AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,1

sur 291 notes
5
35 avis
4
18 avis
3
4 avis
2
4 avis
1
0 avis
Écrit en 1892, ce court roman bénéficie d'une nouvelle traduction pour les éditions Tendance Négative. Je dois bien dire que ce qui m'a, de prime abord, attiré c'est l'écrin du texte. Un livre très beau que je n'ai pu qu'à peine feuilleter car il faut en couper les pages. le texte est au début sur des pages blanches, puis de plus en plus sur des pages illustrées, un papier peint. La mise en page est elle-même très originale : parfois des pages pleines, d'autres très aérées parfois vides... C'est vraiment un bel objet et si vous allez sur le site de l'éditeur (Tendance Négative), vous pourrez voir que tous leurs ouvrages bénéficient d'un traitement particulier et original.

Le texte de Charlotte Perkins Gilman (1860-1935) flirte vers le fantastique tendance Edgar Allan Poe, et parle d'une femme séquestrée par un mari médecin qui ne comprend rien à son état de jeune maman et qui, comme beaucoup à l'époque, savait qu'il suffisait de beaucoup de repos, d'abandon de rêves d'écriture et de recentrage sur les tâches féminines -entendre tâches ménagères et de maman- pour que tout aille mieux. L'autrice a vécu la dépression post-partum et l'incompréhension et a suivi les conseils d'un médecin avant de tout balancer et d'aller mieux. Elle fut une militante et une écrivaine féministe. Ce beau livre et cette nouvelle traduction moderne et facile à lire -ce qui n'est pas toujours le cas des textes de l'époque- lui rendent hommage et la remettent en tête de gondole dans toutes les bonnes librairies.

Un petit extrait que j'aime bien pour finir (la mise en page en moins), une description sommaire du papier peint, la première fois que la jeune femme le voit :

"Il est assez fade pour égarer l'oeil qui cherche à le suivre, assez marqué pour constamment irriter et susciter l'étude, et quand on suit les courbes médiocres, incertaines sur une courte distance elles se suicident soudainement s'engouffrent dans des angles révoltants, s'autodétruisent en des contradictions inouïes. La couleur est repoussante, presque révoltante un jaune asphyxié et sale étrangement décoloré par la lente course du soleil. C'est un orange à la fois cireux et criard en certains endroits une teinte corrosive et sulfureuse en d'autres." (p.28/29)
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          20
Une courte lecture "coup de poing", moins vous en saurez avant de démarrer, plus vous profiterez de l'intensité de ces quelques pages... la lecture au premier degré flirte avec le fantastique, la postface qui place l'oeuvre et l'auteure dans leur contexte historique apporte un éclairage puissant qui renforce l'impression d'avoir lu une oeuvre marquante.
Commenter  J’apprécie          20
La dépression, la folie, ne sont mes sujets de prédilection.
Alors, pourquoi ai-je achetée cette nouvelle, ce mini roman qui a pour titre La séquestrée ? Parce que la libraire me l'a conseillé… et elle a bien fait, ce livre est un chef-d'oeuvre !

Charlotte Perkins Gilman s'est expliquée sur cette nouvelle angoissante dans le journal The Forerunner (Le Précurseur) créé par elle-même :

