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sur 288 notes
Un roman presque choral. Il s'agit beaucoup de Fred, qui raconte la vie en zone radioactive. La surveillance par les drones, Sarah qui est l'ombre d'elle même, et Vic qui n'est plus. Il raconte ses amis, ceux qui sont restés. Il raconte le compteur Geiger, les nouveaux venus, les dangers. Mais il raconte aussi la liberté et l'humanité.

Les terres animales sont les terres de la survie, du retour aux sources, des bases, des besoins primaires.

Il n'y a pas de plans, pas d'avenir, pas de projet, pas de perspectives . Il y a du jour après jour.

Et Laurent Petitmangin l'écrit très bien
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C'est un coin de campagne reculé, un massif, qui a connu dix Fukushima. Irradié, contaminé, condamné ; une zone morte. Pourtant, ils sont quelques-uns à vivre toujours là. Certains pour l'argent, dédommagés par le gouvernement pour occuper le terrain ; d'autres, comme Fred et Sarah, pour honorer le souvenir de disparus. Vic, leur fille emportée par la maladie, repose dans le cimetière du village.
Ils sont un petit groupe, réduit à sa plus simple expression. En dehors de Fred et Sarah, il y a là un second couple, Lorna et Marc, et enfin Alessandro. Leurs seuls voisins sont à une quinzaine de kilomètres : un groupe de petits vieux qui eux non plus n'ont pas voulu quitter leur région, leur histoire. Ils seront rejoints bientôt par une famille d'Ouzbeks délogés de leur refuge par les intempéries, ouvriers survivants des travaux de déblaiement de la centrale endommagée.
Les besoins ont été réduits à l'essentiel. On récupère l'eau de pluie, on cultive le minimum sur les parcelles les plus épargnées par la radiation, on élève quelques poules recluses dans des poulaillers protégés.
Les autorités ont bien tenté de les déloger, par la persuasion d'abord, par la force ensuite, mais ils ont tenu bon, porté par la détermination de Sarah qui refusait d'abandonner sa fille. Alors la zone contaminée a été clôturée, électrifiée ; suffisamment étendue pour leur laisser de quoi vivre en « pillant » les réserves laissées sur place lors de la fuite.
Leur perspective, c'est trois ans. Elle n'est pas clairement exprimée, juste acceptée. Une vie en combinaison protectrice à l'extérieur, une vie entourée d'amis à l'intérieur. Dehors, tout paraît « normal », le mal est invisible, pernicieux, caché, à l'affût. La nature a repris ses droits, luxuriante. Il leur faut cependant garder constamment à l'esprit qu'elle reste mortelle.
Et puis il y a cette question qui revient sans cesse : pourquoi rester ?

C'est un court récit que propose Laurent Petitmangin, une histoire qui va à l'essentiel, dans une situation dystopique pas vraiment localisée, ni dans l'espace ni dans le temps, qui s'apparente à un grave accident nucléaire. Pour autant, pas d'intrigue post-apocalyptique, ce qui intéresse l'auteur ce sont les humains, leurs failles, leurs espoirs, leur essence.
En s'attachant alternativement aux différents membres de ce quintet plongé dans cette atmosphère de fin du monde, il écrit une partition aux accents humanistes.
Chacun à sa manière s'interroge. Vaut-il mieux vivre « libre » dans un monde qui pourrit sur pied, ou entravé dans une société trop policée ? Il est aussi question de l'attachement à la terre, aux racines, de l'amitié qui remonte à l'enfance, et face à ces points d'interrogation, les hommes n'ont pas toujours les mêmes réponses que les femmes.
Un événement (heureusement que je ne lis jamais les quatrièmes de couverture) viendra bouleverser le fragile équilibre de cette mini communauté et faire exploser les certitudes « recomposées ».

