Les équinoxes

Bonne pêche cette BD, que la marée d'Equinoxe nantaise m'a ramenée.
Quatre saisons, quatre parties :
Une vingtaine de dessins sans texte illustrant la saison avec un petit garçon de la préhistoire,
Instants de vie de quelques pages qu'une jeune photographe croque.
Bd aux couleurs et techniques différentes.
Pages de prose.
Des questionnements sur le déroulement de la vie et ses périodes de doute.
La construction d'un aéroport, des opposants, une ado dont les parents divorcent et qui est fasciné par un tableau du Louvres, deux frères, une photographe Rmiste, un ancien militant dont la fille est secrétaire d'Etat, de la musique.
Il y a tant d'émotions, de sensibilité, de poésie, de nostalgie, d'humanité, d'intelligence, de beaux graphismes, qu'il est difficile de tout décrire. Une belle oeuvre.

Cyril Pedrosa, un auteur découvert avec « Portugal » … Une invitation à nous trouver en nous mêmes en évoquant le passé et en se posant les bonnes questions.
Une visite à la bibliothèque du village voisin m'a donné l'opportunité de continuer ma découverte de cet auteur.
« Les équinoxes » … une consultation de Meinternet … pour me rappeler la définition des mots équinoxe (1) et solstice (2) … ces moments des équinoxes et solstices qui marquent le début des saisons astronomiques. Ainsi, dans l'hémisphère Nord, l'équinoxe de mars inaugure le printemps; le solstice de juin, l'été; l'équinoxe de septembre, l'automne; et le solstice de décembre, l'hiver.
Les quatre saisons seront évoquées par différents personnages dont on suivra quelques moments de vie.
A la fois une analyse de ce que peut nous apporter ce passage du temps, le temps des réflexions, des bonnes questions, des remises en cause, des souvenirs à laisser, des regrets à partager.
Des dessins qui n'hésitent pas à nous perdre dans des séquences muettes où l'émotion prend toute la place et des textes qui nous permettent de pénétrer un peu plus dans l'intime des personnages.
Le tout nous permet de rechercher en nous les réponses au sens que l'on souhaite donner à sa vie.
Deux petits détails qui m'ont particulièrement saisis :
… La magie d'internet …
Je tape sur ma tablette la première phrase …
« Mais là-haut quelque chose s'allume ; est-ce une lueur de lampe, ou bien l'aurore ? » …
Un petit clic …
Et la réponse quasi immédiate …
« Mais là-haut quelque chose s'allume ; est-ce une lueur de lampe, ou bien l'aurore ? Et quelque chose s'éveille : des oiseaux pépient sur un platane. Partout se répand le pressentiment de la naissance du jour. […] » …
Un extrait de « les vagues » de Virginia Woolf.
… L'envie de parodier l'automne de ma vie …
Moi aussi,
J'en ai tellement vu des « grands combats » … au PSU … avec le syndicat … la nouvelle gauche de Rocard … toutes ses années au PS … je ne regrette rien … cela me paraît si dérisoire maintenant … j'ai l'impression d'avoir passé ma vie à me battre et je ne sais plus trop contre quoi … ni même pourquoi !
… cette lecture est un grand moment de nostalgie.

(1)
Époque de l'année (20 ou 21 mars, 22 ou 23 septembre) où le Soleil, dans son mouvement propre apparent sur l'écliptique, traverse l'équateur céleste et qui correspond à l'égalité de durée du jour et de la nuit.

(2)
Tandis que les équinoxes se caractérisent par une durée égale entre le jour et la nuit sur toute la planète, les solstices correspondent à une durée de jour et de nuit maximales, alternativement et de façon opposée entre les hémisphères nord et sud.

L'équinoxe, période de l'année où le jour à une durée égale à celle de la nuit.
Ici, la lumière s'exprime dans son graphisme,
La nuit traduit par les émotions dépeintes.
Être à l'équilibre alors que notre chemin de vie est inégal.

Un album graphique, bien sûre.
Un album dense, non pas parce qu'il pèse 330 pages mais par les instants de vie pondéreux partagés. le récit de désarrois intérieurs, de tempêtes existentielles. Ces destins croisés partageant le cycle de la vie, ses saisons, ses répétitions encore et encore, se poser les mêmes questions et trouver son empreinte, sa réponse. Pourquoi finalement ? Est-ce nécessaire de trouver une logique à nos vies, en vain. Me voilà emporté par le ton de l'auteur, nostalgique, mélancolique et désabusé.

