Voici un livre fort original, comme l'est son titre, et sans doute comme l'était son auteur.
Fritz Perls, le père de la
Gestalt-thérapie.
Il s'agit ici d'une autobiographie foutraque, qui part en tous les sens, en tous les sens de la mémoire de Fritz, ses souvenirs, ses combats, ses rêves, ses fantasmes, ses théorisations, des dessins aussi qui parsèment le texte, sa poésie. Il ne nous épargne rien, de sa bite vigoureuse aux plus élevées des notions qu'il a tenté de comprendre et de réfléchir.
Sans tabous, ou presque.
Je trouve une vraie sincérité chez cet être, cet auteur, cet inventeur, ce thérapeute. J'aime ses prétentions et ses failles, j'aime qu'il les revendique ici. Je pense que c'est la définition même d'un thérapeute de valeur (pour ne pas dire de génie) que ces prétentions revendiquées ! Il faut s'y croire et... ensuite FAIRE. Plus que la théorie, la pratique reste première, et le summum de la vie.
Ici on n'aura pas affaire à un texte structuré et ce n'est pas ici qu'on trouvera la Gestalt expliquée "aux nuls", absolument pas, on trouve ça ailleurs dans d'autres livres de Perls ou d'autres. Toutefois il y a de longs passages autour des notions importantes de la Gestalt, l'intégration, les limites du soi-du moi, les rebonds post-freud, etc.
Ici on trouve une langue, tantôt poétique, tantôt dialogue schizophrénique entre lui et lui, entre lui le chef et lui le petit, ici on trouve des échanges vécus ou imaginaires avec les maîtres, les siens,
Freud en tête, mais aussi Satir, Reich, et quelques autres... de ces rencontres du passé dont il est revenu, ou qui ne cessent de revenir, dialectique dialectique dialectique...
De sa personne il donne aussi, le Perls. Il évoque ses relations féminines, les femmes de sa vie et les rencontres plus fugaces.
Il parle aussi de ses passions, les échecs, le dessin, l'acteur, l'aviateur...
Il parle encore de la construction de sa Gestalt et des structures qui permettent ensuite son expansion, sa réalisation, l'ouverture de centre(s), Esalen, Big Sur, toute cette ambiance des sixties
Il parle de la guerre, sa défaite d'allemand en 14, sa fuite du nazisme très vite dans les années 30... Son arrivée au final aux Etats-Unis...
Il parle de sa famille, très peu, et il n'aura lui-même pas de famille, entre solitude et entourage d'adeptes enthousiasmés par lui, un maître.
Il est conscient de tout, c'est vraiment très intéressant à lire.
Ce livre c'est aussi toute une réflexion ou une expression de l'écriture, de l'expression elle-même, d'une voix-off en permanence sur l'écriture et son avancée, ses arrêts, ses difficutés ; Perls parle en live de tout cela.
Un livre qu'on doit considérer comme difficile à faire, courageux car il se veut honnête, honnêtissimme, un peu comme pour être définitivement à l'aise avec tout-qui-on-est... Quelque part terminer la Gestalt de qui on est, de qui est
Fritz Perls, de qui fut
Fritz Perls.