« Pourquoi j'ai écrit The yellow Wallpaper (La séquestrée)
« Bien des lecteurs m'ont posé cette question. Quand ce récit fut publié pour la première fois dans le New England Magazine vers 1981, un médecin de Boston protesta dans The Transcript :
‘Une telle histoire n'aurait jamais dû être écrite. Il y avait de quoi rendre n'importe qui fou.'
Un autre médecin (originaire du Kansas, je crois) écrivit pour dire que j'avais fait la description d'une folie naissante la plus convaincante qui soit, et demandait ― que je veuille bien l'excuser ― s'il s'agissait de moi-même ?
L'histoire de cette histoire, la voici :
Pendant des années, j'ai souffert d'une dépression nerveuse allant jusqu'à la mélancolie et au-delà. Au cours de la troisième année, environ, de cette maladie, j'allai, poussée par la confiance et un léger accès d'espoir, consulter le spécialiste des maladies nerveuses le plus célèbre de notre pays. Cet homme, si plein de sagesse, m'ordonna le lit. Cette cure de repos, à laquelle ma constitution encore solide répondit rapidement, le persuada que je n'étais pas vraiment malade ; aussi me renvoya-t-il à la maison, me conseillant solennellement de vivre autant que possible une vie casanière, de ne donner que deux heures par jour à la « vie intellectuelle », « de ne plus jamais toucher ni à une plume, ni à un pinceau, ni à un crayon » tant que je vivrais. Nous étions en 1887.
Je rentrai chez moi et me conformai à ces instructions pendant près de trois mois ; c'est alors que je frôlai de si près la maladie mentale qu'il me semblait en avoir franchi les frontières. Alors, rassemblant les restes de mon intelligence, aidée par un ami avisé, je me libérai des conseils de ce médecin célèbre, et recommençai à travailler ― je retrouvai le travail, la vie normale de tout être humain. le travail : cette joie, cet épanouissement, cette aide sans lesquels nous ne sommes que des misérables, des parasites ― et je finis par récupérer un semblant de forces.
Bien évidemment, je fus poussée à me réjouir d'avoir pu sauver ma peau et j'écrivis The yellow Wallpaper, avec ses transpositions et ses métamorphoses, pour exprimer enfin cet idéal de la création (même si je n'eus jamais d'hallucinations ou de réserves quant à ma décoration murale), et j'en envoyai une copie au médecin qui avait failli me rendre folle. Il ne m'en accusa jamais réception.
Ce petit livre est ailé des aliénistes comme un bon spécimen de la littérature des malades. À ma connaissance, il a permis à une autre femme d'éviter un sort semblable, tant il a terrifié sa famille qui, du coup, lui a permis de reprendre une activité normale si bien qu'elle guérit.
Mais le résultat le plus satisfaisant, le voici : bien des années plus tard j'appris qu'après avoir lu The yellow Wallpaper le célèbre spécialiste en question avait changé sa méthode de soins pour guérir la neurasthénie.
Ce récit n'était pas destiné à rendre les gens fous, mais à les sauver d'une folie menaçante. Et ce fut une réussite ! »

