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3,62

sur 280 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ils n'ont pas voulu quitter leurs terres.
Des terres hostiles, souillées par l'atome.
Sarah, Fred Alessandro, Marc ou Lorna ont chacun leurs raisons.
Ils s'adaptent comme ils peuvent à ces nouvelles contraintes nées de l'apocalypse.
Une nouvelle vie s'organise , de nouveaux liens se tissent.
Un enfant va naître.
Symbole de résilience ou remise en question d'un futur extrapolé dans la résignation ?

C'est ma première incursion dans l'univers de Laurent Petitmangin.
Un incipit à la beauté vénéneuse aura suffi à me convaincre.
Son style parfois poétique mais jamais emphasique m'a saisi dès le départ pour ne me relâcher qu'à la dernière ligne de cette histoire à la fois émouvante et anxiogène.
Même si la thématique de l'accident nucléaire, certes au centre de nos préoccupations actuelles mais presque usée jusqu'à la corde, ne m'emballe pas particulièrement, j'ai beaucoup apprécié que l'auteur s'en serve avec habileté pour décupler sa puissance narrative.
Je pense que j'irai tester d'autres romans de Laurent Petitmangin en espérant que même sans énergie nucléaire ils soient aussi puissants.





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Quelque part en France, une catastrophe nucléaire a eu lieu. Alors que toute la population a été évacuée par l'armée, fuyant ces terres irradiées, porteuses de mort et de contamination, certains habitants ont refusé de partir. Hors de question pour Sarah et Fred d'abandonner la terre qui porte leur petite Vic, morte quelques années plus tôt… Par amitié, pour des raisons qui leur sont propres ou juste parce que “foutu pour foutu”, Marc et Lorna ont choisi de rester aussi, ainsi qu'Alessandro, préférant s'enfermer du mauvais côté du mur érigé par l'armée, prisonniers de leur petit village entouré de forêts et de montagnes. Pour la petite communauté ainsi reformée, la vie dans cette “non-vie” continue, dictée par les protocoles et les rituels de sécurité sanitaire, par la conscience que chaque minute compte mais surtout par la solidarité et l'amitié. Jusqu'au jour où l'arrivée d'une nouvelle vie au sein de leur cercle fermé va venir bouleverser le fragile équilibre qui était le leur…

Dans ce décor que l'on pourrait croire tout droit sorti d'un roman post-apocalyptique, où l'humanité s'est tue, laissant derrière elle une impression trompeuse de calme et de silence, Laurent Petitmangin peint le quotidien de ces hommes et femmes qui ont fait le choix de se couper du monde, au détriment de leur santé, comme une manière de résister mais aussi, peut être, de ne pas affronter la réalité… Il dépeint avec beaucoup de finesse un champ de bataille invisible, dans lequel la mort a laissé son empreinte de manière sournoise, contaminant les sols, l'air et l'eau sans en bouleverser le paysage. Un paysage qui se meut avec lenteur, propice à la contemplation et à l'introspection, mais qui recèle néanmoins une certaine tension.

L'auteur joue à merveille avec cette tension, la faisant croître au fil des pages et prenant le lecteur en otage pour l'entraîner sur la voie de la discorde et de la folie. C'est habile, prenant et surtout, c'est un texte qui évolue sans fausse note, touchant de beauté et d'émotions. La plume de Laurent Petitmangin est sensible et délicate et ses personnages sont attachants tant ils sonnent justes. Par ailleurs, la narration à la première personne, alternant les points de vue entre Fred et Sarah, favorise l'immersion au coeur du roman. Un texte puissant et envoûtant, premier coup de coeur de cette rentrée littéraire !
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Survivre et donner la vie

Dans son nouveau roman, Laurent Petitmangin imagine une poignée de survivants décidés à rester sur leurs terres après un accident nucléaire. Jusqu'au jour où l'annonce d'une naissance va remettre en question leur équilibre précaire.