Regarder sa vie passée par l'oeil d'un reflex, être photographe des vies rencontrées. Je me reconnais.
Essayer de saisir chez soi et chez l'autre cette petite part de vérité humaine et singulière et pourtant qui nous anime tous.

Il est question de passé, de regrets, de deuil, d'errances, de blessures…un pavé.
L'avenir, une page blanche celle de tous les possibles … légère.

Très beau roman graphique et littéraire à plusieurs titres. le livre se présente en 4 parties : automne, hiver, printemps et été. Chaque partie débute par quelques planches sur un petit personnage, sans paroles, dans chaque saison. Puis nous suivons différents personnages, qui se croisent mais dans les premières pages on ne sait pas très bien où l'on va.... et puis au fil des saisons tout s'éclaircit car l'élément charnière est une photographe qui affiche les différentes photos d'inconnus qu'elle prend au hasard de ses déambulations. Toutes ces vies, qu'aurions nous pu vivre comme autre vie que la notre. Tous les destins de ces personnages nous sont comptés au travers de ces différentes saisons : solitude, regrets, vie et mort, espérance etc....
Et puis il y a la partie romancée à chaque fin de saison qui entre plus dans les pensées, le ressenti des personnages. Une fois terminée on comprend la démarche et je n'ai qu'une envie c'est de le reprendre pour le relire avec le "pourquoi" afin d'en savourer encore plus le cheminement.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans cet ouvrage. Pourtant quand je l'ai reçu à Noël, je l'ai trouvé beau. La lourdeur du livre annonçait une histoire prometteuse. Attention! A ne pas lire au lit mais sur table, pour ne pas se casser les poignets.
Bref, comme je le disais, costaud d'entrer dans la maison de Pedrosa. Peut-être avais-je trop abusé des fêtes pour lire sereinement ce roman graphique? Ou est-ce moi qui n'ai pas pigé d'emblée ce que l'auteur voulait signifier?
J'avoue que j'ai fait (au début) régulièrement des allers retours pour savoir de quoi il en retournait. Galère quoi pour des lendemains de Noël!!!
C'est, peut-être ma faible perspicacité qui fait que je ne me suis pas laissé prendre la main tout de suite. Reconnaissons tout de même que les codes de lecture sont un léger compliqués. On démarre avec un enfant dans la jungle (histoire sans parole), puis visite du musée des Beaux Arts de Rennes, puis photo d'une visiteuse du musée, puis du noir et du gris, puis récit de la personne photographiée. Pour moi, là, c'était Efferalgan tout de suite.
Mais, je ne suis pas du genre à abandonner. 35€ de cadeau, surtout cette belle BD, ça ne se lâche pas comme ça.
J'ai, donc, exploré davantage tout seul comme un grand ces histoires de gens seules. En effet, Pedrosa nous parle de solitude.... ou plutôt de La Solitude. On a beau vivre parmi du monde, participer à des associations, échanger régulièrement avec des êtres chers, on a, souvent, soif de se retirer voire de s'échapper des autres. On veut respirer pour ne pas exploser et on veut éviter de montrer au grand jour notre véritable nature .
L'exploration fut pour moi bénéfique. Je me suis pris au jeu de Pedrosa. Je me suis caché des autres pour continuer ma lecture qui s'est bonifiée au fur et à mesure. Les couleurs des dessins ont explosé à mes yeux dans la quatrième partie (celle qui concerne l'été). J'avais cru qu'il s'agissait d'une solitude qui s'éloignait. Que nenni. Elle était toujours là
Sauf que, si on converse régulièrement de manière ouverte (surtout à deux), l'échange peut s'avérer apporter de grands moments de chaleur.
Le livre est rangé, et je suis heureux d'être allé jusqu'à son terme. Merci Pedrosa. Je n'ai plus mal à la tête.
4.5

Équinoxe, équilibre parfait entre la durée du jour et de la nuit. 4 saisons, 4 destins qui s'entremêlent, des solitudes qui se répondent, la vie qui déroule sous nos yeux. Les dessins sont tantôt très colorés tantôt sombres, comme les personnages ... et même si les moments sombres sont souvent présents ce n'est pas un sentiment de tristesse qui prédomine, plutôt une sensation de vérité, une énergie de vivre quoiqu'il arrive.
La narration est riche et parfois sur de longues pages entre les planches de dessins, ce qui permet une plongée en profondeur dans les réflexions du personnage. du coup arrivée à la fin de ces 330 et quelques pages, j'ai envie de les relire une seconde fois car j'ai l'impression d'être passée à côté de certains moments à déguster plus lentement.
C'est un livre que j'ai emprunté à la médiathèque, mais que j'achèterai avec grand plaisir.

