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sur 1203 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Magistral ! Au fond, depuis les années soixante, nos vies m'ont pas beaucoup changées : travailler, gagner de l'argent pour acheter des choses qui s'entassent et nous incommodent finalement, rêver d'une maison au bord de la mer, à la campagne…en tout cas hors de nos moyens, rêver de pouvoir partir…pour avoir la même vie ailleurs, les mêmes insatisfactions…bref, ça sert à quoi, la vie ?
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J'ai lu ce livre alors que j'étais au lycée, et en y repensant, je m'aperçois qu'on tombe parfois sur d'excellents professeurs de français, ne serait-ce que par les lectures qu'ils imposent aux élèves.
Eh bien malgré les décennies qui me séparent de cette lecture, je me souviens plutôt bien et je garde un souvenir marquant du livre.
De mémoire le livre décrit le rapport d'un couple d'intellectuels, aux objets, au statut social, à l'argent. ça a été très formateur de lire ça à l'adolescence. ça m'a appris à voir par delà les apparences, à mesurer la différence entre le profond et le superficiel.
Plus tard, j'ai lu Baudrillard et le système des objets, mais la thèse était déjà exposée de façon littéraire dans le livre, comment les choses dont on s'entoure, qu'on achète, servent plus à marquer un statut social ou définir une esthétique de vie qu'à remplir la fonction utile première de l'objet acheté.

Je crois que le livre fut mon premier contact avec ceux qui allaient être désignés plus tard comme les "bobos". Ces intellectuels qui font carrière et qui le font surtout pour faire partie d'un sérail, plus que par véritable passion pour la pensée, les idées, la quête de sens.
J'en ai gardé à jamais une défiance pour toute forme de compromission. Merci le prof et merci Pérec !



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"Les Choses" est le premier roman de Georges Perec publié en 1965. Il est sous-titré "Une histoire des années 60". Pourtant ce qui est frappant pour un lecteur d'aujourd'hui, c'est à quel point il est contemporain. On le lit d'ailleurs avec en tête des problématiques d'aujourd'hui, car la crise a amplifié certains phénomènes. Les adolescences se prolongent de plus en plus, parce que l'accès à un premier emploi est de plus en plus difficile. La vie précaire est pour la jeunesse devenue la norme. Ce qui a le plus changé, je crois, est le rapport à la richesse. Les personnages du roman de Perec aiment l'argent et se rêvent riches. Aujourd'hui cela choque un peu, cela nous rend les personnages moins proches. Car aujourd'hui de plus en plus, on se rêve décroissant, vivant dans un intérieur dépouillé, dans une sobriété plus ou moins heureuse car plus ou moins choisie. S'il est très agréable de faire résonner le texte de Perec avec nos problématiques actuelles, il est aussi important de pouvoir le resituer dans son époque. A ce titre l'entretien avec Benoît Peeters proposé en postface est vraiment très intéressant, car Benoît Peeters revient sur les influences littéraires de Perec comme sur les courants de pensée de son époque.

Mais de quoi est-il question dans Les Choses ? D'un jeune couple, Jérôme et Sylvie, bobos avant l'heure, bobos des années soixante. Au début du roman, Jérôme a 24 ans et Sylvie 22. Ils sont tous les deux psychosociologues, ce qui consiste à conduire des enquêtes, interviewer des consommateurs pour des agences de pub. Ils ont progressé dans leur branche mais ne sont pas encore cadres. Ils manquent d'argent, rêvent de choses qu'ils ne peuvent s'offrir, mais au moins ils sont libres, ont beaucoup de temps libre. S'ils optent pour le statut de cadre, ils deviendront plus sédentaires, avec des horaires réguliers. Ils gagneront plus d'argent, mais perdront leur liberté. S'ils optent pour la liberté, ils devront probablement s'installer à la campagne ou partir à l'étranger, mais n'auront alors jamais toutes ces choses dont ils rêvent. Ils ne pourront en tous cas pas rester enquêteurs indéfiniment. Ils savent qu'il leur faudra choisir avant 30 ans ou les portes de la vie de cadre dans un milieu qui favorise la jeunesse se refermeront. Pendant six ans ils vont donc vivre dans ce dilemme. Ils vont vivre au conditionnel cette période de leur vie où tout est encore possible. Tant qu'ils n'auront pas choisi, ils n'auront pas non plus renoncé. Mais le temps va décider pour eux et la fin du livre s'écrira au futur, comme si rien de neuf ne pourrait plus jamais advenir. Ce sentiment d'inéluctable donne au roman une profonde mélancolie. On en ressort un peu triste, mais heureux que Perec ait pu donner à sa propre trajectoire le virage que son double Jérôme n'a pu donner à la sienne.