Ils ne sont plus qu'une poignée d'humains à avoir choisi de rester après avoir été victimes d'un accident nucléaire qui a contaminé leurs terres pour des décennies, voire des siècles. Un choix déraisonnable, mais qu'ils ont choisi d'assumer. Pour Marc, Alessandro, Lorna, Sarah et Fred il est d'abord question de prouver qu'il est possible de survivre dans ce milieu hostile et qu'en prenant un minimum de précautions, le quotidien peut même être agréable. Pour Sarah et Fred, il n'était en outre pas question d'abandonner leur fille Vic qui repose au cimetière, mais dont le souvenir continue à les habiter.
En faisant le compte des réserves disponibles dans les maisons et surtout les magasins abandonnés en urgence, ils se rendent compte que s'ils ne sont pas trop regardants sur les dates de péremption, ils pourront tenir pendant des années.
Leur autre atout, ce sont les liens amicaux qu'ils ont tissé au fil des jours et qui leur permettent d'entretenir un semblant de vie sociale. de ce point de vue, l'arrivée d'un groupe de chasseurs ouzbeks est aussi l'occasion de nouveaux échanges, car l'habileté au tir de ces derniers va leur permettre de se libérer des drones de surveillance qui n'arrêtent pas de survoler le territoire.
Entre parties de chasse, escapades et menus travaux, la vie est tranquille. Fred a même repris sa caméra, lui qui s'était lancé dans un film documentaire avant la catastrophe.
Mais quand Sarah lui annonce qu'elle est enceinte, il s'interroge sur la destinée sa progéniture: «Qu'est-ce qu'un enfant peut faire dans un pays comme cela? Quel avenir lui prépare-t-on? C'est quoi sa vie? Tout seul, sans aucun autre enfant dans la zone, coin pourri de chez pourri, sans avenir, sans la moindre prospérité, où chaque bouffée d'air est une gageure et où chaque aliment est suspect. (...) Cette question commence pourtant à me bouffer le cerveau, je sais qu'il faut qu'on l'aborde, et je sais surtout qu'il n'y a pas trente-six mille façons d'y répondre.»
Laurent Petitmangin donne alternativement la parole à Fred et Sarah pour confronter les points de vue et offrir au lecteur l'occasion de suivre leurs raisonnements, pour comprendre leurs choix.
Après le formidable Ce qu'il faut de nuit (prix Stanislas, prix Femina des lycéens) en 2020 et Ainsi Berlin en 2021, Laurent Petitmangin change à nouveau de registre pour nous offrir un roman survivaliste, dans la veine du désormais classique Malevil de Robert Merle ou plus récemment de l'apocalyptique La route du regretté Cormac McCarthy ou encore de Dans la forêt de Jean Hegland. On y trouvera aussi en cette rentrée 2023 des points communs avec Jardin des oubliés de Mouloud Akkouche, notamment l'aspect survie dans un monde hostile et la question de la génération future, des thèmes qui vont sûrement irriguer bon nombre d'ouvrages dans les mois et années qui viennent.
Car si l'avenir s'annonce anxiogène – la menace nucléaire, aussi bien par un accident dans une centrale que par volonté belliqueuse n'ayant jamais été si forte qu'en ce moment – le pire n'est jamais certain. C'est aussi le message de ce roman dont on peut certes avoir une lecture écologique, mais qui est bien davantage le révélateur de nos angoisses collectives.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Une catastrophe est survenue. Alors qu'on ne sait ni où, ni quand, ni vraiment pourquoi, ça pourrait être arrivé chez nous, demain, d'une centrale nucléaire défaillante. On pourrait très facilement faire partie de ce petit groupe, celui qui n'a pas voulu partir, attaché à sa terre et à cette petite fille qui y est enterrée. Isolés, mais solidaires, on apprendrait une autre vie, un autre monde, d'autres rêves… Et partager les doutes, les peurs et les espoirs des rescapés…

Les terres animales est le troisième roman de Laurent Petitmangin. On y retrouve son univers, ses personnages attachants, ses valeurs et cette passion pour la vie, ses lumières et ses zones d'ombres. Dans un registre plus apocalyptique, il nous touche une fois encore par son humanité, la justesse de ses mots et son écriture à fleur de peau.

