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Gabrielle Danoux (Traducteur)
EAN : 9782385917920
90 pages
Nombre7 Editions (17/01/2024)
4.62/5   12 notes
Résumé :
Un oiseau dans chaque humain. L’ange qui porte les godillots de ma mère fut lui aussi autrefois une grue cendrée. Je le connais depuis l’enfance quand je jouais avec lui. Revenu rendre visite à sa famille, il me raconte des histoires vraies. Lorsqu’ils font de longs voyages, les oiseaux migrateurs emportent dans leur bec un morceau de bois. Au-dessus de l’immense océan, ils éprouvent de la fatigue et ne peuvent plus voler, ils laissent alors le morceau de bois tombe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Reconnue bien au-delà des frontières roumaines, notamment au Liban, aux Etats-Unis et au Japon, mais aussi dans l'espace puisque deux de ses poèmes ont été déposés sur un module de la Station spatiale internationale, l'oeuvre poétique de Clelia Ifrim pénètre pour la seconde fois la sphère francophone grâce à la traduction par Gabrielle Danoux de ce nouvel ouvrage.


Une flopée d'oiseaux, un parfum de lavande et de fleur d'oranger, et la lumière aveuglante du soleil sur les toits gris aluminium… Une mémoire sensorielle, volatile mais tenace, investit de ses fantômes les fragments délicats de ce recueil de poèmes. Des détails reviennent par flashes, en impressions fugaces nuancées de variantes, et ces infimes touches superposées suggèrent peu à peu les contours d'une ancienne vie champêtre, celle de l'enfance de l'auteur dans un village de Roumanie.


Comme au travers d'un rideau que la brise du temps agiterait faiblement, suffisamment pour dévoiler quelques trouées changeantes de souvenirs, l'on saisit ainsi par bribes un tableau qui, à première vue bucolique et paisible, s'avère traversé de craquelures tenant chacune en à peine quelques mots. Malgré les cieux étoilés, les champs de fleurs et la soie des maïs, l'on perçoit que la vie est dure, plutôt misérable et pleine de drames silencieux. On y trompe sa faim par une gorgée d'eau. Lorsque sa mère ne travaille pas, la fille est heureuse de lui emprunter ses godillots usés pour se rendre à l'école. le père ouvrier soudeur soigne ses yeux enflammés avec des rondelles de pommes de terre. Des hommes s'échinent aux côtés de chevaux aveugles dans une mine de sel. Une grenade oubliée de la guerre emporte une enfant, la tante de l'auteur, dans l'explosion d'une fleur de sang. Pourtant, nulle désolation n'imprègne ces pages, au contraire lumineuses, aussi bien de délicatesse et de tendresse filiale que de finesse et de joliesse d'expression. Sous les mots se creuse l'empreinte d'un monde disparu, restée au plus profond de la sensibilité de l'écrivain, et qui, nimbée de mystère par d'abyssales ellipses poétiques, vient à la rencontre de l'émotion du lecteur.


Un bien joli recueil, sur lequel l'on revient encore et encore après l'avoir parcouru, tant il recèle de sens et d'émotions entre les mots.


Un grand bravo à Gabrielle Danoux, alias Tandarica, pour son délicat travail de traduction et un chaleureux merci pour la primeur de son partage.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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D'abord, une nouvelle fois merci à Gabrielle Danoux pour m'avoir permis de découvrir ces poèmes de Clelia Ifrim, des petites merveilles parmi lesquelles il est bon d'aller et de venir, redécouvrant quelques strophes peut-être lues trop rapidement et savourant encore la délicatesse absolue de ces textes.

Ce sont les oiseaux et l'ensemble de la nature qui structurent l'harmonie de ces poèmes, emportant le lecteur tantôt dans l'envol des grues cendrées, tantôt aux côtés de modestes moineaux. L'eau, la rosée, le soleil, les étoiles, le sel sont aussi les déterminants de tous ces textes dont le lyrisme porte des émotions à chaque page.