Laurent Petitmangin pousse ses personnages dans leurs derniers retranchements. C'est une aventure à la fois belle et triste. En précipitant leur « fin », il offre à ses protagonistes une parenthèse « (dés)enchantée » sur fond de compteur Geiger, comme un retour à l'essentiel des relations humaines, avant de fondre leur espoir dans le drame et le renoncement, puis de conclure sur un final déchirant.
Un roman pas drôle du tout…
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Après avoir découvert l'auteur à travers son roman Ce qu'il faut de nuit, je me plonge dans celui-ci et me sens submergée, dès les premières phrases, à nouveau sous le charme. Conquise par la poésie et la fluidité du texte. L'élégance de la langue, les mots choisis, la beauté des descriptifs. Laurent Petitmangin nous prend par la main pour nous raconter une nouvelle histoire qui prend aux tripes et nous touche par son humanité. Un récit poignant, vibrant, d'une grande intelligence qui nous amène à nous questionner sur notre présence sur cette terre mère et nourricière et aux relations que nous entretenons.
Venez, je vous en dis davantage.

Il y a un avant et un après. Un coin paisible, verdoyant, cerné de forêts et de montagne avec des habitants heureux d'évoluer dans un tel décorum, s'estimant chanceux de pouvoir profiter d'une telle luxuriance et beauté. Et puis.. l'accident est survenu. Celui qui a sonné le glas de cette vie insouciante, de la beauté, de la vie ? Non pas vraiment. Car oui il a fallu évacuer la zone, fuir les radiations. Imaginez un Fukushima fois 10. Mais ces 4 là, ont décidé de rester malgré tout car ils ne voulaient pas lâcher leur coin, celui où ils avaient connus de si nombreux moments joyeux. Trop attachés aux lieux, ils se sont montés en résistants, se sont confrontés à l'autorité qui exigeait une évacuation. Car il était inenvisageable pour eux de partir, en laissant tout sur place, ce qui les rattachait à l'avant. Alors Marc, Alessandro, Lorna, Sarah et Fred y ont pris leurs quartiers mais se sont retrouvés parqués, "fliqués" par une surveillance militaire soutenue par des drones. le point de non retour était atteint. S'ils décidaient de repartir, ce serait selon le bon vouloir des autorités et leur procédure.

Leur décision prise, ils se sont organisés et chacun prend son rôle à coeur : Marc leur bâtisseur, Alessandro gestionnaire de leur stock de survie, Lorna en agronome. Leur amitié les soude, leur permet de tenir le coup. Ils croisent parfois d'autres personnes qui elles aussi sont restées mais vivent dans d'autres endroits, un peu plus loin. Ils se savent condamnés car la terre est contaminée. Combien de temps pourront-ils encore tenir debout ? Nul ne le sait. Pourtant, malgré le sol pollué malgré l'air souillé et irradié, les animaux pullulent et repeuplent les lieux. Il n'y a qu'envers les hommes que la nature se montre hostile en les repoussant.

L'auteur nous raconte l'histoire tantôt à travers Fred, tantôt Sarah, ce couple dont la fille Vic repose sous cette terre irradiée. Pour elle encore plus que tout, ils ne veulent quitter les lieux. Ils savent qu'ils le paieront tôt ou tard. Mais quand, nul ne le sait et ils s'en fichent. Dans cette nouvelle vie, les repères sont totalement différents. L'important est de vivre le présent, pas de se projeter. Ces 5 irréductibles l'ont bien compris. Mais pourtant bien campés sur leur décision, l'arrivée prochaine d'un enfant pourrait bien chambouler tout le fragile équilibre qu'ils ont mis tant de temps à atteindre. Dès lors une question les taraude : partir ou rester ? Quel avenir offrir à cet enfant ? Comment envisager un futur, si tant est qu'il soit possible ? Fred et Sarah doivent prendre une décision. Mais alors, qu'adviendra-t-il de leur groupe ? de Marc de Lorna, sa compagne l'aristo rebelle, et d'Alessandro compagnon solaire et légèrement décalé ?

