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3,71

sur 541 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ca commence comme un coup de poing. Ecriture hachée, saccadée, syncopée. Des mots jetés dans l'urgence. Phrases tronquées, mitraillées. Un banal accident de la circulation. Un libraire massif. Une imposante carcasse qui l'encombre. Et le drame. Une fillette apeurée. Perdue dans une ville cernée par les montagnes toutes proches. Une femme qui fuit. Sa mère. Toujours en retard à la sortie de l'école. Désir d'ailleurs. Besoin de s'éloigner. Une route de montagne. Un cri. Une tempête de neige.
Puis on s'immisce dans la vie de ce libraire (celui qui trouve les mots pour parler des mots) à la mémoire phénoménale. Ceux qui ont vu le film se souviennent de l'empâtement d'Olivier Gourmet. Ce n'est pas assez. Il aurait fallu la carrure d'un Depardieu. Pierre Péju joue avec les mots. Ces mots qui peuvent tout. Plus forts que des dictatures inébranlables. Plus durs que des cellules de prison. Plus coupant que des couteaux bien aiguisés. Mais aussi plus doux qu'une délicieuse caresse. Plus réconfortants que certaines étreintes. Ils peuvent sortir des cerveaux plongés dans un coma profond. Vollard le libraire lit. Plus spécialement par goût, ni davantage par conscience professionnelle. Par besoin. Et il récite des pans entiers de ces livres lus. Des mots qui accompagnent ses insomnies. Lui, le lourdaud, victime incessante de camarades de collège qui voient en lui un jouet.
Thérèse, la mère, jette des phrases sur un cahier à spirale. Rapport aux mots. Rapport aux gens. Entre eux, cette fillette abimée. Et puis une montagne. le massif de la Chartreuse, personnage à part entière. Réplique grandeur nature de Vollard. Une tendresse sous des dehors rugueux, considérables. Plus mystérieuse que les Bauges, sa voisine du Nord, juste séparée par Chambéry. Plus âpre que le Vercors calcaire au sud de Grenoble. Au détour d'une phrase, une allusion à la Montagne Magique de Thomas Mann comme rôle thérapeutique des espaces en trois dimensions.
Passé les premiers chapitres, forcément vécus dans l'urgence, le style devient plus fluide. Après avoir suffoqué, on respire enfin. Mais quelque chose oppresse encore la poitrine. On ne se libère jamais vraiment de ce roman.
La Petite Chartreuse se lit comme on savoure un cognac ou on tire sur une cigarette dans le calme de la nuit venue : par petites gorgées, par petites bouffées. Une dégustation de mots.
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Un soir de pluie et de neige, Etienne Vollard, libraire, renverse la petite Eva, oubliée par sa maman à la sortie de l'école.
Son sentiment de culpabilité et le choc de l'accident le poussent à prendre des nouvelles de l'enfant dont le pronostic vital est incertain.
Très vite, il doit palier au manque d'attention de la mère , femme-enfant, éternelle fugitive un peu lunatique, encombrée de cette petite fille née par accident.
Vollard, grand bonhomme un peu pataud, est hypermnésique et solitaire.
Son cerveau est rempli par les milliers de phrases qu'il a lues tout au long de sa vie et qui surgissent a tout moment dans son esprit telle une masse rampante qui le dévore.
J'ai eu cette impression étrange qu'il était devenu la proie de sa passion pour les livres et qu'elle avait fini par avoir raison de sa vie même.
Le peu de choses qu'on apprend de son passé nous est bizarrement conté par un copain de classe anonyme dans la deuxième partie du récit...
Entre ces deux êtres un brin fantasques, Eva semble bien dérisoire.
Petit oiseau abîmé par l'accident, condamnée dès sa naissance par le manque d'amour et de présence maternels, qui ne se bat pas, certaine sans doute de n'être pas grand chose.

La plume de Pierre Péju est très jolie et rend la lecture très agréable mais j'ai trouvé l'atmosphère un peu lourde, morose entre ces trois personnages tristes.
Je ne me suis pas attachée à eux parcequ'ils ne sont pas attachés l'un à l'autre non plus.
Ils m'ont semblé vides d'émotion..
C'est peut-être un choix de l'auteur mais je sortais d'une lecture tellement intense que celle-ci n'a fait que me plaire, sans plus.
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C'est un livre qui nous fait voyager dans l'univers de trois solitudes; trois solitudes qui se croisent accidentellement. Cela bouleverse ces personnages pour le meilleur mais surtout pour le pire. On ne tombe jamais dans le larmoyant.