La ville n'est pas pour autant absente et les quelques textes qui l'évoquent traduisent ses rumeurs, tellement variées. Et si jamais la ville devient flottante, c'est le silence qui prend place que le chant de l'oiseau ne perturbe pas.

Les mots s'enchaînent au fil des strophes, ils sont tous porteurs d'un message poétique dans lequel le lecteur se laisse emporter pour des moments de pur plaisir.



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Éloge de la mère, de la pureté de la vie dans un village roumain, ce recueil de Clelia Ifrim est traversé par les grues cendrées porteuses de bonnes nouvelles, depuis une autre vie (cf. les mots de Clelia sur la quatrième de couverture).
Une histoire souvent douce, souvent cruelle, à l'image de la vie simple donc, se tisse d'un poème à l'autre autour du fil rouge des souvenirs que le temps ne semble pas avoir altérés.
Des poèmes d'une grande délicatesse, avec parfois, un air de mystère impénétrable.
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Traduit du roumain et offert par Gabrielle Danoux, Les Godillots de ma mère est une oeuvre poétique de Clelia Ifrim. Ce sont ces mots bleus, cocottes en papier, oiseaux, origamis sur ciel de cendre, à moins que, oiseaux blancs sur fond bleu en page de couverture. La poésie est une vue de l'âme en cela qu'elle exprime une expression profonde à nulle autre pareille même si, elle ne saurait se cloisonner dans un registre rigide. Elle utilise un langage contemporain ou pas, elle est drôle ou tragique, tantôt réelle tantôt abstraite, elle est une musique agréable où la rime est prosodie ou bien elle est prose et raconte une histoire qui nous parvient en résonance. C'est tout ce que j'appréhende quand je l'apprécie et aussi quand je la déteste, soit qu'elle ne m'aura pas touchée.
Traduire constitue une tâche exigeante et je suis ravie de pouvoir découvrir d'autres horizons avec cette voix de Roumanie. Ces chevaux qui étaient sanglés et descendus à la verticale dans les mines de sel par exemple. C'étaient des animaux au travail qui souffraient sans doute, mais au même titre que les hommes et en cela ils étaient importants pour eux ; ils n'étaient pas de ces animaux tant sacrifiés en temps de guerre. C'est pourquoi je crois, que l'on retrouve si souvent les chevaux dans la poésie roumaine.
En quatrième de couverture nous pouvons lire, peut-être, la plus belle expression de cette poésie, même si ce n'est pas à moi d'en juger, j'aime à penser que nous sommes ces drôles d'oiseaux, qui, tantôt vifs, tantôt fatigués trouvons notre rivage.
Pour ma part encore, j'aime en particulier cet extrait et ces autres plus avant qui m'animent :
LE PUITS DE MARIA
«… le puits a été creusé
à la mémoire de la soeur de mon père,
Maria,
pour les proches et les étrangers,
pour les voyageurs,
et pour les animaux.
Le puits était pour tout le monde.
Maintenant, il a un couvercle en fer,
couleur de sang coagulé,
rajouté par mon cousin
qui a également installé la clôture.
Le puits est donc enfermé dans la cour… »
C'est la poésie, très belle, de l'enfance et du temps disparu ; le puits qui figure la vie par temps de sècheresse et qui a été fermé ; le puits pour les hommes et les animaux, le puits avec son couvercle couleur de sang coagulé, couleur de la mort, de la guerre et de la fin de l'enfance.
Et aussi :
MES FRÈRES
"Le jour est blanc.
Il brille dans l'émail de l'évier.
Les torchons de cuisine
flottent comme des drapeaux intérieurs,
sur un fil tendu entre deux clous,
fixés dans le cadre de la fenêtre et de la porte.
Entre les deux clous,
la distance entre le village et la ville.
Au milieu, l'ancien champ.
Je n'ai de cesse d'ajourner
mon voyage au-delà du champ pour
chercher mes autres frères géants."
Car au-delà du champ, entre le village et la ville se situent des êtres de grandeur.
Et enfin :
LES OISEAUX DU PARADIS
« Salés,
picorant,
infimes choses inconnues,
les oiseaux se dégustent
l'un l'autre.
Le sel restant
du battement de leurs ailes
se stabilise dans la montagne de sel. »
Ainsi vont les mots, ces oiseaux étranges, l'un l'autre qui d'un battement d'ailes distillent le sel de la vie. Grand merci pour cette découverte.
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Dans ce petit recueil , il y a bien des mots à soulever pour libérer des images imprimées dans la mémoire de Clelia Ifrim . Cacher le réel pour l'oublier ? Oh que non , plutôt pour le savourer et le faire renaître en le nimbant de toutes les beautés et fascinations d'une nature sans cesse renouvelée dans un monde difficile mais heureux .C'est vraiment trés beau de parcourir une , deux , trois fois ces voyages de grues , de lumière , de couleurs , d'air .C'est apprécier et utiliser tous les éléments et vivre de leur souffle , de leur odeur , de leur goût , de leur vue . Et les godillots ? Ah , les godillots , mot que j'entendais souvent prononcer par ma grand - mère , ces objets difformes à force d'avoir voyagé , ces objets évocateurs d'un présent , d'un passé , d'un avenir et que tous les enfants ont , un jour , eu envie de s'approprier maladroitement ...
J'ai éprouvé une grande émotion en découvrant ces beaux poèmes trés forts de par leur humanité , la modestie du vivant devant les choses de la vie.
Je remercie du fond du coeur les éditions7 et mon amie Gabrielle pour la découverte de ce petit bijou de mélancolie et d'amour .Je félicite aussi Gabrielle pour sa magnifique et sensible traduction . La culture n'a pas de frontiéres ....



