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Jean-Pierre Quijano (Traducteur)
EAN : 9782253076254
346 pages
Le Livre de Poche (11/05/1994)
  Existe en édition audio
3.85/5   1817 notes
Résumé :
4e de couverture de l'édition Livre de Poche n° 7625 de 1994 ISBN 9782253076254 :

Sur la toile, peinte il y a cinq siècles, un seigneur et un chevalier jouent aux échecs, observés depuis le fond par une femme en noir. Détail curieux : le peintre a exécuté ce tableau deux ans après la mort mystérieuse d'un des joueurs et tracé l'inscription "Qui a pris le cavalier ?", également traduisible par "Qui a tué le cavalier ?"

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Critiques, Analyses et Avis (149) Voir plus Ajouter une critique
3,85

sur 1817 notes
Vous aimez les peintures du Quattrocento, l'histoire de l'art, la restauration de tableaux, les parties d'échecs et les intrigues policières ? Alors lisez ou relisez au plus vite « Le Tableau du Maître flamand ». Arturo Perez-Reverte, son auteur, n'a peut-être pas signé ici son meilleur livre, si on le compare avec les « Aventures du capitaine Alatriste » (1996), mais dans cette oeuvre à mi-chemin entre roman policier et roman historique, dans ce Grand Prix de la littérature policière (1993), l'auteur nous compte une histoire bien enlevée et sacrément documentée dont la fin pourrait vous surprendre.

L'histoire : Julia travaille à la restauration de « La Partie d'échecs », une oeuvre peinte en 1471 par un flamand, Pieter van Huys. Elle met alors à nu cette petite inscription en latin, initialement masquée par l'artiste : « Qui a tué le cavalier ? ». Il s'avère que ni le propriétaire du tableau, ni l'ancien professeur d'histoire de l'art de Julia ne connaissaient l'existence de cette inscription. le tableau, qui doit être mis en vente, représente un chevalier (un cavalier) jouant aux échecs avec un duc ; en arrière plan, la duchesse, vêtue de noir, tient un livre qu'elle semble lire. Vérifications faites, la dame serait en deuil du chevalier, son amant, tué d'un carreau d'arbalète deux ans avant la composition du tableau, et le duc pourrait avoir été au courant de la liaison de sa femme. Question : qui est l'assassin ? Pieter van Huys pourrait avoir incorporé la réponse à cette question dans la partie d'échecs que se jouent les deux hommes. A première vue, c'est assez évident : de jalousie, le duc a fait assassiner le chevalier. Mais est-ce que les apparences ne seraient pas trompeuses ? Étrange : la Mort frappe les uns après les autres ceux qui voudraient découvrir la vérité ! Je ne vous en dis pas plus.

Avec « Le Tableau du Maître flamand », Arturo Perez-Reverte a réalisé un livre très intéressant, et à plus d'un titre.

Au titre de l'intrigue policière : une construction habile qui promène le lecteur de personnage en personnage ; c'est plaisant, très typé, un peu manichéen sur les bords mais l'intrigue policière vous prend aux tripes tant elle fascine, avec un suspense qui dure jusqu'au bout (le livre fait 347 pages).

Au titre de l'histoire de l'art et des tableaux du Quattrocento : une description savante des moyens déployés pour fabriquer mais aussi pour restaurer aujourd'hui (page 71) ces oeuvres d'art, les couches de peinture masquant parfois l'essentiel, lequel se dévoile grâce à la photographie aux rayons X. L'auteur nous fait au passage toucher du doigt quelques trucs des anciens maitres flamands : intégrer le spectateur ou intégrer des miroirs et des trompe-l'oeil dans le tableau, de façon à brouiller la frontière entre la réalité et le tableau ou à présenter plusieurs niveaux de réalité, quitte (page 240) à présenter, comme dans les dessins d'Escher, un éternel retour vers le point de départ, le tableau étant dans un autre tableau qui ramène au premier tableau ... le lecteur découvrira aussi les coulisses actuelles et parfois peu glorieuses de la vente de tableaux et la concurrence entre galeristes.

Au titre de la construction de l'ouvrage : l'écriture reste simple, spontanée, fluide, précise mais sans recherche particulière. de rares touches d'humour ponctuent l'ensemble. La fin, qui intervient après 14 chapitres de longueur assez similaire, paraitra téléphonée ou alambiquée : à vous de voir.

