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sur 279 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelque part en France ,
une Centrale,et.... l'"accident"...
Les terres, l'air, l'eau irradiés
soixante dix fois plus fort qu'à Fukushima...
Expulsion de la population tambour battant ..
Certains résistent, refusent et finissent
par gagner le droit de rester chez eux.
Ils sont cinq que nous suivrons de près
Deux qui entendent rester vissés près la tombe de leur enfant.
Un couple sans enfant et un célibataire.
Cinq qui organisent leur vie
pour environ trois ans
avec l'alimentation, les médicaments
et le matériel collectés dans les magasins
et les maisons abandonnés.
La solidarité, l'amitié, le sens pratique
réinventent une survie dans cette contrée
où les compteurs Geigers hurlent et se bloquent...
Sarah est enceinte,
Cette grossesse redistribue les rôles,
La future naissance est porteuse
d'espoirs et de désillusions .
Ce bouleversement va peser lourdement
sur leur avenir déjà précaire .

Très beau moment de lecture.
Ce récit regorge d'humanité .
Une pensée pour 'le mur invisible "..
Un désastre écologique, la résilience,
la survie...ce n'est absolument pas
un texte qui exploite le scénario catastrophe
mais qui nous interroge sur un sujet brûlant
et nous lie au destin de personnages très attachants

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On se souvient encore de cet engouement général pour Ce Qu'il Faut de Nuit (La Manufacture de livres 2020), premier roman de Laurent PetitMangin qui raflait une vingtaine de prix de la rentrée littéraire de 2020. Oscillant entre la chronique sociale et le roman noir en se déroulant dans la région de sa Lorraine natale, on relevait cette pudeur et cette émotion que l'auteur distillait autour des relations entre un père cheminot aux convictions syndicales bien ancrées et un fils tenté par les dérives de l'extrémisme de droite, en s'inscrivant ainsi sur certains thèmes abordés par Nicolas Mathieu issu de ces mêmes contrées lorraines. Écrivant depuis au moins une dizaine d'année sans jamais être publié, Laurent Petitmangin proposait aux éditeurs, en même temps que Ce Qu'il Faut de Nuit, un texte intitulé Ainsi Berlin (La Manufacture de livres 2021) en changeant totalement de registre puisqu'il abordait le genre de l'espionnage de l'après-guerre autour d'une relation amoureuse. Publié au début de l'année 2021, la visibilité de ce roman fut probablement quelque peu occultée par la continuité du succès du premier ouvrage dont on parle encore aujourd'hui. Les aléas du succès sans doute. Mais il est temps de se tourner vers Les Terres Animales, nouveau roman de Laurent Petitmangin qui change une nouvelle fois de genre avec un récit dystopique où l'on rencontre une petite communauté persistant à rester dans une région irradiée suite à l'explosion d'une centrale nucléaire, en s'inspirant notamment d'un reportage s'intéressant à ces personnes âgées voulant à tout prix continuer à vivre à Fukushima en dépit des risques engendrés.

Ça a finit par arriver. La centrale a explosé. L'équivalent de dix Fukushima avec une région qu'il a fallu évacuer pour fuir les radiations. Une zone condamnée, silencieuse où certains ont pourtant choisi de rester malgré tout, attachés qu'ils sont par les souvenirs. Et puis il y a le corps de Vic qui repose dans cette terre contaminée, la fille que Sarah et Fred ont perdu bien avant l'accident de la centrale. Un attachement viscéral auquel s'associe les amis de longue date que sont Marc et Lorna, ainsi qu'Alessandro. Ils forment un groupe soudé qui leur permet de survivre sur ce territoire empoisonné où ils côtoient quelques anciens ainsi qu'une douzaine de migrants estimant que pour eux il n'y a pas d'ailleurs que cette terre animale et désormais indomptable. L'avenir est donc tout tracé pour ces femmes et ces hommes qui vont pourtant devoir remettre en cause leurs certitudes à la survenue d'un événement qui va bouleverser leur existence.