Dans ce magnifique récit, l'auteur nous parle d'amour et d'amitié. L'amour d'une mère et d'un père pour leur enfant et de leur déchirement lors de la mort de ce dernier. Il est également question de résilience, beaucoup. D'une relation entre quatre individus qui ont décidé d'unir leur destin et de se soutenir coûte que coûte. Envers et contre tout et tous. L'auteur aborde également la relation à l'autre, de ce qu'il représente dans ses différences et dans sa potentielle dangerosité. L'auteur nous fait aussi nous interroger sur notre relation à la nature et aux ressources. A la façon dont nous prenons sans soin, sans réfléchir à l'impact pour les générations futures. Car si nous avons besoin d'elle et de ses ressources l'inverse n'est pas vrai. La nature et la terre nourricière nous survivront, nous ne sommes que des êtres de passage.
Un roman qui pourra en troubler certains mais dont les phrases épurées et les paragraphes organisés en séquences courtes rendent le récité extrêmement prenant et addictif. Chacun veut savoir ce qu'il va advenir de notre groupe rebelle. Un récit qui émerveille par la beauté du texte mais qui interroge aussi beaucoup.

Bravo à l'auteur pour cette histoire très riche qui nous reste en tête un long moment après la lecture, notamment en raison de ses personnages attachants. Une fois le roman refermé on se prend à rêver à un futur proche à la fois meilleur, plus raisonné et raisonnable.

Et si cette réalité nous rattrapait demain, que ferions-nous ?
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Partir ou rester sur des terres meurtris après une catastrophe nucléaire ?

Cinq jeunes Fred et Sarah, Marc et Lorna et Alessandro refusent de quitter les lieux après l'accident ; Vic., la fille de Fred et Sarah est enterrée dans ce lieu, rester près d'elle fait partie de leurs motivations. Un mur est construit pour isoler les terres souillées du reste du monde... espérance de vie faible, autant rester dans cette belle vallée, la leur... ils sont « chez eux ». Une nouvelle vie s'organise sous la surveillance de drones, une organisation est mise en place pour ceux qui restent.
L'attachement au lieu, l'amitié sont-ils suffisants ? Et que faire quand une vie nouvelle s'annonce ? Rester ou partir avec les autres de l'autre côté du Mur ?

L'auteur nous interroge sur la pertinence du choix. Rester pour vivre quoi ?
Le livre est bien écrit, il se lit aisément, les personnages choisis sont bien présentés, l'analyse psychologique est pertinente. Mais voilà, l'histoire de ces survivants ne m'a pas emportée, je suis passée à côté...
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Un livre à l'écriture fluide qui se dévore d'une traite. Mais personnellement je n'ai pas trouvé les personnages très attachants et je pense que la forme chorale aurait gagnée à être multipliée. le côté post apocalyptique est réussi mais il est dommage qu'on n'insiste pas plus sur la catastrophe nucléaire. Mais ça reste un beau texte.
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Quand on y pense, c'est fou quand même. Il y a eu ce petit bout de terre, pas plus beau qu'un autre, avec ses petits villages un peu déglingués dont on a l'habitude par ici, ses forêts, sa centrale dont on a l'habitude ici aussi. Ce petit coin donc. Et l'accident. Il a fallu tout évacuer, zone sinistrée, c'est dangereux, partez !

Tout le monde est parti, ou presque. Quelques-uns sont restés et ont continué à vivre là. Alors certes, la vie a changé un peu. Pour sortir, il fallait enfiler une combinaison de protection et accepter le ballet des drones de surveillance au-dessus des têtes. Et les interactions humaines se sont raréfiées faute de participants, mais la bande d'amis est restée et de nouveaux visages sont arrivés. La balade pour le cimetière est toujours la même. Des projets prennent vie et signent le début de quelque chose. Un nouveau départ ?

