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sur 1203 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
LES CHOSES de GEORGES PEREC
Un livre surprenant prix Renaudot 1965 une écriture simple et fluide qui décrit la vie quotidienne les espérances et les désillusions d'un jeune couple. Progressivement s'installe une critique de la société de consommation les années passent le couple vieillît et Perec continue à relater . Adoré ce livre peut-être parce que c'est l'époque que j'ai connu.
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Mon Perec de l'année, mais comme 2018 débute tout juste, je ne suis pas sûr de m'arrêter à un seul...

Il me semblait l'avoir lu il y a longtemps mais cette lecture m'a semblé, au fil des pages, une découverte, de toutes façons, relire un Perec ce n'est jamais une erreur ni même une corvée.

Ecrit d'une manière étrangement distanciée, comme un constat, jamais Perec ne donne vraiment l'impression d'entrer dans les questions existentielles ; il fait de ses personnages des jouisseurs, des rêveurs de lendemains meilleurs mais sans efforts à fournir : un fort héritage, un trésor découvert, une reconnaissance financière pour des créations ne demandant pas beaucoup d'implication, ... Et pourtant, très vite cette impression est démentie à travers les rêves matérialistes qui ne se réalisent pas et qui donc posent question et poussent Sylvie et Jérôme à une réflexion.

Si l'époque change, puisque ce texte a un peu plus de cinquante ans, les descriptions des objets et des intérieurs peuvent sembler datées, celles des personnages est diablement moderne. Ce qui tendrait à prouver que malgré le progrès, les avancées technologiques, l'homme rêve toujours de plus et pense que le bonheur s'atteint avec des désirs illimités qui, par définition ne seront jamais assouvis. "Trop souvent, ils n'aimaient, dans ce qu'ils appelaient le luxe, que l'argent qu'il y avait derrière. Ils succombaient aux signes de la richesse ; ils aimaient la richesse avant d'aimer la vie." (p.27). Constat cruel et tellement réel, puisque désormais tout est accessible du moindre clic de souris à condition d'avoir la monnaie, et j'imagine que les dernières fêtes ont été un prétexte à une ruée sur les objets technologiques, les jouets chers, l'acmé d'une consommation à outrance.

Georges Perec évoque aussi la publicité, puisque ce n'est pas un hasard, Sylvie et Jérôme bossent dans ce domaine, et encore une fois, il fait mouche : "Lorsque, le lendemain, la vie, de nouveau, les broyait, lorsque se remettait en marche la grande machine publicitaire dont ils étaient les pions minuscules, il leur semblait qu'ils n'avaient pas tout à fait oublié les merveilles estompées, les secrets dévoilés de leur fervente quête nocturne. Ils s'asseyaient en face de ces gens qui croient aux marques, aux slogans, aux images qui leur sont proposées, et qui mangent de la graisse de boeuf équarri en trouvant délicieux le parfum végétal et l'odeur de noisette (mais eux-mêmes, sans trop savoir pourquoi, avec le sentiment curieux, presque inquiétant, que quelque chose leur échappait, ne trouvaient-ils pas belles certaines affiches, formidables certains slogans, géniaux certains films-annonces ?)." (p.87/88)

