Nicolas Perge, réalisateur, producteur et auteur du roman “
Agatha, es-tu là ?” a écrit une étonnante biographie romancée, bien qu' extrêmement documentée, sur la muse malheureusement un peu oubliée des plus grands noms du mouvement surréaliste: Lise Deharme.
Cette femme issue d'un milieu de la haute bourgeoisie, qui avait souffert du manque ‘amour de ses parents, s'est montrée aussi fantasque que souvent cruelle, d'où le titre de cygne noir de la biographie. Celle-ci nous la dépeint avec ses diverses facettes et non dans un ordre chronologique. Elle fut proche, aimée ou admirée de
Paul Eluard,
Louis Aragon,
Max Ernst,
Robert Desnos usant et abusant de son pouvoir de séduction. Son premier contact avec les surréalistes fut
André Breton, qui se consumait d'amour pour elle, mais qui n'a jamais obtenu ses faveurs alors que ses amants furent très nombreux; elle lui a inspiré la dame au gant de Nadja.
Ce fut aussi une poétesse et une romancière sur le tard, mais surtout une salonnière qui, grâce à son pouvoir de séduction, réunissait à Paris dans les années trente une impressionnante liste de célébrités artistiques ou littéraires allant de
Jean Cocteau, à Picasso,
Salvador Dali,
Jean-Louis Barrault,
Eugène Ionesco,
Malraux, luis Bunuel,
Julien Gracq,
Françoise Sagan,
Jacques Lacan,
Boris Vian et encore bien d'autres.
NIcolas Perge nous brosse un portrait captivant, en kaléidoscope, avec un cahier photos où le lecteur la découvre aux côtés de
Jean Cocteau,
Antonin Artaud ou
Max Ernst. Ses écrits marqués d'une magnifique étrangeté, sont tombés dans l'oubli mais révèlent ce qui a pu rendre fous les surréalistes. En réalité Lise Deharme cachait ses fêlures intérieures et préférait, à la fin de sa vie pour fuir la vieillesse au lieu de l'accepter, vivre avec ses animaux, ses fantômes et ses plantes plutôt que d'affronter la réalité. C'est un livre à conseiller à ceux qui se passionnent pour la vie artistique et littéraire de l'entre deux guerres jusque dans les années 1970.