Quand on y pense, c'est fou quand même. En arrivant à la fin des « Terres Animales », on n'a pas forcément compris pourquoi certains sont restés mais ce n'est pas grave. On a cheminé auprès d'eux et de leurs âmes, le tout servi par la plume toujours aussi parfaite de Laurent Petitmangin, et c'est un beau voyage.
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Dans un monde après apocalypse, cinq survivants tentent de continuer à vivre sur une terre désolée. La radioactivité fait rage à chacun de leurs mouvements. Ils se couvrent d'une tenue de protection, vivent dans une ambiance d'avant Internet & wifi. Dans un environnement sauvage, ils vont dans les villages chercher des conserves dans les maisons abandonnées. Fred & Sarah restent sur cette désolée car leur fille y est enterrée. Alessandro, Lorna & Marc ne veulent pas quitter cet endroit non plus. Mais quand Sarah est de nouveau enceinte, l'équilibre vacille.

A travers 220 pages, Laurent Petitmangin livre une histoire d'après-monde. Comment se reconstruire quand la vie n'a plus de sel. Sous leurs airs de zadistes, nos cinq compères continuent de vivre dans un monde stoppé dans le temps. Ils pourraient vivre dans un possible monde sans radioactivité. Ils s'y refusent. Pénitence ou rejet du monde? Un peu des deux, ce qui importe c'est l'après. Un jour après l'autre. L'auteur scrute, incise la notion de couple. Comment élever un enfant dans un monde désolé? On peut clairement se poser la question au vu des évènements tragiques qui surviennent dans le monde chaque semaine. L'auteur ne se positionne pas. Il élabore une stratégie de repli, confronte ses héros à la naissance d'un enfant et les avis divergents qui naissent. le final, brutal & foncièrement réussi, démontre tout le talent de Petitmangin. Une rentrée littéraire 2023 réussie pour l'auteur.
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Il y a peu, je découvrais Laurent Petitmangin avec son premier roman, Ce qu'il faut de nuit, qui m'avait beaucoup touchée. J'avais beaucoup aimé sa plume à la fois poétique, sensible et réaliste. J'avais donc très envie de continuer à le lire, et quoi de mieux que ce nouveau roman pour le faire. C'est le titre et le résumé qui m'ont tout de suite attirée. le résumé présage une histoire plutôt postapocalyptique, et avec ce que l'on vit en ce moment au niveau écologie, j'avais envie de voir comment l'auteur allait traiter le sujet. 

Ce roman se passe quelque part en France à une certaine date, tout est flou de ce coté là, et c'est plutôt pas mal pensé, chaque lecteur peut imaginer un lieu qu'il connaît ou pas. On sait juste dans les descriptions faites par l'auteur qu'il y a des forêts, des montagnes. C'était un endroit tranquille avec ses petites villes, ses villages, ses petits commerces, sauf qu'il y avait une centrale nucléaire aussi. Tout était paisible jusqu'au jour où il y a eu un accident à cette centrale, on ne sait pas quoi exactement, juste que c'est assez grave pour évacuer la zone à cause des radiations. Seul un groupe de jeunes, 2 couples et un garçon célibataire ont décidé de rester là. Sarah et Fred ne veulent pas quitter la terre où est enterrée leur petite Vic, donc ils sont restés avec Lorna et Marc et avec Alessandro. La zone est sous surveillance de drones, ils ont assez de vivres pour trois années, après, ils ne savent pas. Mais ils n'y pensent pas et vivent au jour le jour. Leur amitié est leur ciment, ils sortent en combinaison et protection, mais ça ne les empêche pas d'essayer de mener une vie "normale". Jusqu'au jour, où, un évènement inattendu va venir remettre tout en question.