Passer du temps avec Fred, Sarah, Marc, Lorna et Alessandro c'est accepter d'être chamboulés dans ses certitudes, malmenés par des sentiments ambivalents et comprendre qu'un accident peut apporter du bon dans toutes choses. Parce qu'un être humain a besoin des autres pour survivre, ce petit groupe recrée un monde rythmé par les compteurs Geiger, les combinaisons et la surprotection. La nature reprend ses droits, elle se déploie et offre au regard ce qu'elle a de plus beau…

Les terres animales est un récit de fin du monde où la poésie côtoie le désespoir. Les amitiés et les amours frôlent ces âmes sensibles et les fragilisent. Une leçon de vie, entre ombres et lumières…

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Quoi de plus beau que l'annonce d'un enfant à venir? Que d'avoir la sensation que de multiples chakras ouvrent leur porte pour accueillir un amour inconditionnel ?! Rien bien sûr ! Mais qu'en est-il lorsque l'arrivée de ce nouvel être va se faire sur une terre dd désolation.? Une terre irradiée que tous les habitants ont déserté en dehors de cinq amis dont deux couples ,qui ont pris le risque de rester,justement pour être ensemble, soudés,et peut-être bien aussi parce que partir aurait été laisser derrière eux la plus belle partie d'eux même.
Et puis, au delà de cette catastrophe nucléaire il y a l'implosion intime que certains drames ont provoqués, des secrets qui gangrènent tout autant que les radiations.
Alors, la venue d'un bébé dans un tel monde est-elle source de joie ou d'angoisse? Est-elle une sortie vers la lumière ou la précipitation vers les ténèbres ?
Laurent Petitmangin,avec la même délicatesse que dans ses deux premiers romans, sonde une fois encore la complexité des relations humaines, la difficulté d'aimer et la confrontation entre idéaux et réalité.
Avec Terres animales il me semble qu'il instaure un parallèle entre les fissures atomiques et celles du coeur. Peut-on garder l'espoir d'une renaissance, d'une guérison ? Se fier aux apparences sans prendre en compte la profondeur des blessures?
C'est donc pour moi,bien plus qu'in simple récit sur les risques nucléaires, même si les descriptions d'une nature en sursis et la survie des habitants ne peuvent laisser indifférent à ce sujet...

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Je dois avouer que j'ai tout d'abord été séduite par le titre et la couverture de ce livre, puis la lecture de la quatrième de couverture a conforté mon choix.

Tout d'abord que je suis sous le charme de la plume de l'auteur, cela m'arrive rarement mais ici j'ai relu plusieurs fois certaines phrases tant je trouve celles-ci belles et bien tournées.

Cela tranche de plus avec la situation apocalyptique raconté dans ce récit ou nous suivons 5 personnages qui font de leur mieux pour survivre, si ce type de récit est quitte ou double pour moi, je me souviens de l'ennui ressenti lors de ma lecture de la route, ici cela fonctionne.

J'aurai même aimé les suivre encore plus longtemps, en tout cas je garde bien précieusement le nom de l'auteur de côté car je suis très curieuse de découvrir ces autres récits.

Même si le récit est court il est puissant et j'ai été a fond dans ma lecture limite en apnée pour suivre ces personnages, pourtant ceux-ci ne sont pas si étoffés que cela vu le petit nombre de page du roman.

Une belle découverte.
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Rentrée littéraire,

