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sur 1100 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Je n'ai pas de souvenir d'enfance" écrit Perec dans l'incipit de l'oeuvre. Difficile alors d'écrire son autobiographie quand nos souvenirs d'enfance sont absents et inaccessibles. En effet, Perec, à part quelques photos et journaux entassés dans un coin n'a presque aucun souvenir de ses parents. Qui étaient-ils ? Qu'est ce qui est arrivé a sa mère ? Ce voile sur sa mémoire, Perec va réussir à la soulever, paradoxalement, grâce a la fiction, grâce a l'histoire complètement inventée De W...
Cette autobiographie intègre effectivement deux récit. le premier, le récit réel et autobiographique, raconte l'histoire de Perec principalement pendant la deuxième guerre mondiale et les souvenirs fragmentés et lacunaires qu'il a de son enfance. le second, en italique, conte l'histoire de la cité De W, centrée sur le culte du corps et sur une discipline qui s'avèrera de plus en plus cruelle. Quel lien existe-t-il entre les deux récits ? le lecteur ne le comprend qu'à la fin. W m'a personnellement rappelé les jeunesse hitlériennes, modelant le corps et l'esprit des jeunes, mais également, à la fin, les camps de concentration, lorsque Perec écrit que W est une machine qui vise à "l'anéantissement systématique des hommes", comme Primo Levi évoqua la "destruction de l'homme".

Récit qui s'avère donc très marquant et émouvant à la fin. le début est intriguant et attise la curiosité du lecteur. Il est vrai que j'ai quelques fois ressenti quelques longueurs au milieu de l'oeuvre lors des descriptions autobiographiques. Mais l'alternance des deux récits n'est pas du tout désagréable et prend tout son sens a la fin. Perec a donc trouvé une très belle et originale manière d'écrire les zones d'ombres de sa mémoire par un récit qui ne nous laisse pas indemne.
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Cela faisait longtemps que je voulais lire un autre livre de Georges Perec que La Vie Mode d'emploi et j'avais W dans mon viseur depuis quelques années déjà. Je ne connaissais rien de ce livre si ce n'est son titre mystérieux ou peut être, avais-je entendu ici où là, quelques critique sur ce livre autobiographique. Je suis rentré dans le livre facilement, étant dans ma période de lecture assidue de fin d'année. le livre est découpé en deux parties alternées par chapitre. le narrateur qui détache des souvenirs épars et pauvres de son enfance, qu'il a le plus souvent oubliés. Des souvenirs confus. Reconstruits. Enfant juif de la France occupé. Balloté. Orphelin. Comme amnésique. Et un autre récit. Une aventure étrange. Elle même découpée en deux parties apparement déconnectées. La recherche d'un orphelin perdu en mer. Une île mystérieuse. Une Olympiade et des athlètes qui endurent une vie de competition, de souffrance, de discipline. Et un brouillard qui peu à peu se dissipe. Une vérité qui apparaît et qui nous terrifie.

Novembre 2023
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C'est un livre qui dit les malheurs d'un enfant victime de la seconde guerre mondiale et sa capacité de résilience .
Alternent des pages consacrées au récit très poignant de l'enfance de l'auteur et des chapitres narrant une vie imaginaire (peut-être pas si imaginaire...) de sportifs sur l'île W.
Georges Pérec naît en 1936 à Paris de parents juifs d'origine polonaise.Son père est mortellement blessé en 1940 par un obus.Sa mère meurt en déportation sans que son fils ne sache jamais où elle est décédée.
Il écrit que la trace indélébile que ses parents ont laissée en lui vit par l'écriture et dans le récit autobiographique il relate les minces souvenirs qui lui restent et reconstitue des fragments de son enfance, de ses parents, à partir de quelques photos des paroles de ses tantes, des visites qu'il fait dans les rues où il a vécu,c'est tout cela qui lui permet d'avoir une histoire.Il a également vécu un changement d'identité.
Les souvenirs de son séjour à Villard-de-Lans de 1941 à 1945 occupent une grande place, c'est là que sa mère le met à l'abri, il s'y fait baptiser en 1943 pour échapper aux traques.
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Je me souviens encore de ce livre que j'ai dû lire durant ma scolarité, il y a sept ans. Je me souviens encore à quel point l'histoire m'avait bouleversé. Mais pour bien apprécier le livre, il faut savoir le cadre de son écriture.