Mais, pour ma part, le livre se distingue par tout ce qui touche au jeu des échecs, le Roi des jeux. Avertissement : les non-joueurs d'échecs trouveront certains passages longs ou obscurs, bien que l'auteur, dans un souci louable de pédagogie, ait tenté à onze reprises de nous expliquer la progression de l'intrigue policière et des pièces du jeu au moyen d'un échiquier. Les joueurs savent que ce jeu nécessite logique, stratégie, rigueur et concentration ; ils reconnaissent (page 325) que gagner c'est prendre le dessus, alors que perdre c'est se soumettre. Ce jeu est inscrit dans la nature profonde de l'être humain. Ses côtés alternativement sérieux et ludique séduisent. Mais le pouvoir d'attraction du jeu d'échecs réside probablement dans ses spécificités. Petit rappel : deux adversaires se côtoient à un mètre de distance. Dans ce rapprochement mutuellement consenti, deux personnes, généralement de même sexe, vont s'affronter dans une vraie compétition : il s'agit de gagner, en s'adaptant à des situations parfois imprévisibles et en faisant preuve d'invention. Les joueurs, les Rois, sont au commande d'une équipe de soldats, sur un champ de bataille. Il y a des règles et des conventions (les joueurs ont le même nombre de pièces, les pièces se déplacent dans chaque camp de façon identique, les joueurs disposent du même capital-temps pour jouer chaque coup …) mais la liberté de manoeuvre est permise, même s'il y a des comportements mimétiques (pour donner le change ou pour apaiser l'adversaire ?). Dans cette rencontre placée dans une même unité d'espace et de lieu, il va régner une certaine harmonie, et pourtant l'aventure commencera dès la première pièce jouée. Les Rois s'observent, en adversaire, mais ils conservent, comme aux temps de la chevalerie, une estime pour leur vis-à-vis : chacun essaiera de contrôler son émotivité et tâchera de se construire une identité temporaire de guerrier triomphant. le contrôle du territoire et particulièrement du centre (un centre du monde, en réduction) reste essentiel. Au-delà du respect mutuel entre les joueurs, au-delà de cette symétrie de façade, l'un d'eux devra bien briser le miroir et tenter de pousser l'autre à la faute fatale et impardonnable qui scellera l'issue du jeu. le perdant devra accepter la soumission ou abandonner la partie, ce qui revient à avouer sa faiblesse. A ce jeu, on rencontre essentiellement des hommes : quand un Roi triomphe d'un autre Roi, dans une symbolique oedipienne, certains psy ont reconnu que ça revenait à permettre qu'on tue le père d'une façon acceptable. D'autres ont fait observer que la relation entre les deux joueurs n'était pas une relation père-fils, que la Reine n'était ni la femme ni la maitresse phallique du Roi, que le Fou n'était pas fou puisque son déplacement répondait à des règles strictes … Certes, mais dans son livre « Le Tableau du Maître flamand », Arturo Perez-Reverte nous fait toucher du doigt, au-delà des jeux du meurtre, l'ambivalence des êtres, la fragilité du père, la réalité de l'homosexualité, le drame de certaines existences et … la puissance de la femme. Je vous le disais : un livre intéressant à plus d'un titre !
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J'ai acheté l'édition poche il y a bien longtemps, attirée par la couverture : le fameux tableau de la partie d'échecs dont il est question dans le roman. Je ne connais pas grand chose aux échecs (le minimum pour comprendre le déplacement des pièces sur l'échiquier) mais j'adore la peinture et la curiosité m'a poussée à l'ouvrir. Comment un policier peut-il utiliser ces deux "ingrédients" ? Les personnages vont peu à peu se substituer aux pièces de l'échiquier et nous assistons à un habile jeu de miroirs. Le livre offre également plusieurs niveaux de lecture. Le résultat m'a beaucoup plu.
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Le tableau du maitre flamand est un livre machiavélique ! Une fois sa lecture entamée, impossible de poser ce livre car l'intrigue est vraiment très prenante.
On est happé des le début de l'histoire par le mystère qui plane autour de cette toile de maitre en train d'être restaurée et qui semble susciter bien des convoitises et des interrogations.
Ce livre développe une intrigue qui mêle habillement l'histoire avec les vingtième siècle.
L'auteur a su créer une ambiance particulière, qui ajoute à la particularité de ce roman pas comme les autres!
Je pense que les non joueurs d'échecs peuvent trouver ardues certaines parties qui sont assez techniques , mais cependant cela ne m'a pas empêché d'apprécier tout le talent et la maitrise d'Arturo Perez -Reverte
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Niveau 6 : Quel est le but du jeu ? Est-ce gagner ? Ou bien simplement prendre du plaisir durant la partie ? Faut-il qu'elle dure longtemps pour être plus heureux ? Et si la vie était un jeu ? Quel est alors son enjeu ? Regarde bien dans le miroir face aux joueurs : qui chacun d'eux voit-il comme plus farouche adversaire ?
Attention prends tout le temps de la réflexion...dis-moi miroir...quelles sont les règles finalement ? Où est le Bien ? Où est le Mal ? Où commence la fiction ? Où est la réalité ? Faut-il tout donner, toujours aller de l'avant ? Quels sacrifices accepter, quand et comment ? Car pour bien finir faut-il seulement un vainqueur ? Et si c'était finalement un jeu à qui perd gagne, la vie ? La vie si courte et qui ne contient que la vie...

