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Citations sur Dieu de l'univers. Science et foi (47)

Écrasée par une aussi longue histoire, l'Église romaine offre le spectacle contrasté d'un appareil institutionnel d'une extrême rigidité et d'une « base » muette mais vivante. Rome inspire un diagnostic de raidissement, donc de sénescence ; mais, aux yeux de qui parcourt l'Afrique ou les Amériques, de jeunes rameaux croissent et fleurissent ici et là.
Après l'espérance suscitée par Vatican II, l'Église n'est pas parvenue à secouer le poids des ans et a été en quelque sorte rattrapée par son passé. Dès lors allait se consommer un franc divorce avec la modernité. Une telle situation est-elle irréversible ? L'avenir seul le dira ; mais il est d'ores et déjà possible d'entrevoir les chances du futur.
p.226
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Le récit analogique de ce développement* historique manifeste spectaculairement que les Églises sont des sociétés humaines lourdes d'histoire, et, par là même, répondent aux lois générales qui président à toutes les manifestations de la vie dans les trois règnes : ici, les lois fondamentales de l'évolution sont aussi celles de l'histoire des sociétés. On en vient alors tout naturellement à considérer comme “normaux” le poids et les séquelles d'un passé qui obère parfois si lourdement la barque de Pierre ou le croissant de l'islam.
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*. Évolution rapide et divergente, multipliant en peu de temps le stock d'espèces issues d'une même souche.
p. 223
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Sous Constantin, la nouvelle espèce a déjà gagné tout le monde romain. Mais elle a aussi subi de multiples influences. Débordant largement le cadre étroit du judaïsme au sein duquel elle a pris naissance, elle rencontre la pensée grecque et « s'hybride » plus ou moins avec elle, en ce sens qu'elle la « baptise » tout en intégrant certaines de ses valeurs : le message évangélique subit alors l'influence de l'idéalisme platonicien — notamment avec saint Augustin — et du dualisme, contenant en germe le manichéisme et sa fameuse opposition entre la chair et l'esprit, si profondément étrangère à la pensée juive et à ses toutes premières sources. En même temps, la nouvelle religion se coule dans le cadre juridico-administratif du droit romain, et l'on voit les Pères de l'Église s'évertuer à définir et délimiter les contours de l'espèce, tant sont nombreux et menaçants les risques de contamination et d'hybridation susceptibles de corrompre la pureté initiale du message. Les conciles succèdent aux conciles, chacun s'attachant à préciser davantage les caractères de l'espèce nouvelle, tout comme le font les botanistes quand ils décrivent une espèce et délimitent les “frontières” qui la distinguent de ses voisines. La sélection joue alors à plein : les hybrides que la nouvelle foi produit avec d'autres croyances, les mutants qui surgissent çà et là en son sein sous l'influence de zélateurs inspirés, sont systématiquement éradiqués sous l'appellation d'hérésies. Les conciles se livrent à un épuisant travail de “désherbage” en vue de préserver la nouvelle espèce de tout gène étranger. Pendant la longue histoire du catholicisme romain, ils jouèrent ainsi le rôle d'horticulteurs à qui eût été dévolue la mission de prémunir contre tout risque de contamination génétique les caractéristiques initiales de l'espèce, d'éviter que des pollens extérieurs ne viennent en altérer, par quelque fâcheuse et illégitime hybridation, la pureté initiale.
p. 216-17
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Chaque individu pratiquant adhère, au moins en principe, à un ensemble de croyances qui s'expriment dans des rituels et des pratiques caractéristiques de “l’espèce spirituelle” à laquelle il appartient. Mais cette adhésion s'accompagne toujours d'une certaine marge individuelle de liberté — il y a des nuances dans la pratique et dans la croyance — représentant ces fameuses fluctuations qui, au sein de toute population, différencient et individualisent chacun de ses membres. La preuve en est que, pour des “espèces spirituelles” qui nous concernent ici, leurs spécimens les plus hautement représentatifs, les saints, sont tous différents : chacun a sa propre histoire, son aventure humaine, ses charismes, au point qu'on a pu dire à leur sujet que « Dieu ne se répète jamais » et que chacun d'eux est un “autographe de Dieu”.
