Dans une zone montagneuse, forrestière, irradiée, en tenue d'astronautes, harnachés de compteurs Geiger pour mesurer la radioactivité, évoluent deux couples, Fred et Sarah, Lorna et Marc, et un célibataire, Alessandro.
Quand la centrale a explosé, ils ont résisté aux intimidations des « bleus » chargés de l'évacuation des zones irradiées, ils se sont accrochés aux barreaux comme des enfants qui s'agrippent aux jupes de leur maman le jour de la rentrée.
Nous allons faire leur connaissance grâce au journaux intimes de Fred et Sarah.
Fred s'adresse souvent à leur fillette morte, Vic, c'est pour rester auprès d'elle qu'ils ne sont pas partis.
Sarah ne va plus sur la tombe, car la dernière fois elle a saisi « une belle poignée [de cette] terre qui bruissait cinq cents millisieverts, une raclure d'enfer, à lui pourrir les mains. »
Leur couple est usé, ils ne font plus l'amour.
Sarah croit que Fred ne s'est pas aperçu de sa liaison avec Marc.
Fred est attiré par Lorna.
Ces cinq sont soudés comme les doigts d'une main, chacun a son rôle : Alessandro gère les stocks de la supérette qu'il évalue à trois ans de survie ; Marc est charpentier, se charge des réparations de toutes sortes ; Sarah est sage-femme, elle a fait trois ans d'études de médecine, elle soigne les maladies ; Lorna est une aristocrate rebelle, globe-trotters, éprise de beauté et de botanique ; Fred est cinéaste, il était en train de faire un film sur la vie dans ces villages reculés quand la catastrophe est arrivé.
« En attendant, je filme avec aussi peu de mouvements que possible, souvent la caméra installée sur pied pendant de longues heures, et je note les coordonnées de l'endroit, son activité. Je répertorie aussi la température, le temps qu'il fait le jour-là, le vent, quantité de choses inutiles, mais qui me tiennent debout. » p. 57
Leur traintrain s'est naturellement mis en place avec les routines domestiques normales, scandé par la chasse, les balades, les parties de foot, les fêtes…
C'est un huis-clos paisible où la paix règne grâce au mystère des non-dits.
« On a le temps, on n'est pas obligés de devenir les meilleurs potes tout de suite, on va s'apprivoiser. On a le temps. Avec ce qu'on mange chaque jour de radiation, c'est nouveau comme concept, pas désagréable, mais forcément joueur. » p. 46
Ils ne sont pas seuls, eux sont les jeunes, dans les autres villages, il y a les vieux.
L'ordre établi de leur microcosme va être remis en cause par l'arrivée des ouzbeks, et plus tard, bouleversé par un événement qui n'aurait pas dû être dévoilé en quatrième de couverture.
C'est un roman court, une longue nouvelle, qui se lit d'un trait, en apnée. C'est une lecture oppressante, je préfère clairement les utopies aux dystopies. Les personnages sont attachants et l'analyse psychologique des relations dans un huis-clos est bien menée. L'écriture est soignée mais gâchée par l'irruption de mots familiers.
Vous l'avez compris, je n'ai pas été touchée par
Les terres animales même si je lui concède un certain pouvoir magnétique.