Tu l'auras compris, ami lecteur, je n'ai pas résisté à te présenter en premier le niveau le plus élevé. Ne crains rien : pas de spoiler car ce niveau n'est pas tel quel ni dans le livre, ni dans le tableau. A ce niveau tout devient très personnel et ta manière d'appréhender le monde va fortement impacter ton interprétation des faits et des symboles. Moi par exemple, j'aime bien laisser des options ouvertes, d'où toutes ces questions. Arturo Perez-Reverte lui aime bien jouer, je l'ai déjà dit lors de critiques précédentes, je le répète. Ne te laisse pas embarquer car il aime jouer des tours au lecteur et essaye de le rendre fou. Avec cette dernière phrase aucun doute il adore jouer, entre autre, aux échecs, mais je te préviens il aime aussi les constructions géométriques et les mathématiques : donc la balistique, l'architecture, la peinture et la musique. En avant pour le niveau 1 (certains d'entre vous connaissent mieux les jeux vidéos et Super Mario que les échecs, c'est bien aussi pour aborder des univers parallèles) !

Niveau 1 : Écriture simple et claire pour cette démonstration quasi mathématique, adaptée aux raisonnements logiques du joueur d'échecs. Les personnages sont plutôt plats comme faisant partie du tableau. Quelques belles descriptions toutefois, sur les antiquités, la restauration d'oeuvres d'art, l'univers des antiquaires, le marché de l'art. La palme revient bien sûr à la description de ce tableau purement imaginaire d'un peintre qui n'a pas vécu ni la scène ni l'époque. Admirable sans égaler, à mon avis, Borges qui a inventé de toute pièce une encyclopédie complète. Quelques beaux dialogues sur la musique notamment. Et bien sûr les clins d'oeil à des héros imaginaires ou des figures légendaires pour renforcer l'illusion de la réalité de l'histoire racontée. Prêt pour le niveau 2.

Niveau 2 : Enquêtes entrelacées, assassinée l'unité de lieu et de temps dans ces univers parallèles, dans ce jeu de miroirs on finirait vite par ne plus savoir sa gauche de sa droite, l'envers ou l'endroit, et le passé explique-t-il le présent ou le présent permet-il d'élucider les énigmes du passé ? Y a-t-il un lapin blanc dans cette histoire ? Qui va rester sur le carreau, le carreau du dallage et le carreau du damier, l'arme est évidemment une arbalète qui nous renvoie au carreau meurtrier ? (Ouf, ni nappes en vichy, ni pantalons en pied de poule, heureusement !) Mais que fait donc la police ? Attention de ne pas glisser sur les carreaux de la salle de bain pour pouvoir atteindre le niveau 3.

Niveau 3 : Ombres et lumière, petitesses et grandeur, intrigues et jeux de pouvoir, domination et soumission, marchandages en tout genres et à tous les étages. Différents points de vue établissent différentes perspectives et différentes lignes de fuites. Attention au renversement des évidences. Qui manipule qui ? Ne te perds pas si tu veux être bien armé pour le niveau 4.

Niveau 4 : de l'art, de la peinture, de la musique et au-delà de la littérature aussi; eh oui. A ce niveau, ami lecteur, tu vas apprendre un peu sur tout. Mais j'espère que tu n'as pas oublié de prendre avec toi ce miroir que tu as déjà croisé dans les niveaux précédents car avec lui tu pourras transposer tout ce qui est dit sur la musique ou sur la peinture à la littérature. Ah, il est diablement fort cet Arturo ! Bon tout jusqu'à présent n'est qu'échauffement pour le niveau 5.