Pérec est un auteur appartenant au mouvement de l'Oulipo (en gros des auteurs qui écrivent en s'imposant des contraintes). Son livre le plus connu, "La disparition", est un roman de plus de 300 pages écrit intégralement sans la lettre "e". Ce n'est néanmoins pas l'écriture de ce casse-tête littéraire qui représente le plus de difficultés pour Pérec mais bien "W ou le souvenir d'enfance". Mais la difficulté ne figurait pas tant dans la composition même du livre que dans les propos en eux-mêmes. Car en effet, Pérec fait ici part des aspects les plus sombres de son passé.

Le livre est séparé en deux histoires alternées (un chapitre pour une histoire, le suivant pour l'autre et ainsi de suite), chapitre après chapitre. Il y a une partie autobiographique où Pérec explique comment très jeune il a perdu ses parents (son père mort au combat et sa mère déportée à Auschwitz), comment il s'est vu déposséder de son identité, etc.

La deuxième histoire, une fiction cette fois-ci, introduit dans une première partie un personnage venant porter secours à un naufragé. Puis, dans un second temps, la partie fictionnelle introduit une île fantasmée, inspirée d'une histoire que Pérec avait imaginé enfant: l'île W. Cette île se présente initialement comme une terre utopique où les droits de chacun se basent sur les exploits sportifs. Cependant, cette utopie commence bien vite à virer à la dystopie.

L'écriture de "W ou le souvenir d'enfance" avait ramené à la surface bien des souvenirs et des souffrances que Pérec avait désespérément tenté d'enfouir au plus profond de lui-même. Si bien qu'il tenta une ou deux fois de se suicider pendant la période de l'écriture de ce livre.

Inutile de dire donc que ce livre est souvent glaçant, effrayant même dans la manière où il rappelle par moments les régimes fascistes. Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains. Les personnalités les plus fragiles notamment pourraient mal vivre cette lecture. Mais il s'agit d'un livre essentiel de l'oeuvre de Pérec et surtout un témoignage à recueillir afin de garder le souvenir des horreurs du passé. Une chose est néanmoins certaine, vous sortirez changé(e) de cette lecture.
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C'est une autobiographie donc il ne faut pas s'attendre à de l'action et à du suspense. C'est surtout descriptif et lent. Il y a quelques longueurs, mais c'est tout à fait normal.
On suit donc comme nous le dit le synopsis deux récits simultanément, un chapitre sur deux: l'un où l'on suit l'autobiographie de l'auteur où il nous raconte des souvenirs, des moments de son enfance qu'il a vécu. Il essaie en fait de recoller les morceaux. Et inévitablement, les deux sont liés. Mais on ne sait pas comment c'est ça qui est intéressant. C'est ce qui a maintenu ma lecture parce que c'est vrai que non ce n'est pas passionnant ce qui se passe. Pourtant, c'était un bon livre qui fait réfléchir et ce qui m'a passionnée, c'était surtout le récit fictif. On nous y explique un système de société idéal sur un ile. Et wow quelle lecture! Je n'étais clairement pas prête! Si au début, cela semble un système brillant très vite on déchante... On nous dépeint alors une dystopie qui vire au cauchemar. C'est absolument terrifiant. Et cela est basé évidemment sur le système nazi, donc un peu comme un camp de concentration. C'est finalement une société terrible qui se met en place sous nos yeux. C'est peut-être un peu compliqué pour comprendre le fonctionnement des classements, disciplines, etc. Mais pour le coup, j'ai compris vraiment l'essentiel pour me plonger dans cette horreur sans nom. Certains passages sont horribles et sont déchirants (notamment celui avec les femmes et celui avec les enfants et adolescents). J'ai été complètement transporté dans ce monde dystopique. Et puis c'est tellement bien écrit... Par contre, je dirais quand même qu'il faut être très concentrée pour la lecture de ce bouquin, car c'est important de ne rien laisser passer pour bien analyser, bien comprendre chaque élément. de plus, l'écriture peut parfois entre un peu difficile avec certains moments ou certaines phrases un peu trop longues des fois ^^' mais cela n'enlève en rien la compréhension.
La partie fictive m'a grandement intéressé, mais la partie autobiographique était tout aussi cool. Un peu ennuyant oui sûrement, il ne se passe pas grand-chose en soi.
Et la fin... Je ne m'en remets toujours pas. Elle est magnifique. Elle est bouleversante et touchante à la fois. J'ai été bouleversée par cette fin et par certains passages de ce livre. J'ai même pleuré un peu sans savoir pourquoi. Et puis la façon dont on comprend cet enchevêtrement de fils entre les deux textes est tout bonnement du génie pour moi.
Et puis la puissance des mots, des phrases choisis... C'est d'une justesse indéniable. Ça a vraiment joué dans cette lecture.
En somme, un beau livre qui frappe juste et qui nous montre une société glaçante avec un système terrifiant qui n'épargne personne et montre toute l'inhumanité de l'homme.
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Hello
je reviens aujourd'hui pour une chronique un peu spéciale avec le livre W ou le Souvenir d'Enfance de Georges Perec. Il s'agit plutôt d'un compte-rendu de lecture que j'ai dû écrire pour mon cours de Culture Générale et Expression, donc la forme est différente des autres critiques écrites jusqu'ici et aussi différente que le premier compte-rendu de lecture que j'avais dû écrire pour ce cours l'année dernière ; compte-rendu qui m'avait fait prendre conscience que j'adorais parlé de mes livres sous ce format et qui m'a permis en quelque sorte de vraiment me lancer sur l'aventure de blogueuse littéraire. Vous pouvez d'ailleurs retrouver ce compte-rendu ICI. Bon, l'introduction est un peu trop longue alors je vous laisse avec mon compte-rendu, en espérant que ce format vous plaira !