On recommandera tout d'abord d'éviter de s'attarder sur le résumé du quatrième de couverture dévoilant trop d'éléments de l'intrigue. Tout comme Ce Qu'il Faut de Nuit, on constatera que Les Terres Animales est un roman assez bref où Laurent Petitmangin ne s'embarrasse pas de détails. Ainsi, hormis la beauté vénéneuse du paysage et ce sentiment de liberté qui s'en dégage malgré tout, on ne saura rien de l'aspect géographique de la région dans laquelle évolue cette communauté qui fait le choix de rester dans cette atmosphère irradiée, tout comme l'on ignorera les circonstances de l'accident de cette centrale nucléaire ainsi que l'évacuation qui s'ensuit à l'exception de quelques détails en rapport avec les maisons abandonnées comme figées par la catastrophe. Essentiellement concentré sur l'humain, Laurent Petitmangin décline son récit sur une alternance des points de vue de Fred et de Sarah en définissant ainsi leur quotidien ainsi que les rapports qu'ils entretiennent avec Alessandro et l'autre couple que forme Marc et Lorna en prenant également la mesure des raisons tout de même insensées qui les poussent à vivre ou plutôt survivre au coeur de ce territoire empoisonné qui ne laisse que peu d'espoir quant à leur devenir. Devant l'absence de rationalité d'une telle décision, on ne peut donc raisonnablement pas vraiment s'attacher à ces personnages qui nous bouleversent tout de même au gré des événements auxquels ils vont devoir faire face en bousculant leur périlleuse routine, tout en remettant en cause leurs motivations respectives qui les ralliaient plus particulièrement autour de la destinée de Sarah. Avec cette belle écriture poétique qui caractérise son texte, Laurent Petitmangin met en place cette espèce de léthargie qui enveloppe ce groupe engoncé dans des certitudes ataviques qui perdent brutalement tout leur sens, au rythme d'une succession de drames dont on prendra toute la mesure au terme d'un épilogue chargé d'une émotion parfaitement contenue ce qui la rend d'autant plus poignante. L'intrigue prend également une forme admirable autour des non-dits et plus particulièrement du vertige des ellipses temporelles entre les chapitres qui ne font que renforcer l'intensité des péripéties qui vont marquer les membres de ce groupe qui se révélera beaucoup plus fragile qu'il ne le laisse paraître en révélant toutes les failles de ces personnages qui se révéleront dans tout le poids de leur humanité tragique et que le regard extérieur des membres de cette communauté d'Ouzbeks qu'il côtoient ne fait que renforcer, en devenant ainsi les témoins impavides des malheurs qui frappent ces terres animales. Avec Les Terres Animales, Laurent Petitmangin dépeint, de manière remarquable, cet attachement viscéral au territoire autour de l'amitié qui se désagrège dans les entrelacs de la déraison et des certitudes aveugles.


Laurent Petitmangin : Les Terres Animales. Editions de la Manufacture de livres 2023.

A lire en écoutant : Lullaby For Caïn de Shinead O'Conor et Gabriel Yared. Album : The Talented Mr. Ripley (Music from th Motion Picture). 1999 Sony Music Entertainment.
Lien : http://www.monromannoiretbie..
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Décidément, la rentrée littéraire 2023 nous propose de belles petites pépites.

Encore une fois, c'est La Manufacture de livres qui m'a provoqué un bonheur de lecture tout en douceur malgré une toile de fond totalement dramatique.

Je suis toujours admiratif lorsqu'avec une certaine économie de mots un auteur est capable de transmettre une multitude de sentiments.

Laurent Petitmangin possède le don de la juste formulation, y compris dans les constructions les plus courtes – ce qui ne l'empêche pas de faire des phrases de longueur tout à fait commune, que le lecteur se rassure.

Simplement, il n'a pas besoin d'en faire des tonnes.

La légende ne précise pas s'il s'agit d'un don céleste ou d'un travail de relecture et de correction acharné, laissons ses secrets à l'auteur.

Par ailleurs, Les Terres animales ne constituent pas un monolithe littéraire mais un maelström de sentiments.