Niveau 5 : La partie d'échecs, quelle frustration, sois prêt ! Bon il faut s'accrocher si tu ne sais pas jouer au échecs mais plus encore si tu sais jouer. Quand tu tombes sur la page 88 tu vois tout de suite que les blancs ont l'avantage, confirmé en page 90, seul point délicat la tour b6 menacée par le pion noir en a7 qui pourrait mettre à mal tout ce bel édifice. Alors quand tu apprends que c'est aux blancs de jouer, tu imagines bien sûr prendre le pion noir en b7 par le pion blanc en c6. Ton adversaire se trouve en face du dilemme prendre ta tour en b6 avec son pion en a7 ce qui t'ouvre une voie royale pour aller à la dame tout en prenant son fou en d8 ou plus vraisemblablement parce qu'il n'est pas fou il va s'en servir et le sacrifier pour prendre ton pion en b7. Au coup d'après tu lui prends son fou avec ton pion en a6. Résultat tu accrois grandement ton avantage par un partage de pions, un gain d'un fou et le blocage de son cavalier en b8 ou plus tard en c6. Eh, eh pour comprendre il te faut le bouquin, c'est mon but aussi ;). Mais attends toi à une déception en page 167 !
De tout façon tu n'as pas le choix tu es prisonnier de la partie. Amoureux de liberté j'ai alors imaginé un damier en rouge et noir. Ah, ah Mr Perez-Reverte le rouge et le noir, l'amour et la mort, fini le Bien et le Mal ! Car si tout est permis pour l'auteur, le lecteur peut tout lui aussi. Incidemment, en choisissant comme modèle un maître qui préfère terminer par un Pat (match nul) plutôt qu'un Mat (prise du roi) cela pose immédiatement les questions du niveau 6.

Voilà si tu veux jouer tu peux commencer par associer les citations que j'ai déposées aux niveaux que je mentionne dans la critique. Pour corser il n'y a que 5 citations pour 6 niveaux. Et puis surtout, jette-toi sur ce très troublant roman.

Mon édition livre de poche fait 347 pages le texte commençant en page 7.
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Parfois j'aimerais me retrouver dans la tête d'un auteur lorsque germe l'idée d'un scénario afin de comprendre le processus créatif mais surtout sa genèse.
Capter cet exact moment où les grandes lignes s'enchaînent dans sa tête opérant la magie des idées qui se succèdent pour former un récit cohérent qui ensuite sera lu par des milliers de personnes.

Arturo Perez-Reverte, cette fois-ci a simplement regardé un tableau de Pieter van Huys.
La simple vue de cette oeuvre a éveillé son imaginaire pour saisir et développer l'intrigue qui a pu donner vie à la scène couchée sur la toile depuis 5 siècles.

Et il ne fait pas dans la facilité car à sa maîtrise de l'histoire de l'art flamande s'allie une grande connaissance des échecs.
Et sa touche personnelle c'est de rendre fou le lecteur !! Comme dans Cadix, où la diagonale du fou, Perez-Reverte se donne à coeur joie dans l'art de jouer des tours abracadabrants appuyés tout de même sur son amour des mathématiques.

L'auteur espagnol adore explorer les méandres de la psyché et dans ce décor original et dense il va exceller.
L'écriture est toujours chargée d'intelligence et la notion d'immortalité d'une oeuvre d'art est pleinement abordée.

Seul bémol pour moi lectrice dont les connaissances sur les échecs se limitent à la série le jeu de la dame sur Netflix : les longues descriptions sur les stratégies et la théorie des jeux qui devient un peu rébarbative au détriment de l'épaisseur qu'il aurait pu rajouter aux personnages.


