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Méfions-nous des homophones. Contrairement à Jonasz, le chanteur, Jonas, le désenchanté, est du genre à aller au bordel, amer. Drôle de zig, un brin Destouches, une touche Brindavoine, Jonas, le poilu, se voit suspecté de meurtres. Roman policier ? Chronique judiciaire ? Oui, bien sûr. Or, dès les premières pages, le sort de Jonas est connu. Alors, ce livre est surtout un prétexte à se plonger dans la Première Guerre Mondiale. de courts chapitres mettent en scène de nombreux personnages, archétypes de quelques acteurs de ce conflit tragique, scènes au front, scènes à l'arrière. Simples soldats, gradés, infirmières, médecins, marraines de guerres tentent de donner un sens à l'absurdité ou bien sombrent. Les conséquences psychologiques et physiques de la guerre sont abordées par un récit rythmé, qui est retranscrit avec l'emploi judicieux de l'argot d'alors, les dialogues claquent comme la mitraille, les images se succèdent, une poétique du sang et de la fureur s'esquisse parfois. Pécherot possède une large culture sur la der des der mais son érudition ne nuit nullement à la dimension littéraire de cet ouvrage qui se laisse lire très facilement bien que la succession des tableaux puisse paraître foutraque. Cela dit, cette guerre c'était sans doute un peu foutraque.
Pour ceux que cette page sombre de l'histoire passionne « Tranchecaille », même si il n'a pas la prétention de figurer dans le Top 10 des livres sur 14/18, mérite largement le détour. Pour les autres, mon opinion sera moins… tranchée !
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En quelques lignes, le résumé de la 4e de couverture situe parfaitement l'ouvrage et permet d'entamer une lecture au coeur du sujet, en son point le plus vif puisqu'il s'ouvre sur l'exécution du soldat Jonas. Ainsi connaît-on d'emblée le verdict du tribunal de guerre.
Mais la question qui sera le fil conducteur du roman est de savoir si celui que l'on surnomme « tranchecaille » ou encore « paire-de-braies » est coupable d'avoir tué son supérieur, le lieutenant Landry, ou innocent. Est-il seulement naïf, roi de la poisse et des hasards malheureux ? Ou est-il bien plus futé qu'il n'y paraît, un comédien hors pair pour se faire dédouaner de ses actes ?

Entre le moment où il est mis aux arrêts et celui de sa comparution, l'intervalle est de quelques jours durant lesquels le capitaine Duparc, assigné à sa défense, se démènera pour dénouer les fils de cette histoire et se forger une opinion sur les faits et sur le personnage afin d'assurer la meilleure défense possible à ce soldat.

Les chapitres sont courts, ils alternent entre les différents témoignages lesquels brossent petit à petit le portrait du soldat Jonas, un soldat ordinaire qui se trouve les pieds englués dans la boue des tranchées à devoir avancer dans cette guerre au milieu de tant d'autres hommes comme lui. L'auteur parvient à nous faire ressentir cette forme d'absurdité que peut revêtir cette guerre, les conditions de vie dans les tranchées, sa dureté, les troubles de personnalité consécutifs aux horreurs vécues, les hôpitaux de campagne qui procèdent aux amputations à tour de bras, le caractère expéditif des tribunaux, et plus encore...

Mais si le sujet de l'ouvrage est particulièrement intéressant pour sa valeur historique entre les faits rapportés et le langage des poilus, je ne me suis pas passionnée pour sa lecture. La narration est pertinente avec des chapitres alternant les dépositions, assemblant les pièces du dossier au fur et à mesure tout en déroulant L Histoire. Cela change du schéma classique de récit de guerre. Mais certains chapitres sont venus s'intercaler comme des cheveux dans la soupe, par exemple la correspondance de Duparc avec sa bien-aimée qui, si elle lui permet d'évoquer ses états d'âme, n'apportent pas vraiment de plus-value au roman. Ou encore les chapitres relatifs aux hôpitaux de campagne que j'ai ressentis plutôt comme des digressions. Cela m'a laissé le sentiment que le sujet n'était pas creusé correctement, que ces éloignements venaient diluer l'intensité et l'intérêt du développement.