Je ne suis pas une habituée du livre-audio, malgré déjà deux ou trois tentatives avec des livres lus par des bénévoles et disponibles gratuitement sur Internet. Dans ce "vrai" livre-audio j'ai apprécié une lecture plus professionnelle par un comédien (Raphaël Personnaz) et l'enrichissement du texte par un entretien (avec Benoît Peeters). Je l'ai "lu" une première fois en grande partie dans un lavomatic et "relu" plus au calme, dans l'obscurité, sous ma couette. J'ai beaucoup aimé cette expérience. le livre-audio m'a permis de redécouvrir "Les Choses". J'ai notamment redécouvert les énumérations à la Perec qui se prêtent bien à une lecture à voix haute. Raphaël Personnaz a pris le parti d'une lecture rapide, très agréable, alors que j'avais eu l'impression lors de mes premières expériences de livre-audio, que cela ralentissait mon rythme de lecture. Ici la vitesse de lecture du comédien renforce l'aspect litanique du style perecquien et la lecture à voix haute permet d'en savourer chaque mot. Je crois que cette expérience va me convertir au livre-audio particulièrement pour les textes authentiquement littéraires, où le plaisir esthétique est susceptible d'être décuplé par la lecture à voix haute.
Lien : https://annatheque.wordpress..
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Un couple vit au milieu des choses. Ils rêvent de faire fortune. Leur vie se perd dans la routine et les accumulations de babioles. Alors ils partent puis ils reviennent. Rien n'a vraiment changé. Ils ne feront pas fortune, pas tout à fait. Ils auront un bureau plus confortable, un appartement plus spacieux, des rêves plus raisonnables. Ce livre peut sembler banal, trivial, bêtement collé à la société de consommation naissante. On en sort pourtant bouleversé, parce que Perec touche, mine de rien, au mal du siècle, à cette mélancolie moderne des esprits rapetissés qui se multiplient dans les choses, toujours les choses, les listes sans fin d'objets nouveaux, de livres qui s'empilent, de journaux qui sont toujours plus souvent de l'avant-veille, de ceci, de cela, de tout et de rien. S'agit-il d'une dénonciation ? A peine. Il s'agit d'une description, précise, triste et sans colère d'un monde sans romantisme mais toujours rongé par un mal de vivre insondable. Cette histoire des années soixante semble hélas ne pas tout à fait s'être évaporée.
Lien : http://www.lie-tes-ratures.c..
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La rencontre entre sociologie et roman la plus aboutie que je connaisse !
Ca m'a passionnée, probablement en grande partie parce que, n'ayant pas vécu les années soixante, j'ai eu l'impression d'en apercevoir une photographie assez nette, mais aussi parce qu'il nous reste encore beaucoup de ces années-là.
Si Georges Perec était encore de ce monde, je le supplierais d'écrire un roman par décennie suivante (ça et beaucoup d'autres choses !).
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Pendant longtemps, les choses est resté mon livre préféré sans que je puisse réellement expliquer pourquoi. Ce n'est presque pas un roman tant la description sociologique des années 60 est réussie. Mais loin de s'enfermer dans une époque, le mode de vie que l'auteur décrit est toujours le nôtre aujourd'hui.
Avec ce livre, j'ai découvert un auteur formidable qui manie les mots, l'imagination et l'humour sans pareil. Il m'a révélé ce qui me plaisait souvent chez les auteurs : une oeuvre diversifiée où chaque livre est différent, un plaisir de l'écriture passant par le jeu avec les mots, la construction ou la narration et l'humour sous-jacent.
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Georges Perec est le roi de la description. J'adooore ! et d'ailleurs il n'y a pas que moi puisque ce premier livre de Perec a obtenu le prix Renaudot en 1965.
Avec « Les choses : Une histoire des années soixante » il commence par nous faire visiter un appartement. On y découvre des objets insolites, une coiffeuse, un pouf, une machine à écrire… et le couple qui y vit, Sylvie et Jérôme.
Nous sommes dans le réel mais sur un mode complètement innovant. Perec réussit à nous faire entrer dans une histoire qui n'en est pas vraiment une. Ce livre ressemble à un récit autobiographique romancé qui permet de décrypter une époque dans son entièreté : d'abord sociologique avec essentiellement une sociologie du regard mais aussi économique et politique.
L'histoire est celle de Sylvie et Jérôme. Ils vivent à Paris dans un petit appartement, riches d'objets et de leur amour mais aspirent à autre chose. Ils cherchent le bonheur et veulent avoir de l'argent sans se plier aux conventions sociales ni aux contraintes du monde du travail. Ce sont des bobos (à l'époque le terme n'existait pas), cultivés, cinéphiles, engagés politiquement à gauche.
C'est une période de plein emploi et ils exercent un nouveau métier : ils sont psychosociologues. Au temps des premières études d'opinion et de l'analyse des comportements de consommateurs, ils réalisent des enquêtes. En vieillissant, ils ont besoin de stabilité mais ils ne veulent pas avoir une vie de patachons. Après une expérience en Tunisie, ils reviennent vivre en France, à la campagne. Mais Jérôme et Sylvie restent spectateurs et n'arrivent pas à entrer dans le film de leur vie.
Ce qui est très fort c'est que Perec montre, qu'avant 68, le désenchantement est déjà là, même s'il n'y a pas de chômage. Ce livre est aussi une critique de la société de consommation. Alors, cela m'a fait penser aux mythologies de Roland Barthes, dans un style différent.
Et puis, le livre s'achève sur une citation de Marx un peu ambiguë certes mais qui semble être un écho confirmant que la tentative de Sylvie et Jérôme d'échapper au cadre est vaine, qu'ils sont inscrits dans un groupe social et que par l'accumulation de biens, les individus peuvent devenir des choses.