1ère approche avec cet écrivain, et que vous dire ,si ce n'est que je suis incapable de dire si j'ai aimé ou pas?
Inclassable et ovni sont les deux premiers mots qui me viennent à l'esprit. Pour moi le sentiment de mal être et une angoisse allant crescendo se dégageant de ce roman en font un roman atypique.
Ils sont cinq personnes ,qui ,à la suite d'un grave accident nucléaire ont pris la décision de ne pas se faire évacuer,
On ne connait ni le lieu,ni la date ou cela s'est produit,Laurent Petitmangin s'est attaché à nous decrire le quotidien de ces cinq personnes : Marc,Lorna,Sarah,Fred et Alessandro.
Dans une nature reprenant ses droits ,ils doivent se protéger, mettre leur combinaison lors des sorties avec les compteurs pour vérifier le degré de radioactivité.
La vie,avec d'autres codes,. petit à petit va s'organiser,ils sont attachés à leurs racines ,à leur terre.
Plus tard ,un groupe d'ouzbeks les rejoindra.
Le seul lien avec " l'autre côté " ," l'autre monde" sont les drones qui les survolent et les surveillent.
Mais ils sont de moins en moins nombreux ,car les Ousbèks se font une joie de les " dégommer"
Toute l'histoire ,en fait est basée sur les rapports humains ,le comportement de ces cinq individus face à cette nouvelle vie ,sans espoir de retour ,qu'ils ont choisie.
Et puis un évènement inattendu va surgir remettant tout en cause .
Tous les codes vont être chamboulés ainsi que leur avenir savamment planifié.
Quant à La fin ,si je l'ai bien comprise ,elle est dramatique.
À recommander pour l'originalité de ce roman qui nous emmène dans une autre dimension ,une autre perception du monde qui nous entoure ,et qui nous interpelle ,comment aurions nous réagi à leur place? ⭐⭐⭐⭐
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Dans une zone montagneuse, forrestière, irradiée, en tenue d'astronautes, harnachés de compteurs Geiger pour mesurer la radioactivité, évoluent deux couples, Fred et Sarah, Lorna et Marc, et un célibataire, Alessandro.
Quand la centrale a explosé, ils ont résisté aux intimidations des « bleus » chargés de l'évacuation des zones irradiées, ils se sont accrochés aux barreaux comme des enfants qui s'agrippent aux jupes de leur maman le jour de la rentrée.

Nous allons faire leur connaissance grâce au journaux intimes de Fred et Sarah.
Fred s'adresse souvent à leur fillette morte, Vic, c'est pour rester auprès d'elle qu'ils ne sont pas partis.
Sarah ne va plus sur la tombe, car la dernière fois elle a saisi « une belle poignée [de cette] terre qui bruissait cinq cents millisieverts, une raclure d'enfer, à lui pourrir les mains. »
Leur couple est usé, ils ne font plus l'amour.
Sarah croit que Fred ne s'est pas aperçu de sa liaison avec Marc.
Fred est attiré par Lorna.
Ces cinq sont soudés comme les doigts d'une main, chacun a son rôle : Alessandro gère les stocks de la supérette qu'il évalue à trois ans de survie ; Marc est charpentier, se charge des réparations de toutes sortes ; Sarah est sage-femme, elle a fait trois ans d'études de médecine, elle soigne les maladies ; Lorna est une aristocrate rebelle, globe-trotters, éprise de beauté et de botanique ; Fred est cinéaste, il était en train de faire un film sur la vie dans ces villages reculés quand la catastrophe est arrivé.

« En attendant, je filme avec aussi peu de mouvements que possible, souvent la caméra installée sur pied pendant de longues heures, et je note les coordonnées de l'endroit, son activité. Je répertorie aussi la température, le temps qu'il fait le jour-là, le vent, quantité de choses inutiles, mais qui me tiennent debout. » p. 57

Leur traintrain s'est naturellement mis en place avec les routines domestiques normales, scandé par la chasse, les balades, les parties de foot, les fêtes…
C'est un huis-clos paisible où la paix règne grâce au mystère des non-dits.

« On a le temps, on n'est pas obligés de devenir les meilleurs potes tout de suite, on va s'apprivoiser. On a le temps. Avec ce qu'on mange chaque jour de radiation, c'est nouveau comme concept, pas désagréable, mais forcément joueur. » p. 46

Ils ne sont pas seuls, eux sont les jeunes, dans les autres villages, il y a les vieux.
L'ordre établi de leur microcosme va être remis en cause par l'arrivée des ouzbeks, et plus tard, bouleversé par un événement qui n'aurait pas dû être dévoilé en quatrième de couverture.

C'est un roman court, une longue nouvelle, qui se lit d'un trait, en apnée. C'est une lecture oppressante, je préfère clairement les utopies aux dystopies. Les personnages sont attachants et l'analyse psychologique des relations dans un huis-clos est bien menée. L'écriture est soignée mais gâchée par l'irruption de mots familiers.

Vous l'avez compris, je n'ai pas été touchée par Les terres animales même si je lui concède un certain pouvoir magnétique.
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Il est des Terres que l'on ne parvient pas à quitter. Parfois parce que nous y avons nos racines et qu'elles sont notre berceau. Parfois aussi parce qu'elles sont imprégnées d'un bonheur qu'elles ont nourri et ont vu grandir. Mais lorsqu'elles renferment en leur sein des êtres qui nous sont chers, alors elles nous enchaînent à elles pour toujours, bien au-delà du raisonnable, jusqu'à la folie même.