L'histoire, écrite en 1881, est celle de tant de femmes qui ne pouvaient pas (ne peuvent toujours pas, dans tellement de pays à travers le monde) s'exprimer.
La narratrice nous parle directement, pendant les trois mois qu'elle passe dans une maison de location, pendant que leur propre maison est en travaux. Elle a un mari, apparemment attentionné et gentil, un bébé dont s'occupe une nourrice, une bonne. La narratrice avoue n'avoir à s'occuper que d'elle-même, c'est même ce que lui demande son mari, sauf que…
Sauf que la narratrice voudrait écrire, voudrait comprendre ce qu'elle veut, qui elle est, faire quelque chose, travailler, faire quelque chose de sa vie, lui donner un sens et cela la ronge.
Son mari, lui, croit sincèrement que sa femme n'est qu'une enfant, que la seule chose qui peut lui faire du bien, est de ne rien faire d'autre que des siestes, des promenades dans le jardin, bien se nourrir, ne surtout pas penser, ne pas écrire.
Confusément, la narratrice sent que là est le noeud du problème : qu'elle veuille penser, réfléchir par elle-même, trouver ce qui est bon pour elle. Mais elle est entourée par son mari et son frère, tous deux médecins respectés pour leur savoir, sa belle-soeur, qui se satisfait d'une vie oisive (effectivement, un oiseau chante agréablement, a un plumage plaisant à regarder mais il est en cage !).
L'auteure est née en 1860, a peu suivi l'école et de toute façon, quelle éducation était proposée aux filles en ce temps-là ? Aucune qui vous permette de vivre d'un travail décent ou reconnu éminent.
La narratrice tente bien de se comprendre pour se sortir de la dépression. Mais voilà, comment faire entendre à votre entourage que vous pensez pouvoir être autre chose qu'une mineure infantilisée, qu'un bel oiseau décoratif, quand votre entourage croit depuis tout temps qu'une femme est bel et bien une mineure, un bel oiseau décoratif ? Quand vous n'avez même pas l'éducation nécessaire qui vous aurait permis d'analyser votre situation et de trouver les mots pour l'expliquer, de prendre votre vie en main par le travail, de trouver l'énergie incroyable nécessaire à toute personne qui voudrait se mettre volontairement en marge de sa famille, de sa société, pour se sauver elle-même, pour exister ?
Le mari, qui représente les hommes de son temps, n'est pas complètement coupable. On lui a appris que la femme n'a pas de vie propre : la femme est une épouse dévouée à son mari, une mère consacrée à ses enfants, une femme de ménage soigneuse de sa maison. Pour tout cela on l'admire, la femme devrait s'en trouver heureuse. Mais voilà, quand elle ne l'est pas, le mari ne peut pas le comprendre. Qu'une femme veuille de l'indépendance heurte l'image que le mari s'est fait de lui-même et de la société qu'il a façonnée.
Oui, il est très difficile d'exiger son indépendance, de dire NON au rôle que vous attribue la société, dont l'un d'eux est la procréation. Et justement, la narratrice vient de mettre au monde un bébé qu'elle laisse aux soins de la nourrice. Qui peut l'aider dans cette dépression qui suit parfois l'accouchement ? Certainement pas son mari médecin qui ne sait soigner que les maux physiques et de toute façon, pour lui, les maux autres que physiques n'existent pas en dehors de l'esprit dérangé d'une femme hystérique.
Gabrielle Dubois

Lien : https://www.gabrielle-dubois..
Commenter  J’apprécie          20
[Lu en version originale]

L'histoire débute par la description d'une maison, celle dans laquelle la narratrice (dont on ignore le nom) va passer trois mois avec son mari, John. Ce dernier étant médecin, il s'est occupé de sa femme lorsqu'elle est tombée malade et lui a finalement diagnostiqué une dépression. Après l'avoir mis sous traitement médicamenteux, il l'oblige à se reposer. Mais il ne se cantonne pas au repos physique. Il la force également à reposer son esprit. Elle n'a pas le droit d'écrire ou de faire quoique ce soit qui pourrait stimuler son cerveau. La narratrice n'a donc rien d'autre à faire qu'à observer l'environnement dans lequel elle est. le problème est qu'elle déteste clairement la chambre dans laquelle elle est condamnée à l'isolement et pour cause! le papier peint est d'une couleur assez particulière, d'un jaune indéfinissable. Si ce papier peint la rebute voire même l'effraie au début, elle va commencer à y prêter une attention grandissante au fil des jours… Alors que la dépression l'affectait physiquement, son obsession pour les murs de sa chambre pourrait bien cette fois-ci lui coûter sa santé mentale.

Woah. Je n'ai vraiment pas d'autre mot. J'ai adoré cette histoire du début à la fin. Je ne sais pas si je vais réussir à décrire convenablement ce que j'ai ressentie en la lisant. En fait, on se retrouve emporter dans le tourbillon qui va piéger la narratrice dans une folie destructrice et c'est tout simplement prodigieux. D'un côté, on a envie de la croire lorsqu'elle décrit ce qu'elle voit sur et à travers ce papier peint, mais d'un autre on se dit qu'elle devient tout simplement malade. L'isolement aussi bien social que culturel aura eu raison d'elle et elle devient folle. En fait, ce qu'il y a de si particulier, c'est qu'à un certain moment on a l'impression d'être devenue aussi folle qu'elle. Ceci pour la simple et bonne raison que l'auteure décrit l'escalade vers la psychose d'une façon très détaillée.