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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le village des grues cendrées

« Le vent a combattu toute la journée
un chrysanthème sauvage,
du haut de la montagne »,*
pour le piétiner.
Le soir, la fleur s’est couchée à côté d’elle
et la montagne a pleuré.
De ses larmes
mille grues cendrées sont nées.
Elles vivent dans le village de montagne.
Le vent a combattu toute la nuit,
la montagne
pour voler les mille grues cendrées,
mais il n’a pu en prendre aucune…
les vêtements des grues cendrées
étaient cachés dans les maisons des villageois.

* Variante d’un haïku de Sekitei Hara
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Brumeuses sont aussi les mains
qui lavent les raisins blancs,
dans une assiette blanche.
Le brouillard est un mot familier,
une mousse froide,
pour le bain du matin,
pendant que l'aigle nourrit ses petits
dans le nid au sommet de la montagne,
où le brouillard atteint
les seuils flottants.
Seul le chemin de fer
trace sa route entre ville et village,
entre village et montagne,
entre montagne et aigle
entre aigle et ciel.
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La rodée de l'aube

La rosée de l'aube s'est posée sur les mains.
Sur les fines chevilles,
la lumière humide la poursuit.
De pourpre est le temps
avec des petites gouttes de sueur
et de la salle d'accouchement
il est le maître.
De la pourpre du sang
la rosée provient
et le drap blanc en tissu bon marché
recouvre un champ de fleurs.
Dehors, le vent s'est affaibli
dans chaque goutte de rosée
une trace de sang.
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Planètes

Les objets flottants
m'aident à ne pas tomber.
Je flotte aussi avec eux.
Je tiens fermement contre ma poitrine
un oiseau blanc
de la taille d'une planète de notre galaxie.
L'oiseau a renoncé
à son corps.
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Soie de maïs

Le matin à l'écurie
L'idée de relire Scripta Aramaica,
est à l'instar de la soie de mais :
dorée,
cuivrée,
douce, sentant le paradis.
Mais le mais ne pousse pas dans le désert.
J'ai écrit au Roi des Livres,
que je Lui enverrai, de la nouvelle moisson,
quelques paniers d'épis
pour le poulain, mis bas
ce matin même.
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