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3,62

sur 280 notes
Ils n'ont pas voulu quitter leurs terres.
Des terres hostiles, souillées par l'atome.
Sarah, Fred Alessandro, Marc ou Lorna ont chacun leurs raisons.
Ils s'adaptent comme ils peuvent à ces nouvelles contraintes nées de l'apocalypse.
Une nouvelle vie s'organise , de nouveaux liens se tissent.
Un enfant va naître.
Symbole de résilience ou remise en question d'un futur extrapolé dans la résignation ?

C'est ma première incursion dans l'univers de Laurent Petitmangin.
Un incipit à la beauté vénéneuse aura suffi à me convaincre.
Son style parfois poétique mais jamais emphasique m'a saisi dès le départ pour ne me relâcher qu'à la dernière ligne de cette histoire à la fois émouvante et anxiogène.
Même si la thématique de l'accident nucléaire, certes au centre de nos préoccupations actuelles mais presque usée jusqu'à la corde, ne m'emballe pas particulièrement, j'ai beaucoup apprécié que l'auteur s'en serve avec habileté pour décupler sa puissance narrative.
Je pense que j'irai tester d'autres romans de Laurent Petitmangin en espérant que même sans énergie nucléaire ils soient aussi puissants.





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*Radioactivity Is in the air for you and me*

Un petit morceaux de Kraftwerk pour résumer ce bouquin. En une phrase, on en dit beaucoup, mais on n'en dit pas tout.

Nous sommes dans un futur, un futur que l'on devine proche. Ca pourrait être demain. Une catastrophe nucléaire a eu lieu, on ne sait pas quand ni pourquoi, ni surtout où (on dit juste dans le bouquin que les Belges ont eu de la chance... Ouf me voilà sauvée !).
Certains sont restés dans cet enfer invisible. Ils sont dans la zone, celle qui fait grésiller les radiamètres. Sievert et Becquerel sont à la fête.
Pourtant on dirait que rien n'a changé, l'eau coule des ruisseaux, des animaux se baladent, il y a des feuilles sur les arbres. Les hommes ne peuvent pas sortir sans leur combinaison.
Ils sont une poignée, attachés à leur terre ou à leurs disparus. Ils sont néanmoins humains. La vie reprend ses droits et renait au sein de cette zone de désolation invisible.

C'est un joli roman qui fait plutôt la part belle aux relations humaines qu'au côté survivaliste. Ca reste assez sympa à lire, même si au final, j'ai trouvé l'ensemble un peu plat.



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Quelque part en France, une catastrophe nucléaire a eu lieu. Alors que toute la population a été évacuée par l'armée, fuyant ces terres irradiées, porteuses de mort et de contamination, certains habitants ont refusé de partir. Hors de question pour Sarah et Fred d'abandonner la terre qui porte leur petite Vic, morte quelques années plus tôt… Par amitié, pour des raisons qui leur sont propres ou juste parce que “foutu pour foutu”, Marc et Lorna ont choisi de rester aussi, ainsi qu'Alessandro, préférant s'enfermer du mauvais côté du mur érigé par l'armée, prisonniers de leur petit village entouré de forêts et de montagnes. Pour la petite communauté ainsi reformée, la vie dans cette “non-vie” continue, dictée par les protocoles et les rituels de sécurité sanitaire, par la conscience que chaque minute compte mais surtout par la solidarité et l'amitié. Jusqu'au jour où l'arrivée d'une nouvelle vie au sein de leur cercle fermé va venir bouleverser le fragile équilibre qui était le leur…

Dans ce décor que l'on pourrait croire tout droit sorti d'un roman post-apocalyptique, où l'humanité s'est tue, laissant derrière elle une impression trompeuse de calme et de silence, Laurent Petitmangin peint le quotidien de ces hommes et femmes qui ont fait le choix de se couper du monde, au détriment de leur santé, comme une manière de résister mais aussi, peut être, de ne pas affronter la réalité… Il dépeint avec beaucoup de finesse un champ de bataille invisible, dans lequel la mort a laissé son empreinte de manière sournoise, contaminant les sols, l'air et l'eau sans en bouleverser le paysage. Un paysage qui se meut avec lenteur, propice à la contemplation et à l'introspection, mais qui recèle néanmoins une certaine tension.

