions notre aimable lectorat de nous excuser pour la gêne occasionnée.
Éloïse sourit comme dans une pub de dentifrice et court rejoindre l'homme au cerveau-chouquette : mou et plein d'air.
Si Baudelaire avait vécu ma vie, il aurait quand même une notion vachement plus aiguë de ce qu'est un spleen. Un putain de vrai spleen.
"Il faut une oreille pour faire des confidences. Sans écoute, on se tait."