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Chemin des Dames, 1917. L'armée française n'avance plus, le combat tourne en hécatombe. Les tranchées, la pluie, la fatigue, les morts quotidiens, les blessés mutilés et défigurés. Dans ce contexte, toute anicroche est mal vue par l'état-major. L'assassinat d'un lieutenant par un de ses camarades pendant le combat demande un bouc émissaire. Jonas sera celui-là. Un peu simple, un peu décalé, il s'empêtre dans son uniforme trop grand et ses questions naïves. Un jour qu'il réclame un uniforme à sa taille, le lieutenant lui propose de prendre celui d'un de ses camarades mort. Jonas refuse. L'incident en reste là mais quand le lieutenant est assassiné, il est immédiatement soupçonné. Surtout que le jour où il va à Paris, sa marraine de guerre est elle aussi assassinée. le capitaine Duparc est chargé de sa défense et il n'aura de cesse de rassembler tous les morceaux de puzzle en interrogeant, observant, argumentant.

Patrick Pécherot a construit son livre en juxtaposant dialogues, tranches de vie, extraits d'interrogatoire et courriers. L'ensemble donne une extraordinaire impression de vie et on en ressort très ému par cette plongée dans cette réalité sordide. C'est la vie dans les tranchées de 14-18 telle qu'on a pu la voir dans des films comme "Les sentiers de la gloire" ou "Le pantalon" (le thème du pantalon du mort est le thème central de ce film).

L'auteur réussit vraiment à donner vie aussi bien à Jonas et ses copains qu'à l'époque tout entière avec les réflexions des uns et des autres, militaires et civils, gradés et simples poilus. L'ensemble donne un livre magnifique qui dépasse le cadre du simple "polar". Donc ne vous laissez pas influencer par le classement de ce livre en Série noire et n'hésitez pas à le lire si le thème vous intéresse.
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La guerre dans la guerre : caricature de l'absurde, de l'atroce, de la bêtise humaine : violent et déshumanisé, j'ai eu l'impression d'une écriture au scalpel, tellement précise et imagée qu'on partage la vie de chiens de ces jeunes hommes qui n'étaient que de la chair à canon, ou qui finissaient quand même exécutés quand ils échappaient au feu, mais n'arrivaient à échapper à la stupidité du haut commandement. Manifestement, Pécherot est un maître dans "l'art de la guerre". Magnifiquement cruel.
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Pécherot Patrick - "Tranchecaille", Gallimard folio policier, 2008

Tout comme Thierry Bourcy, l'auteur (né en 1953) situe une enquête policière au coeur même de la Grande Tuerie 1914-1918, dans les tranchées.
Jonas, un poilu un peu simplet et naïf, se voit accusé du meurtre de son lieutenant Landry lors d'une charge, et le capitaine Duparc est chargé d'assurer sa défense. En de brefs chapitres de deux ou trois pages, l'auteur expose tour à tour le point de vue des supérieurs de Jonas, de ses camarades de front, des gens auxquels il a rendu visite, des médecins qui ont eu affaire à lui ou aux blessés concernés par l'affaire.
A la suite de coïncidences (dont l'accumulation finit par engendrer un sentiment d'invraisemblance, même si le texte est bien écrit), Jonas se trouve également mêlé, lors d'une permission, au meurtre à Paris de sa "marraine de guerre".

Un récit bien construit, bien mené, certainement "pédagogique" mais justement un peu trop "documentaire pour l'exemple".
Un autre roman de ce même auteur, intitulé «Soleil noir» et publié en 2007, est beaucoup plus convaincant.
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Un passionnant polar judiciaire qui nous plonge en pleine première guerre mondiale, dans une période où l'enthousiasme général décline, où les doutes et l'impatience apparaissent, où les dégâts, pas seulement physiques, mais mentaux, qui frappent les poilus deviennent visibles... Duparc, pour défendre Tranchecaille, doit apprendre à le connaître, le comprendre... Mais que de surprises l'attendent !
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Une roman qui dévoile une écriture très fine et une riche palette d'écrivain.
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La guerre dure depuis trois ans. le soldat Jonas est au front lorsqu'il est accusé d'avoir tué son lieutenant. Dès le début, l'issue est connue, et tout le roman s'attache à dessiner le portrait de Jonas, portrait mouvant au fil des voix différentes qui l'évoquent, à charge ou à décharge, au gré des retours en arrière, dans les tranchées, au cantonnement ou lors d'une permission à Paris.
L'originalité du roman, qui n'est pas du tout un policier, comme la collection le laisserait penser, est de donner la parole à une multitude de personnages, jusqu'à une prostituée, un aumônier, une marraine de guerre, un garçon de café, et de faire lire des compte-rendus, des rapports, des interrogatoires… C'est aussi un risque pris par l'auteur, puisque cela retarde un peu le moment où le lecteur se sent vraiment pénétrer dans l'histoire. Si Patrick Pécherot n'a évidemment pas connu l'enfer des tranchées, il a beaucoup lu et digéré de belle manière Giono ou Barbusse, et donne à voir la guerre de façon plus abordable, sans doute, et qui ne démérite pas du tout.
Une fois bien entrée dans le roman, j'ai beaucoup apprécié la mosaïque de documents dont il est composé, les différentes voix, ayant chacune leur personnalité, leur langage fleuri (ah, les jolies expressions populaires ou argotiques qu'on a plaisir à retrouver !) ou plus recherché, et le portrait subtil et nuancé de Jonas : roublard ou naïf, arrogant ou tire-au-flanc ?
Autant Boulevard des branques, lorgnant de façon plus évidente, mais aussi plus artificielle, vers le polar, m'avait laissée sur le côté, autant j'ai trouvé de l'intérêt à l'atmosphère et à la construction de ce Tranchecaille
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1917, le soldat Jonas est accusé d'avoir assassiné son supérieur lors d'une offensive contre l'ennemi. Ce sont les capitaine Duparc et son assesseur le caporal Bohman qui doivent défendre l'accusé en interrogeant toutes les personnes ayant été présentes lors de cette assaut. Mais la grande muette est elle a la recherche d'un coupable ou seulement d'un exemple?

