Lecture interrompue peu après la préface (long et maladroit exercice orgueilleux d'auto-admiration de la traductrice), du fait du style torturé et d' une traduction inconstante qui exige en « outre » de disposer d'un dictionnaire occitan-français pour mieux comprendre la Transylvanie. Malgré le vif intérêt et la grande indulgence que je porte à la littérature roumaine y compris traduite, je ne suis pas certain(e) de pouvoir reprendre un jour ce livre que je referme sur cette interrogation :
Marta Petreu, qui a clairement dénoncé les opinions de droite d'un Emil
Cioran, a-t-elle vraiment consenti un rapprochement de son roman avec la « Vingt-cinquième heure » de
Virgil Gheorghiu ? Je n'expliquerai pas, pour ma part le relatif succès de ce dernier, comme le fait
Florica Courriol par « une qualité d'écriture et une invention narrative universalisantes ». Inexplicable, à moins que ce ne soit son anti-communisme qui ait bandé les yeux des lecteurs sur les idées douteuses qui y sont véhiculées. Je pense aussi qu'invoquer
Gustave Flaubert pour justifier le choix de « masure » comme synonyme de « ferme » (page 15 de la préface) n'est que maladresse, pour ne pas dire abus de pouvoir. Certainement s'agit-il de nous rappeler qu'elle est la traductrice en roumain de «
Madame Bovary », mais là encore c'est méconnaître les usages en la matière selon lesquels on ne traduit en général que vers sa langue maternelle. Il arrive qu'on ne puisse pas trancher aussi facilement sur le choix de celle-ci, mais s'y tenir me semble un signe d'humilité. L'image au final est celle d'un habit de cérémonie qui laisse entrevoir grossièrement les fils à bâtir. Les « cosinieras » de la page 20 s'avèrent indigestes, même si le lecteur avait été prévenu qu'il ne fallait compter que sur lui-même pour « en deviner le sens ». Une fois délesté de 23 euros, on n'allait quand même pas en plus lui proposer des notes de bas de page pour établir des équivalences entre le « parler occitan » (sic!) et des régionalismes de Transylvanie, qu'on aurait d'ailleurs devinés plus facilement que l'occitan. Pour ceux qui voudraient reconstituer, une nouvelle épreuve à surmonter : « se procurer » l'original. « Résilience » dites-vous ? N'est-ce pas là un anglicisme si peu occitan ? Persévérance oui, car la littérature roumaine et ses traducteurs peuvent « mieux faire ! »