Car pour s'attacher à ces Terres interdites qui ont été détruites par l'explosion de la centrale de Tchernobyl, il faut avoir une raison bien plus forte que tout entendement.

Ils sont cinq à vivre dans la Zone, deux couples et un homme, une petite communauté qui résiste à l'évacuation depuis 2 ans et se débrouille avec ce que contiennent les maisons abandonnées par leurs habitants.

Mais il y a aussi en terre, le corps de la petit Vic, l'enfant d'un des deux couples, disparue avant la catastrophe, qui rend la perspective d'un départ impossible.

On se rend vite compte que malgré tout l'amour que ces cinq-là se portent, la pression des autorités et la difficulté du quotidien rendent la situation bien précaire, d'autant plus que s'annonce la naissance d'un nouvel enfant.

J'ai trouvé le sujet passionnant et l'ambiance que crée Laurent Petitmangin est saisissante. Car l'effondrement est inévitable à partir du moment où il devient impossible de justifier une prise de risques mûrement choisie, face à la fragilité d'un enfant.

Ce roman avait tout pour m'embarquer dans un tourbillon d'émotions et, en rupture avec la normalité, les réflexions de chacun sur ce qui est essentiel dans la vie m'ont souvent interpellée.

Pourtant il m'a manqué des éléments parfois, pour faire le lien entre les faits ou expliquer le passé de ces gens, pour mieux comprendre leur marginalité, mieux m'identifier à eux.
C'est rare que je trouve un roman trop court mais c'est le cas ici et je reste un peu sur ma faim en me disant que, dans cette plongée en terre hostile, le rivage n'aurait pas dû arriver si tôt. Dommage, j'étais partie pour nager un peu plus longtemps dans cette mer de verdure.
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Les terres animales

Ils sont cinq. Cinq avoir choisi de rester après « l'accident ». Cinq à avoir résisté aux pressions, aux injonctions, aux menaces qui les poussaient à fuir pour toujours ces terres irradiées par l'explosion de la centrale. Avec quelques autres, ils ont fait le choix de rester quel qu'en soit le prix, quels qu'en soient les risques, par attachement à leurs terres, par attachement à leurs morts. Ensembles, ils ont construit un équilibre fragile fait d'entraide et d'amitié, une résistance passive dont ils savent les jours comptés. Mais un évènement inattendu viendra fissurer leurs quiétude et menacer leurs précaires existences.
.
Dans ce nouveau roman, Laurent, Petit Mangin, nous embarque dans un roman post apocalyptique. Point de survivalisme ou de dystopie ici cependant, car ces questions sont vite à écartées pour recentrer le roman sur les rapports humains, sur ce qui fait leur humanité face a une nature aussi majestueuse que menaçante. Dès les premières lignes, le ton est donné, et on retrouve avec plaisir le talent de l'auteur à dire simplement les sentiments, les émotions, la vie. Dans cet univers clos où chaque jour est une victoire, ces irréductibles ont su recréer une bulle de bonheur. Une vie faite de joie et de bonheur simple, une vie comme les autres, si l'on fait abstraction des compteurs Geiger, des sas de décontamination ou des survols de Drône. Une vie bousculée par l'arrivée d'une nouvelle vie, qui va rebattre les cartes faire flancher les certitudes car comment envisager l'espoir quand on l'avait a jamais abandonné? Comment se projeter dans un avenir quand on le sait sans issue? Dès lors les rapports vont se tendre, des failles vont apparaître et la tension monter crescendo de façon habile et inéluctable, faisant naître un champs de bataille invisible où tout semble inchangé et où pourtant plus rien n'est pareil.
Dans ce huis clos palpitant, l'auteur une fois encore explore ses thèmes de prédilection. L'amour, l'amitié, la paternité, la fidélité aux liens qui nous unissent, leur fragilité aussi. le tout dans une nature qui parait plus belle que jamais alors qu'elle n'a jamais été aussi nocive. Une réflexion forte et troublante, captivante et un peu effrayante aussi. Une réussite, encore une, de cet auteur que j'affectionne.
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