La mémoire collective recense toute l'Histoire de l'espèce humaine et de la planète Terre. Elle est un lieu abstrait où s'inscrit des notions et des faits de plusieurs individus tout comme la mémoire dans son sens large. La mémoire individuelle est une mémoire qui est propre à chacun. Il est pratiquement impossible que deux personnes puissent avoir la même. Elle est composées de souvenirs et d'expériences vécus tout au long de la vie et qui a forgé la personnalité, la mentalité, les principes… La mémoire collective et la mémoire individuelle peuvent se mélanger dans la mémoire d'un individu. W ou le souvenir d'enfance a été écrit par Georges Perec et publié en avril 1993 et fait 219 pages. Ce livre mélange deux récits distincts, s'alternant dans les chapitres. L'un raconte l'enfance de Georges Perec, l'autre est le récit imaginaire d'un homme puis d'une île nommé W.

Voici le résumé : « Il y a dans ce livre deux textes simplement alternés ; il pourrait presque sembler qu'ils n'ont rien en commun, mais ils sont pourtant inextricablement enchevêtrés, comme si aucun des deux ne pouvait exister seul, comme si de leur rencontre seule, de cette lumière lointaine qu'ils jettent l'un sur l'autre, pouvait se révéler ce qui n'est jamais tout à fait dit dans l'un, jamais tout à fait dit dans l'autre, mais seulement dans leur fragile intersection. L'un de ces textes appartient tout entier à l'imaginaire : c'est un roman d'aventures, la reconstitution, arbitraire mais minutieuse, d'un fantasme enfantin évoquant une cité régie par l'idéal olympique. L'autre texte est une autobiographie : le récit fragmentaire d'une vie d'enfant pendant la guerre, un récit pauvre d'exploits et de souvenirs, fait de bribes éparses, d'absences, d'oublis, de doutes, d'hypothèses, d'anecdotes maigres. le récit d'aventures, à côté, a quelque chose de grandiose, ou peut-être de suspect. Car il commence par raconter une histoire et, d'un seul coup, se lance dans une autre : dans cette rupture, cette cassure qui suspend le récit autour d'on ne sait quelle attente, se trouve le lieu initial d'où est sorti ce livre, ces points de suspension auxquels se sont accrochés les fils rompus de l'enfance et la trame de l'écriture. »

De quelle manière le roman met-il en jeu la mémoire individuelle et la mémoire collective ?

Tout d'abord, nous allons voir comment la mémoire individuelle est mis en avant dans le roman puis comment la mémoire collective est elle aussi mit en avant dans le livre.