L'auteur joue à merveille avec cette tension, la faisant croître au fil des pages et prenant le lecteur en otage pour l'entraîner sur la voie de la discorde et de la folie. C'est habile, prenant et surtout, c'est un texte qui évolue sans fausse note, touchant de beauté et d'émotions. La plume de Laurent Petitmangin est sensible et délicate et ses personnages sont attachants tant ils sonnent justes. Par ailleurs, la narration à la première personne, alternant les points de vue entre Fred et Sarah, favorise l'immersion au coeur du roman. Un texte puissant et envoûtant, premier coup de coeur de cette rentrée littéraire !
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Survivre et donner la vie

Dans son nouveau roman, Laurent Petitmangin imagine une poignée de survivants décidés à rester sur leurs terres après un accident nucléaire. Jusqu'au jour où l'annonce d'une naissance va remettre en question leur équilibre précaire.

Ils ne sont plus qu'une poignée d'humains à avoir choisi de rester après avoir été victimes d'un accident nucléaire qui a contaminé leurs terres pour des décennies, voire des siècles. Un choix déraisonnable, mais qu'ils ont choisi d'assumer. Pour Marc, Alessandro, Lorna, Sarah et Fred il est d'abord question de prouver qu'il est possible de survivre dans ce milieu hostile et qu'en prenant un minimum de précautions, le quotidien peut même être agréable. Pour Sarah et Fred, il n'était en outre pas question d'abandonner leur fille Vic qui repose au cimetière, mais dont le souvenir continue à les habiter.
En faisant le compte des réserves disponibles dans les maisons et surtout les magasins abandonnés en urgence, ils se rendent compte que s'ils ne sont pas trop regardants sur les dates de péremption, ils pourront tenir pendant des années.
Leur autre atout, ce sont les liens amicaux qu'ils ont tissé au fil des jours et qui leur permettent d'entretenir un semblant de vie sociale. de ce point de vue, l'arrivée d'un groupe de chasseurs ouzbeks est aussi l'occasion de nouveaux échanges, car l'habileté au tir de ces derniers va leur permettre de se libérer des drones de surveillance qui n'arrêtent pas de survoler le territoire.
Entre parties de chasse, escapades et menus travaux, la vie est tranquille. Fred a même repris sa caméra, lui qui s'était lancé dans un film documentaire avant la catastrophe.
Mais quand Sarah lui annonce qu'elle est enceinte, il s'interroge sur la destinée sa progéniture: «Qu'est-ce qu'un enfant peut faire dans un pays comme cela? Quel avenir lui prépare-t-on? C'est quoi sa vie? Tout seul, sans aucun autre enfant dans la zone, coin pourri de chez pourri, sans avenir, sans la moindre prospérité, où chaque bouffée d'air est une gageure et où chaque aliment est suspect. (...) Cette question commence pourtant à me bouffer le cerveau, je sais qu'il faut qu'on l'aborde, et je sais surtout qu'il n'y a pas trente-six mille façons d'y répondre.»
Laurent Petitmangin donne alternativement la parole à Fred et Sarah pour confronter les points de vue et offrir au lecteur l'occasion de suivre leurs raisonnements, pour comprendre leurs choix.
Après le formidable Ce qu'il faut de nuit (prix Stanislas, prix Femina des lycéens) en 2020 et Ainsi Berlin en 2021, Laurent Petitmangin change à nouveau de registre pour nous offrir un roman survivaliste, dans la veine du désormais classique Malevil de Robert Merle ou plus récemment de l'apocalyptique La route du regretté Cormac McCarthy ou encore de Dans la forêt de Jean Hegland. On y trouvera aussi en cette rentrée 2023 des points communs avec Jardin des oubliés de Mouloud Akkouche, notamment l'aspect survie dans un monde hostile et la question de la génération future, des thèmes qui vont sûrement irriguer bon nombre d'ouvrages dans les mois et années qui viennent.
Car si l'avenir s'annonce anxiogène – la menace nucléaire, aussi bien par un accident dans une centrale que par volonté belliqueuse n'ayant jamais été si forte qu'en ce moment – le pire n'est jamais certain. C'est aussi le message de ce roman dont on peut certes avoir une lecture écologique, mais qui est bien davantage le révélateur de nos angoisses collectives.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Une catastrophe est survenue. Alors qu'on ne sait ni où, ni quand, ni vraiment pourquoi, ça pourrait être arrivé chez nous, demain, d'une centrale nucléaire défaillante. On pourrait très facilement faire partie de ce petit groupe, celui qui n'a pas voulu partir, attaché à sa terre et à cette petite fille qui y est enterrée. Isolés, mais solidaires, on apprendrait une autre vie, un autre monde, d'autres rêves… Et partager les doutes, les peurs et les espoirs des rescapés…