Le récit est très souvent en langage parlé, dans le vocabulaire des poilus, ce qui le rend très vivant. Mais son usage m'a paru excessif, beaucoup de jargon en peu de pages.

En raison de ces petits bémols, ma lecture a perdu de son intérêt à mesure des pages tournées, c'est dommage. Cela reste néanmoins un ouvrage qui nous emmène sur le sentier de la guerre et de la mémoire, qui se lit rapidement. Alors quelle sera votre intime conviction ? Coupable ou innocent ?
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Ce n'est pas loin de là mon premier roman sur la Première Guerre Mondiale. J'ai lu la trilogie de Ken Follet qui ignorait cependant la France, Frère d'armes de David Diop, La chambre des officiers de Marc Dugain, et pour le côté allemand l'excellent A l'ouest rien de nouveau d' Erich Maria Remarque.

Je ne sais pas vraiment pourquoi j'ai besoin d'explorer encore et encore certains sujets que je ne comprends pas et que je sais que je ne comprendrais pas plus.

Cette fois c'est un roman de Patrick Pécherot, particulièrement pessimiste, mais sûrement très réaliste. Un lieutenant à été tué, et le coupable tout trouvé est Jonas qui aux yeux du commandement ne représente pas un bon soldat. Seul son capitaine tente de le défendre.
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Chemin des Dames, bataille de 14 jours et 40000 morts : une boucherie
Jonas, poilu parmi d'autres, se plaint auprès de son lieutenant que son pantalon est trop grand, lieutenant que l'on retrouvera mort d'un coup de baïonnette dans le dos, baïonnette française.
Tout accuse Jonas.
Duparc, capitaine sera son avocat et démêler le vrai du faux.
On ne peut pas lire ce roman sans penser au film "le pantalon rouge" ni au film "joyeux Noël " ou "les sentiers de la gloire".
Très beau roman, qui relate bien la dureté des combats, les tranchées, surtout ces hommes nos aïeux brisés, abîmés.
Un roman fort que je conseille
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Entre documentaire sur la Grande guerre et enquête policière, Tranchecaille se dévore avec délectation pour ceux qui aiment le sujet.

Défendre un soldat accusé d'avoir tué son lieutenant, que tout accuse et qui n'y met franchement pas du sien pour se faire disculper, voilà la dure mission du Capitaine Duparc.

Alors, le soldat Jonas est-il sincère où est-il juste un simulateur hors pair ?! Innocent ou coupable du pire des crimes pour un soldat ?! le temps est en tout cas compté pour démêler le vrai du faux.

Outre l'histoire, les scènes dans les tranchées ou dans l'hôpital de fortune sont décrites avec réalisme et l'on imagine ce que les poilus ont enduré pour survivre à cet enfer.
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En 1917, le moral de l'armée est au plus bas, un meurtre est commis dans les tranchées, un exemple doit être donné, vous avez 300 pages pour trouver le coupable. Bienvenue dans « Tranchecaille » de Patrick Pécherot, un roman qui m'a sacrément secouée 😰

J'ai eu un véritable coup de coeur pour la plume de Patrick Pécherot dans ce roman ! Une expérience incroyable que je m'en vais tenter de vous expliquer.
Tout le roman suit l'enquête du colonel Duparc, l'avocat de Tranchecaille, soldat accusé d'avoir assassiné son lieutenant. Mais cette enquête est loin d'un polar ordinaire. Tous les chapitres alternent entre discussions entre Duparc et Tranchecaille, dialogues bruts, jamais coupés par de la narration, et les témoignages d'hommes de l'armée racontés à la première personne. On lit ce qui ressemble au compte-rendu écrit d'une cassette, et j'ai trouvé cette écriture incroyable ! Incroyable d'immersion, puisqu'on suit TOUS leurs points de vue, sur 5-6 pages maximum, et terrible, puisque d'autres chapitres suivent un point de vue mystérieux pendant la guerre, compréhensible à la fin de l'énigme...

Vous êtes hypés ??
Laissez moi ajouter qu'il parle de la guerre, des relations dans les tranchées, de celles avec la hiérarchie, des traumatismes, des souvenirs, de la soudaineté de la mort...