Le roman graphique, c'est une découverte ! L'histoire est plus consistante qu'une B.D.
Le sentiment de solitude vu par plusieurs personnes. La complexité du monde, le rapport aux autres. Un roman profond et beau.

Portraits de plusieurs protagonistes au cours d'une année, découpée en saisons. le rapport entre eux est minime et on a du mal à suivre la finalité de l'auteur. Par contre, au cours des saisons on distingue à chaque fois une nouvelle façon de raconter l'histoire avec des méthodes de dessins très différentes. Ce roman graphique est intéressant au moins pour ce point de vue.

Les équinoxes, ces quatre points de l'année qui font le cycle de la vie, ces moments-phares où tout se rejoint un instant.

Les équinoxes est une sorte de BD-chorale, que Pedrosa parsème de destins divers, quotidiens semés d'incertitudes. Ils finiront , ou pas, par se rejoindre, ou au moins se frôler. tous unis par cette façade qui nous étaye, mais qui se lézarde aussi, découvrant - ou cachant - nos failles, nos petits et grands désespoirs, nos vanités intimes, nos illusions perdues. Pedrosa leur donen dans ces portraits éclatés, une acuité essentielle. Car de l'un à l'autre , d'une douceur à une émotion qui passe, d'une transmission, amicale ou trangénérationnelle, une humanité est là, qui offre une confidence, un souffle, un espoir : une chaleureuse humanité à l'échelle de l'individu comme à celle de l'Univers.

Au dessin, Pedrosa mêle des textes courts, petites nouvelles bouleversantes qui retracent une vie en quelques lignes. Côté graphisme, il mélange croquis, aquarelle, stylo et pastel, couleurs, lumière et ombre, hommage à la photo.

Les équinoxes est un livre multiple, ouvrant de nombreuses pistes, offrant sans niaiserie un peu d'espoir fraternel à notre désarroi, un livre d'émotion.

Qui a dit que la BD est un art mineur?

J'avais lu Portugal il y a un long moment, et j'ai surtout un souvenir d'une BD qui m'a semblée trop hésitante, se balançant dans une histoire qui n'arrivait pas à me toucher. Pour autant, j'aime bien ce que fait Pedrosa sur d'autres oeuvres et "Les Equinoxes" m'avait fait de l'oeil lors de sa sortie, j'ai du cependant différer ma lecture pendant quelques années. Et je suis très content de celle-ci, qui me confirme que Pedrosa est un auteur que j'apprécie pour sa sensibilité et son travail graphique.

Si j'avais plus de difficultés avec le personnage de Portugal et son histoire de famille immigrée, je me suis bien plus retrouvé dans les considérations développées ici. A travers plusieurs portraits de personnage, Pedrosa esquisse une air du temps. Une sorte de portraits croisés qui se lient autour de l'histoire d'une photographe. Tout est à peine effleuré, les histoires ne sont que peu développées, exception faite de celle du prothésiste dentaire qui a le droit à plus de temps d'apparition que les autres. Les mélanges d'histoires abordent plusieurs thématiques sur le temps qui passe, la communication entre les êtres, ce que l'on devient dans la vie … Alors même que la mélancolie domine plutôt clairement le ton du récit, je trouve que le final a quelque chose d'un peu plus positif. C'est notamment la citation sur le mari de Virginia Woolf qui rajoute quelque peu de positif dans l'ensemble.
Pedrosa joue dans l'ensemble du livre sur la narration en figeant une case, prise en photo par le personnage, qui développe ensuite une page d'écriture nous mettant dans la tête de celui-ci. C'est assez bien trouvé, nous avons des petites tranches de vie rapides mais immersive. En quelques mots, quelques phrases, l'ensemble parait cohérent et les questionnements, les doutes, les incertitudes arrivent à me convaincre.

Ce que j'aime chez Pedrosa, c'est que son graphisme à quelque chose de très marqué "Roman graphique", mais son utilisation des couleurs est toujours remarquable et contribue carrément à l'ambiance générale. J'aime aussi le fait qu'il coupe avec quelques moments suspendus juste avant les pages de texte. C'est plus long à lire, plus complexe aussi, mais les BD de ce genre là méritent qu'on s'y attardent un peu. En tout cas, je suis ravi de l'avoir lu et je vais continuer à explorer l'auteur qui me semble de plus en plus intéressant.