Les terres animales est le troisième roman de Laurent Petitmangin. On y retrouve son univers, ses personnages attachants, ses valeurs et cette passion pour la vie, ses lumières et ses zones d'ombres. Dans un registre plus apocalyptique, il nous touche une fois encore par son humanité, la justesse de ses mots et son écriture à fleur de peau.

Passer du temps avec Fred, Sarah, Marc, Lorna et Alessandro c'est accepter d'être chamboulés dans ses certitudes, malmenés par des sentiments ambivalents et comprendre qu'un accident peut apporter du bon dans toutes choses. Parce qu'un être humain a besoin des autres pour survivre, ce petit groupe recrée un monde rythmé par les compteurs Geiger, les combinaisons et la surprotection. La nature reprend ses droits, elle se déploie et offre au regard ce qu'elle a de plus beau…

Les terres animales est un récit de fin du monde où la poésie côtoie le désespoir. Les amitiés et les amours frôlent ces âmes sensibles et les fragilisent. Une leçon de vie, entre ombres et lumières…

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Quelque part en France ,
une Centrale,et.... l'"accident"...
Les terres, l'air, l'eau irradiés
soixante dix fois plus fort qu'à Fukushima...
Expulsion de la population tambour battant ..
Certains résistent, refusent et finissent
par gagner le droit de rester chez eux.
Ils sont cinq que nous suivrons de près
Deux qui entendent rester vissés près la tombe de leur enfant.
Un couple sans enfant et un célibataire.
Cinq qui organisent leur vie
pour environ trois ans
avec l'alimentation, les médicaments
et le matériel collectés dans les magasins
et les maisons abandonnés.
La solidarité, l'amitié, le sens pratique
réinventent une survie dans cette contrée
où les compteurs Geigers hurlent et se bloquent...
Sarah est enceinte,
Cette grossesse redistribue les rôles,
La future naissance est porteuse
d'espoirs et de désillusions .
Ce bouleversement va peser lourdement
sur leur avenir déjà précaire .

Très beau moment de lecture.
Ce récit regorge d'humanité .
Une pensée pour 'le mur invisible "..
Un désastre écologique, la résilience,
la survie...ce n'est absolument pas
un texte qui exploite le scénario catastrophe
mais qui nous interroge sur un sujet brûlant
et nous lie au destin de personnages très attachants

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Quoi de plus beau que l'annonce d'un enfant à venir? Que d'avoir la sensation que de multiples chakras ouvrent leur porte pour accueillir un amour inconditionnel ?! Rien bien sûr ! Mais qu'en est-il lorsque l'arrivée de ce nouvel être va se faire sur une terre dd désolation.? Une terre irradiée que tous les habitants ont déserté en dehors de cinq amis dont deux couples ,qui ont pris le risque de rester,justement pour être ensemble, soudés,et peut-être bien aussi parce que partir aurait été laisser derrière eux la plus belle partie d'eux même.
Et puis, au delà de cette catastrophe nucléaire il y a l'implosion intime que certains drames ont provoqués, des secrets qui gangrènent tout autant que les radiations.
Alors, la venue d'un bébé dans un tel monde est-elle source de joie ou d'angoisse? Est-elle une sortie vers la lumière ou la précipitation vers les ténèbres ?
Laurent Petitmangin,avec la même délicatesse que dans ses deux premiers romans, sonde une fois encore la complexité des relations humaines, la difficulté d'aimer et la confrontation entre idéaux et réalité.
Avec Terres animales il me semble qu'il instaure un parallèle entre les fissures atomiques et celles du coeur. Peut-on garder l'espoir d'une renaissance, d'une guérison ? Se fier aux apparences sans prendre en compte la profondeur des blessures?
C'est donc pour moi,bien plus qu'in simple récit sur les risques nucléaires, même si les descriptions d'une nature en sursis et la survie des habitants ne peuvent laisser indifférent à ce sujet...