C'est un roman cru qui fait mal, mais que j'ai trouvé absolument renversant. Je vous le conseille grandement rien que pour l'expérience de lecture ! Et l'enquête bien sûr, finalement très logique bien que rendue moins facile parce qu'il n'y a aucun accès aux pensées du colonel, on doit tout déduire nous-mêmes.
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Ce polar historique, qui aura pour cadre les tranchées de la Première Guerre Mondiale, commence un peu à la Columbo…

Dès les premières lignes, nous assistons à l'exécution d'un soldat accusé d'avoir planté, non pas le bâton, mais la baïonnette dans le dos de son lieutenant.

Tout ça pour un uniforme trop grand… Tout ça pour une prise de bec qui a eu lieu entre lui et le nouveau lieutenant ? Purée, ça fait cher le tissu en trop et le froc qui descend lorsque l'on charge les tranchées des casques à pointes.

Ce polar historique ne commence pas comme un autre, n'a pas un terrain d'enquête habituel et sa manière de nous narrer l'enquête du capitaine Duparc n'est pas commune du tout.

En effet, la narration de l'enquête, les faits et gestes du capitaine Duparc, du soldat Jonas (l'accusé), ainsi que des autres protagonistes de l'histoire (témoins, gradés, soldats de l'unité et j'en passe) est racontée au travers de chapitres assez courts qui sont en fait des témoignages en direct ou rapportés, des interrogatoires menés par le capitaine (ou son greffier), des discussions qui ont lieu sur place ou ailleurs, a moyen de lettres, de scènes rapportées….

Déstabilisant au départ, ce récit, monté comme un journal de bord. Pourtant, une fois dans le bain, on se sent très vite à l'aise, même si nous sommes dans un endroit où je n'aurais pas aimé traîner à cette époque.

D'ailleurs, l'auteur ne se contente pas de nous conter l'enquête, dans les chapitres, il y a aussi des scènes de la vie quotidienne dans les tranchées, notamment les milliers de morts, pour quelques mètres de pris et dont les quotidiens titreront que c'était une percée importante.

Si je ne me suis attachée à aucun personnage, cela n'a pas entamé mon plaisir de lecture, puisque les 300 pages ont été avalées en une seule journée (sorry, ma Bianca).

Cela était sans doute dû au fait que l'on ne sait jamais vraiment qui est le soldat Jonas, l'accusé : un vrai benêt ou un type intelligent qui jouait au con ? Un vrai traumatisé par ce qu'il a vécu durant les 3 années, ou un comédien ? Un soldat qui est réellement crétin ou un qui se moque des gradés ? Un débile, un âne ? Ou un simulateur de génie ? Cet homme est une énigme à lui tout seul.

En tout cas, c'est addictif, cette enquête et elle n'a rien de banal.

Un polar historique sur fond de Première Guerre Mondiale, sous le régime de la censure, celui de la langue de bois, celui où la justice était arbitraire et inique puisque, pour un galonné assassiné, on veut exécuter un soldat, mais qu'on n'exécutera pas de galonné pour tous les soldats qu'ils ont envoyés à la boucherie.

Une LC avec Bianca réussie et que je ne regrette pas d'avoir faite, ce roman traînait depuis trop longtemps dans mes étagères et il ne méritait pas ça !

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Plus qu'une enquête, l'auteur nous propose un vrai roman noir sur la première guerre mondiale, car le sort de Jonas, on le connaît dès le prologue : il est passé par les armes.

Coupable ou non, il faut faire un exemple et malgré les efforts de Duparc et de son greffier, le caporal Bohmann, notre héros ne va pas en réchapper. Pour autant, ce roman s'est révélé totalement passionnant car dès l'exécution de Jonas, l'auteur nous donne à lire l'enquête de Duparc pour faire toute la lumière sur cette affaire.

J'ai adoré l'atmosphère de ce roman où se mêlent scènes dans les zones de combat, le no man's land, l'arrière avec les civils qui trouvent que les poilus mènent la belle vie, les interrogatoires, les dépositions, les discutions avec les officiers…

Patrick Pécherot s'est remarquablement documenté et nous restitue la brutalité de cette guerre avec une gouaille qui donne beaucoup de vivacité au récit. Non seulement la description de la vie dans les tranchées est rendue avec toute son horreur mais l'attitude des officiers supérieurs révèle bien l'incompétence de toute une époque.