Charlotte Perkins Gilman a elle-même été sujette à la dépression. A l'époque, le docteur Silas Weir Mitchell était connu pour avoir un remède miracle, surtout pour les femmes. Il les isolaient de la vie culturelle, leur empêchait de lire ou de s'approcher d'un stylo. Il leur conseillait également de bien, très bien, se nourrir. Ainsi elles retrouveraient leur physique de femme enceinte et elles se sentiraient mieux car, c'est bien connu, les femmes ne sont heureuses que lorsqu'elles font le ménage et s'occupe des gosses! le problème est que Charlotte Gilman a très mal vécu ce « traitement » et c'est pour cela qu'elle a écrit The Yellow Wallpaper. le résultat est brillant, absolument brillant! Surtout qu'à un moment dans cette histoire, elle cite le nom de Weir Mitchell. Elle l'attaque personnellement et lui montre que sa solution miracle n'en est pas une. Plus que de guérir les femmes déjà mal en point, son remède ne fait qu'empirer leur état. On arrive très bien à comprendre le message que l'auteure a voulu faire passer dans cette histoire, c'est limpide. A son époque, défendre les droits femmes n'était pas très courant et c'était loin d'être facile. Pourtant, en publiant cette histoire, elle a cassé les codes et n'a pas hésité à citer le nom du médecin qui a voulu l'empêcher d'écrire. Si ça ce n'est pas du courage, alors je ne sais pas ce que c'est!

Si l'histoire en elle-même est génial et le contexte qui se cache derrière sa rédaction est passionnant, c'est bel et bien le style d'écriture qui m'a provoqué le coup de coeur. Charlotte Perkins Gilman nous fait réellement entrer dans la tête de la narratrice. On connaît ses appréhensions, ses doutes, ses réflexions et, même si l'histoire est courte, cela établit un lien intime entre le lecteur et la narratrice. On partage un petit bout de sa vie et c'est fascinant. Lorsqu'elle sombre dans la folie, on le ressent immédiatement. Ces phrases sont de plus en plus exclamatives, elle devient euphorique dès qu'elle regarde son papier peint jaune. Bref, on a une description psychologique très poussée et c'est même assez effrayant de se dire qu'un petit détail comme celui de la couleur des murs a perturbé la narratrice au point de lui faire perdre la tête!

