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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais commencé avec deux ou trois conneries et puis j'ai effacé. Une fois, deux fois, dix fois.

"J'ai fait de moi ce que je n'aurais su faire,
et ce que de moi je pouvais faire je ne l'ai pas fait.
Le domino que j'ai mis n'était pas le bon.
On me connut vite pour qui je n'étais pas, et je n'ai pas démenti et j'ai perdu la face.
Quand j'ai voulu ôter le masque
je l'avais collé au visage.
Quand je l'ai ôté et me suis vu dans le miroir,
J'avais déjà vieilli.
J'étais ivre, je ne savais plus remettre le masque que je n'avais pas ôté.
Je jetai le masque et dormis au vestiaire
comme un chien toléré par la direction
parce qu'il est inoffensif -
et je vais écrire cette histoire afin de prouver que je suis sublime."

Quand tu prends ça de plein fouet… difficile après de faire des vannes foireuses, enfin pour moi.
Bureau de Tabac est un texte d'une puissance terrifiante. Terrifiante de désillusion sur la Vie. Terrifiante et rassurante à la fois qui fait qu'anonyme parmi les anonymes on se sent moins seul dans le doute sur le sens de la Vie ou sur le sens qu'on veut bien lui donner.
Je dois me rendre à l'évidence (à force d'effacer) que je n'ai pas les mots pour "vendre" ce texte qui résonne en moi entre cris et chuchotements et je vous invite à aller lire la très belle critique de Malaura. (http://www.babelio.com/livres/Pessoa-Bureau-de-tabac-autres-poemes/185327/critiques/215698 )
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Fernando Pessoa (1888-1935) a été un homme de lettres génial, mais mal reconnu. Entre autres , il a écrit (en prose) "Le Livre de l'intranquillité", une oeuvre originale et d'une rare intensité. "Bureau de tabac" est une longue poésie qui, à juste titre, est passée à la postérité. Pessoa s'exprime fortement sur son vécu, partagé entre espoir et désespoir. Mais c'est ce dernier qui l'emporte nettement: il écrit: « Mon coeur est un seau qu'on a vidé ».
La dimension du poème est évidemment très personnelle, mais aussi métaphysique. Dans "Bureau de tabac", il y a beaucoup d'angoisse et une interrogation existentielle récurrente: qui suis-je ? qu'est-ce que je peux faire de ma vie ? Il écrit: « Que sais-je de ce que je serai, moi qui ne sais pas ce que je suis ? ».
On n'est pas très loin de l'existentialisme, mais ici l'intention n'est pas philosophique. L'auteur s'abstient de toute intellectualisation, de toute généralisation. Mélancolique, il pratique l‘autodérision et s'appuie sur quelques détails dérisoires de sa vie: sa mansarde, son intérieur négligé, le bureau de tabac en face de chez lui… Quoiqu'éloignés de son expérience vécue, les lecteurs du XXIème siècle sont pris à la gorge par l'authenticité du texte. Pessoa parle pour nous tous...
Ici, pas d'artifice littéraire, pas d'obscurités voulues et pas de joliesse travaillée. Cette poésie se lit très facilement, malgré la tristesse mortelle dont elle témoigne. Les mots employés sont simples, les phrases sont fluides, leur sens apparait immédiatement et l'auteur ne fait pas rimer ses vers. Je trouve pourtant que Pessoa a un talent poétique fou.
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Géniale, oeuvre sublime, un pur moment de bonheur, voyages extatiques au coeur de l'univers intranquile universel.....
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Pessoa comme Beckett, poète-écrivain du silence...
Alors juste deux mots (sans doute de trop...) à l'image de la citation:
Désespoir et rêve...
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Voici encore un poème atypique.

J'ai un gros rhume,
Et tout le monde sait comme les gros rhumes
Altèrent le système de l'univers.
Ils nous fâchent avec la vie,
Et nous font éternuer jusqu'à la métaphysique.
J'ai perdu la journée entière à me moucher.
J'ai mal confusément à tout mon crâne.
Triste condition d'un poète mineur !
Aujourd'hui je suis vraiment un poète mineur !...

Je ne me sentirai pas bien tant que je ne me verrai pas au fond de mon lit.
Je ne me suis jamais senti bien autrement que couché dans l'univers.

Excusez un peu … le bon gros rhume bien physique !
J'ai besoin de vérité et d'aspirine.
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Un ami portugais m'a dit un jour qu'il ne fallait pas trop lire Pessao, que cela rendait neurasthénique. Je devrais peut-être suivre son conseil, mais pas tout de suite, car je viens de relire une fois de plus "Bureau de tabac", texte qui me fascine depuis que je l'ai découvert, parce que j'ai l'impression que, d'une façon ou d'une autre, le magistral Lisboète avait déjà, en 1928, couché sur le papier ce qui deviendrait la trame de mes pensées, une forme d'appréhension calmement désespérée, parce que lucide, de l'existence. Je trouve cela tragiquement beau, on me dit que c'est très triste, et je m'interroge: serais-je alors déjà très neurasthénique?
Mouvement impitoyable de la pensée qui éteint à peine formulés tous les espoirs qui osent l'assaillir, qui pose des questions dont il est inutile de chercher la réponse, qui nous mènerait vers la mort, tranquillement, comme la seule issue possible, si la chute ne nous ramenait pas le sourire d'Estève sans métaphysique.
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Une nouvelle tout en poésie.
Le meilleur de Fernando Pessoa
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