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Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation
page 159
[...] Il entend le claquement sourd de l'arbalète et se dit, en un éclair, qu'il doit s'écarter de la trajectoire du trait ; mais il sait qu'un carreau court plus vite qu'un homme. Et il sent que son âme laisse couler lentement une plainte amère tandis qu'il cherche dans sa mémoire un Dieu à qui confier son repentir. Et il découvre avec surprise qu'il ne se repent de rien, même si à dire vrai il n'est plus très clair qu'il y ait, en ce moment où la nuit tombe, un Dieu pour l'écouter. Alors il sent le coup. Il y en a eu d'autres auparavant, comme en témoignent ses cicatrices ; mais il sait que celui-ci n'en laissera pas. Il ne fait pas mal non plus ; à peine si l'âme semble s'échapper par la bouche. Alors tombe soudain la nuit irrémédiable et, avant de s'enfoncer en elle, il comprend que cette fois elle sera éternelle. Quand Roger d'Arras lance son cri, il n'est déjà plus capable d'entendre sa propre voix. [...]
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- (...) Voyez plutôt - il tendit la main vers la table, prit un papier et un crayon, puis écrivit quelques lignes qu'il montra ensuite à Munoz. Regardez-moi ceci, je vous prie.
Le joueur d'échecs lut à haute voix :
- "La phrase que j'écris en ce moment est celle que vous lisez en ce moment..." - il regarda Belmonte, surpris. Oui, et puis ?
- C'est tout. J'ai écris cette phrase il y a une minute et demie et vous venez de la lire, il n'y a que quarante secondes. En d'autres termes, mon écriture et votre lecture correspondent à des moments différents. Mais sur le papier, "ce moment" et "ce moment" sont indubitablement "le même moment"... Donc la phrase est à la fois vraie et fausse... Ou est-ce le concept de temps que nous laissons de côté ?... N'est-ce pas un bon exemple de paradoxe ?
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- Plus encore que vous ne croyez, Bach, comme beaucoup d'artistes, aimait jouer de tours. Il recourait constamment à des stratagèmes pour tromper son auditoire : espiègleries avec des notes et des lettres, variations ingénieuses, fugues insolites et, par-dessus tout, un grand sens de l'humour... Par exemple, dans une de ses compositions à six voix, il introduit en catimini son propre nom, réparti entre deux des voix supérieures. Mais ces choses n'existaient pas seulement en musique : Lewis Caroll, qui était mathématicien et écrivain en plus d'être un grand amateur d'échecs, affectionnait les acrostiches... Il existe des manières fort habiles de cacher des choses dans une pièce de musique, dans un poème ou dans un tableau.
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A le regarder marcher les mains dans les poches, à voir sa chemise élimée, ses grandes oreilles qui dépassaient au-dessus du col de sa vieille gabardine, il donnait l'impression d'être exactement ce qu'il était : un obscur employé de bureau qui ne fuyait la médiocrité qu'en se plongeant dans le monde des combinaisons, des problèmes et des solutions que les échecs pouvaient lui offrir. Le plus étrange en lui était ce regard qui s'éteignait lorsqu'il ne fixait plus l'échiquier ; cette manière de pencher la tête comme si quelque chose pesait trop lourd sur les vertèbres de son cou ; comme s'il voulait ainsi que le monde extérieur glisse de côté sans le frôler plus qu'il n'était nécessaire. Il lui faisait penser aux soldats prisonniers que l'on voit défiler la tête basse dans les vieux documentaires sur la guerre. Son expression était celle de l'homme battu avant même que n'ait commencé la bataille ; de celui qui chaque jour ouvre les yeux et se réveille vaincu.
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La vie est une aventure incertaine dans un paysage diffus aux limites en perpétuel mouvement, où les frontières sont toutes artificielles ; où tout peut s'achever et recommencer à chaque instant, ou prendre fin subitement, comme par un coup de hache, inattendu à tout jamais. Où la seule réalité absolue, compacte, indiscutable et définitive est la mort.
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Vidéo de Arturo Pérez-Reverte
Il n'avait ni patrie ni roi, mais une poignée d'hommes fidèles. Ils ne cherchaient pas la gloire, seulement à apaiser leur faim. Ainsi naquit le mythe. Ainsi se raconte une légende.
Après avoir été banni du royaume de Castille par le roi Alphonse VI, Ruy Díaz vend, au mieux offrant, les services de sa troupe de soldats dévoués. Dans cette lutte pour la survie en territoire hostile, sa force de caractère et ses faits d'armes lui vaudront rapidement le surnom de Sidi Qambitur, maître triomphateur.
Avec son talent habituel, Arturo Pérez-Reverte nous plonge dans l'Espagne du XIe siècle, celle des rois rivaux, des batailles sanglantes et des jeux d'alliances entre chrétiens et Maures. Loin du mythe manichéen du Cid patriote, Sidi est le portrait d'un chef de guerre hors pair, d'un formidable meneur d'hommes et d'un stratège au sens de l'honneur inébranlable. Un roman haletant, épique et magistral, une immersion au coeur de l'Histoire.
Traduit de l'espagnol par Gabriel Iaculli
« Un récit magnifique, du pur Pérez-Reverte. » El Mundo
Arturo Pérez-Reverte, né à Carthagène, Espagne, en 1951, a été grand reporter et correspondant de guerre pendant vingt et un ans. Avec plus de vingt millions de lecteurs, il est l'auteur espagnol le plus lu au monde, et plusieurs de ses romans ont été portés à l'écran. Il partage aujourd'hui sa vie entre l'écriture et sa passion pour la navigation. Il est membre de l'Académie royale d'Espagne.
En savoir plus : https://bit.ly/3ViUsSE
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