L'accident nucléaire qui a amené les gens raisonnables à fuir la zone a aussi bouleversé les repères de ceux qui sont restés, leur a communiqué un autre rapport au temps, un autre rapport à leurs proches, lesquels ne sont pas si nombreux.

Ce nouvel équilibre apparait au fil des pages au lecteur médusé qui a le sentiment de découvrir une nouvelle humanité, meilleure ou pas mais d'un genre inédit dans sa simple relation à l'existence.

Une vie plus simple, des rapports humains plus tolérants, des attentes modestes quant à l'avenir et à ce que la vie propose…

Doit-on attendre le prochain Fukushima pour vivre en accord avec des idéaux débarrassés de la toxicité du monde moderne ?

L'avenir nous le dira, le présent est d'ailleurs déjà éloquent.

Heureusement la littérature nous fait du bien hier, aujourd'hui et demain.

Lien : http://cequejendis.fr/2023/0..
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Ce qu'il faut de nuit, son premier roman, écrit dans une langue simple et fluide, était très émouvant et triste. A mon avis, il avait recueilli le succès qu'il méritait. Son troisième roman (je n'ai pas lu le second) témoigne des mêmes qualités. Humanité, tendresse, amour et amitié, incompréhension, soupçons, doute, révolte, sont mis en scène par le prisme de deux personnages (Fred et Sarah) qui, entourés de trois autres amis, ont décidé de rester vivre sur le lieu d'une catastrophe nucléaire.

Cette vie n'en est plus une. On ne peut s'aventurer hors des maisons sans une combinaison, les radiations sont partout, la terre est si polluée qu'y faire pousser des légumes est une gageure mortelle. L'horizon de la survie est limité à quelques années et ils le savent. Mais ils restent. Comme un refus du monde qui les a détruits, celui de ceux qui, au-delà de la vaste région interdite, continuent sans doute leur folie. Nous n'en saurons rien puisque ces cinq là (bientôt rejoint par quelques autres survivants étrangers) sont coupés du reste de l'humanité.

Et ce microcosme humain se débat dans les difficultés (autant psychologiques que matérielles), puis peu à peu s'y enlise. Car surgit bientôt une autre question. Si ces cinq adultes ont décidé en toute conscience de rester, a-t-on le droit de contraindre à ce choix un enfant qui va naître ? Et qui naît. Quel avenir offre-t-on à ce bébé en le forçant à vivre dans une nature qui tue ?

Cet enfant ne peut être un projet, il est condamné dès la naissance, et il crée par sa seule présence la discorde entre des volontés divergentes.

Je n'en dirais pas plus. Un roman sans doute moins fort que Ce qu'il faut de nuit, mais qui en possède les mêmes qualités d'humanité, d'amour des autres, et de fraternité.

J'ajouterais quand même que Laurent Petitmangin a bien du courage dans le contexte actuel de rappeler (en passant) que le nucléaire n'est l'avenir de rien, sinon du malheur et de la destruction. A un moment où le lobby nucléaire, avec à sa tête le redoutable propagandiste Jean-Marc Jancovici, a réussi à convaincre une majorité de Français qu'il fallait, pour lutter contre le réchauffement climatique, relancer cette aventure suicidaire de l'électricité nucléaire, il faut oser être à contre-courant. Merci aussi à l'auteur pour ce rappel d'une catastrophe qui nous pend au nez.


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C'était un coin de nature paisible. Aujourd'hui la forêt est juste magnifique, les couleurs sublimes, impossible d'imaginer qu'un accident nucléaire a eu lieu, et pourtant ...

Ils ont cinq jeunes ; Fred et Sarah, Marc et Lorna et Alessandro. Ils n'ont pas voulu quitter les lieux après l'accident estimant que leur vie est là surtout pour Fred et Sarah près de Vic.

Dans ce petit coin paisible, une communauté d'irréductibles est surveillée par des drones. Un horizon de trois ans, c'est ce qu'ils ont pour vivre en autarcie. de toute façon, foutu pour foutu... ils savent ce qui leur arrivera. Ils respectent les protocoles de sécurité, les mesures des invisibles radiations, la combinaison, le masque .. l'iode, mais à quoi bon !