L'accent est mis sur les problèmes de ravitaillement, d'uniformes, d'armes… mais aussi sur les mutineries qui font rage en cette année 1917, l'importance des marraines de guerre, du vin dont on abreuve les hommes pour qu'ils montent aux combats dans l'ivresse…

L'auteur fait la part belle aux dialogues et à l'action, avec des chapitres courts et bon nombre de rebondissements qui relancent sans cesse l'intérêt du lecteur. Il met en lumière la bêtise humaine qui tient ici du grand art et qui ne peut que révolter cent ans après les faits.

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Je continue mon tour d'horizon des polars ayant pour cadre la Grande Guerre, avec ce Tranchecaille de Patrick Pécherot. Autant le dire tout de suite, à côté du triste La cote 512 de Thierry Bourcy, celui-ci m'a fait l'effet d'un petit bonbon sucré. Déjà, Pécherot a du style, il s'est donné la peine de chiader un peu son intrigue, et il s'est, lui, un minimum documenté sur son sujet, sans pour autant en faire des caisses comme le faisait Bourcy avec sa bibliographie à la fin de son roman, tout en collectionnant les anachronismes grossiers.
Le début m'a enthousiasmé. Ce choix d'adopter le point de vue des témoins de l'affaire, des amis, connaissances et supérieurs hiérarchiques du suspect, interrogés par l'avocat de la défense et son greffier, m'a paru très prometteur, d'autant que chacun d'entre eux y allait de son tempérament et de sa gouaille.
J'ai commencé à me poser un peu plus de questions quand ces chapitres très enlevés se sont mis à alterner avec des chapitres de description de scènes de tranchées dont on ne connaissait pas les protagonistes, et dont on ne voyait pas bien le rapport avec l'intrigue. Pourquoi Pécherot m'éloignait-il du sujet ? Voulait-il sombrer dans le document sur la grande guerre, que d'autres ont forcément fait bien mieux que lui ?
J'ai ensuite trouvé qu'il y allait parfois un peu fort sur l'argot du soldat sans l'expliquer, et pourtant je me targue d'en connaitre pas mal, mais il a réussi à ce que je ne comprenne pas certains passages quand même.
Et je n'ai pas adhéré à certains choix, comme cette narration à la deuxième personne du pluriel qui arrive d'un seul coup, comme un cheveu sur la soupe.
De même, fallait-il d'emblée briser tout suspense en démarrant le livre par l'exécution du suspect ?
Même si tout ce fatras s'éclaire petit à petit à la fin (logique, c'est un polar), notamment à la faveur de cette histoire de marraine de guerre qui est une belle trouvaille de l'auteur, et même si ce Tranchecaille est un personnage attachant et suffisamment complexe pour être intéressant, ces embûches m'auront empêché à tout jamais de retrouver le bel élan acquis à la suite des quelques premiers chapitres, ce qui fait que ce sera pour moi un avis mitigé.
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Un polar au coeur de la Grande Guerre, rien de très original, il faut donc que l'intrigue soit solide pour en faire une oeuvre remarquable.
Elle l'est, même si le versant policier n'est que le prétexte à une plongée dans l'enfer de la bataille du Chemin des Dames, l'une des plus grande pourvoyeuse de blessés, de morts et de vies brisées de cette sombre période historique.
A travers le cas du soldat Jonas, accusé du meurtre de son lieutenant et defendu par le capitaine Duparc, c'est toute la misère militaire, la dureté des combats, la folie sous-jacente, les révoltes et répressions petites et mesquines en première ligne qui sont mises en exergue.
L'originalité de ce court roman tient dans sa rédaction, une succession de monologues, rapports, entretiens...des différents protagonistes qui parviennent à construire l'intrigue et susciter l'intérêt. La lecture n'en n'est pas de fait toujours facile, mais le roman étant assez court le procédé n'est pas indigeste ni ennuyeux.
Un roman policier original dans sa forme, mais pas que, la portée historique restant prégnante et forte.
Une bonne surprise dans le flot des romans resurgissants pour le centenaire de la fin de la première Guerre Mondiale que j'ai compilé à cette occasion, tous ne pouvant se prévaloir du même intérêt. A recommander pour le sujet, l'intrigue et l'écriture
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