La mémoire individuelle est très présente dans ce roman, surtout dans la partie sur l'enfance de Georges Perec, plus que dans le récit imaginaire. Georges Perec nous livre toute son enfance, tous ses souvenirs personnels sans détour. Il fait appel à sa mémoire (sa mémoire individuelle !) pour nous les livrer. Il se souvient, il écrit, il ordonne ses souvenirs sur le papier pour en faire un récit cohérant. C'est une jolie manière de faire travailler sa mémoire individuelle que d'écrire ses souvenirs d'enfance et de faire tout ce travail sur soi-même. Il s'agit d'une mise en scène de la mémoire individuelle de Georges Perec. Il nous livre aussi un autre côté de la Seconde Guerre Mondiale car sa famille a tout fait pour l'y protéger, il n'a pas de souvenirs de ses parents et ne sait pas pourquoi ils ne sont plus à ses côtés. Ce qui rend son histoire belle et extraordinaire !
Dans le récit imaginaire, la mémoire individuelle est peu existante voire inexistante ! Dans cette partie, l'auteur a plus cherché à développer la mémoire collective sur la vie de la cité W. Roman d'aventures et reconstitution d'un fantasme enfantin sur l'idéal olympique, cette histoire est étrange. L'auteur commence par nous raconter une histoire d'un homme ayant volé l'identité d'un enfant disparu sans le savoir puis il y a une cassure nette et nous découvrons la vie de la cité W, une cité olympienne. On découvre le mode de vie de ses habitants qui devient de plus en plus malsain : il y a un cercle vertueux pour les gagnants et un cercle vicieux pour les perdants, les femmes sont enfermées et violées lors des jeux, etc… l'histoire est très bien écrite mais légèrement malsaine à la fin. L'individu n'existe pas vraiment, il n'y a pas vraiment de mémoire individuelle, seul la mémoire collective est mise en avant. Nous découvrons l'ensemble mais aucun individu. La cité a ses lois propres et personnelles, tournée vers le sport et rien d'autre ; exerçant un classement dans les disciplines, faisant affronter les sportifs des quatre villages entre eux à travers différents championnats et encourageant les défis pendant les entraînements.

Dans ce petit livre de 219 pages, la mémoire collective et la mémoire individuelle sont très bien exploitées et mise en avant grâce aux deux histoires. L'un met en avant la mémoire individuelle et l'autre la mémoire collective, le tout est bien séparé. L'auteur a une plume géniale et simple, il arrive à nous transmettre ses idées et ses réflexions !
Lien : https://mathildelitteraire.b..
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Un livre... qui retourne le cerveau. Je n'ai pas d'autres mots pour le décrire.
Nous sommes confrontés à trois récits enchâssés qui paraissent totalement opposés l'un à l'autre. D'un côté, la biographie de Perec. D'un autre, l'histoire d'un type qui a l'identité d'un enfant disparu en mer et enfin, la description détaillée d'une île sportive appelée W, issue de l'imaginaire enfantin de Perec.
Le côté autobiographie est... vaguement intéressant. On apprend deux ou trois choses sur sa vie. Il s'appuie beaucoup sur des descriptions de photos pour parler du passé mais il met surtout en avant les tours que joue la mémoire avec le temps. Il s'approprie des événements qui sont arrivés à des proches parce que sa mémoire s'altère avec le temps.
L'histoire du type qui a une autre identité m'a... complètement laissé de marbre. Comme si je lisais des faits divers dans un journal.
Par contre... c'est la 3e histoire, celle sur W qui est renversante. Perec nous décrit une île tout à fait charmante, avec un culte des corps parfaits. Mais à mesure qu'on avance dans l'histoire... le parallèle avec les nazis est incontestable. W est une dictature horrible qui traite les humains de façon abominables (viols encouragés, tortures pour les perdants, exclusion sociale... la liste est longue). le plus incroyable c'est que cela m'a rappelé le cercle vicieux des personnes maltraitées par leur moitié : c'esr progressif. Il y a un acte qui dérange. On passe outre, on l'oublie. Un deuxième acte, on passe outre, on oublie. Un troisième, un quatrième... jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien de beau. Et avant de s'en rendre compte, on est tombé dans l'horreur.
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W ou le souvenir d'enfance (1975) est un roman monté de façon très astucieuse entre souvenirs et dystopie; c'est un récit en partie autobiographique publié sous forme de feuilleton fictionnel entre 1969 et 1972. Perec aurait écrit cette fiction dès ses 13 ans, une histoire qu'il avait appelée W et qu'il avait ensuite oublié. Plus tard, il va retrouver des dessins de l'époque de ses 13 ans et à partir de là, il va tout réinventer. La fiction et l'autobiographique sont narrés à la première personne; la fiction y figure en italique.

Les souvenirs d'enfance sont très fugaces et plutôt assez doux, d'une grande pudeur au vu du traumatisme subi.