Ce livre se lit très vite. L'écriture nous entraîne dans le monde magique de la littérature et de son pouvoir. Pouvoir qui malheureusement a des limites et ne peut pas lutter contre le destin.
Lien : https://mesbullesdeplaisir.w..
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Un libraire renverse en voiture une petite fille qui court, et c'est la rencontre de deux solitudes, le grand roux toujours écarté et l'enfant dont la mère ne fait que fuir. Un joli roman, triste, sur fond de montagne.
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J'avais gagné un livre (qui ne intéressait pas) pendant les fêtes, après de gros retards de livraison chez Folio, ils ont eu la gentillesse de me glisser ce roman supplémentaire dans l'enveloppe.
Je pense que le meilleur livre du monde peut être complètement gâché si il est lu au mauvais moment et avec de trop grandes attentes.C'est précisément ce qui est arrivé ici ! Venant de terminer un livre très bien écrit et touchant et ayant lu des critiques très positives sur ce roman, je l'ai entamé avec des attentes irréalistes. Par conséquence, je n'ai pas du tout réussi à entrer dans l'histoire, je l'ai lu avec une impatience fiévreuse et j'en suis ressorti totalement froide.
Malgré tout, j'ai reconnu dans ce livre une réelle poésie, j'ai ressenti l'amour de la littérature et j'ai apprécié l'évocation du pouvoir magique des livres.J'ai aussi perçu une analyse psychologique et philosophique de l'histoire et des personnages plutôt intéressante. le caractère sacré et salvateur de l'élément naturel m'a aussi plu.
Malheureusement malgré ces éléments je suis restée en retrait pendant toute ma lecture. Il faudra que je donne une seconde chance à ce texte afin d'avoir une opinion plus tranchée.
Un petit livre facile à lire, un véritable conte philosophique qui vous touchera et vous emmènera beaucoup plus loin que vous ne le pensiez.....ou pas.
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Challenge ABC 2013/2014
Un soir d'hiver, un boulevard sous la pluie, une camionnette, une fillette qui traverse sans regarder: le drame. le libraire Etienne Vollard vient de renverser Eva. Commence un roman d'errances, de chemins qui se perdent, de couloirs labyrinthiques: Vollard le lecteur solitaire marche dans le massif de la Chartreuse, marche dans les couloirs de l'hôpital, Thérèse roule au hasard, et court pour prendre sa fille à la sortie de l'école, Eva marche, court, se perd jusqu'au choc avec la camionnette de Vollard. Eva sur son lit d'hôpital devient le point fixe, le centre du livre: Vollard y rencontre Thérèse, revient, récite à l'enfant des fragments de livres imprimés dans sa mémoire prodigieuse. Silence de la Grande Chartreuse et silence d'Eva, solitude des moines et solitude de Vollard...
Un roman pessimiste , froid et sombre, à ne lire que si vous avez le moral au beau fixe.
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Un jour, Vollard, libraire solitaire, renverse une toute jeune fille avec sa camionnette. Plus rien ne sera désormais pareil. Il est complètement brisé par cet accident et passe beaucoup de temps au chevet de la petite fille à lui raconter des histoires. Elle ne parle plus mais bien campée sur ses petites jambes, elle fait de grandes promenades avec Vollard dans le massif de la Chartreuse.
Roman poignant d'une grande sensibilité, et un bel hommage à la littérature.
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Sous une pluie d'Automne, Etienne Vollard libraire heurte de plein fouet la petite Eva (qui courait le long de la route, sa mère n'étant pas à la sortie de l'école) qu'il n'a pas vu surgir.Vollard, libraire passionné personnage solitaire, va devoir vivre avec la culpabilité. Il décide de se rendre à l'hôpital conter des histoires à la petite plongée dans le coma. Au dela du dramatique fait divers, Pierre Péju rend aussi un bel hommage à l'amour des livres, à l'amour de la littérature, à cet homme enfermé dans son silence et bouleversé à jamais. le résultat à la fois poignant, subtil et émouvant.
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Etienne Vollard, libraire, renverse accidentellement Eva, une petite fille. Cette dernière tombe dans le coma. Horrifié par son acte, il va tout faire pour aider la fillette à s'en sortir.

J'ai bien aimé ce roman car le style de Pierre Péju m'a vraiment captivé. Ensuite j'ai trouvé que Vollard et la mère d'Eva sont des personnages hors du commun, c'est intéréssant de voir leurs réactions très différentes face au drame. Il n'y a que la fin du livre qui m'a déçu.
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Roman de Pierre Péju. Prix du Livre Inter en 2003.

Par un soir de pluie, une petite fille affolée s'élance sous les roues de la camionette d'Etienne Vollard. L'existence de ce libraire taciturne part en éclat après cet accident. Au chevet de l'enfant inconsciente, il récite des bribes de récits et des textes entiers que sa prodigieuse mémoire a retenu au cours des lectures de toute une vie. Vollard croise la mère de la petite, Thérèse, dont le désir de fuir est plus fort que l'instinct maternel. Père de substitution, Etienne Vollard rend visite à l'enfant, lui fait découvrir les merveilles de la nature de la Chartreuse iséroise. Mais l'enfant s'étiole. Prisonnière d'un monde de silence, elle s'affaiblit et perd tout contact avec la réalité.

Bouleversant récit mené par un narrateur qui en sait plus long sur le héros qu'il ne le dévoile au début. Ma première lecture de ce texte, faite il y a des années, m'avait laissé une impression mitigée. Mais après cette seconde lecture, je suis touchée par la plume de l'auteur, plume qui se fait discrète devant les trop grandes douleurs, qui ne dit que le nécessaire et laisse dans l'ombre les noirceurs de l'âme humaine. Je n'ai aucune envie de voir le film qui a été tiré de ce texte, j'ai bien trop peur d'être déçue.

Voici un extrait de ce texte: "Volalrd n'avait jamais considéré la littérature comme un apaisement, ni la lecture comme une consolation. Lire follement, comme il avait toujours lu, consistait plutôt à découvrir la blessure d'un autre. Lire consistait à découvrir cette blessure, à la parcourir. Derrière les phrases, même les plus belles, les mieux maîtrisées, toujours entendre des cris. de la librairie à l'hôpital, de l'hôpital à la librairie, c'était glisser d'une blessure à l'autre! D'un côté, le murmure ou la plainte des des livres disposés sur leurs rayons. de l'autre, les gémissements de ceux qui étaient passés en une fraction de seconde de l'insouciance valide à l'amputation." p.132
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