C'était leur choix de rester de ce côté du mur après l'accident, surveillés par les drones. Leur vallée est tellement belle, la forêt magnifique et puis c'est l'amitié et la solidarité qui les animent. Ils sont témoins de ce désert humain à l'herbe grasse, la nature foisonnante qui masquent l'ennemi invisible.

Les descriptions de la nature sont magnifiques, elles m'ont fait penser au très bel album d'Emmanuel Lepage "Un printemps à Tchernobyl".

La communauté est unie, bien décidée à rester là jusqu'au moment ou "un enfant va naître", ce qui va tout changer, une vie, un nouvel espoir...

L'écriture est limpide, c'est fluide. La tension monte peu à peu dans l'écriture décortiquant les pensées de chacun, Fred pour commencer, s'exprime à la première personne, cèdera sa place à chacun qui tour à tour nous donnera son ressenti. C'est fort, prenant, un très beau récit emprunt d'humanité démontrant que la vie s'impose toujours dans ces terres au règne animal.

Un joli ♥ de cette rentrée.

Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Crépusculaire, dans une orée profondément humaine, « Les Terres animales » est une dystopie qui pourrait advenir un jour certain, au plus près de nous.
Judicieux et pétri de sentiments, ce récit est une mise en abîme finement sociologique et psychologique.
Un drame nucléaire, d'une ampleur catastrophique qui dépasse Fukushima, foudroie une région, voire plus.
Laurent Petitmangin zoome sur un village. La zone est sanctifiée. Les radiations prégnantes, irréversibles et sournoises, sont les vestiges d'une destruction lente, aveugle et noire.
On imagine le basculement vers le chaos, le glacé d'une terre devenue stérile.
Un lieu fantomatique où, pourtant un groupe d'amis vont rester. Se confronter aux épreuves et inventer un modèle de société dont on pressent la vulnérabilité.
La résistance face aux diktats d'un monde qu'ils réfutent. Faire comme si. Ne pas rejoindre la rive du monde d'avant. Continuer à avancer dans une autarcie où la frontière mentale est la parabole du nihilisme. Ils sont condamnés et le savent.
Mais le vivre-ensemble n'est pas empoisonné. Alessandro, Lorna, Marc, Sarah et Fred ; complices et soudés, dans cette épiphanie imaginaire, celle de marcher à l'aveugle, vont oeuvrer pour un nouvel habitus.
Le récit est un hymne à la nature, aux palpitations d'une terre pourtant ravagée. Au silence qui sanglote et qui quête un appel d'air pur. Les attitudes des uns et des autres, les efforts et les soumissions aux compteurs Geiger. Cette nouvelle géographie qui blesse les sentiments et les opportunités, les espoirs et le futur pris en tenaille.
On aime voir Alessandro, le charpentier, compagnon des résiliences, sur les toits, afin de réparer cette métaphore entre le temps présent devenu et l'ancien monde.
Pourtant, il suffirait d'un signe de main pour quitter le village et rejoindre la noria du recommencement dans le miroir faussé d'avant. le gué où s'agite un nouveau point de départ. le choix est toujours possible. Mais ce livre est d'une haute capacité. La conscience d'une utopie dessinée à la plume. Dans le village où ces jeunes êtres sont en proie aux désirs, aux fiançailles des sensualités, aux drames et souffrances, Laurent Petitmangin enchante ce qui ne peut être radié. On ressent un viatique. Un regard tourné vers la lumière intérieure. L'écriture est la Canopée.
« Il était là, j'étais là aussi, et dans ce village assez étanche au reste du monde, cela suffisait. »
Que dire de l'autre village où vivent les plus vieux, le vieux docteur dont on aime la théologale approche du soin. Les Ouzbeks qui tirent sur les drones comme sur des lapins. le refus de la surveillance et de l'autorité. Ils veulent l'espace libre. Se penser comme des seigneurs dans un village en dérive. C'est une poésie de détresse sourde. le pouvoir des Terres animales. le regain dans une autre palette de couleurs.
« Les Terres animales » est profondément humaniste. Les radiations comme des taches noires sur les espérances. L'animalité qui cherche son souffle. Bien au-delà, le rythme hypnotique d'un récit plausible.
Dans la lignée « Des enfants de Noé » de Jean Joubert, « Malevil » de Robert Merle, (mon livre de chevet), « Les Terres animales » est lucide et fondamental. Finement philosophique, il y a des envolées de tendresse, des corps lianes qui s'éprouvent et s'approuvent. Un bébé à venir qui va tout bouleverser. Un arbre généalogique édénique.
L'éthique de la survivance. Que va t-il se passer au plus profond des terres animales qui vont subrepticement prendre conscience du temps présent ?
Ce livre sonne le glas de nos arrogances. Il est une ode, un livre de salut. Superbement filmique, au ralenti, il semble un modèle de résilience. C'est un rai de lumière en plein hiver. Écologique, au plus près « je hurle pour les autres . » Publié par les majeures Éditions La Manufacture de livres.