Je ne dirais pas quel est cet événement même s'il vous est révélé dans le résumé. J'aurais aimé ne pas le savoir, même si je m'en doutais un peu au fil des pages. Je me suis très vite attachée aux personnages et je suis très vite rentrée dans l'histoire qui est très immersive. Il y a une double narration, le roman est divisé en quatre parties, chacune d'elles alterne entre Fred et Sarah comme narrateurs. J'ai bien aimé cette construction car elle m'a permis d'avoir plusieurs opinions sur la situation. On commence avec Fred, qui raconte tout ce qu'il s'est passé, comment ils ont survécu, comment ils vivent, il raconte l'arrivée aussi d'autres personnes étrangères qui vont habiter un peu plus loin. Il nous parle aussi des autres, de ses amis, de leurs relations. Chacun a un rôle dans la communauté, Marc est plutôt le réparateur, Sarah est l'infirmière, elle était sage-femme avant, Lorna est celle qui s'occupe des jardins et des plantations. Ils communiquent très rarement avec l'extérieur, sauf lorsqu'il faut évacuer un blessé ou un malade, mais ils savent que ceux qui sortent ne reviennent jamais. Peut-être aurais-je aimé aussi avoir des chapitres où c'est Marc et Lorna qui parlent et nous donnent leur ressenti, car ils ont des rôles importants aussi. 

Psychologiquement, ils sont tous très marqués par les évènements. Ils essaient de faire comme si tout était normal, mais au fond d'eux, ils savent que leur situation ne peut pas durer. Des liens différents se nouent entre eux, pouvant créer des jalousies. Mais j'ai trouvé qu'ils s'en sortaient plutôt bien, ils ont l'intelligence de toujours relativiser. L'évènement inattendu va les perturber et leur faire demander s'ils ne se trompent pas, s'ils ne devraient pas partir. Il va tout transformer. Et ça se comprend. Même s'ils essaient de vivre comme avant, ils ont ce sentiment d'urgence qui les domine, ils savent que leur situation ne pourra pas durer éternellement, ils ont comme une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Ils en sont conscients mais veulent garder tout de même une part d'insouciance. Cette urgence de vivre va les bouffer de l'intérieur, leur faire faire des choses qu'ils n'auraient pas fait avant. Ils ont beaucoup d'empathie les uns pour les autres, mais plus les difficultés arrivent et plus ils se rendent compte qu'il faut aussi qu'ils pensent à eux. 

La psychologie des personnages est très bien travaillée par l'auteur. Bien souvent, je me suis demandé pourquoi ils s'obstinaient à rester sur ces terres animales, alors qu'ils auraient pu vivre à l'extérieur. Je comprends la volonté du couple Fred et Sarah de rester parce qu'ils ne veulent pas quitter cette terre où est enterrée leur petite fille. Par contre, ce fait de rester a créé une profonde solidarité entre les personnes, c'est un lien très fort qui se tisse entre eux. Leur unité est pour eux la chose la plus importante. Ensemble, ils se sentent plus forts, prêts à braver le danger, l'interdit. Cette union peut cependant être mise à rude épreuve lorsque ce petit grain de sable vient enrayer la machine qu'ils pensaient parfaitement huilée. Là, l'individualisme reprend le dessus, le désir de protection aussi, et alors chacun se pose la question ultime, pourquoi rester ici ? C'est comme s'ils se réveillaient tous d'un rêve, et qu'ils se rendaient compte de là où ils sont, et de l'avenir qu'ils vont avoir. Cet événement les replonge très abruptement dans la réalité. 

J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur a travaillé son sujet, ses personnages, son thème. Il l'a fait avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, et en même temps avec beaucoup de franchise et de réalisme. J'ai vraiment eu l'impression que ces jeunes existaient. Et c'est vrai qu'on n'est pas à l'abri d'une catastrophe telle que le livre, et je me dis que les personnages s'en sont encore bien sortis, ils sont encore vivants, même si leur terre est ravagée, même s'ils ne peuvent rien y faire pousser. L'auteur a vraiment été très pointu dans ses descriptions, sans jamais apporter de lourdeurs au texte, j'ai parfaitement réussi à visualiser chaque endroit, chaque personnage. Bien qu'on n'ait jamais vécu cette situation, l'auteur arrive à très bien dépeindre une réalité qui pourrait exister. Et c'en est bluffant. Comme c'est une narration, l'utilisation de la première personne fait se sentir le lecteur au plus près des personnages. J'ai très bien réussi à me mettre dans la peau de Fred ou de Sarah et vivre à travers eux leurs situations. D'ailleurs l'auteur a aussi parfaitement su se mettre dans la peau d'un homme et ensuite d'une femme, il a changé son style, sa sensibilité, et je trouve ça toujours épatant. 