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Voilà un livre dont je ne me prive pas de relire quelque long passage de temps à autre.
La vue y est précise, de notre existence pleine de convoitises et d'impatiences.
Les choses... Des objets que nous désirons, et de ce que nous paieront pour les obtenir.
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Les Choses/Georges Perec (Prix Renaudot 1965)
Une obsession : acquérir les choses ! Un roman passionnant !
Certes il y a bien les Choses et beaucoup de Choses dans ce magnifique roman, grand classique de la littérature contemporaine (Prix Renaudot 1965), et il y a aussi les mots pour les dire, les citer et les décrire et Georges Perec est un maître au talent immense dans cet art avec une richesse de vocabulaire inouï et un goût pour l'énumération étonnant.
Paris au début des années 60 : deux jeunes psychosociologues travaillant à temps partiel, Sylvie et Jérôme, issu de la classe moyenne découvrent peu à peu qu'ils ne sont pas faits pour entrer dans le système et perdre ipso facto leur liberté. Mais hors système il peut être difficile d'avoir les moyens de réaliser ses rêves. Grands amateurs d'antiquités et de belles choses toujours plus envoûtantes, hédonistes vivant au jour le jour, tous deux se trouvent asservis à une idée totalement matérialiste du bonheur et l'argent pour posséder les choses leur manque cruellement. Tout le premier chapitre est écrit au conditionnel : il traduit l'utopie folle qui les habite et évoque l'appartement de leurs rêves :
« Il leur semblerait parfois qu'une vie entière pourrait harmonieusement s'écouler entre ces murs couverts de livres, entre ces objets si parfaitement domestiqués qu'ils auraient fini par les croire de tout temps créés à leur unique usage, entre les choses belles et simples, douces et lumineuses…Nul projet ne leur serait impossible. Ils ne connaitraient pas la rancoeur, ni l'amertume ni l'envie. Car leurs moyens et leurs désirs s'accorderaient en tous points, en tout temps. Ils appelleraient cet équilibre bonheur et sauraient, par leur liberté, par leur sagesse, par leur culture, le préserver, le découvrir à chaque instant de leur vie commune. »Un tableau en tout point idyllique !
Il apparaît dans la réalité que ce qu'ils aiment dans le luxe, c'est l'argent qui est derrière : ils succombent aux signes de la richesse et dans leur impatience, ils aiment la richesse avant d'aimer la vie. Et puis dans le monde qu'ils se sont créé, il s'avère que la règle est de désirer toujours plus que ce que l'on peut acquérir. Avec des fins de mois difficiles !!
Ainsi va leur vie comme celle de leurs amis dans leurs petits appartements encombrés et sympathiques, avec leurs balades et leurs films, leurs grands repas fraternels, leurs projets merveilleux
« Ils vivaient dans un monde étrange et chatoyant, l'univers miroitant de la civilisation mercantile, les prisons de l'abondance, les pièges fascinants du bonheur. »
Alors d'un coup d'un seul ne pouvant plus supporter cette médiocrité quotidienne, ils décident de partir à l'aventure en Tunisie pour tenter de faire fortune, Sylvie enseignante et Jérôme à la recherche d'un emploi !!
le système conformiste qu'ils ont toujours fui les rattrapera-t-il ? le bonheur leur restera-t-il inaccessible ? L'envie demeurera-t-elle pour Sylvie et Jérôme une addiction, une course sans fin ? La jouissance de posséder continuera-t-elle de les habiter ? Autant de question que la suite du roman aborde pour le plus grand plaisir du lecteur.
Un livre fascinant et passionnant que j'ai lu d'une traite, sans m'arrêter un instant. Une description surprenante et minutieuse de la vie d'un jeune couple des années 60 avec une certaine distanciation de la part de l'auteur vis à vis de ses deux personnages. Une réflexion sur le bonheur avant tout et sur la fascination qu'exercent parfois sur nous les Choses. Et surtout leur possession !
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Jérôme et Sylvie rêve de luxe et de liberté. Leur métier ne leur permet pourtant que de vivoter dans un deux pièces parisiens.
 
Perec décrit avec minutie l'ère du temps des années 60, avec l'apparition de la société de consommation, le décalage entre le vouloir et le pouvoir, le jeu des apparences et surtout, ces choses, objets de tant de convoitises pour pouvoir paraître.
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