La partie autobiographique : c'est triste mais sans pathos, sans apitoiement; les souvenirs sont peu nombreux et Perec a voulu y remédier par l'écriture. Georges Perec a perdu son père à l'âge de 4 ans à la guerre en 1940; et il a aussi perdu sa mère, à l'âge de 7 ans à Auschwitz: alors qu'elle allait être déportée, elle a eu la présence d'esprit de le confier à un convoi de la Croix Rouge vers Villard-de-Lans où il vivra le temps de la guerre; il sera adopté par une tante paternelle en 1945.

Page 63 il écrit…je ne sais pas si je n'ai rien à dire, je sais que je ne dis rien; je ne sais pas si ce que j'aurais à dire n'est pas dit parce qu'il est l'indicible.

La fiction : Gaspard Winckler travaille comme mécanicien dans un garage luxembourgeois sous ce faux nom. C'est un déserteur de l'armée française; il sera contacté par un avocat afin qu'il l'aide à retrouver le vrai Gaspard Winckler, sourd-muet, qui aurait échappé au naufrage d'un yatch en Terre de Feu. le récit va se poursuivre dans une île imaginaire appelée W et dédiée entièrement au sport de compétition dont la devise est « plus haut, plus fort, plus vite« . On forme des athlètes de haut niveau avec une grande cruauté, des contraintes et des souffrances physiques et psychologiques. Très peu réussissent et les autres sont asservis suivant l'idéologie opérante; cette idéologie comporte une échelle de valeurs qui rappelle certains thèmes de l'idéologie nazie.

Ce faux Gaspard Winckler qui doit partir à la recherche du vrai, pourrait s'interpréter comme Georges Perec adulte essayant de récupérer son enfance et de comprendre sa souffrance muette afin de se sauver du naufrage psychologique, ce qui en psychanalyse est décrit comme un mécanisme de refoulement qui vise à maintenir loin du conscient les souvenirs désagréables, c'est un mécanisme de défense.

C'est la dernière page du roman qui va éclairer le rapport entre l'ile de W et la vie de Georges Perec : île organisée sur des lois absurdes qui déshumanisent les habitants; cet île est divisée en 4 villes et ce chiffre 4 est le nombre parfait avec 4 villes disposées chacune en carré. Mais cet aspect idéal en apparence cache une organisation pleine d'arbitraires et de discriminations qui sont des horreurs.

En épigraphe de la deuxième partie du livre il y a une très belle citation de Raymond Queneau…cette brume insensée où s'agitent des ombres- est-ce là mon avenir…

Pour terminer, je cite un passage de G. Perec page 63 que je trouve d'une grande beauté…J'écris: j'écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j'ai été un parmi eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leur corps; j'écris parce qu'ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l'écriture: leur souvenir est mort à l'écriture; l'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Une autre autobiographie est-elle possible ? Finalement, ce qui se dessine au fil des pages se révèle très stimulant. En évoquant discrètement mais régulièrement quelques thèmes centraux, l'auteur donne de la consistance et un sens global à ce livre qui part un peu dans tous les sens.

Car plutôt qu'un seul ouvrage, l'auteur nous propose 4 textes assez disparates. La connexion entre eux est assurée de temps à autres mais on peut tout aussi bien les lire séparément, je trouve.

W, le plus célèbre de ses textes, n'occupe finalement qu'un quart de l'ouvrage. Ce qui est raconté est à glacer le sang (le passage sur le statut des femmes notamment).

Pour le reste, plutôt qu'une autobiographie, l'auteur propose plutôt une antibiographie. ça ressemble presque à un travail d'historien ! L'analyse porte sur 4 sources : deux écrits, d'enfance de l'auteur (W. et l'histoire de l'enfant qui n'ont quasiment rien à voir) ; des souvenirs de l'auteur ; des photos ou des témoignages. Que peut-on en apprendre ? le lecteur est libre de faire son choix. L'auteur n'émet qu'un avis.

C'est donc presque une critique le genre de l'autobiographie. On lui préfère ici un travail conscient de réflexion, sur la base d'une analyse réfléchie. En ce sens, le livre est intéressant. Et unique à ma connaissance.



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Un livre polymorphe, peu facile à lire mais néanmoins très émouvant, qui mêle deux récits : le premier, présentant une société dystopique gouvernée par le sport, vient éclairer le récit de vie de l'auteur, qui tente de reconstituer son passé et le souvenir de sa famille, anéantie par le Troisième Reich.
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