p. 208
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La conservation et la transmission d'un message révélé n'en demeurent pas moins l'objectif fondamental des grandes religions ; leur but est d'ouvrir le cœur de l'homme à la transcendance, de le greffer en quelque sorte sur cette transcendance. Tel est bien le sens du mot latin “religare”, relier. La religion rassemble les individus en une communauté de croyance ; les rites qu'elle impose sont la manifestation de ce lien qui fait d'une foule un peuple, mais, dans le même temps, la religion « relie » ce peuple avec la ou les divinités : elle est donc, au sens étymologique du terme, « source de liens ». À cette définition de Lucrèce s'en ajoute une autre, de Cicéron, où religion dériverait cette fois de “relegere”, relire. Ici, le mot nous invite à relire les textes fondateurs et, sans doute, à relire simultanément les informations concernant le réel, afin d'en élargir le sens, de mieux comprendre l'univers, bref, de faire œuvre de philosophe et de scientifique. Cette seconde définition évoque la maïeutique grecque, la « manducation » de la parole, et la pratique de l'oraison en vigueur dans les monastères de contemplatifs.
Mais les religions ne sont pas seulement des entités spirituelles. À travers l'histoire, toutes se sont moulées dans des institutions humaines souvent puissantes et puissamment conservatrices. Or, si le lien particulier d'un croyant à sa religion se noue au cœur d'une conscience et échappe par là à la sagacité de l'observateur, il en va tout autrement de l'institution elle-même, omniprésente, sécurisante ou dérangeante selon le regard qu'on porte sur elle. Ces institutions ont beau être religieuses, elles n'échappent en rien aux lois communes qui régissent la naissance, le mode de fonctionnement, la sénescence, voire la mort des institutions humaines.
p. 204 - 205
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Est-ce pour cela que le Ciel décida un jour de le faire seconder par le dernier venu du « club des Douze », saint Paul de Tarse ? Imaginons le Christ ressuscité prenant acte de l'insuffisance de ceux qu'il avait choisis et décidant de leur adjoindre in extremis ce nouveau compagnon, lequel allait se révéler d'une efficacité peu commune dans l'édification et le développement de cette puissante « multinationale » de la foi qu'est devenu, au long des vingt siècles suivants, le christianisme ! Mais c'est là une irrévérencieuse façon de fourrer son nez dans les voies et desseins de l'Éternel, qui, comme chacun sait, sont insondables...
Quoi qu'il en soit, le fait est là : dans un univers culturel où s'est affirmée de tout temps la primauté de l'homme et où les femmes n'occupent qu'une place chichement mesurée, le Christ, tout en ayant choisi douze apôtres, se révèle d'abord aux « saintes femmes ». Et c'est encore une femme, la Vierge Marie, qui restitue la condition humaine parfaite qu'Éve avait défaite.
p. 189
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Qu'en sera-t-il de l'homme ? L'enjeu est de taille, d'autant plus que le néocortex n'a guère accru son pouvoir d'intégration par rapport aux autres couches cérébrales. Voilà donc l'humanité menacée pour n'avoir pas réussi l'évolution harmonieuse, coordonnée et sans heurts de l'organe qui fait précisément son originalité. Finira-t-elle asphyxiée sous le poids des productions du cerveau ? L'artificialisation croissante de l'environnement mettra-t-elle en péril les équilibres de la nature et de la vie ? L’hyper-sophistication des technologies finira-t-elle par nous y asservir ? Quelque fou, particulièrement inapte à réguler sa « machine à penser », déclenchera-t-il un cataclysme planétaire. Les paris sont ouverts : tout est possible, y compris les pires dérèglements.
S'il est quasi impossible d'avancer une date et un scénario pour la disparition de l'espèce humaine, emportée par quelque apocalypse, il reste toujours possible d'évoquer la mort individuelle, certaine, celle-ci, quoique tout aussi mystérieuse.