Exercice délicat que de traiter de la première guerre mondiale a travers une enquête policière. Délicat mais parfaitement réussi ! L'auteur, a travers l'enquête et les différents témoignages , nous dresse un portrait de ce front où l'attente et les missions suicidaires sont le lot des soldats. L'auteur donne vie et la parole a ses soldats d'infortune qui vivent au jour le jour et dont le but est de réussir a survivre aux ennemis et aux ordres de leur propre hiérarchie. C'est une véritable immersion dans cette époque et dans la boue des tranchées au quelle le lecteur est convié. En prenant le prétexte d'une enquête policière, l'auteur donne une vision différente des autres livres ayant traités de ce sujet en nous plongeant au milieu de ces chairs a canon. Différente par le fond mais aussi par la forme puisque l'auteur a chaque chapitre donne la parole a différents protagonistes de cette guerre qui devait être la dernière ce qui donne une grande profondeur et beaucoup d'humanité a ce récit. Il nous trace aussi le portraits de ces différents acteurs qui ont vus le cours de leurs existences changer ou se briser par ce conflit meurtrier.

Un livre d'une grande justesse historique, passionnant de bout en bout et d'une grande qualité littéraire. Ma note 8/10.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Une bonne intrigue qui permet en même temps d'observer toute l'horreur et l'absurdité de la guerre.
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Quand au printemps 1917 l'offensive Nivelle s'embourbe au Chemin des Dames laissant sur le carreau des dizaines de milliers de poilus, désertions et mutineries commencent à se propager. Dans ce contexte, il convient de faire des exemples. Et justement, ce soldat Jonas, accusé du meurtre de son lieutenant au motif qu'il lui aurait proposé de porter le pantalon d'un mort pour remplacer ses braies trop larges qui lui ont valu le surnom de Tranchecaille, en ferait un bien beau, d'exemple. Pour le capitaine Duparc, chargé de défendre Jonas et aidé de son greffier le caporal Bohman, la tâche s'avère ardue. D'autant plus que Jonas, qu'il crie trop son innocence où qu'il ne le fasse pas assez selon les jours et les circonstances, apparaît bien trop comme un coupable idéal.

Après les années 1930 et la Seconde Guerre Mondiale, Patrick Pécherot se penche donc sur la Première Guerre mondiale. Pour cet auteur qui s'intéresse avant tout à tirer toute leur humanité de ses personnages et qui aime à cheminer dans ses romans aux côtés des révoltés, les mutineries de 1917 apparaissaient presque comme un passage obligé.

Pas de suspense à outrance ici. le roman s'ouvre sur la fin de l'exécution de Jonas. Nous reste à essayer de deviner avec Duparc et Bohman si celui-ci était vraiment coupable. Et quand bien même le serait-il, les raisons qui l'ont mené au poteau peuvent-elles être bonnes ? C'est à cette réflexion que nous convie Pécherot dans un roman éclaté en courts chapitres alternant témoignages, interrogatoires, retours en arrière, enquête, correspondances intimes… le tout magistralement mené, s'emboîtant cruellement à la perfection tant il apparaît que ce paysan mal dégrossi de Jonas est le plus mauvais de ses défenseurs, incapable de se sauver, écraser sous le poids d'une machine implacable fermement décidée à en faire un exemple.
Avec Duparc et Bohman, Pécherot pousse finalement le lecteur à chercher autre chose que la vérité ou même la justice. D'un regard humain sur un lieu et des circonstances qui ont cessé de l'être.

Ce récit prenant, souvent saisissant et toujours juste bénéficie par ailleurs de la grande maîtrise de la langue de Pécherot, cette gouaille que l'on avait déjà relevé ici à propos de Boulevard des branques, ce sens du rythme… et la capacité à transmettre la violence du champ de bataille, la trouille, la pluie d'acier, les amputations à la chaîne, en même temps que la situation de l'arrière où se mêlent embusqués et population oscillant entre culpabilité et vague aigreur vis-à-vis des poilus.
Autant dire qu'il s'agit là d'une lecture hautement recommandable. À lire en écoutant la Chanson de Craonne où la moins connue mais tout aussi belle Butte rouge de Montéhus.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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[...] le livre vous parle avec le langage des tranchées : l'auteur ne s'écoute pas parler, il laisse entendre la voix des soldats, leur ras-le-bol de patauger dans la boue et de côtoyer la mort de trop près. [...] Les scènes de vie quotidienne au front, dans les hôpitaux de fortune et à l'arrière se suivent sans paraître être liées. Ce qui autorise l'auteur à donner la parole à tant de personnage, c'est l'enquête qui est menée par le capitaine Duparc et qui rend le tout diablement cohérent. [...] Ce livre passionnant sur le plan historique réclame une lecture attentive : les indices de l'enquête sont partout, surtout là où on ne les attend pas. Trois carottes. [...]
Lien : http://federicoconejo.wordpr..
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