L'écriture est superbe, les phrases longues, comme vous pouvez le constater sur l'extrait précédent -et il y en a de plus longues encore-, à lire en respectant bien les temps de respiration et de pause qu'impose la ponctuation, virgule en tête et en fête. Un texte intemporel, plutôt pessimiste sur la capacité des hommes à être heureux puisque le bonheur semble-t-il n'est pas dans la propriété ni dans la richesse matérielle et que c'est pourtant l'objectif d'une large majorité, qui résonne en tout lecteur actuel, passé et futur. Comme toujours avec Georges Perec, ce court roman est forcément indispensable.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Un livre du siècle dernier, qui pourtant décrit si bien le mal qui ronge notre société actuelle. Un chef-d'oeuvre à lire sans attendre.
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Quel plaisir de retrouver Perec ! Cet auteur nous partage dans ce livre le quotidien ordinaire, d'un couple ordinaire des années 1960. Les souvenirs de l'auteur de cette période passe essentiellement par les objets. Mais grâce à ce médium il arrive à nous partager les sentiments et ressentis des jeunes de son époque. Plus qu'un témoignage du passé je trouve que c'est une histoire de vie qui permet de relativiser le présent. Une lecture que je recommande à tout le monde !
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quelle claque ! j'ai beaucoup aimé lire ce livre, cette analyse presque sociologique d'un couple dans les années 60, surplombé d'un pessimisme avec la plume de Georges Perec qui ne laisse transparaître aucun sentiment, aucune compassion.
à vrai dire, j'ai du mal à savoir quoi penser maintenant : dois-je me réjouir car je ne suis pas comme eux, ou dois-je m'attrister car, au fond, nous sommes tous un peu comme jérôme et sylvie ?
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Si le roman de Georges Perec, Prix Renaudot 1965, a si fortement impressionné le public et la critique lors de sa sortie, c'est que l'oeuvre du tout jeune auteur (qui mourra d'ailleurs prématurément avant d'atteindre la cinquantaine) rompait profondément avec la littérature traditionnelle.

Si ce livre est aujourd'hui enseigné au lycée et à l'université, c'est parce qu'il était - et restera - tant un très bel exercice de style formel que, sur le fond, le passionnant témoignage d'une époque.

La forme, c'est ce qui a toujours passionné Georges Perec, tout au long de sa courte carrière en quête d'expérimentation extrême.

Le premier chapitre est écrit au conditionnel, le second au futur antérieur, avant que l'auteur ne passe, au fil des pages, par le passé simple, l'imparfait ou le plus que parfait. Rien que cela...

L'entier roman est composé comme un exposé journalistique, le simple étalage de faits, sans aucun dialogue, créant ainsi une distanciation avec les deux personnages principaux qui, comme observés par un ethnologue ou un sociologue, s'agitent sous le microscope du scientifique.

Distance, distance par rapport aux piètres "héros", au récit de leur vie qu'ils pensent originale mais qui n'est que la somme des courants des modes du temps.

C'est là que Perec touche au fond, en déconstruisant méthodiquement, méticuleusement, les ressorts de la société française du début des trente glorieuses.

Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page
Lien : https://www.letournepage.com..
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Notre mode de vie jusqu'à la fin du monde.
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Il y a tellement à dire sur ce livre au ton désabusé, remarquable. Je ne vais pas gloser, ni me livrer à toute une série d'analyses grandiloquentes. J'ai trop adoré pour cela. Ecrit à l'imparfait, au conditionnel (imparfait encore), il donne un ton particulier au rêve brisé d'un couple qui se voyait déjà "arrivé". Ce rêve, comme dit Souchon, on l'a tous fait, tu te voyais déjà... Cf. Aznavour. On se projette tous. Les choses, c'est finalement tellement universel.

Le tout sur fond de guerre d'Algérie, de perte de repères, d'envie, de luxe inabouti, de faux pas, de dérapages, d'échecs, etc.
Sensible et humain.
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L'accumulation des mots, des descriptions, des détails insignifiants ou non finit au fil des pages par nous rendre presque palpable cette accumulation des choses qui nous domine tous. Il n'est question de rien à travers ce couple qui erre à travers ses désirs qui ne pourront jamais être assouvis, il n'est même pas question d'eux, il reste cette étrange pesanteur face a un destin qui se délite à Paris comme à Sfax.
« Les choses » c'est notre époque et notre incapacité à s'en saisir en 150 pages, c'est cet arbre dans une cour, qui retrouve tout son charme le jour où l'on doit le quitter et qui nous serre les tripes. Bref c'est une expérience.
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Oui, sans doute une histoire quasi-sociologique sur les débuts de la société de consommation mais surtout une réflexion amère et magnifiquement écrite sur le manque qui est en nous et qui constitue le coeur-même de la littérature.
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