Biologistes et médecins débattent à l'infini sur le point de savoir à quel moment précis survient la mort. Longtemps, on a considéré qu'était mort celui qui ne respirait plus et dont le cœur avait cessé de battre. Le progrès des techniques de réanimation ont remis en cause cette définition.
p. 180
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… il se trouve que chaque hémisphère du cerveau a, si l'on peut dire, sa personnalité propre. L'hémisphère gauche serait le siège de la pensée déductive, qui sécrète l'aptitude à décortiquer les versions latines ou les problèmes de math ; logique, rationnel, cartésien, il dissèque, analyse, soupèse, s'exprime par des signes, des chiffres, des lettres ; plus masculin que féminin, il engendre la science et semble frappé, depuis quelques siècles, en Occident, d'une étonnante hypertrophie qui a produit notre monde contemporain, avec ses prouesses scientifiques, ses merveilles mais aussi ses périls technologiques. Le cerveau droit, au contraire, excelle dans l'approche intuitive, synthétique, concrète du réel ; il analyse moins qu'il ne ressent ; il est tout naturellement sensible à l'unité profonde de l'univers ; les arts, la musique sont ses expressions familières ; ignorant les chiffres et les lettres, il s'exprime par des symboles, parle un langage imagé, avec fables et légendes, mythes et prophéties, exprimant dans un langage simple et sans âge les vérités immémoriales de la sagesse des nations. Le cerveau gauche est académique ; le cerveau droit est empirique. En médecine, par exemple, l'un est celui des professeurs, l'autre celui des guérisseurs.
De tous temps, dans toutes les cultures, le langage symbolique des hommes a tenté d'évoquer leurs origines, le sens de leur destinée. Chaque culture possède ainsi son propre trésor qui s'exprime dans ses cultes, ses religions, ses mythes et légendes.
p. 171
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L'islam nous offre au contraire l'image d'un Dieu triomphant, régnant en majesté au zénith comme le soleil de midi. Point de faille nécessaire : Allah s'impose comme une évidence à l'entendement du croyant dont tout acte, toute pensée d'orgueil ne saurait être que dérisoire. Allah ne laisse aucun choix à ses fidèles qui se soumettent tout naturellement à sa volonté, d'où le sens du mot islam : soumission ; d'où cet abandon que nous appelons à tort fatalisme, caractéristique des richesses spirituelles de l'islam mais que l'on retrouve aussi dans la tradition chrétienne d'abandon à la providence et à la volonté de Dieu. L'islam contemporain est certes plus menacé de fanatisme que de fatalisme, mais nulle tradition, nulle confession, nulle idéologie n'est à l'abri de cette dangereuse déviance.
p. 162
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Aussi est-il parfaitement légitime de dire, comme le font les athées, que « Dieu est une créature de l'homme » dans laquelle celui-ci se projette pour s'accomplir en rêve dans un au-delà qui n'est qu'une création de son imaginaire. Ce à quoi les croyants rétorquent avec une égale pertinence que Dieu ne peut se révéler à l'homme que par ce manque, précisément, qui est prise de conscience de notre propre insuffisance et nous met en chemin vers plus que nous sommes : car, comme l'affirme fièrement la devise de la Maison de Bruges, Plus est en nous ! Ce n'est qu'en se dépassant que l'homme est pleinement humain : « Apprenez que l'homme passe infiniment l'homme », dit aussi Pascal. Accepter ses incertitudes et ses imperfections, ses insuffisances et ses insatisfactions, telle est l'entrée dans la voie de la sagesse, qui refoule l'hydre toujours renaissante de l'orgueil humain. Cet orgueil qui, justement, entraîna la chute de l'homme, parce qu'il colmate toutes les brèches et le rend imperméable à Dieu — un Dieu qui, selon la tradition chrétienne, ne peut pénétrer que par une faille, car il est, selon la belle expression de l'auteur des Pensées, « un Dieu caché » : un enfant pauvre qui frappe discrètement à la porte.
p. 160-61
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