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La rentrée littéraire à La Manufacture de Livres nous offre deux romans aux antipodes.
Les Terres Animales de Laurent Petitmangin, auteur devenu emblématique de la maison d'édition comme avant lui un certain Franck Bouysse, est un roman dans la mouvance postapo mais bien différent des autres romans du genre. Ici, il est question d'amour. Amour pour les êtres disparus à la suite d'une catastrophe nucléaire, amour pour ceux qui restent et qui se battent pour survivre encore un tout petit peu, amour pour ce que l'on a vécu dans ces lieux qu'on ne peut quitter, ce qui signifierait tout perdre.
Et quand on sait qu'il reste très peu de temps, les émotions et les sentiments se retrouvent décuplés avec un besoin de vivre tout, vite, au maximum, pour n'avoir aucun regret quand il faudra partir.
L'auteur a une plume de plus en plus affutée au fil de ses romans et arrive à toucher son lecteur avec des personnages qui sont toujours en souffrance mais qui sont des survivants, de ceux qui ne lâchent rien.
C'est superbement écrit, l'histoire est magnifique, son message aussi.
A lire et relire en cette rentrée où trop de livres se bousculent et au milieu de laquelle il serait dommage de passer à côté d'aussi jolies pépites.
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J'ai trouvé ce livre original et passionnant, et peut-être pas si imaginaire que ça finalement...Ce petit cercle de personnes qui (sur)vivent pratiquement ensemble dans une solidarité quasi sans faille au milieu de nulle part m'a impressionnée. Ils sont attachants et lorsqu'un enfant est annoncé on voudrait pouvoir leur souhaiter tout le bonheur du monde. Malheureusement la réalité est plus compliqué.
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Après avoir découvert l'auteur à travers son roman Ce qu'il faut de nuit, je me plonge dans celui-ci et me sens submergée, dès les premières phrases, à nouveau sous le charme. Conquise par la poésie et la fluidité du texte. L'élégance de la langue, les mots choisis, la beauté des descriptifs. Laurent Petitmangin nous prend par la main pour nous raconter une nouvelle histoire qui prend aux tripes et nous touche par son humanité. Un récit poignant, vibrant, d'une grande intelligence qui nous amène à nous questionner sur notre présence sur cette terre mère et nourricière et aux relations que nous entretenons.
Venez, je vous en dis davantage.

Il y a un avant et un après. Un coin paisible, verdoyant, cerné de forêts et de montagne avec des habitants heureux d'évoluer dans un tel décorum, s'estimant chanceux de pouvoir profiter d'une telle luxuriance et beauté. Et puis.. l'accident est survenu. Celui qui a sonné le glas de cette vie insouciante, de la beauté, de la vie ? Non pas vraiment. Car oui il a fallu évacuer la zone, fuir les radiations. Imaginez un Fukushima fois 10. Mais ces 4 là, ont décidé de rester malgré tout car ils ne voulaient pas lâcher leur coin, celui où ils avaient connus de si nombreux moments joyeux. Trop attachés aux lieux, ils se sont montés en résistants, se sont confrontés à l'autorité qui exigeait une évacuation. Car il était inenvisageable pour eux de partir, en laissant tout sur place, ce qui les rattachait à l'avant. Alors Marc, Alessandro, Lorna, Sarah et Fred y ont pris leurs quartiers mais se sont retrouvés parqués, "fliqués" par une surveillance militaire soutenue par des drones. le point de non retour était atteint. S'ils décidaient de repartir, ce serait selon le bon vouloir des autorités et leur procédure.