Le style de l'auteur est toujours aussi bon, totalement immersif. Il y a des livres de 250 pages que je lis lentement, par contre celui-ci, je l'ai lu sur un après-midi. Je suis rentrée dedans dès les premiers mots, et je n'ai pas réussi à le quitter avant la fin, très belle d'ailleurs, porteuse d'espoir et de lumière. Car tout n'est pas sombre dans ce livre, l'amitié entre les personnages, l'amour, l'espoir, la solidarité, l'empathie apportent au tout un éclat lumineux. J'ai beaucoup aimé être ainsi emportée par ma lecture, à oublier tout ce qui se passe autour de moi. C'est une histoire très forte, pleine de messages et de valeurs importants. Il règne une sorte de suspense, à chaque page, je me demandais ce qui allait arriver aux personnages, et ça m'a tenue en haleine tout le long. Ce final est très beau d'ailleurs, à la hauteur du reste du livre. 

Je ne peux que vous conseiller ce roman, pour tout ce qu'il véhicule sur la vie. Ne lisez pas le résumé, laissez vous surprendre, car l'événement relaté n'arrive qu'au milieu du livre. Bon, je l'ai fait, et ça ne m'a pas empêchée de me régaler. C'est le troisième roman qu'écrit Laurent Petitmangin, c'est le second que je lis de lui, je le lirai à nouveau, car j'aime la façon dont il m'emmène à chaque fois dans son histoire. C'est une sensation de lecture qui est très marquante. Je ne manquerai pas de lui dire lorsque je le rencontrerai au salon Du Livre dans la Boucle à Besançon, j'ai très hâte de parler avec lui de ses personnages et de son histoire, j'aimerais en apprendre plus sur sa genèse. 
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Avec l'inflation et la montée des prix de l'électricité, les politiques en ont remis une couche sur l'indépendance énergétique nécessaire à notre pays. Et pour cela dans leurs discours, rien n'est meilleur et plus économique que l'énergie nucléaire. Alors on y va de son refrain sur le besoin d'une politique volontariste d'investissement dans les infrastructures. Par contre, les mêmes promoteurs de la fusion ne parlent jamais des risques encourus par la population quand une "défaillance" a lieu dans ces installations. Avec Tchernobyl et plus récemment Fukushima, nous savons que quand un accident majeur arrive, les conséquences sont dramatiques pour l'environnement mais aussi les populations. Laurent Petitmangin s'empare de ce sujet dans "les terres animales", paru à la Manufacture des livres.

Le pire est arrivé. Malgré cette catastrophe nucléaire, Fred, Sarah, Marc, Alessandro et Lorna ont choisi de rester sur leurs terres ensemble, malgré toutes les contraintes que cela engendre. Cloisonnement, confinement, combinaison, autarcie sont leur lot quotidien. Etre toujours sur ses gardes pour ne pas être infecté, rester ensemble et soudé face à l'adversité, cela demande une rigueur et une force mentale à toute épreuve. Mais cet équilibre va être perturbé par un évènement inattendu qui va modifier en profondeur les rapports entre les membres de cette petite communauté.