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Suite à une catastrophe nucléaire, les parcelles contaminées sont évacuées car la population ne peut plus vivre sur ces terres irradiées pour plusieurs centaines d'années.

Cependant, certains habitants font de la résistance et refusent de quitter leurs terres. L'armée isole ce territoire, avec des fortifications , des soldats et des drones. Certains habitants ont fait le choix de rester dans ces terres maudites et le reste de l'humanité a décidé de respecter leur choix. Néanmoins, des drones continuent de veiller sur eux en cas de besoin.

Ce roman suit le quotidien de cinq personnages , Fred, Sarah, Marc, Lorna et Alessandro, leurs protocoles sanitaires pour survivre aux radiations et leurs plaisirs simples.

La nature totalement contaminée est toujours étonnamment aussi belle et en pleine renaissance comme si elle était insensible aux radiations.

Ce livre de par son sujet rappelle le roman "dans la forêt" de Jean Hegland ou encore le roman "nous vivons dans un pays d'été" de Lydia Millet.

Roman bien écrit, agréable à lire, original

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Je dois avouer que j'ai tout d'abord été séduite par le titre et la couverture de ce livre, puis la lecture de la quatrième de couverture a conforté mon choix.

Tout d'abord que je suis sous le charme de la plume de l'auteur, cela m'arrive rarement mais ici j'ai relu plusieurs fois certaines phrases tant je trouve celles-ci belles et bien tournées.

Cela tranche de plus avec la situation apocalyptique raconté dans ce récit ou nous suivons 5 personnages qui font de leur mieux pour survivre, si ce type de récit est quitte ou double pour moi, je me souviens de l'ennui ressenti lors de ma lecture de la route, ici cela fonctionne.

J'aurai même aimé les suivre encore plus longtemps, en tout cas je garde bien précieusement le nom de l'auteur de côté car je suis très curieuse de découvrir ces autres récits.

Même si le récit est court il est puissant et j'ai été a fond dans ma lecture limite en apnée pour suivre ces personnages, pourtant ceux-ci ne sont pas si étoffés que cela vu le petit nombre de page du roman.

Une belle découverte.
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On se souvient encore de cet engouement général pour Ce Qu'il Faut de Nuit (La Manufacture de livres 2020), premier roman de Laurent PetitMangin qui raflait une vingtaine de prix de la rentrée littéraire de 2020. Oscillant entre la chronique sociale et le roman noir en se déroulant dans la région de sa Lorraine natale, on relevait cette pudeur et cette émotion que l'auteur distillait autour des relations entre un père cheminot aux convictions syndicales bien ancrées et un fils tenté par les dérives de l'extrémisme de droite, en s'inscrivant ainsi sur certains thèmes abordés par Nicolas Mathieu issu de ces mêmes contrées lorraines. Écrivant depuis au moins une dizaine d'année sans jamais être publié, Laurent Petitmangin proposait aux éditeurs, en même temps que Ce Qu'il Faut de Nuit, un texte intitulé Ainsi Berlin (La Manufacture de livres 2021) en changeant totalement de registre puisqu'il abordait le genre de l'espionnage de l'après-guerre autour d'une relation amoureuse. Publié au début de l'année 2021, la visibilité de ce roman fut probablement quelque peu occultée par la continuité du succès du premier ouvrage dont on parle encore aujourd'hui. Les aléas du succès sans doute. Mais il est temps de se tourner vers Les Terres Animales, nouveau roman de Laurent Petitmangin qui change une nouvelle fois de genre avec un récit dystopique où l'on rencontre une petite communauté persistant à rester dans une région irradiée suite à l'explosion d'une centrale nucléaire, en s'inspirant notamment d'un reportage s'intéressant à ces personnes âgées voulant à tout prix continuer à vivre à Fukushima en dépit des risques engendrés.