En bref, voilà pourquoi j'aime faire des études de langues! Grâce à mes cours de littérature, je découvre parfois des auteurs qui m'embarquent complètement dans leurs histoires. L'année dernière par exemple, j'avais eu un gros coup de coeur pour Wildlife de Richard Ford. Eh bien, cette année c'est au tour de Charlotte Perkins Gilman avec son Yellow Wallpaper. J'aimerai vraiment découvrir d'autres de ses oeuvres!
Lien : https://alltimereadings.word..
Commenter  J’apprécie          20
Dans cette nouvelle, Charlotte Perkins Gilman aborde le thème de la folie et, en filigrane, de la situation de la femme à la fin du 19e siècle aux États-Unis: si les techniques et l'industrie font de grandes avancées, le rôle social attribué à la femme ne change par contre pas du tout. On attend d'elle qu'elle soit une épouse dévouée, une bonne mère, une fée du logis et, ce faisant, on l'enferme dans celui-ci. Ici, cet enfermement est encore accentué : afin de lui donner envie de revenir "à la normale", un mari-médecin emmène sa femme dans une maison de campagne et la "séquestre" là, privée de tout exercice et de tout effort intellectuel. Ce traitement médical n'a malheureusement pas les effets désirés et la patiente sombre lentement dans la folie, suite à l'inattention de son mari qui n'a pas su l'écouter et respecter ses besoins. Cette situation n'est pas seulement romanesque, un tel remède était réellement appliqué aux femmes dépressives à l'époque de l'auteure.
J'ai donc trouvé cette nouvelle très intéressante du point de vue de la situation de la femme, mais aussi de celui du traitement littéraire de la folie: celle-ci est très bien amenée, progressivement, insidieusement, presque sans qu'on s'en doute. le récit à la première personne permet de sentir de l'intérieur ce que ressent cette femme et comment elle en arrive à son délire final.
Commenter  J’apprécie          20
La narratrice et son mari, John, s'installent, pour l'été, dans une vieille demeure ancestrale. Lui est médecin, elle souffre d'une dépression, ou ce que l'on appellerait plutôt de la neurasthénie. Ce séjour doit lui permettre de retrouver des forces et de sortir de sa maladie, jugée superficielle par son mari (et son frère, lui aussi médecin), mais de plus en plus prégnante pour la narratrice. Leur chambre est installée à l'étage dans une ancienne salle de jeux. La jeune femme se focalise alors sur le papier peint, qu'elle juge hideux, et angoissant.
Lien : http://leslivresdegeorgesand..
Commenter  J’apprécie          20
Rédigée sous forme de journal intime, cette courte nouvelle, en partie autobiographique, nous plonge dans la psyché d'une femme atteinte de dépression post-partum. Son mari, médecin, la confine ou plutôt la séquestre dans une maison de campagne, avec comme seules activités autorisées, manger, se reposer et dormir. Enfermée dans une chambre au vilain papier peint jaune, nous assistons à sa descente en enfer jusqu'aux portes de la folie.

Cette femme recluse dans cette chambre et privée de tout ce qu'elle affectionne, confie en cachette ses pensées à son journal. Elle nous raconte son dégoût pour l'horrible papier peint jaune et au fil des jours et de son obsession, le papier peint devient l'axe central du récit. L'autrice a habilement construit son histoire, plongeant le lecteur dans l'esprit de la protagoniste, lui faisant ressentir son aversion et, plus fort encore, l'oppressante sensation de sombrer. C'est perturbant et très angoissant.

Ça m'a beaucoup fait penser au Tour d'écrou d'Henry James et à des nouvelles d'Edgar Allan Poe. L'autrice flirte avec le mystère et le fantastique, rendant encore plus suffocante l'atmosphère dans la chambre.

Dans ce court récit, écrit en 1892, Charlotte Perkins dénonce la société patriarcale de l'époque et le traitement médical barbare imposé aux femmes dépressives. Enfermées dans une terrible solitude et privées de toute activité intellectuelle, leur état se dégradait rapidement. L'autrice s'est inspirée de sa propre expérience pour écrire cette nouvelle et s'en est servie pour dénoncer au passage les pratiques de son médecin. Une belle vengeance envers celui qui voulait lui interdire d'écrire, mais surtout un bel élan de sororité.

Si vous aviez envie de refaire votre déco, je vous déconseille fortement le papier peint jaune.

Cette nouvelle résolument féministe, asphyxiante et fascinante, courte, mais intense, est le cri déchirant d'une femme appelant à l'aide. J'espère que désormais, de nos jours, il sera toujours entendu.
Je ne peux que vous la recommander.
Lien : https://www.facebook.com/lec..
Commenter  J’apprécie          10
Le papier peint jaune est une très brève nouvelle relatant comment la narratrice sombre dans la folie.

Ecrite à la fin du XIXe siècle, la narratrice est atteinte de "mélancolie" (depuis appelée dépression post partum) et se voit séquestrée dans la chambre de sa nouvelle maison de location, qui est recouverte d'un papier peint jaune, le "pire papier peint" qu'elle ait vu de sa vie.

Forcée au repos et à l'immobilité, la narratrice écrit en secret dans son journal intime à quel point ce papier peint l'obsède et la dégoute, et prend de plus en plus de place dans sa vie mise entre parenthèses.

