Voici une histoire très sombre dans des paysages lumineux pour ce polar rural qui nous plonge dans l'ambiance des années 1950/ 1960. Il y a beaucoup de profondeur chez tous ces personnages truculents, évoluant sous un soleil méridional qui habille les paysages. Avec ces dialogues aux accents chantant, on se croirait chez
Pagnol.
Nous sommes à Douelle, petit village du Lot. Trois jeunes filles vont être retrouvées noyées près de
l'écluse, il n'en faut pas plus pour qu'Octave, l'éclusier, Quasimodo moderne, marginalisé pour son infirmité, soit mis au pilori par le village tout entier pour des crimes qu'il n'a pas commis. La séduisante Fadette, nouvelle Esméralda le défend. Tout comme dans « Notre Dame de Paris », il y a du tragique dans cette histoire qui pointe les petites lâchetés individuelles comme les grandes bêtises collectives de cette petite commune rurale. Comme toujours, ce qui est différent fait peur et on le rejette. Evolue également, dans cette histoire, Alban, le caïd violent qui n'hésite pas à frapper et violer les jeunes filles récalcitrantes. Un inspecteur venu de Cahors va tenter de résoudre cette affaire, pas vraiment aidé par la population qui crée une milice locale afin de se faire justice elle-même.
Qui est l'assassin, l'éclusier simple d'esprit qui ne parle pas, le caïd violent qui n'a aucune limite ou un troisième élément ?
Les personnages sont croqués avec beaucoup de sensibilité par
Gilles Aris . Il pose un filtre jaune sur ses dessins aux traits acérés et encrés afin de créer une ambiance vieillotte et de donner ainsi une cohérence à l'ensemble. Les rapports entre les dialogues et les personnages sont naturels et vivants.