Leur décision prise, ils se sont organisés et chacun prend son rôle à coeur : Marc leur bâtisseur, Alessandro gestionnaire de leur stock de survie, Lorna en agronome. Leur amitié les soude, leur permet de tenir le coup. Ils croisent parfois d'autres personnes qui elles aussi sont restées mais vivent dans d'autres endroits, un peu plus loin. Ils se savent condamnés car la terre est contaminée. Combien de temps pourront-ils encore tenir debout ? Nul ne le sait. Pourtant, malgré le sol pollué malgré l'air souillé et irradié, les animaux pullulent et repeuplent les lieux. Il n'y a qu'envers les hommes que la nature se montre hostile en les repoussant.

L'auteur nous raconte l'histoire tantôt à travers Fred, tantôt Sarah, ce couple dont la fille Vic repose sous cette terre irradiée. Pour elle encore plus que tout, ils ne veulent quitter les lieux. Ils savent qu'ils le paieront tôt ou tard. Mais quand, nul ne le sait et ils s'en fichent. Dans cette nouvelle vie, les repères sont totalement différents. L'important est de vivre le présent, pas de se projeter. Ces 5 irréductibles l'ont bien compris. Mais pourtant bien campés sur leur décision, l'arrivée prochaine d'un enfant pourrait bien chambouler tout le fragile équilibre qu'ils ont mis tant de temps à atteindre. Dès lors une question les taraude : partir ou rester ? Quel avenir offrir à cet enfant ? Comment envisager un futur, si tant est qu'il soit possible ? Fred et Sarah doivent prendre une décision. Mais alors, qu'adviendra-t-il de leur groupe ? de Marc de Lorna, sa compagne l'aristo rebelle, et d'Alessandro compagnon solaire et légèrement décalé ?

Dans ce magnifique récit, l'auteur nous parle d'amour et d'amitié. L'amour d'une mère et d'un père pour leur enfant et de leur déchirement lors de la mort de ce dernier. Il est également question de résilience, beaucoup. D'une relation entre quatre individus qui ont décidé d'unir leur destin et de se soutenir coûte que coûte. Envers et contre tout et tous. L'auteur aborde également la relation à l'autre, de ce qu'il représente dans ses différences et dans sa potentielle dangerosité. L'auteur nous fait aussi nous interroger sur notre relation à la nature et aux ressources. A la façon dont nous prenons sans soin, sans réfléchir à l'impact pour les générations futures. Car si nous avons besoin d'elle et de ses ressources l'inverse n'est pas vrai. La nature et la terre nourricière nous survivront, nous ne sommes que des êtres de passage.
Un roman qui pourra en troubler certains mais dont les phrases épurées et les paragraphes organisés en séquences courtes rendent le récité extrêmement prenant et addictif. Chacun veut savoir ce qu'il va advenir de notre groupe rebelle. Un récit qui émerveille par la beauté du texte mais qui interroge aussi beaucoup.

Bravo à l'auteur pour cette histoire très riche qui nous reste en tête un long moment après la lecture, notamment en raison de ses personnages attachants. Une fois le roman refermé on se prend à rêver à un futur proche à la fois meilleur, plus raisonné et raisonnable.

Et si cette réalité nous rattrapait demain, que ferions-nous ?
Lien : https://mgbooks33.blogspot.c..
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Il y a peu, je découvrais Laurent Petitmangin avec son premier roman, Ce qu'il faut de nuit, qui m'avait beaucoup touchée. J'avais beaucoup aimé sa plume à la fois poétique, sensible et réaliste. J'avais donc très envie de continuer à le lire, et quoi de mieux que ce nouveau roman pour le faire. C'est le titre et le résumé qui m'ont tout de suite attirée. le résumé présage une histoire plutôt postapocalyptique, et avec ce que l'on vit en ce moment au niveau écologie, j'avais envie de voir comment l'auteur allait traiter le sujet. 

