Emile, 51 ans, personnage lunaire, fait tout ce qu'il peut pour sauver son couple de la routine ( on pense évidemment à
Alexandre Jardin ). Il est marié depuis 6 ans avec Jeanne. Quand il lui révèle, un peu malgré lui, son secret caché depuis toujours, Jeanne s'enfuit.
Heureusement, ses amis, Manon et Paul, sont là pour le soutenir. Eux, savaient. le sujet était évoqué entre eux comme "les années Club Med".
Frédéric Perrot crée un univers bien à lui. Pour avoir lu son dernier roman,
Ce qu'il reste d'horizon, je note des constantes, comme la Suze, et les nombreux aphorismes. le style est dans les deux opus poétique et décalé. L'auteur fait partie de la famille des
Boris Vian,
Philippe Delerme ou
David Foenkinos. Mais c'est aussi un roman dans l'air du temps, cigarette électronique et trottinette à l'appui.
L'amitié est au coeur du roman, avec une solidarité et une humanité qui portent et lient les personnages. Ces derniers forment une petite communauté soudée bien sympathique.
Le récit est construit sur une alternance entre passé et présent, ce qui imprime un bon rythme et pare toute monotonie.
Frédéric Perrot ménage adroitement suspense, mystère et rebondissements ( multiples à la fin ). On ne peut que s'accrocher au roman. On ne croit pas un instant à la culpabilité d'Emile, et on attend le dénouement qui doit forcément rétablir la vérité.
S'il faut classer ce premier roman dans une catégorie, il me semble difficile d'opter pour le polar, même s'il y a une enquête au centre du récit. Il s'agit plus de la trajectoire d'un protagoniste bouleversée par un évènement obscur de sa vie.
C'est un fait divers qui a inspiré l'auteur. "J'avais lu un article sur un fait divers d'un homme qui avait tué sa femme pendant une crise de somnambulisme et je m'étais dit : "Mais alors, comment on fait pour juger un crime pareil? Et puis, quand on en est l'auteur, comment on accepte sa culpabilité, comment on fait le deuil de son innocence?" Voilà, ça m'avait fasciné, autant qu'horrifié. Je m'étais dit tiens, c'est un bon point de départ pour les questionnements d'un personnage pour un roman. " confie
Frédéric Perrot, sur web-tv-culture.com. Il livre aussi, avec ses remerciements, la playlist qui l'a accompagné dans son travail d'écriture, et on peut dire qu'elle est très cohérente, qu'on l'aime ou pas. On comprend l'esprit et l'humeur qui baigne le texte.
La mélancolie n'exclue pas l'humour, très présent, dans les dialogues surtout, mais aussi dans les petites choses du quotidien des personnages.
Frédéric Perrot fait preuve de beaucoup de fantaisie. Il consacre un passage à son amour des animaux. Il faut consulter sa page Facebook pour en avoir confirmation. Sa théorie de la brosse à dents, truculente, aurait pu se voir accompagnée d'une autre : l'amour de l'homme pour ses compagnons à quatre pattes ou à plumes le légitime dans son humanité.