Ça a finit par arriver. La centrale a explosé. L'équivalent de dix Fukushima avec une région qu'il a fallu évacuer pour fuir les radiations. Une zone condamnée, silencieuse où certains ont pourtant choisi de rester malgré tout, attachés qu'ils sont par les souvenirs. Et puis il y a le corps de Vic qui repose dans cette terre contaminée, la fille que Sarah et Fred ont perdu bien avant l'accident de la centrale. Un attachement viscéral auquel s'associe les amis de longue date que sont Marc et Lorna, ainsi qu'Alessandro. Ils forment un groupe soudé qui leur permet de survivre sur ce territoire empoisonné où ils côtoient quelques anciens ainsi qu'une douzaine de migrants estimant que pour eux il n'y a pas d'ailleurs que cette terre animale et désormais indomptable. L'avenir est donc tout tracé pour ces femmes et ces hommes qui vont pourtant devoir remettre en cause leurs certitudes à la survenue d'un événement qui va bouleverser leur existence.

On recommandera tout d'abord d'éviter de s'attarder sur le résumé du quatrième de couverture dévoilant trop d'éléments de l'intrigue. Tout comme Ce Qu'il Faut de Nuit, on constatera que Les Terres Animales est un roman assez bref où Laurent Petitmangin ne s'embarrasse pas de détails. Ainsi, hormis la beauté vénéneuse du paysage et ce sentiment de liberté qui s'en dégage malgré tout, on ne saura rien de l'aspect géographique de la région dans laquelle évolue cette communauté qui fait le choix de rester dans cette atmosphère irradiée, tout comme l'on ignorera les circonstances de l'accident de cette centrale nucléaire ainsi que l'évacuation qui s'ensuit à l'exception de quelques détails en rapport avec les maisons abandonnées comme figées par la catastrophe. Essentiellement concentré sur l'humain, Laurent Petitmangin décline son récit sur une alternance des points de vue de Fred et de Sarah en définissant ainsi leur quotidien ainsi que les rapports qu'ils entretiennent avec Alessandro et l'autre couple que forme Marc et Lorna en prenant également la mesure des raisons tout de même insensées qui les poussent à vivre ou plutôt survivre au coeur de ce territoire empoisonné qui ne laisse que peu d'espoir quant à leur devenir. Devant l'absence de rationalité d'une telle décision, on ne peut donc raisonnablement pas vraiment s'attacher à ces personnages qui nous bouleversent tout de même au gré des événements auxquels ils vont devoir faire face en bousculant leur périlleuse routine, tout en remettant en cause leurs motivations respectives qui les ralliaient plus particulièrement autour de la destinée de Sarah. Avec cette belle écriture poétique qui caractérise son texte, Laurent Petitmangin met en place cette espèce de léthargie qui enveloppe ce groupe engoncé dans des certitudes ataviques qui perdent brutalement tout leur sens, au rythme d'une succession de drames dont on prendra toute la mesure au terme d'un épilogue chargé d'une émotion parfaitement contenue ce qui la rend d'autant plus poignante. L'intrigue prend également une forme admirable autour des non-dits et plus particulièrement du vertige des ellipses temporelles entre les chapitres qui ne font que renforcer l'intensité des péripéties qui vont marquer les membres de ce groupe qui se révélera beaucoup plus fragile qu'il ne le laisse paraître en révélant toutes les failles de ces personnages qui se révéleront dans tout le poids de leur humanité tragique et que le regard extérieur des membres de cette communauté d'Ouzbeks qu'il côtoient ne fait que renforcer, en devenant ainsi les témoins impavides des malheurs qui frappent ces terres animales. Avec Les Terres Animales, Laurent Petitmangin dépeint, de manière remarquable, cet attachement viscéral au territoire autour de l'amitié qui se désagrège dans les entrelacs de la déraison et des certitudes aveugles.


Laurent Petitmangin : Les Terres Animales. Editions de la Manufacture de livres 2023.

A lire en écoutant : Lullaby For Caïn de Shinead O'Conor et Gabriel Yared. Album : The Talented Mr. Ripley (Music from th Motion Picture). 1999 Sony Music Entertainment.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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