Ce roman se passe quelque part en France à une certaine date, tout est flou de ce coté là, et c'est plutôt pas mal pensé, chaque lecteur peut imaginer un lieu qu'il connaît ou pas. On sait juste dans les descriptions faites par l'auteur qu'il y a des forêts, des montagnes. C'était un endroit tranquille avec ses petites villes, ses villages, ses petits commerces, sauf qu'il y avait une centrale nucléaire aussi. Tout était paisible jusqu'au jour où il y a eu un accident à cette centrale, on ne sait pas quoi exactement, juste que c'est assez grave pour évacuer la zone à cause des radiations. Seul un groupe de jeunes, 2 couples et un garçon célibataire ont décidé de rester là. Sarah et Fred ne veulent pas quitter la terre où est enterrée leur petite Vic, donc ils sont restés avec Lorna et Marc et avec Alessandro. La zone est sous surveillance de drones, ils ont assez de vivres pour trois années, après, ils ne savent pas. Mais ils n'y pensent pas et vivent au jour le jour. Leur amitié est leur ciment, ils sortent en combinaison et protection, mais ça ne les empêche pas d'essayer de mener une vie "normale". Jusqu'au jour, où, un évènement inattendu va venir remettre tout en question.

Je ne dirais pas quel est cet événement même s'il vous est révélé dans le résumé. J'aurais aimé ne pas le savoir, même si je m'en doutais un peu au fil des pages. Je me suis très vite attachée aux personnages et je suis très vite rentrée dans l'histoire qui est très immersive. Il y a une double narration, le roman est divisé en quatre parties, chacune d'elles alterne entre Fred et Sarah comme narrateurs. J'ai bien aimé cette construction car elle m'a permis d'avoir plusieurs opinions sur la situation. On commence avec Fred, qui raconte tout ce qu'il s'est passé, comment ils ont survécu, comment ils vivent, il raconte l'arrivée aussi d'autres personnes étrangères qui vont habiter un peu plus loin. Il nous parle aussi des autres, de ses amis, de leurs relations. Chacun a un rôle dans la communauté, Marc est plutôt le réparateur, Sarah est l'infirmière, elle était sage-femme avant, Lorna est celle qui s'occupe des jardins et des plantations. Ils communiquent très rarement avec l'extérieur, sauf lorsqu'il faut évacuer un blessé ou un malade, mais ils savent que ceux qui sortent ne reviennent jamais. Peut-être aurais-je aimé aussi avoir des chapitres où c'est Marc et Lorna qui parlent et nous donnent leur ressenti, car ils ont des rôles importants aussi. 

Psychologiquement, ils sont tous très marqués par les évènements. Ils essaient de faire comme si tout était normal, mais au fond d'eux, ils savent que leur situation ne peut pas durer. Des liens différents se nouent entre eux, pouvant créer des jalousies. Mais j'ai trouvé qu'ils s'en sortaient plutôt bien, ils ont l'intelligence de toujours relativiser. L'évènement inattendu va les perturber et leur faire demander s'ils ne se trompent pas, s'ils ne devraient pas partir. Il va tout transformer. Et ça se comprend. Même s'ils essaient de vivre comme avant, ils ont ce sentiment d'urgence qui les domine, ils savent que leur situation ne pourra pas durer éternellement, ils ont comme une épée de Damoclès au-dessus de leur tête. Ils en sont conscients mais veulent garder tout de même une part d'insouciance. Cette urgence de vivre va les bouffer de l'intérieur, leur faire faire des choses qu'ils n'auraient pas fait avant. Ils ont beaucoup d'empathie les uns pour les autres, mais plus les difficultés arrivent et plus ils se rendent compte qu'il faut aussi qu'ils pensent à eux. 