La maison d'édition Tendance Négative a parfaitement bien compris et retranscrit l'horreur de ce papier peint, qui prend peu à peu toute la page et empêche de lire les pensées embrouillées de l'auteur.

Ce livre retranscrit également bien la pensée de l'époque, où la dépression était mal diagnostiquée et les femmes mises à l'écart, coltinées à la vie domestique et forcées à l'abandon de toute créativité, vue comme destructrice. Selon l'auteure, cette nouvelle a participé à faire changer les choses et à montrer le danger de l'isolement imposé médicalement dans les cas de dépression.

Un excellent livre que je recommande de lire dans cette édition.
Commenter  J’apprécie          10
L'auteure de cette nouvelle, Charlotte Perking Gilman, nous livre une mise en abîme de la séquestration du personnage principal. Ce dernier est une femme, dont le prénom n'est pas mentionné, souffrant d'une dépression nerveuse qui va louer avec son mari une demeure ancestrale pour une durée de trois mois pendant la saison estivale afin que celle-ci se repose et se soigne. le mari, médecin de profession, pensant qu'elle est juste malade lui prodigue du repos, une bonne alimentation et l'incite à ne pas exercer d'activité intellectuelle. Alors qu'ils s'installent dans la chambre du haut qui devait être occupée par des enfants, elle remarque le papier peint d'un jaune lui déplaisant mais la préoccupant. A force d'observations, elle va y remarquer une femme cachée derrière le motif essayant d'en sortir. Cette situation fait écho à la sienne puisque son mari l'invite à prendre du repos dans sa chambre, il ne lui permet pas de partir de la maison louée tant que les travaux de leur résidence principale ne sont pas effectués, il la force à se coucher une heure après le repas et la met en garde contre ses rêveries.
Cette courte nouvelle décrit le reflet de l'époque du 19è siècle, époque à laquelle de nombreuses femmes souffraient de dépressions nerveuses car elles étaient reléguées au statut de mère et de femme donc, elles n'étaient incitées ni à travailler ni à exercer des activités artistiques ou intellectuelles. Cette situation les conduisant à souffrir de dépressions nerveuses soignées, par les médecins de l'époque, grâce à du repos, une bonne alimentation mais surtout pas d'activité distrayante.
Dans ce récit, l'auteure Charlotte Perkins Gilman, se veut très féministe en réaction à une enfance douloureuse, un père absent et une mère castratrice.
J'ai bien aimé cette lecture de part le format inhabituel pour moi et j'ai trouvé original l'idée de la femme essayant de s'échapper du papier peint pour symboliser le sujet de la séquestration.
Commenter  J’apprécie          10
COUP DE COeUR

Cette nouvelle se déroule à huis clos, dans une vieille maison de campagne dans laquelle, une femme, souffrant d'une dépression post-partum, se retrouve séquestrée par son mari médecin. Tout doucement, le papier peint jaune, unique compagnie de la jeune femme, va occuper toute la place, jusqu'à la folie.

Une nouvelle brillante, sur la domination masculine, l'obscurantisme médical, la méconnaissance de la santé mentale à la fin du XIXème siècle.
A lire et relire !

J'avais lu cette nouvelle il y a quelques années en version numérique et l'avais adorée. Quand j'ai vu que les éditions @tendancenegative la rééditaient, je me suis jetée dessus, et j'ai vraiment bien fait ! Quel travail remarquable !

Ce livre, tout de jaune vêtu, nous offre une expérience de lecture incomparable. On ne se contente plus de regarder de loin les souffrances et l'isolement de notre héroïne, on devient elle. Page après page, le texte se rétrécit, le papier peint jaune prend de plus en plus de place. On se met, comme elle, à voir bouger des formes derrière ce papier peint, et comme elle, il va falloir le déchirer (au sens propre du terme), pour voir ce qu'il y a derrière.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (800) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
563 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}