Et il sent que son âme laisse couler lentement une plainte amère tandis qu'il cherche désespérément dans sa mémoire un Dieu à qui confier son repentir. Et il découvre avec surprise qu'il ne se repent de rien, même si à dire vrai il n'est plus très clair qu'il y ait, en ce moment où la nuit tombe, un Dieu pour l'écouter. Alors il sent le coup. Il y en a eu d'autres auparavant, comme en témoignent ses cicatrices; mais il sait que celui-ci n'en laissera pas. Il ne fait pas mal non plus; à peine si l'âme semble s'échapper par la bouche. Alors tombe soudain la nuit irrémédiable et, avant de s'enfoncer en elle, il comprend que cette fois-ci elle sera éternelle. Quand Roger d'Arras lance son cri, il n'est déjà plus capable d'entendre sa propre voix.
García de la Concha, qui s’était penché en avant et avait posé les coudes sur la table, m’observait par-dessus ses doigts croisés. Comme toujours, ses yeux transmettaient à son interlocuteur une exhortation enthousiaste à se lancer dans l’aventure, dès lors qu’elle ne lui compliquait pas la vie.