La psychologie des personnages est très bien travaillée par l'auteur. Bien souvent, je me suis demandé pourquoi ils s'obstinaient à rester sur ces terres animales, alors qu'ils auraient pu vivre à l'extérieur. Je comprends la volonté du couple Fred et Sarah de rester parce qu'ils ne veulent pas quitter cette terre où est enterrée leur petite fille. Par contre, ce fait de rester a créé une profonde solidarité entre les personnes, c'est un lien très fort qui se tisse entre eux. Leur unité est pour eux la chose la plus importante. Ensemble, ils se sentent plus forts, prêts à braver le danger, l'interdit. Cette union peut cependant être mise à rude épreuve lorsque ce petit grain de sable vient enrayer la machine qu'ils pensaient parfaitement huilée. Là, l'individualisme reprend le dessus, le désir de protection aussi, et alors chacun se pose la question ultime, pourquoi rester ici ? C'est comme s'ils se réveillaient tous d'un rêve, et qu'ils se rendaient compte de là où ils sont, et de l'avenir qu'ils vont avoir. Cet événement les replonge très abruptement dans la réalité. 

J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur a travaillé son sujet, ses personnages, son thème. Il l'a fait avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, et en même temps avec beaucoup de franchise et de réalisme. J'ai vraiment eu l'impression que ces jeunes existaient. Et c'est vrai qu'on n'est pas à l'abri d'une catastrophe telle que le livre, et je me dis que les personnages s'en sont encore bien sortis, ils sont encore vivants, même si leur terre est ravagée, même s'ils ne peuvent rien y faire pousser. L'auteur a vraiment été très pointu dans ses descriptions, sans jamais apporter de lourdeurs au texte, j'ai parfaitement réussi à visualiser chaque endroit, chaque personnage. Bien qu'on n'ait jamais vécu cette situation, l'auteur arrive à très bien dépeindre une réalité qui pourrait exister. Et c'en est bluffant. Comme c'est une narration, l'utilisation de la première personne fait se sentir le lecteur au plus près des personnages. J'ai très bien réussi à me mettre dans la peau de Fred ou de Sarah et vivre à travers eux leurs situations. D'ailleurs l'auteur a aussi parfaitement su se mettre dans la peau d'un homme et ensuite d'une femme, il a changé son style, sa sensibilité, et je trouve ça toujours épatant. 

Le style de l'auteur est toujours aussi bon, totalement immersif. Il y a des livres de 250 pages que je lis lentement, par contre celui-ci, je l'ai lu sur un après-midi. Je suis rentrée dedans dès les premiers mots, et je n'ai pas réussi à le quitter avant la fin, très belle d'ailleurs, porteuse d'espoir et de lumière. Car tout n'est pas sombre dans ce livre, l'amitié entre les personnages, l'amour, l'espoir, la solidarité, l'empathie apportent au tout un éclat lumineux. J'ai beaucoup aimé être ainsi emportée par ma lecture, à oublier tout ce qui se passe autour de moi. C'est une histoire très forte, pleine de messages et de valeurs importants. Il règne une sorte de suspense, à chaque page, je me demandais ce qui allait arriver aux personnages, et ça m'a tenue en haleine tout le long. Ce final est très beau d'ailleurs, à la hauteur du reste du livre. 

Je ne peux que vous conseiller ce roman, pour tout ce qu'il véhicule sur la vie. Ne lisez pas le résumé, laissez vous surprendre, car l'événement relaté n'arrive qu'au milieu du livre. Bon, je l'ai fait, et ça ne m'a pas empêchée de me régaler. C'est le troisième roman qu'écrit Laurent Petitmangin, c'est le second que je lis de lui, je le lirai à nouveau, car j'aime la façon dont il m'emmène à chaque fois dans son histoire. C'est une sensation de lecture qui est très marquante. Je ne manquerai pas de lui dire lorsque je le rencontrerai au salon Du Livre dans la Boucle à Besançon, j'ai très hâte de parler avec lui de ses personnages et de son histoire, j'aimerais en apprendre plus sur sa genèse. 
Lien : http://marienel-lit.over-blo..
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