Laurent Petitmangin livre une copie post apocalyptique mais sans entrer dans le champ du survivalisme ou du gore. Il s'attarde plutôt sur les rapports humains , sur les comportements de "résistants", celles et ceux qui restent qui restent sur leurs terres, quitte à devoir retrouver l'instinct animal. il plonge assez habilement le lecteur dans une ambiance quelque peu malaisante, voire malsaine sur certaines situations. Avec l'économie des mots, le style Petitmangin campe l'atmosphère sans le décrire, nous fait sentir la pente dangereuse empruntée par Sarah ou Marc mais sans la raconter. C'est fin, sans concession, parfois un peu déroutant mais "les terres animales" reste une bonne sortie pour la rentrée littéraire 2023. le roman, au delà de l'intrigue, nous fait bien prendre conscience qu'aucun choix, qu'il soit en matière de politique énergétique comme de vie face à l'horreur, n'est jamais sans conséquence.
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C'est toujours un plaisir de retrouver Laurent Petitmangin et son style reconnaissable immédiatement. Epuré, sans fioritures, élégant. Et ses personnages humains, terriblement humains, douloureusement humains. Parce qu'il est question ici de douleurs. Celle d'un couple, celle d'une vallée, celle d'un monde. Mais il est aussi question d'amour. dans un couple, entre amis et pour un monde.

Il y a eu un accident. Fukushima fois 10, disent-ils. Une vallée effroyablement contaminée, à haute dose. Alors, population évacuée, en attendant. En attendant quoi ? Un improbable retour. Dans un millier d'années.... Sauf qu'ils sont quelques uns, irréductibles, à avoir refusé. A s'accrocher à leur terre, celle sous laquelle repose Vic, la fille de Fred et Sarah. Et puis, il y a Marc le charpentier et sa compagne Lorna l'aristo en rupture de ban, et les Ouzbeks (oui, vous avez bien lu), et quelques vieux, et un docteur très très âgé. Ils sont là, ils savent qu'ils vont le payer de leur vie, plus tard, pas si tard mais ils ne s'en occupent pas. Parce qu'autour d'eux la vie foisonne. La nature s'en fout de Fukushima, de la radioactivité. La terre est animale, elle regorge de bêtes et de végétation depuis que les hommes sont partis. Et les humains qui restent sont parqués, surveillés, empêchés de fuir maintenant. S'il y a un départ un jour, ce sera à leurs conditions, ceux de l'extérieur, et sans retour. Alors Fred et Sarah racontent leur vie avec Alessandro et les autres. Et puis, au milieu de leurs certitudes (?) arrive l'inattendu. Une naissance. L'équilibre est rompu.

Laurent Petitmangin explore alternativement l'esprit de Fred et de Sarah qui racontent tour à tour, qui se racontent, qui racontent les autres, leur étrange relation à 4... et Sarah qui "pète un plomb"... et la mort jamais loin... et Vic... et Adèle...

Parabole sur notre monde, un avenir possible. Fable sur la vie qui triomphe toujours, sur la Terre qui nous ignore et qui vit mieux sans nous. Et l'amour, celui qui fait tolérer l'intolérable, celui qui tue et celui qui sauve. Il y a beaucoup plus de choses qu'on ne croit à la première lecture de ce texte qui va désarçonner certains. J'ai relu des passages et vu des choses que je n'avais pas comprises la première fois dans ce roman épuré aux chapitres courts. On n'est ni dans de la science-fiction ni même dans une uchronie, mais dans un futur possible dès demain. Gérer les stocks, survivre, en sachant qu'on va le payer. Partir ? Rester ? Et la vie, animale dans le sens premier du terme, brute, viscérale. Anima, l'âme en latin. Celle de la Nature et de la Terre qui nous survivra... qu'on la protège où non, qu'on la veille ou qu'elle nous chasse...

Laurent Petitmangin pose aussi la question de l'amour maternel mais aussi celui d'un père, de la douleur de la perte d'un enfant. Condamner un nouveau-né ou lui offrir le monde ? Mourir avec lui ou le sauver en se sauvant soi-même ? le choix sera douloureux...
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